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2,83

sur 407 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

L'incipit est incroyablement fort et inscrit de façon indélébile le noeud central du roman ainsi que ses profondeurs secrètes. Me Susane croit reconnaître l'homme qui entre dans son bureau sans en être sûre, sans être sûre qu'il la reconnait, s'il est venu intentionnellement ou si c'est le hasard qui l'amène ici pour l'engager comme avocate de sa femme. le choc est violent au point qu'elle a l'impression qu'on la frappe en plein visage, comme si on voulait la tuer.

Tout le roman repose sur un trouble lancinant, qui oppresse le lecteur tant Marie Ndiaye tisse un récit opaque, constamment oblique, empli de brouillard et de mystères. Qu'est-il arrivé trente ans auparavant à Me Susane, lorsqu'elle avait dix ans et s'est retrouvée seule dans la chambre d'un adolescent qui pourrait être ( ou pas ) son client ? A-t-elle été ravie au point de vivre le meilleur moment de sa vie ? Ou a-t-elle été ravie au sens de saccagée, abusée ?

On ne sait pas grand chose de Me Susane, presque une abstraction. Pas de prénom. Plutôt laide et grande, plus ou moins mère. Ses contours sont flous au point que je n'ai jamais réussi à me la visualiser. Et pourtant, on ne quitte jamais son for intérieur , on ne voit les événements qu'à travers le prisme de son regard et de sa perception. le personnage est à la fois froid et chaud, fascinante personnalité dans la complexité qu'en capte Marie Ndiaye.

Elle est enfermée dans son passé, dans ses pensées, dans ses ruminations, dans les combats intimes qui l'assaillent et semblent au bord du pourrissement. Entre folie, mythomanie, lucidité. Que ce soit face à cet homme qu'elle croit reconnaître jusqu'au vertige. Dans ses relations avec ses parents qu'elle aime douloureusement, payant le prix fort du transfuge de classe. Dans son métier face à Marlyne, l'épouse infanticide qu'elle défend et dont elle partage un même écartèlement entre la façade sociale et les déchirements intérieurs. Ou encore face à sa femme de ménage dont elle a pris en charge le dossier de régularisation et qui fuit son amitié.

Pour dire cet enfermement terrible avec toutes ses dissonances, Marie Ndiaye a trouvé la juste écriture, spiralaire qui revient comme la marée pour creuser une empreinte de plus en plus inquiétante. Elle ne s'interdit rien, surtout pas un incroyable monologue hallucinée, celui de Marlyne, irrespirable, juste ponctué de « mais » comme un mantra ou une circonstance atténuante à son acte odieux. Et il y a ses litanies en italique comme des bulles de pensée échappées de Me Susane qui perturbe encore plus notre ressenti.

C'est incontestablement une lecture exigeante et déroutante qui pourra être détesté ou portée au nue. Ce conte glacé sur les limbes de la mémoire et la quête d'identité m'a hypnotisée de A à Z, entre autres parce qu'il laisse une liberté totale au lecteur, celle de porter le récit dans une direction ou une autre. Il m'a remuée aussi avec toutes les questions qu'il soulève sans y répondre : peut-on faire confiance à nos souvenirs ? Jusqu'à quel point peut-on se tromper sur sa propre vie ? Vertigineux.
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Roman étrange .Mais le charme (au sens propre) de ce livre est de se laisser envoûter sans trop se poser de questions malgré parfois des phrases longues , affolées et obsédantes, voire hallucinantes.
Une avocate lambda reçoit un client qui lui demande de défendre son épouse coupable d'avoir tué ses trois enfants...oui ça commence bien!
Cette avocate se trouble en voyant cet homme; elle est persuadée d'avoir passé un moment dans une chambre avec lui , elle avait 10 ans, lui 15, mais était ce un enchantement ou un cauchemar?
Elle ne peut se souvenir, elle est étrange, s'entend mal avec ses parents, a été heureuse d'être quittée par un homme qui devient tardivement son ami , il est accompagné de sa petite fille. Elle doute aussi de la sincérité de sa femme de ménage.
Je n'ai pas réussi à bien visualiser les personnages et n'ai éprouvé aucune sympathie pour eux.
Tout est troublant dans leur vie et donc dans ce roman; on est troublé aussi , comment sera défendue cette mère infanticide? C'est la raison du titre.
C'est une belle performance littéraire qui demande une lecture exigeante.
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Le 5 janvier 2019, la vie de Me Susane a basculé.
Pas de tremblement de terre, ni de tsunami. Non. Plutôt un glissement de terrain, lent et irrémédiable.

Dans son cabinet bordelais encore tout récent, elle a reçu Mr Gilles Principaux, l'époux accablé et perdu d'une femme ayant commis l'inimaginable : l'infanticide, et ce, sur leurs trois enfants. Il lui a demandé de prendre en main la défense de son épouse, ce qui serait l'assurance d'asseoir sa réputation d'avocate et d'assurer son avenir professionnel. Malgré sa réticence liée à l'horreur des faits, elle a accepté cette proposition ou, tout du moins, ne l'a pas refusé. Quelque chose s'est en effet déclenché en elle à la vue de cet homme, lui faisant perdre assurance : le connaitrait-elle ?
«  Qui était Gilles Principaux pour elle ?
Qui était Gilles Principaux dans son histoire ? »
Des questions entêtantes, obsédantes, viennent polluer l'esprit de cette femme et la déstabiliser dans son quotidien. Tout se retrouve remis en cause : sa relation avec ses parents, ses rapports avec Sharon, sa femme de ménage, ses contacts avec Marlyne Principaux, sa cliente. le malaise et la folie s'installe...

Quel roman ! Une lecture ardue, exigeante : Marie Ndiaye joue avec son lecteur, l'entrainant aux frontières du fantastique tout en affichant une écriture ostensiblement réaliste, troublante…
Avec beaucoup de questions et peu de réponses, l'attente ne doit pas être placée sur la compréhension de ce qui se vit là, ou de ce qui s'y joue ; mais plutôt sur l'analyse d'un malaise qui tourne en souffrances.
Dans une plongée graduelle dans les circonvolutions cérébrales d'une femme en apparence lisse et équilibrée, le lecteur découvre à travers ses silences et ses non-dits, ses doutes et ses failles, une femme qui perd pied avec le réel, seule avec ses vérités et interprétations.

Marie NDiaye se définit elle-même comme une romancière de "l'ambiguïté" , telle en est la preuve.
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Un roman qui interroge sur les contours flous, incertains et improbables des protagonistes et laisse le lecteur compléter les manques volontairement et astucieusement disséminés par l'auteure. Qui manipule qui ? Sharon, Gilles Principaux, Marlyne, Rudy ? Me Susane est-elle vraiment empêtrée dans une situation diabolique ou se l'imagine t'elle ?  Les ressentis exprimés par le couple sont remarquablement décrits, avec ce qui faut de répétitions pour en affirmer la profondeur et la sincérité. Une lecture déroutante et passionnante.
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Me Susane est issue d'une famille bordelaise modeste, elle est devenue avocate. Quand un homme vient lui demander de défendre son épouse, meurtrière de leurs enfants, elle croit le reconnaître. Souvenir véritable, fabriqué, projeté ou fantasmé ? Un roman introspectif, au coeur des pensées et des émotions de Me Susane, qui questionne la notion de souvenir, mais également celle de classe sociale avec tout ce qu'elle peut comporter de malentendus, justifications et culpabilité. Un texte dense, complexe tant par le style que le sujet, mais interpelant et troublant.
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Me Suzane est avocate à Bordeaux. Lorsque Gilles Principaux entre dans son cabinet, elle est persuadée d'avoir déjà croisé cet homme trente ans plus tôt. Pourquoi Principaux a-t-il choisi Me Suzane pour défendre sa femme, Marlyne, accusée de triple infanticide. Cette impression de reconnaître Gilles Principaux va bouleverser la vie de l'avocate. Est-il vraiment celui qui, adolescent, l'a invitée dans sa chambre alors qu'elle accompagnait sa mère venue faire le ménage dans cette grande maison de Caudéran?
Les trois personnages principaux sont des femmes. Des femmes sinon puissantes, au moins bien déterminées. Me Suzane s'engage sur trois fronts. Comprendre l'acte de Marlyne, obtenir un titre de séjour pour Sharon, sa femme de ménage mauricienne et chercher dans sa mémoire le souvenir de cet après-midi à Caudéran qui a forgé son destin. Les relations de famille et de couple, les troubles maternels sont au coeur de toutes les réflexions.
Marie Ndiaye nous plonge dans la tête de Me Suzane. L'atmosphère est particulièrement ambiguë. L'avocate peine sous le poids du jugement de ses parents, se persuade de mauvais sentiments de sa femme de ménage, craint pour Lila, la fille de son ancien amant. Sa recherche frénétique de son souvenir d'enfance teinte de soupçons tous les comportements de son entourage. Qui doit-elle sauver? Marlyne, Sharon, Lila ou elle-même?
Marie Ndiaye soigne particulièrement la forme de ses romans en modelant ses phrases, choisissant ses mots. Elle place ses personnages dans des situations poussées aux extrêmes pour mieux révéler les tréfonds de l'âme humaine. En banalisant le mal, elle cherche au-delà des actes sordides. Comment une mère peut-elle en arriver à tuer ses enfants, à préférer la prison à l'enfermement dans un couple? Comment un souvenir flottant, un événement refoulé peut-il guider les actions de Me Suzane? le mal n'est-il pas ce que fuit Sharon?
Dans ce roman hautement psychologique, sous atmosphère incertaine et inquiétante, l'auteure déploie plusieurs sujets en croisant les destins de ses personnages. En choisissant Bordeaux, elle évoque rapidement le souvenir de la traite négrière mais surtout le clivage social. Me Suzane et son ancien amant sont issus de classe sociale modeste. Gardent-ils une rancoeur envers les grandes familles bourgeoises comme les Principaux? Cette origine a-t-elle plutôt motivé leurs ambitions professionnelles ?

Nous retrouvons bien évidemment les thèmes de prédilection de l'auteur comme les relations parents enfants avec toujours des personnages féminins puissants. J'ai particulièrement aimé la description pertinente du tourment de Marlyne, enfermée dans son couple. Cette façon de s'éteindre face à un homme apparemment aimant qui lui fait peur au quotidien, qui la soumet silencieusement. La cruauté d'une mère infanticide passe au second plan derrière l'enfermement d'une épouse.
L'ambiance ambigüe, l'incertitude entretenue jusqu'au dénouement nous tiennent en haleine, enfermés nous aussi dans la tête de Me Suzane.
Encore un très grand roman de Marie Ndiaye!
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L'arrivée d'un nouveau roman de Marie Ndyane est un événement qui sera beaucoup commenté. Retrouvée l'écriture de cette auteure est un plaisir, même si il s'accompagne de tellement d'interrogations. Car, chacun lit les mots si particuliers de Marie Ndyale selon son prisme personnel avec une grande liberté.
La vengeance m'appartient trompe son lecteur avec son titre digne d'un polar. Car ici aucune enquête, puisque le crime, l'assassin et la délibération du procès sont connus. Marie Ndyale fait cheminer son lecteur auprès de trois femmes qui ont toutes en commun un événement qui les fait basculer dans le chaos.
La première est Marlyne Principaux, femme parfaite, mère aimante et attentive qui est en préventive pour l'infanticide de ses trois enfants, Jason, 6 ans, John 4 ans et Judith, 6 mois. Évidement, cela évoque Médée. Elle, l'ex-professeur de français a trouvé enfin la paix en "posant son acte ". Cette expression chemine tout au long du roman sans qu'on sache vraiment quel sens Marie Ndyale lui donne.
Me Susane est le personnage principal. Avocate bordelaise de 42 ans, pas vraiment jolie mais massive. Elle est déstabilisée lorsqu'elle reconnait son client, Gilles Pincipaux, le mari de Marlyne. Elle revoit l'adolescent de 14 ans qui a changé sa vie en l'invitant dans sa chambre lorsqu'elle avait 10 ans.
De plus, Me Susane balade avec étrangeté le sentiment de ne jamais être légitime à la place qu'elle occupe. Ni en tant que fille, ni plus encore à la place de défenseure, ni celle de patronne de la femme de ménage. Ce sentiment la projette dans une atmosphère de duperie qu'elle n'arrive pas à dépasser. Elle ne s'autorise à aucun moment à être en désaccord ou à révéler ses faiblesses, acceptant même de manger jusqu'à l'indigestion des plats dont elle n'a pas envie.
Sharon s'occupe de son intérieur. Me Susane espère pouvoir donner des papiers à cette Mauricienne qui un jour a décidé de partir puis plus tard de faire venir enfants et mari. Mais, Sharon ne désire rien que de bien faire son travail.
Une petite fille Lila complète cette galerie. Fillette prise entre l'envie de plusieurs femmes qui désirent l'accaparer pour montrer cet amour maternelle omniprésent dans ce roman.
La folie, le déséquilibre, la faille n'est jamais loin dans cette écriture travaillée semble-t-il jusqu'à l'obsession. Dans certaines phrases, plusieurs adjectifs accolés posent, déséquilibrent ou contredisent la pensée. le conditionnel, présent ou passé, est omniprésent, comme un renforcement de l'indécision, l'incertitude ou de l'hypothétique du ressenti du personnage principal.
Marie Ndyale propose deux monologues. L'un d'une dizaine de pages concerne Marlyne dont chaque phrase commence par un Mais. Et l'autre mené par Principaux avec chaque phase débutant par un Car. Celui-ci sur quatre pages et demi. de cette opposition nait le malaise où l'imagination du lecteur vient compléter l'absence de précisions sur le mobile de ces infanticides et la relation toute singulière entre les deux époux. Aucune explication n'est proposée juste assez suggérée pour que chacun imagine, comme le père de Me Susane sur cette rencontre dans la chambre.
Le récit des infanticides est un moment terrible et pourtant cette Marlyne n'est jamais antipathique.
La vengeance m'appartient est une expérience littéraire, comme chacun des romans de Marie Ndyale.  La romancière réussit à embarquer son lecteur dans son monde au bord du déséquilibre. L'impression produite est l'étouffement et le trouble. Sûr qu'il faut se laisser embarquer dans ce monde particulier où le plaisir de lire est puissant !
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/01/13/marie-ndyale-la-vengeance-mappartient/
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Roman brillant, construit d'une traite en flux tendu, d'une écriture puissante, toute en distance, en suggestion, comme en surplomb des personnages, qui y gagnent un relief hors du commun. le lecteur en vue panoramique, pénètre d'emblée dans l'univers tout en mystère et en questionnement du personnage principal Me Susane.
« La vengeance m'appartient » se présente au fil des pages comme un labyrinthe tortueux autour de la question de l'identité, celle que porte en lui tout être humain. Avec virtuosité, Marie N'Diaye réussit à nous convaincre que cette identité est multiple, complexe, déchirée de mouvements antagonistes, à la manière du théâtre antique, la dimension dramatique de la condition humaine y est inscrite. Aussi n'est-ce pas un hasard si Me Susane, par le nom qui la désigne, apparaît dans sa fonction professionnelle d'avocat, pas de prénom pour elle dont le nom pourtant en est un, travesti, caché. Ce jeu de noms dit déjà beaucoup du personnage, tout entier construit autour du doute d'elle-même. La force du livre est de suggérer ce doute, dans la répétition d'allusions subtiles, le portrait se met en place, avec la légèreté d'une aquarelle ; ainsi lorsque Me Susane donne à Sharon son écharpe en cashmere orange, cadeau de sa mère : « elle ne l'avait jamais portée, trop peu sure de son propre éclat pour arborer ce feu à son cou ». Ce doute qui hante Me Susane, prend corps dès la première page du livre avec un personnage : Principaux, par qui la vie de Me Susane va s'enfoncer dans un questionnement fébrile, bien au-delà de la question répétée comme un leitmotiv : « Qui était Principaux pour elle » ? Progressivement, au fil du récit, les personnages qui se mettent en place, développent, chacun à sa manière, leur propre divorce intérieur, et le mystère parfois s'installe pour justifier des caractères qui changent et s'assombrissent jusqu'à celui de la petite Lila, 7 ans. La ville qui sert de cadre au récit n'échappe pas à ces contrastes, des noms de rue apparaissent mais Bordeaux n'est jamais véritablement décrite, seule son atmosphère transparait au travers des ressentis météorologiques, il s'en dégage une image glaciale : le gel, le brouillard font paysage, paravents virtuels au passé esclavagiste qui se cache derrière la ville royale. le sentiment de culpabilité qui assaille Me Susane jusqu'à son voyage à l'ile Maurice, et ce client qui se rappelle sans cesse à elle, afin qu'elle lui permette de se débarrasser de son nom, legs d'un lointain ancêtre négrier, ne sont pas des points de détail dans le roman.
Roman de l'interrogation sur l'apparence et la réalité de chaque vie, la dimension métaphorique est constamment présente ; avec Sharon, femme de ménage de Me Susane, mauricienne sans titre de séjour, l'envers positif pourtant de sa patronne, forte et sereine, porteuse de lumière, dispensatrice de chaleur et de bien-être, avec les parents de Me Susane, dans la méconnaissance profonde qu'ils ont de leur enfant, et bien sûr avec le couple Principaux, chacun endossant la perversité de l'autre, brouillant les pistes.
Magistrale leçon d'écriture pour ce décryptage des contradictions de la nature humaine.
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Tout au long de ma lecture, j'ai pensé à l'étude s/z de Roland Barthes, car le personnage principal de ce roman est Me Susane.
D'elle, nous saurons peu de choses : elle va voir régulièrement ses parents en banlieue, elle vient d'ouvrir son cabinet à Bordeaux, elle voit encore son ancien petit ami Rudy qui a maintenant une petite fille Lila, elle emploie une femme de ménage, elle est chargée de la défense de Marlyne Principaux.
Nous ne saurons jamais le prénom de Me Susane, et j'ai aimé le nom Principaux.
Lorsque Me Susane rencontre pour la première fois le mari de sa cliente, lui revient en mémoire un moment de son enfance dont elle cherchera à tout prix à se souvenir, au risque de couper ses relations avec ses parents.
Ce roman est un roman exigeant qui mêle plusieurs narration : Me Susane qui cherche à se souvenir ; Marlyne et sa relation avec son mari ; la femme de ménage Sharon qui cache des choses à son employeure.
Un roman exigeant au niveau du style : des mots rares se glissent dans la narration, coupant le rythme de lecture ; les monologues sont pleins de mais ou de car suivant le personnage (ce qui permet aussi de le définir).
J'ai aimé l'écharpe orange comme un fil rouge de Me Susane à Sharon puis à Lila.
L'image que je retiendrai :
Celle du froid mordant qui fait que Me Susane tombe et se blesse.
Lien : https://alexmotamots.fr/la-v..
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Histoire d'un double enfermement physique et mental.
Me Susane, nouvellement installée à Bordeaux, doit défendre une femme coupable d'un triple infanticide. Elle comprend que cette dernière s'est sentie victime d'un mari qui l'a murée dans la solitude, l'insignifiance et l'a soumise à sa toute puissance. Or, quand elle rencontre ce mari, Gilles Principaux, elle a un choc : n'est-ce pas ce garçon de 15 ans qui l'a attirée dans sa chambre autrefois ? Elle avait 10 ans.
A partir de là, le lecteur suit la jeune femme dans un délire de persécution, une sorte de spirale qui l'enferme sur elle-même. Entre faits réels, dénis et illusions, où est la vérité ? Tout est raconté de son seul point de vue, des passages en italiques dévoilant même son subconscient. N'a-t-elle pas été étouffée par l'amour de ses parents qu'elle ne veut surtout pas décevoir ? Pourquoi sa femme de ménage qu'elle aide à obtenir ses papiers lui refuse toute sympathie ? Qui sont exactement pour elle son ami Rudy et sa fille Lila ?
Un dévoilement psychologique émouvant, éprouvant parfois.
Les monologues des parents des 3 enfants noyés est un exercice de style particulièrement réussi. Accumulation de "mais" pour elle - autant d'empêchements à vivre- de "car" pour lui - autant de causes pour justifier son comportement pervers.
Une vraie réussite ce roman , à lire, à relire sans doute.
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