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Critique de Diabolau


J'ai écumé quasi toutes les (nombreuses) chroniques sur ce bouquin pour voir si quelqu'un avait vu la même chose que moi, et j'en ressors fort contrit et plein de doutes car je suis obligé de l'avouer : rien, nib, que dalle. Je suis le seul, à l'exception peut-être de Poljack (dont je lis toujours les chroniques avec beaucoup d'attention car je me retrouve régulièrement dans ce qu'il dit) qui a vu une ou deux incohérences, sans plus.
Allez, évacuons tout de suite cette corvée et après on n'en parlera plus : je n'ai pas cru à l'intrigue, voilà. Au fur et à mesure du texte, il y a des mystères, des incompréhensions, mais c'est normal, c'est un polar, tout s'éclairera à la fin, me suis-je dit. Je suis arrivé à la fin comme une fleur (j'y reviendrai), tout s'est éclairé en effet. Mais je n'y ai pas cru. Et le pire, c'est que je ne peux même pas dire pourquoi sans divulgâcher le contenu, ce qui est déjà une hérésie en temps normal, mais pour un polar c'est carrément la correctionnelle. Même en parlant par métaphore, ce à quoi j'ai songé, ce ne sera pas discret. Allez, je consens à la rigueur à une métaphore en crochets antispoil, mais je vous aurai prévenus !
Disons, pour faire vite, qu'on peut à la rigueur concevoir qu'un tueur puisse commettre une maladresse… Mais au bout de 4 maladresses, ce n'est plus un tueur, c'est un apprenti plombier.
Alors, il me faut préciser : je ne suis pas un fan de polars et de thrillers. Bien au contraire, j'ai tendance à repousser ce style, comme tout ce qui est à la mode, car les modes sont toujours commerciales, et qui dit commerce dit application d'une recette. Et pour moi, appliquer une recette, ce n'est pas de la littérature. Donc je sais que beaucoup d'auteurs de polars/thrillers que je ne nommerai pas pour ne pas m'attirer les foudres de leur fan club transi, dépassent régulièrement, pour ne pas dire systématiquement, les limites du rebondissement plausible pour protéger leur sacrosainte chute de la sagacité des habitués du genre. C'est peut-être pour ça, me dis-je (j'essaie de me rassurer), que je suis le seul à avoir vu l'incohérence. Peut-être qu'à force d'avaler des couleuvres énormes, les lecteurs de polar-thriller ont l'oesophage élargi et qu'ils ne sentent plus les couleuvres de taille modérée ?
J'ai conscience d'être aussi un monomaniaque de la crédibilité. J'en ai besoin même quand je lis du fantastique, et non, pour moi ce n'est pas antinomique. Parenthèse fermée, et reproches terminés.
Car pour le reste, laissez-moi vous dire qu'elle dépote, la petite Odehia ! Déjà, merciiiii (c'est très personnel, là encore), de nous avoir fait un polar quasiment sans flics. Ras le bol des condés, du commissaire Pouetpouet, de l'inspecteur Lalouse et du capitaine Connardaigriquittéparsafemmeparcequilpensequasonboulot !
Les personnages sont magnifiquement construits. Contrairement à d'autres, je n'ai nullement été gêné par l'apparition rare et presque éthérée de la belle Knysna. Je me suis même demandé un moment si ce n'était pas un fantôme. Et que le bouquin porte son nom, ma foi pourquoi pas, ça sonne comme une quête lointaine et inatteignable. La petite Natalie et son père Mick sont également criants de vérité, mais c'est bien évidemment ce junkie névrosé de Hilton qui renverse la table par la puissance de sa personnalité. À la fois ange et démon, à la fois agaçant et enthousiasmant, à la fois altruiste et égoïste, tourmenté, torturé, c'est un (anti-)héros de roman noir d'anthologie. Un humain fracassé par la vie comme on les aime, croulant sous les paradoxes.
L'ambiance est délicieusement glauque et suintante, totalement désabusée, servie par un style accrocheur qui ne s'embarrasse pas de fioritures ni de descriptions inutiles, mais qui frappe directement au foie lorsqu'il s'agit de souligner à la fois la vacuité de l'existence, mais aussi ces quelques petites choses essentielles qui font qu'elle mérite d'être vécue, même pour des paumés : l'amour, l'amitié.
Une superbe amitié que celle de ces deux zigues. Pas nian nian ni caricaturale pour un sou, à la fois virile et respectueuse, mais avec ses zones d'ombre. Comme en vrai, quoi.
En bref, si je n'ai pas été convaincu par le côté polar, je l'ai été totalement par le côté roman psychologique et d'ambiance, et d'ailleurs je l'ai descendu quasiment sans le voir passer. Et je me prends à rêver qu'un jour Odehia Nadaco puisse bénéficier de la même post prod que certains auteurs dont là encore je tairai le nom. Si ce jour arrive, ils auront du souci à se faire.
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