AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791090685697
128 pages
Le muscadier (12/05/2017)
4.33/5   3 notes
Résumé :
L’alcool occupe une place particulière dans notre société. Ses propriétés désinhibantes et euphorisantes en font un accélérateur de sociabilité, et un compagnon quasi indissociable des moments festifs. Pourtant, certains de ses usages peuvent engendrer des dommages sanitaires loin d’être anodins - addiction, comportements agressifs ou dépressifs, augmentation de la mortalité et de la morbidité, etc. Impliqué dans près de 50 000 décès chaque année en France, il engen... >Voir plus
Que lire après Alcool : Plaisir ou souffrance ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Merci tout d'abord à Babelio et aux éditions le muscadier, pour l'envoi de cet ouvrage très instructif. Sans préjugés ni stigmatisation, il démontre les effets de l'alcool et la responsabilité des politiques, défaillants en matière de prévention et d'information...

Un livre très intéressant rédigé par Mickael Naassila, directeur du groupe de recherche sur l'alcool et les pharmacodépendances de l'Inserm.

Son travail porte sur l'addiction à l'alcool et la maladie alcoolique du foie. Il étudie les facteurs génétiques et environnementaux – et plus particulièrement la précocité de l'exposition (in utero et à l'adolescence) – qui sont impliqués dans la vulnérabilité à l'alcoolodépendance.

Un ouvrage abordable, même s'il présente quelques références scientifiques un peu ardues pour des non-initiés. Complet, il aborde tous les thèmes et se révèle optimiste en 115 pages.

En introduction, ce professeur démontre que l'alcool est une drogue banalisée ;

- la production d'alcool et sa commercialisation constitue une branche ancienne et incontournable de notre économie .En 2012,le budget annuel moyen alloué à l'alcool par chaque foyer était de 322 € représentant une consommation quotidienne moyenne de 2.7 verres d'alcool !

- Mais surtout la consommation d'alcool est profondément ancrée dans notre culture : inimaginable d'organiser un évènement festif sans alcool et les abstinents sont toujours perçus avec étonnement.. Elle constitue une norme

- Les représentations positives de la boisson sont ancrées dans l'histoire de France : de l'époque antique à aujourd'hui, en passant par les avantages reçus par les bouilleurs de cru depuis l'époque napoléonienne.

- le caractère ordinaire, socialement valorisé de la consommation induit un refus d'identifier l'alcool à une drogue ; pourtant, il en est une : action sur le cerveau, altération des sens et de la capacité de l'individu à se contrôler et la capacité addictive.(10 % de la population présente un rapport problématique avec l'alcool). Pourtant par l'image positive qu'il véhicule, l'alcool n'est pas considéré par les populations comme une drogue.

Pourtant l'usage nocif de l'alcool constitue un sujet tabou aggravé par un laxisme des politiques publiques proches des lobbys de la profession…

Pourtant, les méfaits de la consommation de l'alcool constituent la première cause d'hospitalisation en France engendrant un coût de 120 milliards d'euros par an (coût net après défalcation des taxes…) !

Dans un premier chapitre, sont abordés l'impact et les usages de l'alcool :

Un lourd tribu social et individuel s'ensuit :

- une prise de conscience de la maladie récente (première étude en 1784 tandis que l'étude de l'alcoolisme entre en médecine en 1849) et ce n'est qu'en 1960 qu'une première classification des troubles de dépendances est proposé et en 1990 une définition de l'addiction !

- les dommages sanitaires et socio-économiques sont énormes : les français avec 11.9 litres d'éthanol pur par habitant et par an, nous consommons près de deux fois plus d'alcool que la moyenne mondiale ! L'alcool arrive en tête du classement des dommages (avant l'héroïne ou le tabac et mêmes les drogues de synthèse) induit par cette consommation : sanitaires, addictions, coûts judiciaires, perte de productivité…

L'alcool induit des dommages sévères pour le consommateur mais aussi pour son entourage : infractions, condamnations, violences conjugales, agressions sexuelles, maltraitance des enfants…

Nous ne sommes pas tous égaux devant l'alcool : cela dépend de l'âge, du sexe, du poids, de la vitesse et de l'expérience de la consommation, de la génétique et même de la nationalité ! (50 à 80 % des asiatiques ne possèdent pas de mécanismes d'élimination des molécules d'alcool provoquant une intolérance à l'alcool !) ; et nous ne sommes pas tous dépendant : un seuil de faible risque correspond à une consommation de maximum de 21 verres par semaine pour les hommes et 14 pour les femmes.

Les troubles liés à l'usage à risque de l'alcool sont bien étudiés : de la difficulté à accomplir ses obligations professionnelles ou familiales, à l'envie très importante ou compulsive de consommer de l'alcool en passant par des mises en danger et des signes de sevrage.

Deux questionnaires sont insérés afin d'évaluer sa consommation.

Dans un deuxième chapitre sont étudiés les effets de l'alcool sur notre organisme :

- l'addiction : le "craving" cette envie irrépressible et incontrôlable de consommer de l'alcool. le circuit cérébral de la récompense qui est traité de manière compréhensible et étonnante : dès la naissance, notre cerveau est prêt à récompenser ce qui nous fait du bien, ce qui nous pousse à en vouloir toujours plus et ainsi à répéter un comportement pour parvenir à la même finalité ! (la recherche du plaisir et du bonheur sans fin comme dans notre société d'ultraconsumérisme !)

- le sevrage, les pathologies liées à la consommation d'alcool, l'alcoolisation foetale et chez l'adolescent (avec le nouveau "binge drinking" qui consiste à boire de l'alcool massivement et rapidement !) thèmes abordés de manière plus scientifique et plus difficile d'accès mais abordable quand même.

Dans un dernier chapitre, les solutions sont développées :

Elles se situent dans les domaines de la prévention bien sûr, primaire (universelle) et secondaire (ciblée),

Cette action doit être développée par les acteurs publics pour savoir dire non, apprendre à se fixer des limites, résoudre nos problèmes personnels…

La prise en soins de l'addiction à l'alcool doit être effectuée par tous les acteurs (psychiatre, addictologues, urgences...)

Une prescriptions de molécules comme la "diazepam" qui diminue la récurrence des symptômes de manque, les convulsions et même l'anxiété du sevrage.

Une approche en psychothérapie joue un rôle essentiel pour comprendre ses émotions et son addiction, ainsi que des méthodes de stimulation cérébrale actuellement en cours d'essai.

Malheureusement, malgré des enjeux de santé publique, la France est clairement à la traine en matière de recherche en alcoologie : elle ne possède que très peu de chercheurs sur ce domaine…

Les investissements publicitaires en faveur des boissons alcooliques en France représentent 300 millions d'euros (2006) soit 15 fois l'ensemble des dépenses consacrées à la recherche sur l'ensemble des addictions.

Surtout la loi Evin a été vidée de sa substance dans le cadre d'une loi dite de "modernisation du système de santé" qui laisse le champ libre à la publicité sur l'alcool !

Un dépistage et une prise en charge sont trop tardifs : le professeur préconise la présence d'un médecin addictologue dans les services d'urgence et une formation pour les personnels de santé.

En France, (5 millions de personnes présentent un usage à risque dont 2 millions une alcoolodépendant !

En raison du prix individuel et collectif, l'alcoolisme devient un enjeu de santé publique.

Il est urgent que les pouvoirs publics investissent dans cette mission, plutôt que d'écouter les sirènes des lobbys ! C'est le problème en France...
Commenter  J’apprécie          244
Je remercie les éditions le Muscadier et Babelio pour ce livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique.Je suis psychologue clinicien et travaille depuis de nombreuses années en psychiatrie, pour des adultes alcooliques. Je pense donc très bien placé pour critiquer un livre qui traite de l'alcool.Celui-ci est très bon. Il m'a bien remis les concepts, informations que j'ai beaucoup lu épars par ailleurs bien en tête, et il sera une grande source d'informations pour les moins férus ou les béotiens. En outre, il correspond bien à mon vécu expérientiel. 

Certes, le titre est mauvais (mais comment encore trouver un bon titre sur ce sujet tant traité). Ce titre, en forme de question qui n'en est pas une (ou comme disent les jeunes : "la question elle est vite répondue") et à laquelle le contenu n'essaie pas directement de répondre. Parce que oui c'est vite répondu, le parti pris de l'auteur est clair : l'alcool est la pire de drogues et il faut vraiment que les tenants du pouvoir agissent pour amoindrir son impact et sa valorisation bien trop puissante. Et qui continue de tuer et d'abîmer bien trop d'êtres humains.Il n'y a que peu d'évocation des plaisirs de l'alcool.
Ce livre est très bon parce que les informations données sont actuelles, qu'elles sont factuelles, étayées, qu'elles sont justes. Et très parlantes.Elles décrivent très bien le produit ainsi que tous les aspects sur lesquels ce produit a un impact. Biologique, psychologique, social, sociétal, génétique.Toutes les thérapeutiques sont abordées : du cognitivo-comportemental, aux médications, aux abords plus fins et heuristiques de pharmacogénétiques, les spécificités sexuelles, ethniques... Tout ça est très clair, très bien dit.L'auteur met assez justement l'accent sur la prévention et les risques des publicités, et le manque habituel et criant de moyen du secteur.

Ce livre demande aussi un certain effort. S'il n'est pas volumineux, il est toutefois très dense, et il y a assez peu d'images, schémas, dessins, etc. pour alléger ou illustrer le propos. C'est un livre sérieux. le ton est assez neutre. Pas pamphlétaire (même si bien critique), pas non plus littéraire.
Soit. Pour en avoir lu kyrielle, comme je le disais, il en vaut la peine. Vous pouvez d'ailleurs le substituer à presque tous les autres. Il est une très bonne base à laquelle on peut revenir si on a un doute sur une information et une explication.
Ah oui, un léger bémol, le livre est très franco-français, il y parle des spécificités de ce pays, tant en termes institutionnels, légaux, que de french paradox et du vin. Ce qui est sensiblement différent en Belgique, où j'exerce. Mais c'est un "léger bémol".
Commenter  J’apprécie          40
🍾 Voilà un livre très intéressant qui aborde l'alcool d'une manière pertinente.

🍾 Je ne pense pas me tromper en disant que les derniers mois ont été difficiles et, combien de fois, sur le ton de l'humour, n'avons nous entendu « Je bois un coup ou deux et ça va mieux ! »… La chanson ne le dit-elle d'ailleurs pas ? Boire un petit coup c'est agréable …

🍾 Oui mais voilà, tantôt tabou, tantôt trésor national, on ne considère jamais l'alcool comme une drogue, ni même comme un problème… Si le tabac et les drogues ont fait leur bonhomme de chemin dans la conscience générale comme étant dangereux, l'alcool échappe encore à cette catégorie. Et pourtant, les dommages qu'il cause, l'argent qu'il coûte (tant comme acquisition que comme dépense publique), il y a vraiment de quoi s'inquiéter.

🍾 Une chose est certaine, ce livre mérite d'être lu et relu, afin que chaque consommateur prenne conscience des risques qu'une consommation trop importante peut engendrer.

Commenter  J’apprécie          60
Si vous vous posez des questions sur votre relation à l'alcool, et celui de vos proches, ce livre répond à toutes vos questions. Simples, concis, précis, il nous met en garde contre le danger que représente l'alcool, drogue libre dans le monde entier, ce qui en fait le pire danger.
Des statistiques claires, des chiffres cohérents, un discours alarmiste de grande ampleur tel est le contenu de ce petit livre.
120 pages à dévorer une après-midi si vous rencontrez vous-même des problèmes ou un de vos proches.
Très instructif, et affolant, surtout par rapport à la jeunesse.
Merci pour ce livre, qui passe trop inaperçu, mais pourtant très complémentaires sur un très gros problème de société qui enfle.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Nous ne sommes pas tous égaux face à l'alcool. Sa consommation ne stimulera pas la libération de dopamine avec la même force, et n'induira pas la même intensité avec la même force, dans la sensation de plaisir selon les individus. Nous ne sommes donc, pas tous sensibles de la même manière aux effets dits" renforçants" de l'alcool. Certains traits de tempérament et de personnalité sont également associés à un risque accru de présenter des troubles liés à l'usage d'alcool : l'impulsivité, la recherche de prise de risques, la recherche de sensation.
Commenter  J’apprécie          101
L'alcool occupe une place toute particulière dans notre société. Tel Janus, la molécule d'alcool, aussi appelée éthanol ou alcool éthylique, présente deux visage : d'un côté, le visage de la joie associée au plaisir d'une consommation sociale, festive et conviviale ; de l'autre, le visage de l'anxiété et de l'angoisse observé chez les consommateurs devenus de véritables esclaves.
Commenter  J’apprécie          92
L'alcool est une drogue licite. Comme les autres drogues, la molécule d'alcool a la capacité d'induire une addiction, mais à la différence des autres drogues, la boisson bénéficie d'une image et de représentations encore très positives. Pour cette raison, elle est rarement associée aux autres drogues, et il est ainsi commun de parler des "drogues et de l'alcool" comme si l'alcool bénéficiait d'un statut particulier et ne faisait pas vraiment partie des drogues Pourtant, selon les études de David Nutt en Angleterre, l'alcool arrive en tête du classement des dommages (devant l'héroÏne, la cocaïne, le tabac, le cannabis, les drogues de synthèse, l'amphétamine, l'ecstasy et le jeu pathologique) lorsqu'ils sont pris en compte dans leur globalité : sanitaires, addiction, coûts judiciaires, perte  de productivité, sociaux, etc.
Commenter  J’apprécie          00
Il existe plusieurs types de craving différenciés : le craving de récompense ("envie de boire pour se faire du bien"), le craving de soulagement/d'apaisement ("envie de boire pour se soulager") et le craving obsédant. Le paradoxe de l'alcool est que, même si l'on ne l'aime plus, on peut ne plus être libre de ne pas en consommer. Le craving peut être déclenché par des facteurs environnementaux associés à l'alcool (publicité, odeur d'alcool, lieu de consommation) ou en ore par un stress. Le craving peut persister après des mois, voire des années d'abstinence (ou abstème pour le vin). Il est considéré comme le substrat motivationnel majeur de l'usage compulsif de l'alcool, et comme un facteur majeur impliquée dans la rechute. Il constitue donc une cible privilégiée pour les traitements.
Commenter  J’apprécie          00
Les facteurs impliqués dans la perte du contrôle de la consommation d'alcool commencent à être mieux connus : on sait maintenant que génétique et facteurs externes (développementaux, sociaux et environnementaux) sont chacun responsables pour moitié du risque.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : addictionVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (11) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
849 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}