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EAN : 9782330038861
171 pages
Actes Sud (07/01/2015)
3.32/5   46 notes
Résumé :
Hymne au désordre et à la poésie des corps, ce roman de formation retrace l'éducation politique et sentimentale d'un jeune Français arrivé à Berlin juste après la chute du mur, qui tombe amoureux fou et décide de rester dans cette ville où tout paraît possible.
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Un coup de foudre au pied du mur de Berlin le jour où il se brise et c'est le début d'une odyssée sensuelle et pleine de promesses pour Stan venu à Berlin passer le réveillon. La chute du mur de la honte ayant entrainé avec lui la chute de tout un monde clivé et obsolète, pour laisser la place à un monde épris d'audace et de liberté.
Pris dans ce tourbillon des sens, ivresse collective et vertige d'un monde nouveau, Stan a ainsi renoncé à son costume de prof d'allemand en banlieue parisienne devenu trop étriqué lorsqu'il a pris conscience des possibilités offertes par cette ville où tout était à réinventer.
Entre insouciance et âpre réalité, entre frénésie et soif d'infini qui se heurte à ses limites, tout se mélange, les tempéraments et les histoires se nourrissent de l'effervescence ambiante comme si la ville imprimait son nouveau visage aux "défricheurs" en quête de liberté absolue venus s'installer ici.
Stan et Maya n'y échappent pas. Wilfried N'Sonde dépeint une histoire d'amour incandescent qui unit deux êtres, les bouscule, les sépare, les réunit, leur dessine un périple qui leur fera saisir le sens des choses ou le perdre. Avec une écriture lumineuse et inspirée, l'auteur scrute plus particulièrement le reflet de Maya, impétueuse et insaisissable, ardente et magnétique dans le regard de Stan avec la même intensité que le reflet de Berlin l'insolente. Et avec cette vision confondante, le lecteur voit indifféremment du désir, de la passion, de l'incompréhension, de la violence, de la désillusion …car au-delà des mots qui donnent vie à Berlin, c'est le récit de n'importe quel amour singulier_pour une femme, une ville, une idée de la liberté_ qui comporte le secret de l'éblouissement et de la destruction en son sein.


J'ai été séduite par la sensibilité de l'auteur et cette écriture riche et féconde qui invite le lecteur à une sorte d'expédition par les mots, une plume ample et puissamment sensuelle pour dire la complexité et la fragilité des sentiments ainsi que la folle destinée des personnages. Wilfried N'Sonde a su trouvé la petite musique qui illumine les existences de chacun de ses protagonistes, déployer les histoires intimes et ainsi balayer mes premières impressions d'intrigue indigente camouflée derrière un style volubile.
Mais ce qui est fascinant chez l'auteur c'est ce langage capable de renvoyer des images qui matérialisent sous nos yeux cette histoire d'amour à deux à trois avec Berlin comme personnage à part entière.
Belle surprise.
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« Elle lui avait confié le souvenir de sa première exposition publique là-bas à Iéna, à l'époque de la RDA. Ce fut tout de suite la censure, l'interdiction. S'ensuivit sa rage de résister à tout prix. »


Berlin, décembre 1989, juste après la chute du mur : Stan, narrateur tout juste adulte, n'a connu la guerre froide que de loin mais quitte Paris pour vivre cette libération de l'intérieur. A son arrivée sur ce qu'il reste du mur, fasciné par la vue de tous ces gens en train de continuer la démolition avec leurs marteaux, ou de ramasser des bouts de mur pour ne pas oublier, il rencontre Maya. C'est le coup de foudre immédiat entre lui et cette jeune peintre Berlinoise à fleur de peau. Mais Maya, gonflée de joie, dansant devant les visages à nouveau souriants et pour sa liberté retrouvée, demeure traumatisée par les années d' « enfermement » et de surveillance constante du régime de Berlin Est. Et elle traverse des crises de tristesse et de panique incommensurables pour Stan qui voudrait tant la comprendre.


« Je souhaitais qu'elle apprenne à se laisser plus souvent aller à la beauté, à soustraire ses pensées de la laideur et des douleurs du monde. Elle rétorquait que, nous, ceux de l'Ouest, étions trop candides, désarmés, aveugles devant l'horreur et l'absurdité que pouvaient produire les êtres humains.
J'avais mal dès qu'elle m'exilait vers un monde qui n'était pas le sien, peut-être se battait-elle depuis trop longtemps. Maya m'effrayait quand elle perdait la mesure, elle explosait à la moindre contrariété puis s'acharnait comme si de l'issue de notre discussion dépendait le sort de toutes les plaies de l'humanité. »


Lorsque dès 1990, si peu de temps après qu'elle ait commencé à goûter à sa liberté nouvelle, des groupuscules néonazis célèbrent ouvertement l'anniversaire d'Hitler, déversant leur flux de haine et de violence dans sa ville, c'est une peur sans limite qui s'empare de Maya : Car d'origine Cubaine, elle est consciente que tout peut recommencer… Et que sa couleur de peau fait d'elle une cible facile dans sa propre ville.


« Il lui semblait irréel qu'une réminiscence aussi sombre du passé de l'Allemagne puisse voir le jour aux heures de la liberté retrouvée. La pauvre fut anéantie, détruite quand une bande de skinheads envahit les rues avec des slogans à la gloire du Troisième Reich et contre les étrangers. »


Le gouffre se creuse entre elle qui, directement concernée, tellement déçue et impuissante, pressent que l'histoire pourrait se répéter, et Stan, qui tente de minimiser les faits qui se déroulent sous leurs yeux afin de l'apaiser. Maya se sent rejetée de son pays, envisage la fuite. Mais, avec son art qu'est la musique, Stan va se battre pour que Maya puisse se sentir de nouveau en sécurité chez elle…


« le mur de Berlin est tombé pour libérer les âmes et les corps, pour vénérer les différences, nous accrocher aux rêves de jours meilleurs, nourris de la folie de croire aux destins les plus fous. »


*****

Au moment où l'on craint que l'oubli de la seconde guerre mondiale et de ses conséquences ne permette à l'histoire de se répéter, Wilfried N'Sonde rappelle qu'il est important de défendre nos libertés tant qu'il est temps, car les peuples ont la mémoire courte et les reconstructions sont toujours difficiles. Sa plume décrit cette période de transition de manière onirique et touchante. On compatit au combat de Maya pour vivre enfin libre, et l'on vit surtout une formidable histoire d'amour, passionnée et intense, presque trop, où l'auteur de « Fleur de Béton » aborde aussi la difficulté d'aimer, sans les juger, ceux que l'on peine à comprendre.


« Je t'aime, Maya. N'oublie pas les caprices du vent, la course des planètes, la tiédeur d'une eau de pluie d'été sur ta peau, l'intensité d'un frisson cueilli lors d'un baiser, la magie d'un frémissement quand des doigts l'on se frôlait. le feu des amoureux qui nous consumait toi et moi, un magma, un brasier de joie autour duquel nous dansions une valse des merveilles. »


Envie d'une jolie plume toute douce ? Je vous conseille ce roman !


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Sur fond de chute du Mur de Berlin, N'Sonde raconte l'histoire d'un amour incandescent. Pas n'importe quel amour : celui que l'on vit à 20 ou 25 ans, avec fougue, quand l'avenir est ouvert et qu'il vous appartient, quand on ne connaît encore aucune entrave.
Ce sentiment d'absolu trouve sa quintessence dans le contexte historique qui l'a vu naître. Berlin est alors en pleine effervescence, la population est en liesse, des visiteurs viennent du monde entier pour participer à l'éclosion de ce qu'on croyait alors être l'aube d'un monde nouveau, un monde sans frontières, où la fraternité aurait toute sa place.

Stan lui-même a quitté la banlieue parisienne, la grisaille de sa vie et le lycée où il enseignait l'allemand pour vivre ce moment à nul autre pareil. Aussitôt arrivé, il découvre l'amour passionné, à des années-lumière de celui morne et sans saveur qu'il avait vécu avec Mélanie. Il ose s'adonner à sa passion, la musique, sur les scènes alternatives qui fleurissent un peu partout à Berlin.

Pour Maya, jeune Est-Allemande à la peau ambrée léguée par son père cubain, ce moment de libération tant désiré s'accompagne pourtant d'une angoisse diffuse qui ne va cesser de s'amplifier au fil des mois. Certes, elle peut désormais circuler où bon lui semble, mais le chômage et l'argent-roi font leur apparition. Citoyens de l'Est et de l'Ouest ont parfois du mal à cohabiter, à se sentir appartenir à une même nation. Une certaine aigreur apparaît, les uns s'estimant lésés par l'afflux des nouveaux arrivants, tandis que les autres se sentent mis en position d'infériorité. Certains cherchent des boucs émissaires : les crimes racistes se multiplient, perpétrés par des groupes ouvertement néonazis.

Stan s'en désole, mais ça ne l'empêche pas de goûter pleinement à ce sentiment de liberté tout neuf qu'il vient de découvrir. Mais pour Maya, c'est insoutenable. Comment aimer lorsqu'on vit entouré et menacé par la haine ? Comment vivre lorsque d'autres meurent sous les coups d'individus dont la violence n'a d'égale que la bêtise ?

N'Sonde traduit parfaitement ce moment du passage à l'âge adulte, moment de rupture, de découverte, de prise de conscience tout à la fois. Moment d'intense fragilité où tout se joue, où l'on se construit, mais où l'on peut tout aussi bien se perdre. La mise en abîme avec la ville de Berlin dans un moment crucial de son histoire donne une force incroyable à ce récit : les individus se construisent toujours, jusque dans le plus intime de leur être, dans un environnement social qui les modèle tout autant que leur histoire personnelle.

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Stan et Pascal, deux jeunes parisiens, quittent leur conformisme petit-bourgeois pour gagner Berlin fin décembre 1989 quand chute le mur de Berlin. Dans cette ville en liesse, Stan va vite tomber sous le charme de la jeune et pétillante Maya, d'origine cubaine. C'est le coup de foudre.
Naît alors une passion dévorante et sensuelle entre les deux amants.
Les deux garçons montent un groupe de rock avec Clémentine, une amie de Maya et jouent dans les tous les lieux possibles où les Berlinois profitent de cette nouvelle liberté. Maya fait partie de la fête, au premier rang à admirer son amant.
Mais les fantômes de l'opression bolchévique refont surface, vite remplacés par la montée des mouvements d'extrême droite sortis du chaos.
Mais, de cette liberté fraîchement retrouvée, renaissent l'idéologie néonazie, la haine raciale, les violences gratuites contre les gens, comme elle, de couleur
Maya l'artiste peintre, pour qui la peinture est un combat, la révoltée, l'écorchée, la libertaire, l'utopique, ne supporte pas ces comportements inhumains. Elle vient de quitter la dictature et la surveillance permanente pour se réveiller dans un monde de haine. Elle attend de son amant une réaction, une prise de position qui ne vient pas, même s'il comprend. Stan ne s'investit que dans sa musique. Il est fou amoureux d'elle et tente de la ramener à la sérénité avec son amour, ses caresses, sa sensualité. le naufrage les guette.

C'est surtout le rythme de l'écriture de Wilfreid N'Sondé qui m'intéresse, ce slam qui résonne tant qu'on a parfois envie de lire à haute voix.
Ce dernier roman nous sort de la sempiternelle grisaille des banlieues, et nous embarque avec ces 3 personnages écorchés dans la ville de Berlin après la chute. Croisement des sensations et des réactions face à cette révolution qui ne tourne pas qu'au meilleur.
J'avais aimé la sensualité de l'auteur, mais je trouve que dans ce livre, il revient un peu trop dessus, au risque que le lecteur se dise qu'il insiste un peu trop.
4e roman que je lis de cet auteur, j'aimerais que Wilfreid nous propose un jour un roman optimiste, sous des cieux rayonnants, cela nous changerait de ses personnages en rupture.
Il n'en reste pas moins que parmi les auteurs contemporains que je lis (et chronique), il fait partie de ceux que j'aime vraiment.

Écouter cette chronique diffusée sur France Bleu Vaucluse le 9 mai 2015à 9h35 dans l'émission le club des lecteurs de Nathalie Mazet :
http://www.elansud.fr/lin/chroniques/Berlinoise.mp3
Lien : http://dominiquelin.overblog..
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Stan et Pascal deux jeunes trentenaires traversant un moment de doutes et de crises dans leurs vies se rendent à Berlin au moment de la chute du mur. L'euphorie de ce moment historique, l'espoir d'une réunification et d'une unité européenne font place à un vent de liberté culturelle, artistique et amoureuse. C'est le moment des squats, des fêtes sans fin, des expérimentations musicales... Stan croise la belle Maya originaire de l'Est. Leur relation sensuelle devient la métaphore de Berlin, une ville retrouvant sa liberté de corps et d'esprit. Mais les mouvements Neo nazis ne sont pas loin et menacent cette joie éclatante, entachant de colère et d'angoisse le récit. On sent que l'auteur est musicien car les passagers décrivant les scènes de concert et de danse sont particulièrement réussis.
Une jolie lecture sans être un coup de coeur.
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critiques presse (1)
Culturebox
30 mars 2015
Même si le roman s'envole parfois dans un lyrisme un peu débordant, on se laisse porter par ce récit de l'intérieur d'un évènement majeur de la fin du XXe Siècle.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Je souhaitais qu'elle apprenne à se laisser plus souvent aller à la beauté, à soustraire ses pensées de la laideur et des douleurs du monde. Elle rétorquait que, nous, ceux de l'Ouest, étions trop candides, désarmés, aveugles devant l'horreur et l'absurdité que pouvaient produire les êtres humains.
J'avais mal dès qu'elle m'exilait vers un monde qui n'était pas le sien, peut-être se battait-elle depuis trop longtemps. Maya m'effrayait quand elle perdait la mesure, elle explosait à la moindre contrariété puis s'acharnait comme si de l'issue de notre discussion dépendait le sort de toutes les plaies de l'humanité.
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Une clameur de joie montait, enflait dans les boulevards saturé de monde, le Kudamm ne désemplissait pas, les bouchons de bouteilles de Champagne et de mousseux sautaient les uns après les autres, sur Unter Den Linden, autour des brèches ouvertes dans le mur, sur les toits des immeubles desquels on pouvait contempler la ville illuminée, l'onde d'enchantement venue de la foule inondait les rues, les parcs, les cours intérieures des immeubles, le pouls géant de la ville accélérait, l'adrénaline se bousculait dans les veines, Berlin jubilait, une ardeur irrésistible s'immisçait dans les cafés, dans les discothèques et surtout dans les têtes enivrées par les récents changements annonciateurs de jours vierges et fertiles après des décennies de carcan et de division, une nouvelle histoire à écrire. Berlin débarrassée de ses chaînes de béton armé.
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Je lui rappelais les temps où nous nous identifiions à Berlin l'effrontée, accrochée fermement à son envol, à ses bouleversements. Quand nous endossions des ailes pour plonger dans l'insouciance, vêtus de nos habits de fête. Des hardes multicolores achetées à bas prix, jetées çà et là sur les étals des friperies ou nouées négligemment autour de ses reins, elle, roulant ses hanches au soleil sur les bords de la Spree au rythme d'un sound system jamaïcain, parfois allongée nue sur l'herbe d'une pente de Halensee, cheveux lâchés dans le dos. À l'image de la ville en pleine métamorphose, nous nous prenions alors pour une île exceptionnelle, rebelle et indomptable.
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Je t’aime, Maya. N’oublie pas les caprices du vent, la course des planètes, la tiédeur d’une eau de pluie d’été sur ta peau, l’intensité d’un frisson cueilli lors d’un baiser, la magie d’un frémissement quand des doigts l’on se frôlait. Le feu des amoureux qui nous consumait toi et moi, un magma, un brasier de joie autour duquel nous dansions une valse des merveilles.
Commenter  J’apprécie          40
Car, me disait-elle, l'art se fiche de plaire ou de déplaire dans l'instant. Il doit tendre vers toujours plus de justesse et ne jamais sombrer dans la compromission de l'apparence et du lucratif. Seule son inspiration lui dictait ses exigences et, s'il lui fallait des spectateurs ou des admirateurs, elle les voulait impliqués, conscients et pourquoi pas intelligents.
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