Très belle histoire d'un homme qui profite des opportunités que lui offrent la vie mais qui vont "virer" au cauchemar et l'enfermer dans un convent et dans sa solitude.
il va trouver un semblant de rédemption suite à sa condamnation et transcender sa peine en créant deux mappemondes, une terrestre, l'autre céleste pour rendre hommage à son amour perdu.
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L'expérience qu'il avait acquise en matière de cartographie était en bien des points semblable au talent du musicien qui, à la seule lecture d'une partition, et sans ouvrir les lèvres ni avoir même à fredonner, entend les voix entrecroisées du quatuor à cordes chanter en lui. [...]
L'aveugle ne reconnaît-il pas la consistance des objets en les effleurant des doigts ? De même, il lui suffisait de suivre un trajet du bout de son index sur une carte : aussitôt lui était donné l'impression de fouler le vert tendre des prairies, de longer les méandres d'une rivière, de passer entre les traits resserrés des cols ou des gués, de gravir l'ocre pâle des versants escarpés, de calculer le temps qui lui restait à marcher avant de faire étape dans une grange ou une crique, de se caler le dos contre une une roche couverte de mousse à proximité de la chevelure inlassablement déroulée d'une cascade.
L’expérience qu’il avait acquise en matière de cartographie était en bien des points semblable au talent du musicien qui, à la seule lecture d’une partition, et sans ouvrir les lèvres ni avoir même à fredonner, entend les voix entrecroisées du quatuor à cordes chanter en lui. De même, par la seule évocation des symboles, par le déchiffrement des à-plats de couleur et des courbes de niveau, il avait la capacité de voir se dérouler sous ses yeux ces immenses paysages de plaines et de forêts. L’aveugle ne reconnaît-il pas la consistance des objets en les effleurant des doigts ? De même, il lui suffisait de suivre un trajet du bout de son index sur une carte : aussitôt lui était donnée l’impression de fouler le vert tendre des prairies, de longer les méandres d’une rivière, de passer entre les traits resserrés des cols ou des gués, de gravir l’ocre pâle des versants escarpés, de calculer le temps qui lui restait à marcher avant de faire étape dans une grange ou une crique, de se caler le dos contre une roche couverte de mousse à proximité de la chevelure inlassablement déroulée d’une cascade.
Est-il donc vrai que l'amour forme l'horizon indépassable de toutes activités humaines tant qu'on en est privé, pour redevenir cette chose banale, et si commune, dès qu'on est assuré d'en jouir à sa guise ?
On ne sait que peu de choses du père Louis Legrand, si ce n’est qu’il eut à souffrir de l’amour, au point, croit-on, d’en mourir de chagrin, que ses voeux furent forcés, et surtout qu’ils construisit deux des plus grands globes terrestre et céleste qui se puissent trouver en Europe à cette époque – dont l’un est aujourd’hui encore conservé à la bibliothèque municipale de Dijon.
On doit les quelques indications dont on dispose sur lui à l’écrivain Rétif de la Bretonne. Impressionné par les proportions de la mappemonde qu’on lui montra lors de son passage en cette ville, il consacra à cette dernière, ainsi qu’à son auteur, une dizaine de lignes en 1759, qu’il publia par la suite dans Monsieur Nicolas. Comme il le remarque justement, la perfection de ce globe était son seul défaut. Car, depuis les dernières découvertes de Newton, on savait que la boule sur laquelle nous vivons était loin d’être la sphère parfaite qu’il avait sous les yeux. C’est en effet au livre III des Principia Mathematica, ouvrage pourtant connu du public depuis 1686, qu’il avait été démontré que la Terre était renflée à l’équateur et aplatie aux pôles.
La négligence de l'ange qui avait été préposé à la sauvegarde de sa bien-aimée? N'est-ce pas cette entreprise là, même dérisoire, qui lui avait permis d'oublier cette existence trop terre à terre, et comme engluée dans la boue des jours inutiles?
Et bien, de la même façon, il s'en allait construire, sur le modèle du premier, un au globe, mais céleste cette fois, où se déploierait, sur le canevas des étoiles fixes, la course aléatoire des planètes.
Romans
La soirée d'Apostrophes est consacrée à six
romans.
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Alain NADAUD : "
Archéologie du zéro". Professeur de
philosophie, il a enseigné à l'étranger dont Bassora en Irak. Il s'est d'ailleurs inspiré de la salle des professeurs pour son
roman. le livre démarre par la découverte d'une nécropole à Alexandrie où l'on trouve les archives d'une
secte ancienne. Vrai et faux se mélangent...