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EAN : 978B08L96C33T
51 pages
Gallimard (05/11/2020)
3.69/5   21 notes
Résumé :
Gabrielle est professeure de français à Royan. Elle s’adresse aux parents de Daniella.
Dans son monologue vindicatif plane le sentiment d’une faute inexpiable dont la narratrice se sent à la fois accablée et innocente. Comme toujours chez Marie NDiaye, une violence métaphysique se dégage des êtres et des situations, venue de si loin qu’il est impossible d’en déterminer la cause. Elle s’élève contre une injustice originelle indissociable, semble-t-il, de la c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Marie N'Diaye nous offre un texte court, un monologue plus précisément , dont le but premier était d'être interprété au festival d'Avignon, sur scène donc.
Et donc, lorsqu'il est transposé en livre, le ressenti est forcément altéré.
C'est un peu comme si vous goutez un vin dans la cave d'un vigneron et que vous retentiez le même vin à coté d'un ado qui s'acharne sur sa console, trahi qu'il est par les algorithmes "de bâtard qui lui niquent sa partie".
Pas forcément le même goût...
Ou encore le thé . C'est tellement meilleur en Angleterre...

Il est ici question d'une professeure de français et se relation avec une de ses élèves. Je n'en dis pas plus, on est déjà aux 3/4 de l'oeuvre.
C'est très bien écrit, subtil mais je suis sans doute passé un peu à côté, même si le personnage tourmentée qu'est l'enseignante est bien brossée en quelques pages.
A Avignon, ou sur une scène lambda, nul doute que j'aurais trouvé cela "grand".
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Il y a quelque chose de sauvage, d'animal dans ce texte qui fait de la classe une jungle et de la victime de harcèlement une bête traquée.
Daniella est une élève douée, malmenée par ses camarades. Elle s'en plaint mais personne ne réagit, jusqu'au drame, la mort de la jeune fille.
Quand les parents endeuillés viennent frapper à sa porte, la professeure de français se dérobe.

Un texte que j'ai trouvé d'une grande violence, violence moqueuse de la «meute» des élèves, violence intérieure chez la professeure, complètement folle, violence de celle-ci envers les parents de la victime. On comprend que l'autrice se place du point de vue de la prof pour mieux en extraire la culpabilité et le rejet de cet épisode traumatique qu'elle ne comprend et n'assimile pas. Mais si elle cerne parfaitement bien la peur, le déchirement intérieur, la souffrance et le deni de son personnage, toute cette agressivité m'a franchement écoeuré.
Malgré la puissance de la langue, ce texte très fort me laisse épuisée et nauséeuse.
Une troisième (et certainement dernière) rencontre avec l'écriture de Marie NDiaye qui, décidément, me mets très mal à l'aise.
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Marie NDiaye signe là un monologue poignant, à l'origine destiné à être interprété par la comédienne Nicole Garcia à l'occasion du dernier Festival d'Avignon (lequel a été annulé du fait de la Covid). C'est donc une lecture surprenante, car le texte est, avant tout, destiné à l'oralité. le point de vue interne y est donc particulièrement exacerbé et il faut accepter de se fondre dans les errements de l'esprit du personnage pour pouvoir comprendre l'essence des mots qui le composent….

« Il me semble de temps à autre que je suis le personnage miraculeusement devenu vivant d'un roman qu'une femme dans mon genre aurait écrit et proposé sans succès à plusieurs dizaines d'éditeurs. » Cette professeure de français d'un lycée de Royan rentre chez elle après un événement dramatique : l'une de ses élèves, prénommée Daniella, s'est jetée du troisième étage de l'établissement, durant son cours. Elle sent que les parents de l'adolescente l'attendent sur son palier, à la recherche d'explications ; éléments que, mentalement, elle est en incapacité de donner…

« Je ne suis pas une femme aimée – ou peut- être que si et mes yeux affolés de soleil m'empêchent de voir ? » Pourtant, sa culpabilité est partiellement engagée : Daniella lui avait fait part de ses tracas en lui écrivant à plusieurs reprises, elle avait voulu lui confier le harcèlement douloureux dont elle était la victime. Mais son enseignante a préféré fermer les yeux.

« Qu'avez- vous fait parents pour dompter la tignasse de Daniella
sa crinière vociférante ? « La professeure de français, telle une Phèdre des temps modernes, se cherche des excuses, mêlant ses errances à celles de cette héroïne de la tragédie racinienne ; revenant sur son propre parcours, celui d'une femme qui s'est volontairement endurcie, tout en échappant à ce qui aurait pu faire d'elle une femme épanouie et heureuse.

« on ne doit pas gâter les filles mais les armer les tremper les durcir pour la vie » nous dit- elle. Mais à être trop dure avec soi- même, force est de constater que l'on passe à côté de l'essentiel…

Au final un texte poétique impossible à lâcher, qui, forcément, désarçonne et laisse des traces. Comme j'aimerais le voir exploité sur scène !!!
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Gabrielle est professeure de français. L'une de ses élèves, Daniella, a mis fin à ses jours en se défenestrant d'un local du lycée. (oui, c'est un texte assez dur mais je vous assure qu'il contient aussi de la douceur)

Gabrielle s'adresse aux parents de Daniella.

Dans un monologue cinglant, à la fois accusateur et imprégné d'une culpabilité dont la narratrice se défend tout autant, se dessine une violence qui la dépasse et dont l'entendement semble impossible sans l'envisager dans une perspective qui force le recul jusqu'à interroger l'humanité elle-même.

Ce texte affronte et interroge avec une impitoyable audace la mécanique de la violence de l'exclusion. Il invite à entrer dans cette part aveugle, la plus impuissante de nous-même et à interroger en quoi l'individualisme et la société en elle-même renforcent, cristallisent et reproduisent les violences.

Et au fond, dans le grand livre de l'humanité, qui peut prétendre n'avoir contracté aucune dette à l'égard des victimes, actuelles ou à venir. Sommes nous tous à la fois coupables et innocents ?

Lorsque la narratrice évoque, dans ce passage à la fois terrible et sublime, cette forme d'épouvante-attraction que lui inspire Daniella, qu'elle avoue s'être refusée à soutenir sa vue face au miroir-Daniella, qu'il “faut que cela cesse”, elle exprime ce choix qu'elle a opéré plus ou moins consciemment d'avoir fermé les yeux, sous peine de sidération, voire d'anéantissement. On ne peut à ce passage s'empêcher de voir surgir la figure mythique de la Gorgone.

“(...) Vous deux qui croyez là-haut me prendre au piège de votre morale et de votre deuil prétendument impossible sans mon assistance sans l'aveu de toutes mes infractions au code de l'humanité
Je dois vous parler des cheveux de Daniella

Ils vitupéraient ces cheveux dressés emmêlés comme une armée de serpents enchaînés qui sifflaient durant mon cours au point que j'ai dû une fois m'interrompre et supplier : Daniella tenez vos serpents tranquilles sur votre tête vous voyez bien qu'ils ne me laisseront pas aller juqu'au bout
et Daniella a tâté la masse fuligineuse et bruissante répugnante de sa chevelure
elle m'a dit quelque chose comme : le désordre ne vient pas d'eux, Madame
car le désordre nous entourait effectivement (...)”

L'absence de ponctuation apporte une dimension supplétive au texte en indiquant une pensée continue et libre, son afflux intérieur qui coule sans retenue, qu'aucun point, virgule ou autre signe ne vient entraver ni arrêter. de même, les rares majuscules que contiennent le texte n'en soulignent que davantage la symbolique et la sens.

Royan. La professeure de français était initialement destiné à la représentation théâtrale. Je peux à présent témoigner qu'il possède en lui-même une puissance qui suffit amplement à la lecture.

Ce texte atteste à nouveau de l'immense talent de Marie NDiaye, qui selon moi possède cet extraordinaire pouvoir, rare et si singulier d'énoncer avec une telle subtilité et justesse, ce qui semble précisément inénarrable dans ce que l'humanité a d'universel.
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🗣 « Mais qu'ai-je à voir avec tout cela?
Y a-t-il toujours dans le malheur un coupable?
Quelqu'un qui a su n'a rien fait a nourri même des pensées indignes? »

🗣 le verbe est sec. La plume, tranchante. Incisive. Uppercut. Monologue et règlement de comptes. Avec autrui. Avec soi.

🗣 le désespoir et le besoin de salut se frôlent, se lient, s'emmêlent. Gabriella, professeure de français, s'adresse aux parents de Daniella, qui s'est donné la mort. Dès les premières pages, la narratrice nous embarque. C'est une tornade qui déferle, le souffle est court, les mots pèsent lourd, chacun d'entre eux est choisi, sélectionné, chacun a sa place.

Il y a le tourment, la colère, la culpabilité.

Il y a aussi le cri de l'innocence, il y a la violence, lointaine, profonde, enfouie, insaisissable, responsable de tant de maux, on ne sait plus expliquer pourquoi ni comment.

Mais elle est là, in petto. Et aussi au-dehors.

🗣 Une atmosphère d'oppression s'installe, et, à mesure que progresse le récit, comme un étau qui se resserre, on suffoque - coupable ? Mais de quoi ? Qui est responsable ? Les parents, les professeurs, les élèves, la société, le destin ? Quand la douleur d'autrui fait écho à la sienne, est-on coupable de vouloir se protéger, de survivre, car tel est l'enjeu, survivre contre ses propres démons, c'est une course, un marathon, et l'on est seul, infiniment seul, désespérément seul.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Parfois mes élèves m’apparaissent comme de grands fauves que la faim a conduits dans ma classe
 
C’est de moi qu’ils veulent se nourrir et non de ma parole 
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Il me semble de temps à autre que je suis le personnage miraculeusement devenu vivant d'un roman qu'une femme dans mon genre aurait écrit et proposé sans succès à plusieurs dizaines d'éditeurs.
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on ne doit pas gâter les filles mais les armer les tremper les durcir pour la vie
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Qu’avez- vous fait parents pour dompter la tignasse de Daniella
sa crinière vociférante ?
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Je ne suis pas une femme aimée – ou peut- être que si et mes yeux affolés de soleil m’empêchent de voir ?
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Videos de Marie NDiaye (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie NDiaye
Le réel, dans l'oeuvre de Marie NDiaye, est bien souvent teinté d'étrangeté. le fantastique y affleure dans des univers réalistes, parfois triviaux ; comme si ces effets de dissonance, en s'immisçant dans le quotidien, offraient une meilleure compréhension du monde et le rendaient plus intelligible. Explorant des lieux de marginalité, ses romans arpentent des territoires ambivalents, en tension, où les personnages pourtant ancrés dans l'ordinaire vacillent parfois vers la folie. Évoluant dans une atmosphère cruelle, sur le seuil d'univers heurtés où l'équivoque s'impose, ils ne cessent de questionner leur appartenance, se confrontent à la métamorphose, à l'étrangeté du lien familial et aux déplacements incessants. Dans ce grand entretien, l'autrice évoquera l'évolution de son écriture tout au long de son parcours d'écrivaine majeure de la littérature contemporaine, qui a également investi le théâtre comme lieu d'exploration de la cruauté et de l'ambivalence humaines.
Marie NDiaye est l'autrice d'une oeuvre prolifique depuis la parution, en 1985, de son premier roman à l'âge de dix-sept ans (Quant au riche avenir, Minuit). Elle a obtenu le prix Fémina en 2001 pour Rosie Carpe, et le prix Goncourt en 2009 pour Trois femmes puissantes. En 2012, elle se voit décerner le Grand Prix du théâtre de l'Académie française, après avoir écrit de nombreuses pièces de théâtre dont Papa doit manger, qui est entrée au répertoire de la Comédie-Française en 2003.
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