C'est à l'occasion de la superbe exposition du musée Guimet consacrée au Dit du Genji que j'ai découvert à la boutique du musée ce petit roman policier qui met en scène les personnages de
Murasaki Shikibu à l'époque Heian au sein de la cour impériale.
L'auteur se place en amont de la rédaction de ce roman national datant des environs de l'an 1000 et présente les protagonistes comme des personnages historiques bien réels qui ont inspiré la poétesse, elle-même présente dans le livre comme dame d'honneur à la cour.
Nagao Seio fait découvrir à ses lecteurs une époque brillante et une civilisation raffinée mais aussi cruelle et superstitieuse.
Le prince Genji fils d'une concubine, supporte le poids de ses origines qui interdisent à son empereur de père de le désigner comme prince héritier bien que ses multiples qualités auraient dû le conduire aux fonctions suprêmes. Il parait renoncer aisément aux ambitions politiques et il se console en menant une vie sentimentale débridée car toutes les femmes, jeunes ou vieilles , mariées ou non, sont incapables de résister à son charme puissant. Cela ne leur porte par bonheur car elles trépassent ensuite dans des conditions effroyables ... Mais à la cour, les décès sont rarement naturels et même si on accuse les esprits maléfiques, les coupables appartiennent bien au monde des vivants.
Le prince Chujo ami de Genji et la dame d'atours Shikibu enquêtent pour percer le mystère et le lecteur les suit sur la pistes de femmes maléfiques, de fonctionnaires corrompus, de magiciens féroces.
L'enquête proprement dite traîne un peu en longueur mais les retournements de situation au final relancent l'intérêt par un effet de surprise bienvenu.
Cependant ce qui est surtout intéressant , c'est la description d'un microcosme privilégié avec ses coutumes et son art de vivre. Certes on s'empoisonne allègrement, mais on s'envoie des poèmes . Les femmes se dissimulent derrière des paravents mais elles reçoivent nuitamment leurs amants et la filiation des enfants à venir reste sujette à caution. le pouvoir politique est totalitaire mais les opposants ont quand même la possibilité de quitter la cour ce qui leur permet d'être rappelés avec panache. le raffinement imprègne chaque moment de la journée de cette noblesse privilégiée .
Les éditions Philippe Picquier qui contribuent largement à la diffusion de la culture asiatique en France ont bien rempli leur mission, à savoir donner envie d'en savoir plus sur ce Japon médiéval fascinant.