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Bernard Kreise (Traducteur)Marion Bataille (Illustrateur)
EAN : 9782910233877
47 pages
1001 Nuits (30/11/2005)
3.98/5   21 notes
Résumé :
Cette nouvelle, longtemps restée inédite, fut retrouvée dans les archives de Nabokov à Montreux.
Ecrite en 1923, elle exprime toute la relation sensuelle de l'auteur avec la nature et la Russie. Tout l'univers de Nabokov est déjà en place et son style, d'une grande précision, est déjà formé. A travers une histoire d'amour très discrètement évoquée, le futur auteur de Lolita exprime sa vision et sa sensation du monde. Cette nouvelle a paru pour la première foi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le jeune Nabokov écrivit cette nouvelle impressionniste en 1923, sous le pseudonyme de Vladimir Sirine.
Le narrateur évoque les derniers instants d'un amour de jeunesse en Russie. Il s'adresse à la jeune femme à la deuxième personne. Comme son titre l'indique la nouvelle joue sur les bruits : pluie, piano, silence mais aussi sur la lumière et les couleurs. Nabokov raconte une histoire passionnée qui fait penser à celle du Diable au corps de Radiguet, de manière lyrique et en même temps il porte sur cette histoire un regard distancié, souvent ironique. Il y a tous ces petits détails disgracieux sonores, mais pas seulement, annonciateurs de la violence extérieure qui viennent s'imiscer dans l'harmonie du couple (le claquement de la fenêtre, le gros bouton sur la joue de Pal, le bourdon mort dans un duvet d'araignée...). le narrateur prend conscience de la fin de l'amour et de la fin d'un monde. Il lui faut filer sans se retourner.

Un violent orage vient troubler leur tête à tête. Il leur faut claquer la fenêtre. Elle joue une fugue de Bach et se vante de jouer plus fort que la pluie. La pluie et la belle sont à l'unisson, la nature entière lui semble en harmonie, les arbres, l'eau, les fleurs et elle. Mais bientôt ils doivent prendre le thé chez un certain Pal Palytch, instituteur, amateur de Tolstoï et de menuiserie, qu'il aime bien et qu ‘elle trouve ennuyeux. En revenant de cette visite, elle s'aperçoit qu'elle a oublié son fume-cigarette et demande à Kern de le lui rapporter. Quand il revient auprès d'elle, elle lui apprend que son mari, au front, va rentrer et qu'elle va lui révéler son adultère. Mais son amant ne réagit pas (voir citation). Il l'observe. Elle le laisse partir. Il pédale sans bruit sur le chemin piétiné des isbas, il croise le cocher qui s'en va à la gare, aperçoit les épaules rondes de Pal Palytch qui pêche.
« L'air mat fut traversé par un beuglement ; des quilles furent projetés en l'air. Plus loin, sur la route, dans l'immensité du soleil couchant, dans les champs obscurément embrumés, c'était le silence".

La nouvelle se trouve également dans le petit folio « Natacha » et dans "la Vénitienne ».
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Bruits est un court roman de Nabokov, simple, mais néanmoins d'une grande efficacité. Les qualités d'écriture, l'histoire simple, mais belle et moderne, en font de ce petit texte, un véritable délice. Original, intelligent et plein de sensibilité sont les premiers termes ( ou ensembles de termes ) qui me viennent pour qualifier ce récit. C'est un court récit, simple, mais efficace. Et avec de vraies qualités d'écriture, en plus. Un grand texte.
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Une courte nouvelle. Une tranche de vie plutôt. Un petit bijou de Nabokov à une époque où il vivait encore en Russie. On pourrait même écrire « où il vivait encore la Russie », tellement ce texte est imprégné de ces caractères et décors slaves qui font la Russie imaginaire de l'Occidental.

Le titre est clair : ici, tout est sons et bruits. L'ambiance sonore est presque mieux plantée que le décor et on imagine sans peine cette pluie qui tombe, le froissement de la soie ou la virevolte des oiseaux.

Magnifique
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Plus loin, dans le petit atelier, ça sentait bon la colle à bois, les copeaux de pin. Pal Palytch, en bras de chemise, grassouillet, en sueur, la jambe gauche en avant, rabotait avec gourmandise le bois blanc qui gémissait. Dans un rai de poussière, sa calvitie moite oscillait d’avant en arrière. Par terre, sous l’établi, telles des boucles légères, des copeaux se tortillaient.
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"J'étais si heureux que j'éclatai soudain de rire, déposai un baiser sur ta clavicule, ta nuque. Je t'aurais même récité des poèmes, mais tu détestais la poésie.
Tu souris d'un sourire ténu et dis : " Comme on est bien après la pluie."
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Je t'interrompis par mon silence. Une tache de soleil glissa de ta jupe sur le sable : tu t'écartas légèrement.
Que puis-je te dire ? La liberté ? La prison ? Je ne t'aime pas suffisamment ? Ce n'est pas cela.
Un moment s'écoula : durant cet instant beaucoup de choses s'étaient passées dans le monde : quelque part un gigantesque bateau était allé par le fond, on avait déclaré la guerre, un génie était né. Ce moment s'était écoulé.
« Voici ton fume-cigarette, dis-je après m'être raclé la gorge. Il était sous le fauteuil. Et tu sais, quand je suis entré, Pay Palytch, apparemment...«
Tu dis : « D'accord. Maintenant tu peux partir. » Tu te retournas et gravis en courant les marches. Tu saisis la poignée de la porte vitrée, tu tiras, tu ne pus l'ouvrir tout de suite. C'était probablement douloureux.
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La chambre de Pal Palytch était ensoleillée et exiguë. Au-dessus du lit était cloué un petit tapis rouge ponceau avec un lion jaune brodé en son milieu. Sur un autre mur était encadré un chapitre d'Anna Karénine, composé de telle sorte que le jeu d'ombres des différents caractères et la disposition subtile des lignes formaient le visage de Tolstoï.

1948 - [p. 17]
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De loin Pal Pavytch cria quelque chose, fit un geste pour m'appeler. Un autre Pal Pavytch tremblait dans l'eau comme un frémissement noir. J'éclatai de rire et m'écartai de la rambarde. Je filai sans bruit sur le chemin piétiné des isbas. L'air mat fut traversé par un beuglement : des quilles furent projetées en l'air. Plus loin, sur la route, dans l'immensité du soleil couchant, dans les champs obscurément embrumés, c'était le silence.
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