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sur 4897 notes
De sa prison, Humbert homme d'une quarantaine d'années se confesse en racontant sa folie amoureuse pour une fillette de 12 ans.
Humbert, professeur de littérature loge chez Charlotte Haze, veuve, afin d'étudier et d'écrire en toute tranquillité. Mais tout change lorsque sa logeuse lui présente sa fille. Humbert qui est attiré par les nymphettes de 9 à 12 ans, est subjuguée par la juvénile mais aguichante Dolorès dite Lolita.
Une complicité va s'instaurer entre le professeur et la jeune fille, mais la mère, jalouse, va éloigner cette dernière en l'envoyant dans un camp de vacances. Obsédé par l'image de Dolorès, Humbert accepte d'épouser Charlotte car il voit en ce mariage l'opportunité de vivre auprès de la fillette. Un jour Charlotte tombe sur le journal intime de son mari dans lequel il dévoile son attirance perverse pour sa fille. Choquée elle s'enfuit mais dans sa précipitation se fait écraser par une voiture. Sa femme morte, Humbert devient le tuteur légal de Dolorès, il récupère donc la jeune fille et s'ensuit pour eux un long voyage à travers l'Amérique. Malgré elle, Lolita devient la maîtresse de son beau-père...

Humbert est le narrateur ce qui trouble d'autant plus car on devient témoin voire presque complice. A travers son récit il nous transmet sa passion pour Lolita avec tellement d'émotions et de tendresse qu'on oublie parfois que la jeune fille est victime de ce pédophile. Humbert pourrait avoir toutes les qualités, il est séduisant, cultivé, raffiné, attendrissant ce qui rend encore plus dangereux cet homme en apparence insoupçonnable. Mais voilà il l'aime, elle obsède ses jours, ses nuits, sa vie, Elle est sa providence, la lumière de sa vie, Dolorès, Dolly, Lo, Lola ... SA Lolita !
A 12 ans l'insolente mais l'insouciante Dolorès est pleine d'innocence, abusée par cet homme, elle finit par en abuser elle-même en se jouant de lui. Et même si elle donne l'impression d'accepter la situation, elle ne maîtrise rien et n'a pas conscience de la gravité des actes de son beau-père. A aucun moment la jeune fille n'adopte le comportement normal d'une pré-adolescente. Au fond, Dolorès, sous les apparences d'une garce, est paumée et souffre de l'emprise de son beau-père, de la mort de ses parents, et rêve certainement d'une vie sociale et familiale comme tous les autres enfants et non de devenir la muse des phantasmes sexuels d'un pervers.

Ce qui est troublant dans ce roman c'est d'aborder le thème de la pédophilie avec autant de beauté dans l'écriture. Nabokov use d'une écriture soignée, nette et poétique, un texte de haute qualité, nourri d'une richesse savoureuse de vocabulaire.
J'ai pris un plaisir indicible à lire ce roman, je reconnais qu'il peut être parfois dérangeant mais jamais obscène, c'est pourquoi il faut l'aborder avec beaucoup de recul pour ne pas tomber dans le jugement.
« Lolita » est avant tout l'histoire d'un amour névrosé d'un homme pour une fillette, un amour certes malsain, incestueux mais fort et émouvant. le plus déstabilisant c'est que Nabokov fait de son personnage pédophile, un homme humain...
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La pédophilie, c'est abject. Nous sommes tous d'accord là-dessus.
De même que, sachant tous que c'est le thème abordé dans Lolita, si on n'est pas prêts à mettre momentanément son aversion en sourdine, autant ne pas ouvrir le livre. A moins, naturellement, que le seul intérêt qu'on y trouve soit de pousser des cris d'orfraie et enfoncer une porte ouverte en martelant que... la pédophilie, c'est abject.

Cela étant, j'avoue avoir ressenti un léger malaise durant la centaine de premières pages. En effet, je ne parvenais pas à m'ôter de l'esprit l'image de Nabokov sexagénaire - dont je venais de suivre une interview sur le Net - et que je collais systématiquement au personnage d'Humbert Humbert.
Afin de corriger cette vision déplaisante, je suis allée quérir sur Youtube des extraits du Lolita d'Adrian Lyne - la meilleure version cinématographique, selon moi - et j'ai pu reprendre ma lecture avec un Humbert Humbert aux traits de Jeremy Irons et à Lolita ceux de Dominique Swain. Brillants interprètes qui m'ont permis d'aborder ce sulfureux roman d'une manière moins dérangeante.

Il est clair que, sous une apparence de gentleman posé, cultivé, courtois mais distant, l'élégant Humbert Humbert est furieusement dérangé. Sa psychologie déviante obscurcit totalement son jugement. Ainsi, aucun adulte, même jeune, n'a grâce à ses yeux : tous laids, stupides, répugnants, méprisables. Seules les très jeunes filles requièrent sont intérêt. Et encore faut-il qu'elles soient jolies, de jolies nymphettes...
Et, au-dessus de cette marée d'insectes insignifiants, surpassant tout et tout le monde, il y a Lolita. Vulnérable et non moins dangereux petit animal écorché que cette ravissante gamine dont les comportements et les attitudes ne sont pas toujours ceux d'une enfant tels qu'on peut les concevoir sur la base de critères conventionnels.
Dès l'instant où il la voit, elle devient son obsession. Une maladive obsession qu'il se persuade être de l'amour. Un amour absolu. Et, même si cela est difficile à admettre vu de l'extérieur, je le pense sincère. Résolument, viscéralement, sincère.

Sans Lolita, Humbert Humbert serait resté un détraqué pathétique, prédateur de nymphettes, en conflit permanent avec ses propres démons. Ce qui l'aurait probablement conduit au suicide ou à toute autre forme d'autodestruction.
Et, sans Humbert Humbert, Lolita aurait eu une adolescence, certes compliquée, mais, sans doute ou peut-être, serait-elle arrivée à l'âge adulte sans trop de meurtrissures pour envisager un avenir plus apaisé.

Seulement voilà, ces deux-là se sont rencontrés et ça a donné un roman qui occupe une place unique dans l'histoire de la littérature du XXe siècle. Qualifié tantôt d'immonde, tantôt de chef-d'oeuvre.

Certes, ce livre est dérangeant, déstabilisant même. Mais il ne faut pas le lire comme la plaidoirie d'un avocat chargé de défendre l'indéfendable.
Nabokov décortique la psychologie d'un monstre et les circonstances de son crime. Son analyse est ciselée. Il n'excuse ni n'accable, il investit un crâne, l'ouvre et nous montre la tumeur, nous explique pourquoi elle est là, comment elle évolue, comment elle ne peut faire autrement qu'évoluer. Et cela même si le porteur est conscient du mal qui le ronge et s'amplifie hors de son contrôle.
Nabokov ne fait pas l'apologie de la pédophilie. Il la dissèque, l'expose et nous laisse à notre réflexion.
Il aurait été, certes, plus facile et mieux accepté par l'opinion générale d'écrire ce roman par la voix de la victime. Mais Nabokov a pris le risque d'aborder le sujet sous un autre angle, celui du bourreau. Il fallait oser, il est sans doute le seul à l'avoir osé sur ce thème. Mais il a eu raison, il avait le talent pour le faire.
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♫ J'ai écrit ton nom avec des clous dorés
Un par un, plantés dans le cuir de mon blouson dans l'dos
T'es la seule gonzesse que j'peux tenir dans mes bras
Sans m'démettre une épaule, sans plier sous ton poids
Tu pèses moins lourd qu'un moineau qui mange pas
Déploie jamais tes ailes, LOLITA t'envole pas
Avec tes miches de rat qu'on dirait des noisettes
Et ta peau plus sucrée qu'un pain au chocolat
Tu risques de donner faim à un tas de petits mecs
Quand t'iras à l'école, si jamais t'y vas
Lola
J'suis qu'un fantôme quand tu vas où j'suis pas ♫
Morgane de toi - Renaud -1983 -

Exemple insigne de lèpre morale,
sincérité désespérée, document clinique
Fourberie abjecte , être anormal
Lolita parmi les classiques psychiatriques.
Tout en abhorrant son auteur
et ces personnages hauts en couleurs,
(pas faits pour inspirer la sympathie)
Mais par sa plume d'une Grâce infinie
Tendresse, frustration, la première partie,
On ne peut subir que le charme du récit

Véritable mise en garde contre de périlleuses tendances
l'avènement d'une vie ineffable, acte de démence
Nabokov nous montre du doigt perversion et luxure
Vigilence inflexible, pour élever des générations meilleures dans un monde plus sûr.

Myriades de phalènes éclairs
Ephémères aux ailes de verre
Souillée, l'essentielle innocence
petites causes, grandes conséquences
plutot jolie comme expression
Lemon Inceste, un zeste de citron
insecte, lépidoptère papillon
LYCAEIDES SUBLIVENS NABOKOV
+ 5 400 épinglés dans sa collection

Pour mon île deserte, faire une place,
Subjugué, il fallait que je l'emmenasse ...



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Roman de tous les paradoxes, de toutes les passions, de tous les interdits.

Comment avoir réussi à fusionner aussi intimement le crime le plus abject à une écriture aussi solaire ?

"Lolita", roman du malaise, de l'insondable, de la chute sans fin dans un néant sans rédemption.

"Lolita", récit d'une chasse. Une proie. Un prédateur. Deux victimes. Deux bourreaux. Une fillette. Un pédophile.

Où commence l'amour ? Où finit l'humanité ?

Humbert Humbert usera d'abord de tout son esprit pour convaincre son lecteur de la légitimité naturelle de sa passion pour sa nymphette avant de rendre les armes et de reconnaître qu'au nom d'aucun amour - aussi puissant soit-il - on ne peut voler la vie de quelqu'un en assouvissant sa passion. En dérobant l'enfance de Lolita (même si ce n'est pas lui qui aura pris son innocence), il a brisé sa vie alors même qu'il voulait la lui révéler dans une beauté utopique. Adoration se fait folie. Passion, perversion.

Le roman est partagé par l'auteur en deux parties : la chasse et la fuite.
Dans un road trip ahurissant et étourdissant, Nabokov nous entraîne dans l'intimité morbide de ce couple dépareillé à travers les vastes Etats-Unis.
Quête du bonheur pour l'un ; quête de la liberté pour l'autre.

Un roman hautement dérangeant ; une écriture brillante.
Une lecture qui révulse et fascine tout à la fois et qui laisse des séquelles.
Pas une seconde je n'ai ressenti de compassion pour Humbert Humbert ; à chaque seconde j'ai viscéralement voulu "sauver" Lolita.

A chaque page je me suis émerveillée de la maîtrise narrative et de la poésie d'un style qui oscille dangereusement, comme un équilibriste ivre, entre pédantisme et génie.


Challenge de lecture 2015 - Un livre qui a été interdit
Challenge XXème siècle
Challenge PAVES 2014 - 2015
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Où est le scandale dans Lolita ? Il faut sans doute le chercher dans la pudeur d'un narrateur qui laisse au lecteur le soin d'élaborer lui-même quelles sont les perversions qu'il fait subir à une enfant de douze ans. le scandale de Lolita se trouve donc dans ce qui n'y est pas écris. Regardons ce qui est écrit. Il est écrit l'histoire d'un homme qui tombe amoureux et qui se laisse envahir par un amour qui va le pousser jusqu'au meurtre. Voilà qui est bien banal. Pourtant rien n'est banal dans Lolita, parce que l'on se situe d'un bout à l'autre du roman à la limite de l'émerveillement et de l'horreur, dans cette zone floue où le beau et le laid, le bien et le mal se rejoignent. Humbert Humbert est à la fois attachant et odieux, décrivant le monde qui l'entoure, ces nymphettes désirées si tendrement et si violemment, leurs corps d'enfants, les motels sordides et les routes américaines qui sont le lieu d'une épopée tragico-amoureuse, avec la sensibilité extrême d'un poète raté mais taisant, cachant derrière le vernis de sa narration, une âme ogresse monstrueusement orgueilleuse. le lecteur, souvent interpellé, se trouve le cul entre deux chaises. En même temps qu'il se laisse toucher par une confession intime qui démontre l'innocence fondamentale d'un individu qui ne fait que se soumettre à sa passion amoureuse, il a l'impression de se faire amadouer par un sinistre pédophile. Or, et c'est ce qui fait que Lolita est un roman troublant, il est impossible de déterminer si la face sombre, si sombre, du personnage l'emporte sur sa face lumineuse, si lumineuse, qui s'exprime dans un style très fin et sensuel. En plus, si les références littéraires sont nombreuses, il en est une qui frappe, c'est celle à Proust, dans cette recherche du temps perdu qu'est la dernière partie du roman, ce retour sur les lieux de la naissance de l'amour, de l'épopée et cette dernière rencontre avec une Dolly adulte, vieillie comme les personnages du bal dans le temps retrouvé, à tout jamais autre que l'image figée, fixée par la mémoire, Lolita vieille, à dix-sept ans, personnage dont on mesure alors, malgré le narrateur, à quel point la vie a été un enfer, parce qu'elle n'a pas eu d'enfance. N'allons pas faire cependant de Lolita un roman moral. Ce serait lui ôter l'ambiguïté qui fascine le lecteur, qui se découvre en même temps capable de ressentir de la compréhension pour un pédophile, ce qui n'est pas rien dans le monde d'aujourd'hui, et de la pitié pour sa victime. Mais il me semble que je n'ai rien dit sur ce grand roman. Je suis trop fatigué et la richesse de ce texte fait de lui sans doute un puits inépuisable de commentaires, dont la plupart sont superflus. La lecture est terminée. Laissons reposer à la fois mon corps crevé par trois semaines d'armée et ce roman qui ne manquera pas de revenir sur le devant de la scène de ma réflexion.
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Dans ce roman sulfureux et à scandale, Vladimir Nabokov, réussit le pari « d'endormir » l'éthique du lecteur pour l'amener à considérer le point de vue du récit d'un pédophile. Il joue habilement avec les mots afin de le rendre complice et tolérer les fantasmes sordides de son personnage principal.
Il dépasse la seule question de la pédophilie et de l'inceste basculant les idées reçues, avec intelligence et finesse pour livrer une histoire déchirante et pleine de contradictions.

Audacieux, choquant, obsédant, malgré notre répugnante aversion, Nabokov nous livre le journal intime d'un pédophile en dédramatisant le rôle de la victime et en enjolivant les bassesses les plus funestes de ce penchant intolérable.

L'énorme charge provocatrice peut en dérouter plus d'un, c'est définitivement une lecture dérangeante, qui demande au lecteur de dépasser ses préjugés et d'abandonner un instant ses confortables certitudes sur le bien et le mal.

On admet les facettes du génie sophistiqué et facétieux, poétique et érotique de l'auteur, qui joue avec la narration à la première et à la troisième personne afin de confondre le lecteur et lui permettre parfois de prendre du recul d'avec l'abject narrateur.

Solaire et solitaire, cette lecture brille d'un éclat sombre bien après la dernière page tournée.


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Expérience unique dans ma vie de lectrice que cette immersion totale, fascinée et dérangeante dans ce roman subversif autour duquel j'ai tourné en cercles concentriques pendant des années, d'abord rebutée tant par le sujet que par l'idée que je me faisais de cette Lolita, puis peu à peu intriguée par son aura particulière pour enfin vouloir absolument découvrir par moi-même de quoi il retournait. Une découverte qui m'a subjuguée, prise comme les yeux du lapin dans les phares d'une voiture.

Ce qui m'a le plus étonnée (dérangée d'abord, puis seulement étonnée), c'est la rapidité avec laquelle j'ai abandonné dès les premières pages mes réticences et ma répulsion première à l'idée d'assister à la relation glauque d'un pervers et d'une trouble nymphette. C'est pourtant bien ça, Lolita, mais c'est surtout autre chose, que je suis bien en peine de définir. A ma décharge, Nabokov non plus, qui louvoie quand on lui demande quel est le sens de Lolita et répond que l'idée première lui en est venue à la lecture d'un article relatant qu'un savant était parvenu, au prix de longs efforts, à faire réaliser un dessin à un singe du jardin des plantes, et que ce dessin représentait les barreaux de sa cage.

Est-ce le style éblouissant, inventif, multiforme, à la fois tout en distance cynique et extrême sensibilité, créant une émotion littéraire propre à susciter l'empathie ? Est-ce le prisme osé de narration choisi, celui du chasseur plutôt que celle de la proie qui agit comme un piège dans lequel je suis tombée, victime d'une sorte de syndrome de Stockholm ?

Toujours est-il que je n'ai pas pu quitter des yeux ce livre abject et magnifique, cette dissection à viscères ouverts d'une passion vénale et dévorante, sur fond de road-movie américain tragique qui en avive la lumière crue. Unique…
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J'ai lu Lolita il y a près de 3 ans pour passer un concours (déjà les conditions n'étaient pas idéales).

Un livre très controversé, et c'est un euphémisme, même aujourd'hui. le moins qu'on puisse dire c'est que Nabokov a tout compris et très bien réussit son opération de "com' ". c'est vrai, à bien y réfléchir, en dehors de ce roman, qui peut citer d'autres oeuvres de l'auteur? Un assez petit nombre de lecteur, assurément.

Lolita... Une douce musique un peu mystérieuse. Pauvre adolescente devenue, malgré elle, un archétype et un fantasme pour certains hommes. Et dire que même la mode a repris ce cliché, qui n'est rien de plus qu'une mauvaise interprétation, car Lolita c'est avant tout une victime.
Lolita, c'est le diminutif de Dolores, un prénom d'un bien plus triste présage... Celui qu'elle connaîtra avec son beau-père Humbert Humbert, car dans le roman il s'agit clairement d'un viol (ou plutôt d'une série...).

Si on laisse de côté cet aspect sulfureux de l'histoire qui a fait (et fait toujours) la renommée de ce roman. C'est un roman d'exploration, pas seulement celui du corps de Lolita (la pauvre! même si le livre ne regorge pas non plus de description crues, ça c'est un fantasme), mais aussi celle de l'Amérique et de la langue anglaise.

Qu'on ne s'y trompe pas, Lolita n'est pas un roman pornographique, c'est bien de la littérature ; du genre qui réjouira au plus au point les amoureux de linguistique et de narratologie...dont je ne fais pas partie.
Certes, Vladimir Nabokov était un homme très instruit et intelligent, car son roman regorge de références, qui si on voulait toutes les comprendre... hé bien, il faudrait rien de moins qu'avoir la tête de son auteur. Ambitieux, en effet !
L'auteur passe en effet son temps à se moquer du lecteur (et surtout, du narrateur), à semer des pistes dans tous les sens, ce qui donne finalement la très désagréable sensation que Nabokov s'est regardé écrire....

Et puis, disséquer la langue anglaise, c'est vrai, il le fait très bien, mais n'étant pas du tout rentrée dans ce "délire", ça me gênait quand même de lire un roman dont l'un des fil rouge est le viol d'une adolescente par un pervers dont on lit chaque pensée tordue...
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Me voilà arrivé au terme de cette longue errance aux côtés d'Humbert Humbert et Lolita.
Nabokov n'épargne rien à ce Humbert, prisonnier de ce mal qui tourne en morne abjection: le désir physique d'un homme mûr pour des fillettes prépubères.
Humbert Humbert n'a rien à faire dans l'intimité de Lolita, mais il s'y incruste, s'y impose et bâti ainsi sa damnation sans issue. Son amour pour Lolita, pollué, vicié et non partagé est une imposture dont il n'a que trop conscience. Car, hormis ses rapports charnels avec lolita, Humbert Humbert n'a rien à partager, rien à offrir que de quoi acheter le silence et la discrétion de Lolita.
Humbert Humbert court, dans son voyage haletant avec Lolita, après un morceau de paradis perdu.
Humbert Humbert emmène Lolita dans une impasse dont le terme est aussi certain qu'inéluctable.
Jalousie maladive et paranoïa aigüe sont le lot d'un intellectuel dévoyé dont le ridicule n'échappe jamais à Nabokov.... le sommet, si je puis l'exprimer ainsi, étant la mise à mort du "kidnappeur".
Lolita m'a été un livre à la fois agréable et pénible à lire. Agréable par cette écriture sublime des boursouflures- mêmes du récit d'Humbert Humbert et pénible dans la représentation que je me suis fait d'un voyage vide et inutile.
Cinq étoiles pour Lolita, mais cinq étoiles froides.
... Et je ne vais pas arrêter à Lolita, ma lecture de Vladimir Nabokov. Certes non.
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Comme le montre l'article de Vladimir Nabokov en postface, plusieurs éditeurs ont frémi devant le sujet de Lolita et ont préféré renoncer à toute publication.

C'est vrai que le thème fondamental du roman est l'attirance sexuelle du narrateur Humbert Humbert pour les petites nymphettes, autrement dit la pédophilie. Là, le mot abject est prononcé. Sans que le récit de Nabokov en soit le panégyrique. On l'a accusé de pornographie, d'immoralité, ... A mes yeux, rien de tout cela n'est vrai. Seul le narrateur est un détestable et pervers chasseur de fillettes qu'il adule.
Depuis sa prison où il rédige ses mémoires - plaidoyer - confessions, Humbert Humbert se présente tour à tour comme un monstre ou comme la victime de ces languissantes pré-adolescentes aux charmes nymphescents. Il prend le lecteur à partie, l'appelant son juré, son ami... Il se montre aussi manipulateur dans son récit qu'il le fut avec la petite Lolita Haze, douze ans, turbulente et énergique enfant de Charlotte, une mère.

Après la mort de celle-ci s'ensuit un roadtrip à travers les États-Unis pour la fillette et son beau-père lubrique et passionnément fou d'amour pour sa Lolita. Car oui, amoureux il l'est. D'un amour insane, exclusif et dominateur. Il sait et profite du fait que, orpheline, la petite n'a que lui comme ressource. On ne peut qu'abominer un tel être. Et admirer la façon éminemment talentueuse avec laquelle Vladimir Nabokov décortique non seulement les penchants pernicieux de son personnage mais également toute sa personnalité. Celle-ci oscille, à travers ses confessions, entre arrogance et modestie exacerbée, mépris pour l'ensemble de ses congénères et adoration coupable de ses nymphettes. Il est cultivé jusqu'à la pédanterie et l'on ne compte plus les mots rares et précieux rencontrés au fil des pages (smaragdin, coruscant, ménarche, etc). Un être définitivement peu agréables même sans prendre en compte ses pulsions pédophiles.

C'était ma seconde lecture de ce roman, avec une vingtaine d'années entre les deux. Relecture infiniment bénéfique dans l'appréhension plus en profondeur du texte. le style de Nabokov possède une lumière extraordinaire qui fait contrepoint à la noirceur du sujet. Lolita est une petite fille que je voudrais préserver de son prédateur qui, par l'assouvissement odieux et égoïste de ses penchants, détruit l'enfant et l'adulte à venir. Hélas, les Humbert Humbert continuent de frapper d'innocentes proies comme on peut trop souvent le constater dans les faits criminels de l'actualité.
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