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Marc-Édouard Nabe : Journal intime tome 1 sur 3
EAN : 9782268011028
Les Editions du Rocher (24/05/1991)
4.64/5   11 notes
Résumé :
Le livre s'ouvre le soir du 27 juin 1983, au moment de la fin de la rédaction de ce qui va devenir Au régal des vermines. Il se termine sur l'émission Apostrophes diffusée en direct sur Antenne 2 le 15 février 1985 et marquée par les propos polémiques de Marc-Édouard Nabe et son agression hors antenne de Marc-Édouard Nabe par Georges-Marc Benamou. Entre ces deux dates, on revit la vie du jeune l'écrivain, sa recherche d'un éditeur, sa rencontre avec Bernard Barrault... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai emprunté Nabe's dream, le premier volume du Journal intime, à la bibliothèque municipale Trocadéro, Paris 16. Je viens de le rendre. Si vous êtes parisien, le rêve de Nabe est à vous !

Nabe's Dream, c'est aussi le récit au jour le jour de la publication d'Au Régal des Vermines le premier ouvrage publié par Marc-Edouard Nabe.

Les trois tomes suivants du Journal Intime, publiés en 1993, 1996 et 2000, sont dans l'ordre : Tohu Bohu (1985-1986), Inch Allah (1987-1988) et Kamikaze (1989-1990).

Dans une sorte de préface au Journal, mais qui n'en a pas l'intitulé, Nabe déroule son curriculum vitae, et raconte très brièvement les circonstances qui l'ont amené à l'édification d'une énorme pyramide de tripes qui [lui] prit deux ans (81-83), le temps de son service militaire dans les Ardennes, commencé à vingt-deux ans. Il termine cette introduction au Journal intime par une phrase énigmatique :

"Le 27 juin 1983, j'inscrivis le mot fin au bas de la page 1056 de Nabe's Dream. le soir même, je commençais mon journal intime..."

Et d'ailleurs le premier article du Journal en date du Lundi 27 juin, commence ainsi :

"FIN de Nabe's Dream dans une délivrance plus grande encore que les atroces souffrances endurées depuis six mois de dactylographie, un an et demi de rédaction, sept ans de brouillon et plus précisément vingt-quatre ans de fermentation."

Au début, on perd pied, un peu. Mais Nabe's Dream, c'est bien aussi le titre du pavé que j'ai entre les mains et que je viens de commencer à lire ? Un journal qui commence par le mot FIN ? Pour brouiller encore un peu plus les pistes, les fans de Marcel Zanini se rappelleront un morceau également intitulé Nabe's Dream, enregistré sur l'album Rive Gauche. Patience, le mystère (ou la petite mystification ?) s'éclaircira au fil des jours et de l'aventure du premier manuscrit de Nabe. Après de longs mois d'espoir, le manuscrit de Nabe's Dream (la pyramide de tripes), profondément retravaillé sur les conseils de Philippe Sollers qui le veut pour la collection qu'il dirige chez Denoël sera finalement refusé par l'éditeur. Nabe reprend alors son enfant, le rebaptise Rubis sur l'ongle, et le fait adopter par l'éditeur indépendant, Bernard Barrault. Après moult tractations éditoriales et revirements, l'ouvrage très expurgé ayant pris une forme encore différente, Nabe choisit in fine de le rebaptiser encore, et ce sera Au Régal des Vermines. Nabe a donc simplement réutilisé le beau titre Nabe's Dream de son premier manuscrit refusé, un peu plus tard, pour le premier tome de son Journal intime publié en 1991.

Mercredi 27 juin [1984], c'est le premier anniversaire du Journal intime. On est déjà à la page 495 du tome 1. Pour célébrer cette journée, Nabe détaille le processus d'écriture du journal (qu'il qualifie d'exaltant calvaire indispensable), à la fois du point de vue intellectuel, et du point de vue matériel :

"Dans quatre, cinq ans mon journal intime prendra sa vraie croisière : j'en dirai certainement moins, mais les mots, la façon de rétablir la réalité sera beaucoup plus puissante, ça supplantera tous les magnétos, tous les télex..."

"Publier, c'est la seule façon d'oublier. On devrait d'ailleurs toujours dire "poublier"... Je n'ai pas l'intention d'attendre d'être refroidi pour le faire. Il faut écrire à chaud et publier à tiède ! L'idéal ce serait d'écrire son journal dans un journal. le quotidien baise la postérité !"

"Temps et Vérité : voilà tout ce qui me passionne, voilà tout le journal."

Quand on lit un journal intime publié des années auparavant, c'est sans doute banal pour un lecteur d'essayer de se souvenir de ce qu'on était, de ce qu'on faisait soi-même, au moment même où il s'écrivait. Et là il se passe d'étranges phénomènes, une sorte de concaténation, d'écrasement de l'espace temps. En 1983, je pouponnais... Audrey-Fille a aujourd'hui, à peu de chose près, l'âge qu'avait Nabe quand il a commencé à écrire son journal. Marcel Zanini, son père, avait soixante ans. C'est l'âge que j'ai, moi, aujourd'hui. La semaine dernière on a fêté ses quatre-ving-six ans, en concert au Petit Journal.

Vingt-cinq ans après ! Aujourd'hui Nabe a cinquante ans. Physiquement il a peu changé, à voir les photos et vidéos des années 80. Un léger embonpoint, des lunettes moins rondes... En lisant Nabe's Dream, c'est le Nabe d'aujourd'hui que je visualisais, un peu comme si le temps n'avait pas prise sur lui, et qu'il soit resté le même du premier au vingt-septième livre.

Ce qui frappe c'est la maturité du jeune écrivain de vingt-cinq ans, son énergie, sa force de travail. C'est aussi ce que reflète son écriture journalière, par sa vivacité, son rythme, sa vérité. Et si la préparation de la publication de son premier livre lui avait laissé du loisir, à côté du jazz et de l'amour d'Hélène, il aurait encore voulu consacrer du temps à la peinture ! C'est son grand regret de ces années là.

Rares sont les marques de découragement du jeune écrivain non encore publié. le Jeudi 27 décembre 1984 (c'est son vingt-sixième anniversaire), Nabe écrit :

"Un mélange de fatigue et de désarroi me désarçonne tout l'après-midi. Je reste seul affalé, sinistre, somnolant, revoyant avec un dégoût infini le film de ces dernières semaines."

Mais déjà, le Mardi 15 janvier suivant, la journée commence avec :

"Bonne humeur totale."

Nabe est un jeune homme pressé. Chez lui, du moins à cette époque de sa vie, le spleen, la déprime, ça dure une demi journée, pas plus ! Les quelques marques qu'il en laisse parfois affleurer dans le journal, sont d'autant plus touchantes et signifiantes. Elles laissent place à juste ce qu'il faut de la compassion que le lecteur éprouve alors pour le narrateur.

Bien sûr le Journal intime, c'est aussi une formidable galerie de portraits. Voici ce que Nabe indique à son lecteur, pour interpréter l'énorme index de quarante-neuf pages :

"En capitales : les noms des personnes réelles.
En bas de casse : ceux des personnages fictifs, les noms inventés ou transformés, les surnoms ; les lieux (rues, places, monuments, clubs, librairies, magasins, cinémas, théâtres, et les fleuves, montagnes, mers, pays, planètes...).
En italiques : les titres d'oeuvres et de publications (livres, journaux, émissions de télévisions), et les noms de bateaux.
En italiques entre crochets : les titres d'oeuvres imaginées ou en projet."

Il faudrait en citer tellement (Marcel, Suzy, Hélène, Sam Woodyard, Choron, SIné, Gébé, Barrault, Berroyer, Sollers, Francis Paudras, etc.)... Je dirai seulement que j'ai été particulièrement touchée par les rencontres-portraits de Jacques Villeret et Jean-Pierre Léaud. Il y a aussi les détestations de Nabe, qui ne sont pas toujours les miennes, comme : Gainsbourg, Coluche...

Nabe's Dream, je l'ai lu comme un roman à suspens, pas sauté une ligne ! Et c'est drôlement malin de la part de Nabe de nous planter au petit matin, le lendemain de l'apostro-calypse du Vendredi 15 février 1985, chez Pivot. Comment le jeune écrivain, sa famlle, ses amis survivront-ils à ce gâchis médiatique annoncé ? Pour le savoir, je vais lire... Tohu-Bohu.
Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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Une fois qu'on a fait le tour des rares personnages suscitant l'intérêt (Hélène, les "Zanine", éventuellement Sollers, quoiqu'il soit décrit de façon si caricaturale que l'on finit par s'en lasser), le disque nabien commence à se rayer. Les quelques lettres à Philippe Muray à propos de Céline sont étonnantes, mais si l'on les excepte, c'est le néant.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
incipit :
Je m'appelle Marc-Edouard Nabe. Je suis né, sous un autre nom, le samedi 27 décembre (saint Jean l'Evagéliste) 1958, à 10h50 (Capricorne ascendant Verseau) à la clinique Bouchard, 77 rue du Docteur-Escat à Marseille.
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Avant de m'endormir, je prends le risque de me réveiller demain sous la forme d'une véritable vermine : je lis Kafka, le choucas yiddish de la métaphysique. J'avoue que je suis un peu fasciné : cette oeuvre plus ruinée qu'inachevée pose un sacré problème. Kafka, on dirait les décombres d'une ville après un bombardement. Laquelle, et par qui?
Dans cette atmosphère aussi peu kafkaïenne que celle de Sade est sadique, des monuments en ruine çà et là apparaissent : La Métamorphose, Josépha, Le Procès, Le Château, La Lettre au père... Tout cela tient debout comme ça peut.
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La littérature réclame de ces sacrifices que le lecteur lui-même ne supporterait pas pour lire une ligne passionnante.
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