Le jeune
Nabokov écrivit cette nouvelle impressionniste en 1923, sous le pseudonyme de Vladimir Sirine.
Le narrateur évoque les derniers instants d'un amour de jeunesse en Russie. Il s'adresse à la jeune femme à la deuxième personne. Comme son titre l'indique la nouvelle joue sur les
bruits : pluie, piano, silence mais aussi sur la lumière et les couleurs.
Nabokov raconte une histoire passionnée qui fait penser à celle du Diable au corps de
Radiguet, de manière lyrique et en même temps il porte sur cette histoire un regard distancié, souvent ironique. Il y a tous ces petits détails disgracieux sonores, mais pas seulement, annonciateurs de la violence extérieure qui viennent s'imiscer dans l'harmonie du couple (le claquement de la fenêtre, le gros bouton sur la joue de Pal, le bourdon mort dans un duvet d'araignée...). le narrateur prend conscience de la fin de l'amour et de la fin d'un monde. Il lui faut filer sans se retourner.
Un violent orage vient troubler leur tête à tête. Il leur faut claquer la fenêtre. Elle joue une fugue de Bach et se vante de jouer plus fort que la pluie. La pluie et la belle sont à l'unisson, la nature entière lui semble en harmonie, les arbres, l'eau, les fleurs et elle. Mais bientôt ils doivent prendre le thé chez un certain Pal Palytch, instituteur, amateur de Tolstoï et de menuiserie, qu'il aime bien et qu ‘elle trouve ennuyeux. En revenant de cette visite, elle s'aperçoit qu'elle a oublié son fume-cigarette et demande à Kern de le lui rapporter. Quand il revient auprès d'elle, elle lui apprend que son mari, au front, va rentrer et qu'elle va lui révéler son adultère. Mais son amant ne réagit pas (voir citation). Il l'observe. Elle le laisse partir. Il pédale sans
bruit sur le chemin piétiné des isbas, il croise le cocher qui s'en va à la gare, aperçoit les épaules rondes de Pal Palytch qui pêche.
« L'air mat fut traversé par un beuglement ; des quilles furent projetés en l'air. Plus loin, sur la route, dans l'immensité du soleil couchant, dans les champs obscurément embrumés, c'était le silence".
La nouvelle se trouve également dans le petit folio «
Natacha » et dans "la Vénitienne ».