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René Cannac (Traducteur)Génia Cannac (Traducteur)Bernard Kreise (Traducteur)Christine Raguet-Bouvart (Traducteur)
EAN : 9782070383184
281 pages
Gallimard (24/01/1991)
3.91/5   275 notes
Résumé :
De tous mes livres russes, La défense Loujine est celui qui contient et dégage la plus grande "chaleur" - ce qui peut paraître curieux, sachant à quel suprême degré d'abstraction les échecs sont supposés se situer. En fait, Loujine a paru sympathique même aux gens qui ne comprennent rien aux échecs et/ou détestent tous mes autres livres. Il est fruste, sale, laid - mais comme ma jeune fille de bonne famille (charmante demoiselle elle-même) le remarque si vite, il y ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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« La Défense Loujine » (en russe, Защита Лужина) est un roman de l'écrivain russe Vladimir Nabokov. Dédié à Véra, sa femme, écrit pendant l'année 1929 sous le nom de plume de V. Sirine, cet ouvrage est présenté par Nabokov comme « l'histoire d'un joueur d'échecs écrasé par son propre génie ».

L'histoire ? Loujine, jeune enfant russe scolarisé en Allemagne, pays où sa famille a fui après la Révolution russe de 1917, découvre fortuitement les règles du jeu d'échecs. Il s'avère très doué pour ce jeu. Devenu adulte, Loujine remporte de nombreux tournois d'échecs. Il en fait son métier. Puis Loujine se laisse envahir par ce qui devient une passion et une obsession pathologique pour ce jeu : il n'existe plus qu'au travers des pièces qu'il déplace sur l'échiquier, transposant les événements quotidiens en termes échiquéens. Lors d'un séjour dans une station thermale, où il dispute un tournoi, Loujine rencontre Natalia Katkov. Il la demande en mariage. Fascinée par Loujine, elle hésite, puis accepte cette demande. Sa famille est réticente : pour elle, Loujine est un excentrique. Plus tard, Loujine doit affronter l'italien Turati, un maître d'échecs, et le tournoi est organisé par Léo Valentinov, précepteur et manager de Loujine. Celui-ci se prépare du mieux qu'il peut, tentant de créer une défense imparable (la défense Loujine, d'où le titre du livre), mais, le jour J, Turati fait une ouverture de jeu tout à fait inattendue, déstabilisant Loujine au point qu'il doit quitter la partie, incrédule, les yeux hagards. Complètement désorienté, nauséeux, « la tête couleur de cire », halluciné et (page 154) « aspiré par le jeu », Loujine est pris en mains par son épouse : dorénavant, il ne jouera plus aux échecs. Ainsi, la vie de Loujine s'écoule, monotone et sans but. Certes, il lit des livres auxquels son épouse l'abonne, percevant (page 185) « une ombre des sons qu'il entendait jadis », … jusqu'au jour où un événement fait remonter Loujine à la surface, le précipitant alors vers une fin délirante !

« La Défense Loujine » décrit bien le mécanisme de l'addiction au jeu. Inadapté, asocial -pour ne pas dire autiste-, « phénomène étrange, un peu monstrueux mais séduisant », désemparé devant une vie qu'il ne contrôle plus (puisque, jouant en aveugle, il ne trouve pas la parade aux coups que lui adresse un adversaire invisible), déshumanisé (on ne découvre le prénom de Loujine qu'à la fin du roman), quasi-dément, Loujine fait de sa propre vie une partie d'échecs interminable, se défendant contre ce monde extérieur qui en veut à son bonheur et qui le veut échec et mat ! Un style brillant, des personnages bien tranchés (voyez le portrait que Loujine fait de sa gouvernante française ou de sa tante -laquelle lui apprend les règles du jeu d'échecs- ou des trois gars complètement saouls qui fêtent leur cinquième année de sortie d'école ou du tailleur qui lui confectionne un costume), des détails pittoresques (la campagne russe avec ses bouleaux, la maison familiale avec son vieux grenier, la tyrannie exercée par certains écoliers à l'encontre de Loujine, la montée du progrès technique), de subtiles analyses psychologiques (Loujine, tantôt euphorique, tantôt morbide), un brin d'ironie (quand Nabokov dépeint - lui qui est issu d'une famille aristocratique russe- « la bruyante et inutile cohue des réceptions mondaines » données par les immigrés russes à Berlin), un suspense qui vous tient en haleine jusqu'à la dernière page : l'ouvrage ne manque pas d'intérêt. Roman autobiographique ? Les similitudes abondent entre Nabokov et Loujine : goût des chiffres, solide éducation classique, enfance heureuse et féconde, capacité à s'exprimer en trois langues (russe, anglais et français), passion pour les parties d'échecs (page 87 – « les échecs sont le but de sa vie » ; page 102 – « il ressent des forces invisibles et merveilleuses, dans leur pureté originelle ») …

Ce roman fut l'occasion pour Nabokov de prendre « un grand plaisir pour introduire un schéma fatal dans la vie de Loujine ». Un plaisir ? Probablement, car, aux échecs, vous combattez aux côtés de votre propre mère (la Reine), que vous défendez et qui vous materne, et vous avez le droit de mettre à mort votre adversaire, qui n'est autre que votre propre père (le Roi adverse), et ça n'est pas banal car dans la vie de tous les jours, ce geste est criminel. Nabokov avait, comme Loujine, un père dont il s'émancipa difficilement, un père qui était « à l'affut d'un miracle, la défaite de son fils ». En écrivant « La Défense Loujine », Nabokov règle ses comptes avec son passé (au chapitre 5, le père de Loujine attrape froid et meurt) : « il faut à mon avis écrire pour plaire à un seul lecteur : soi-même ». C'est gagné, et c'est pour notre plaisir !
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« Loujine avait maintenant recouvré toute sa lucidité et sa pensée, débarrassée de tout élément impur, s'organisait rigoureusement ; les échecs couvraient pour lui le champ du réel, tout le reste n'était que rêve – un rêve délicieux où flottait, immatérielle et évanescente comme une nuée d'or traversée de lune, l'image d'une charmante jeune fille au regard clair et aux bras nus. »

Voilà des personnages que je ne vais pas oublier. Je n'avais jamais rencontré un homme comme Loujine, ni une femme comme Mme Loujine. J'admire le talent de Vladimir Nabokov. Découvert avec Feu pâle, je ne m'attendais pas à une histoire aussi dure et sensible. Un livre qui parle plus d'un petit garçon qui n'a que les échecs, que des échecs.

« il prit conscience des abîmes affreux où le plongeaient les échecs, jeta, malgré lui, un nouveau regard sur l'échiquier – et sa pensée s'alourdit sous le poids d'une fatigue qu'elle ne connaissait pas. » 

Dire que Loujine a eu des réussites dans sa vie ? Non ou très peu car il cherchait une défense, la défense Loujine pour survivre. Une vie qu'il transpose comme sur un jeu d'échecs, avec les signes annonciateurs d'un mat par des coups venus du passé. La construction du roman est terriblement intelligente et la plume me plait car elle fait ressortir les caractère de Loujine tant par ses pensées, ses mots (rares) et sa physionomie. Un très beau roman.

« Depuis que ce monde, où tant de choses n'étaient pas intelligibles, s'étaient évanoui comme un mirage et qu'il n'avait plus à en tenir compte, les rayons de sa conscience, jusqu'alors éparpillés sans force, avaient, en se concentrant, retrouvé toute leur acuité. Comme cette vie réelle, celle des échecs, était belle, claire et fertile en aventures ! »
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Voilà enfin mon premier grand roman de la littérature russe … Euh, non, ce n'est pas tout à fait vrai puisqu'il y a une dizaine d'années j'avais lu « Crime et châtiment » que je n'avais pas trop apprécié. Je retrouve d'ailleurs ici la même atmosphère lourde, le même pessimisme.

Bon le contexte historique n'est pas folichon, c'est vrai. L'action se situe du début du XXème siècle jusqu'aux années 30, auprès de Russes en exil à Berlin, après les révolutions soviétiques. Même si Nabokov ne parle pas des nazis, des autres nationalismes européens et de la crise que l'Allemagne traverse à ce moment-là, on peut suspecter que ces circonstances extérieures aient imprégnées l'écriture de l'auteur.

L'histoire est celle d'un génie des échecs – célèbre à ses heures - dont on ne saura pas grand-chose. L'homme est complétement obnubilé par le jeu, au point de voir dans les dalles des salles de bain un immense échiquier, et de concevoir sa vie comme une partie d'échecs. On ne sait pas rien de ce qu'il aime, de ce qu'il pense, ni des raisons qui le poussent à demander une jeune fille en mariage … On peut exclure l'attirance physique (elle n'est même pas jolie), des raisons financières (Loujine est à mille lieux des considérations matérielles). Est-ce la peur de la solitude ? le besoin d'avoir une présence maternante à ses côtés ? le choix inconscient de s'entourer d'un garde-fou contre les démons du jeu ? Garde-fou impuissant et qui ne peut empêcher la fin tragique de Loujine, dans une sorte de fatalité morbide, où la mort est la seule échappatoire possible. Loujine, dont on apprendra à la toute fin qu'il se prénomme Alexandre Ivanovitch. Comme si l'individu derrière le génie avait été complétement nié …

Le texte est très condensé, pas aéré et du coup ça renforce encore l'impression asphyxiante qui se dégage de cette histoire. Comme je suis assez perméable aux ambiances cette lecture n'a pas été une partie de plaisir, loin de là. Mais promis je mordrai sur ma chique et je continuerai à découvrir les auteurs russes, vaille que vaille …
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Enfant, Loujine est harcelé par les autres élèves. Ses résultats sont moyens voire médiocres, peut-être parce qu'il ne souhaite pas se distinguer des autres avec une image d'intellectuel qui leur donnerait de nouveaux prétextes de moqueries.
Sa famille est aimante, mais désunie.

Pour ce garçon, la découverte des échecs est un extraordinaire moyen d'évasion.
Ce jeu occupe alors une place croissante dans sa vie. Il y pense jour et nuit, et en fait un métier.
Son obsession pour le monde virtuel des échecs l'amène peu à peu à le confondre avec la réalité. Nabokov montre l'addiction, le surmenage intellectuel, et une dérive vers une folie faite d'un subtil mélange de dépression, de paranoïa, et de schizophrénie.

La manière dont Nabokov dissèque les pensées et ressentis de son personnage central évoque l'écriture de Dostoïevski.
Nabokov cite d'ailleurs cet auteur en précisant que la lecture de ses écrits n'aiderait pas Loujine. Par sa thématique, ce roman publié en 1930 fait penser au récit 'Le joueur d'échec', écrit au Brésil entre 1938 et 1941 par Stefan Zweig (1881-1942), publié à titre posthume en 1943. Une comparaison avec le dernier livre de Zweig fait inévitablement de l'ombre à celui de Nabokov, moins concis et donc moins efficace et moins percutant, malgré la chute.

Que vous appréciiez ou non les échecs, je vous recommande d'abord la lecture du livre de Zweig, puis celle de 'La défense Louj!ne'.

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PS : comme Ziliz, je remplace parfois les 'i' par des '!' pour éviter les liens intempestifs ; chers Ours, quand corrigez-vous ce bug signalé depuis des années (pouvoir désactiver des liens, surtout quand ils sont erronés)
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La lecture de Nabokov nécessite une grande concentration, tant ses phrases s'allongent et s'amplifient à coup d'incises et d'avalanches de détails, dont la plupart - merveilleux exploit - ne s'avèrent pas superflus et participent de l'atmosphère capiteuse du roman : cette obsession du détail peut refléter l'obsession du joueur d'échecs examinant toutes les combinaisons possibles sur son plateau, afin de mieux s'enfoncer dans une pensée abstraite également retranscrite par le goût de Nabokov pour les envolées lyriques à l'improviste.

Il y aurait sans doute beaucoup plus à dire sur l'impeccable construction et la cohérence stylistique de « La défense Loujine », qui suit certains mouvements et motifs que l'on retrouve sur le plateau d'échecs. Mais encore aurait-il fallu que j'en connaisse assez sur ce jeu. Heureusement, ce dernier point n'est pas un frein à la lecture et à l'interprétation, car le roman escamote l'aspect le plus technique du jeu, pour se focaliser sur la psychologie du héros, et son rapport au réel.

De fait, la défense Loujine décrit la façon dont une passion dévorante recompose la réalité, en saturant la conscience. Nabokov dépeint les raisons qui, depuis l'enfance, conduisent Loujine à se "défendre", en s'enfermant dans le monde des échecs, où il devient inapte à une autre forme d'existence. Tout découle des difficultés initiales de l'enfant Loujine à saisir la nature des rapports sociaux, même avec ses parents. La vision du monde offerte par les échecs le fascine, car elle s'avère bien plus facile à appréhender pour sa psyché particulière. Loujine circonscrit et apprivoise dans ces carrés blancs et noirs un fragment de l'infinité effrayante du réel. Il trace des lignes, s'enferme dans des cases protectrices qui lui évitent de se confronter aux autres complexités de la vie humaine… du moins jusqu'à un certain point.

Car ne connaissant pas d'autre logique, d'autre rapport au réel, Loujine finit par pousser sa passion trop loin, au-delà de 64 cases. Les lignes se prolongent, se distordent, débordent dans la vie, et la folie n'est pas loin. « La verticale était infinie, comme toute ligne, et l'oblique l'était également » : cette propriété géométrique qui fascine Loujine finit par se retrouver dans ses rêves, où des glaces démultiplient son reflet devant le plateau de jeu en des lignes infinies qui effacent peu à peu son existence. le problème d'échec devient sans solution : continuer, c'est se consumer dans la flamme de sa passion. Mais s'arrêter c'est mourir à petit feu, car l'esprit de Loujine ne connaît pas d'autre façon de fonctionner. Dans les deux cas, nous avons affaire à une vie vouée à l'échec.

Les descriptions maniaco-minutieuses de Nabokov se mettent alors à dessiner un enfer comparable au panneau de droite du jardin des délices de Bosh, qui est décrit dans le texte sans être nommé.

Face aux autres et à leur pitié mal placée, la folie obsessionnelle de Loujine lui permet d'échapper à une vie se jouant sans lui (car son identité demeure celle d'un joueur d'échec). Mais bien entendu, une fois les limites du plateau flouées, le joueur n'a plus le contrôle de la partie. Ses rêves jouent aux échecs avec lui, et le sacrifient quand bon leur semble.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
page 139 [...] Les nuits de Loujine étaient comme cahotantes. Bien qu'il fût gagné par le sommeil, il ne pouvait s'empêcher de penser aux échecs, et le sommeil n'avait pas accès à son cerveau, dont il cherchait en vain les entrées : à chacune d'elles se tenait en faction une figurine d'échecs, et Loujine en éprouvait une sensation extrêmement désagréable - le sommeil était là, tout près, mais il demeurait de l'autre côté de son cerveau. Il y avait en lui deux hommes, dont l'un dormait, épuisé et comme dispersé à travers la pièce, tandis que l'autre, transformé en échiquier, continuait de veiller, incapable de se fondre avec son bienheureux double. Mais ce qui était pire encore, c'est qu'après chaque séance de tournoi, il lui était de plus en plus difficile de se dégager du monde des échecs, si bien que, même en plein jour, il ressentait un pénible dédoublement. Après une partie de trois heures la tête lui faisait étrangement mal, elle n'était douloureuse que par endroits, des carrés noirs de douleur, et il n'arrivait pas plus à retrouver la porte de sortie, dissimulée par une tache noire, qu'à se rappeler l'adresse de la maison amie. [...]
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La pauvre dame s’aperçut avec effroi que sa fille et ce douteux monsieur Loujine étaient inséparables, qu’il y avait entre eux des entretiens, des regards et des fluides qu’elle ne pouvait capter […] Le métier de Loujine était insignifiant et absurde… L’existence de semblables professions ne pouvait s’expliquer que par cette maudite époque contemporaine, le penchant contemporain pour les records insensés (ces avions qui veulent atteindre le soleil, ces marathons, ces jeux olympiques…). Il lui semblait qu’autrefois, dans la Russie de sa jeunesse, un homme qui se fût exclusivement consacré aux échecs eût été un phénomène impensable.
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Avec une vague admiration et une vague terreur, il examinait la façon effrayante, souple et raffinée, dont s'étaient enchaînées, depuis quelque temps, un coup suivant l'autre, les images de son enfance (la maison de campagne, et la ville, et l'école, et sa tante de Pétersbourg), mais il ne comprenait pas encore ce que cette répétition avait de terrifiant pour son âme. Il ne ressentait que nettement qu'un certain dépit d'avoir été si lent à saisir l'astucieuse coordination des coups ; et maintenant, évoquant tel ou tel détail (ils étaient nombreux et, parfois, si ingénieusement introduits que la répétition en était presque cachée), Loujine s'en voulait de n'avoir rien remarqué à temps, d'avoir laissé l'initiative à l'adversaire, permettant ainsi, dans son aveuglement candide, à la combinaison de se développer. Il décida d'être plus circonspect à l'avenir, de suivre attentivement la suite des coups, s'il devait s'en produire d'autres, et aussi, cela allait de soi, d'entourer sa découverte d'un secret impénétrable et de se montrer gai, extrêmement gai. Mais, à dater de ce jour, il n'eut plus de repos : sans doute aurait-il dû inventer une défense contre cette combinaison perfide, pour s'en délivrer ; mais il n'était pas encore possible d'en deviner le but ni la direction fatale. Et, saisi de peur, à l'idée que les répétitions allaient probablement se poursuivre, - Loujine eut envie d'arrêter l'horloge de la vie, d'interrompre d'une manière générale le jeu, de rester immobile, et en plus, il constatait qu'il continuait d'exister et que quelque chose se préparait, rampait, se développait, et qu'il n'avait pas le pouvoir d'arrêter ce mouvement.
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Loujine s’éveilla tout habillé - il n’avait même pas enlevé son pardessus -, regarda sa montre, se leva vivement, prit son chapeau qui traînait au milieu de la chambre et s’en coiffa. À ce moment enfin, il se ressaisit, regarda autour de lui, se demandant sur quoi, au fait il avait dormi. Son lit n’était pas défait, le velours du canapé semblait parfaitement lisse. Il ne savait de manière précise qu’une seule chose : il jouait aux échecs de toute éternité et, comme entre deux glaces affrontées reflétant une bougie, il n’y avait, dans la nuit de sa mémoire, qu’une perspective illuminée qui allait en se rétrécissant et, dans cette perspective, il se voyait lui-même assis devant un échiquier, puis une infinité d’autres Loujine, assis devant un échiquier et de plus en plus petits.
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Un garçonnet de dix ans connait bien, connait jusque dans le détail chacun de ses genoux - l'ampoule grattée jusqu'au sang, les raies blanches laissées par les ongles sur la peau hâlée et toutes ces égratignures qui sont comme les signatures des grains de sable, du gravier et des brindilles pointues.
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