C'est une mauvaise passe. Oui, il faut se dire que c'est une mauvaise passe !
Quatrième livre de ce début d'année 2015 et encore un roman que je dévore. Il faut dire qu'avec une plume comme possède
Stuart Nadler, pourquoi s'en priver ?
Léa lors d'un de nos rendez-vous me disait, à juste titre : « Encore un coup de coeur ? Tu risques de perdre de ta crédibilité », pas faux. Mais j'y peux quoi moi, si je tombe sur cette mauvaise passe ?
Si ces auteurs me prennent aux tripes ? Maitres de leur technique ils nous emmènent dans des histoires plus somptueuses les unes que les autres, c‘est ma faute à moi ?
Une mauvaise passe, je vous dis.. .
Et puis je serais le dernier des crétins si je voulais trouver des retenues là où il n'y en a pas, car
Stuart Nadler nous livre ici un roman de haute volée.
Une histoire sur les dégâts que peuvent causer, dans une famille américaine de la classe moyenne, une ascension sociale trop rapide et parfois mal maîtrisée.
La soif de la réussite, l'ivresse du pouvoir, le monde de l'arrivisme avec tous ses travers jusqu'à l'écoeurement ! Les rapports père / fils exacerbés par l'argent roi.
Je vous présente la famille Wise :
Arthur Wise, le père, ancien combattant devenu avocat qui se noie dans son nouveau pouvoir, méprisant ceux qu'il pense être inférieurs, dévalorisant son associé Robert Ashley pourtant son sauveur lors de leur campagne de France et surtout haineux envers ceux qui voudraient le dominer, tellement différent de ce qu'il était avant son ascension sociale.
La mère, Ruthie, qui consomme sans retenue, jamais rassasiée, elle qui était posée et à la recherche des petits plaisirs avant, avant.. .
Et Hilton Samuel Wise, Hilly, leur fils qui aura connu la vie simple d'une famille pauvre vivant dans un quartier entouré de familles de la classe moyenne, jouant au baseball avant, avant.. .
Sur leur chemin, ils vont impacter sur la vie des personnes rencontrées :
Lem Dawson, le « boy » laissé avec la maison de Bluepoint par l'ancienne propriétaire qu'ils achètent ;
Charles Ewing, le beau-frère de Lem et sa fille Savannah ;
Robert Ashley, l'associé d'Arthur dans leur cabinet d'avocats spécialisé dans les « crashs » d'avion, un homme qui sait s'effacer ;
Jenny, la compagne d'Hilly, qui deviendra sa femme et la mère de leurs enfants ;
Lauren, l'adolescente fugueuse ;
Hershel Stockton, le mari de Savannah, ancien combattant au Vietnam et les autres.. .
Tous trouvent leur place dans les pages de ce très beau livre.. .
En arrière plan la noirceur et les travers d'un racisme latent d'avant les droits civiques, qui ronge les rapports entre les êtres même jeunes.
« L'enfance, cette période où tout vous semble encore neuf et inattendu, où tout le catalogue des expériences reste d'une réjouissante brièveté ».
Je veux parler de la relation de Hilly avec Savannah qui est confrontée à un univers impitoyable pour une jeune fille noire orpheline de mère. Elle est mignonne, elle cherche une protection et lui est potentiellement le seul héritier d'une famille blanche et riche.. .Échange de bons procédés ou réelle attirance ?
Le syndrome du chevalier qui va suivre Hilly toute sa vie !
Nous voyageons de l'après deuxième guerre mondiale à nos jours, des plages de Cape Cod à New-York en passant par Ebbington « la blanche » et Hove « la noire » dans l'Iowa, de la population pauvre à celle des nantis, de la culture blanche à la culture noire. Une grande page de l'histoire moderne américaine nous est dépeinte.
« La simple logique de la loyauté est souvent la plus puissante »
Ce livre c'est une plaidoirie pour le vivre dans l'instant mais aussi un bilan du passage du temps sur les êtres, leurs destins, un roman vibrant des témoignages de chacun, une ode à la vie et une fin…une fin…trop fort le
Stuart Nadler.
La dernière page est flamboyante et avant vous aurez lu 420 pages éclatantes, lumineuses.
A vos marques, prêts, partez.. .
Son nom Nadler…
Stuart Nadler, messieurs, dames, le voici.. .
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