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Critique de Pois0n


Précédée d'une réputation qui n'est plus à faire, ayant été adaptée à la fois en manga et en anime, la saga Re:Zero, qui compte déjà dix-huit tomes au Japon, était une valeur sûre pour Ofelbe, la branche d'Ototo/Taifu dédiée aux light novels, ces romans japonais voulus facile à lire et pourvus de quelques pages illustrées.

Re:Zero s'inscrit dans la longue tradition de l'isekai, un genre littéraire dont le héros ou l'héroïne se retrouve brutalement transporté dans un autre monde. Mais si les japonais disposent d'un mot précis pour résumer le concept, celui-ci ne leur est pas exclusif : en occident, Narnia ou le Magicien d'Oz peuvent ainsi être considérés comme de l'isekai.

Passé son prologue qui spoile un peu la suite, Re:Zero commence de façon abrupte. Comment Subaru a-t-il atterri dans cet autre monde ? Nous ne le saurons jamais. De son monde d'origine, à savoir le nôtre, nous ne verrons rien, l'intégralité de l'histoire se déroulant dans celui où il a été transporté. Un pur récit de fantasy donc, où l'élément inhabituel, c'est ce personnage « réaliste » qui se base sur ses expériences vidéoludiques pour s'en sortir dans un univers qui lui est certes inconnu, mais pas moins familier.

« Réaliste » est à prendre avec des pincettes car en effet, difficile de trouver Subaru crédible. Réagissant parfois de façon exagérée et peu naturelle, réfléchissant bizarrement... Je veux bien croire qu'il y ait un gouffre entre la façon de penser japonaise et la nôtre, mais le fossé culturel n'explique pas tout et n'excuse rien, d'autant que les autres personnages ne sont pas épargnés.
C'est un fait, la narration de Re:Zero est maladroite, pour ne pas dire carrément mauvaise au début du tome. Une bonne partie des dialogues de la première moitié de celui-ci partent dans tous les sens, les personnages s'excusent pour rien, se balancent des vannes qui n'en sont pas, parlent de la pluie et du beau temps, regardent les papillons voler au lieu de se concentrer sur quelque chose qui ferait avancer l'histoire... Bilan, c'est d'une lenteur abominable, chiant, et surtout tout sauf intéressant. Mais il faut garder à l'esprit qu'il s'agit là du tout premier roman de Tappei Nagatsuki, des tout premiers chapitres d'un auteur débutant, et que les choses ne peuvent que s'améliorer.

C'est le cas dans la seconde moitié, où Subaru, long à la détente, commence enfin à comprendre ce qu'il lui arrive et où les digressions insupportables se font plus rares, permettant enfin à une histoire qui ne manque pas d'atouts de véritablement démarrer.

Dans un genre de récit très codifié et surtout déjà exploré en long, en large et en travers par des milliers d'auteurs, Tappei Nagatsuki a su se démarquer en croisant l'isekai avec une autre ficelle scénaristique usée jusqu'à la corde : la boucle temporelle. Pour faire simple, c'est quand les évènements se répètent encore et encore jusqu'à ce que le ou la protagoniste trouve « le bon » scénario : le jour de la marmotte, ça vous dit quelque chose ?

Le principal piège de ce type de récit, c'est la facilité à tomber dans le redondance. Mais dans Re:Zero, il n'y en a pas. Car si certains évènements sont fixes, ayant été déterminés avant son apparition, Subaru comme les habitants de ce monde restent libres de leurs mouvements. Plutôt que de chercher à revenir sur ses pas et répéter les mêmes actions, le jeune homme tentera au contraire à chaque fois d'atteindre son but par un chemin différent, puisque les précédents l'ont mené plus ou moins rapidement à une mort douloureuse. Si, comme lui, on comparait Re:Zero à un jeu vidéo, ce serait clairement du « die and retry » (meurs et essaie encore).
Bref, à chaque nouvelle boucle, ce sont de nouveaux personnages et de nouveaux lieux que l'on découvre, même si les évènements se déroulent sur le même laps de temps que précédemment.

L'histoire suit donc son cours et, passé la moitié, parvient sans mal à garder l'intérêt du lecteur en éveil. Mais surtout, la fin relève grandement le niveau, avec un combat contre un adversaire redoutable où, pour une fois, l'ennemi invincible est RÉELLEMENT invincible et où l'on sent que les personnages en chient un max. Il faut dire que dans Re:Zero, tout le monde peut y laisser sa peau, et même s'il y a ensuite retour au point de départ, ça ne résout pas le problème. Bref, la tension est là et même si les descriptions du combat ne sont pas spécialement précises, les nombreux rebondissements font que l'on ne s'ennuie pas et ce, même si le duel s'étale sur... une bonne cinquantaine de pages !

Bref, malgré un début franchement poussif, Re:Zero n'est clairement pas aussi mauvais que la première impression le laisse penser. Ce n'est pas exceptionnel non plus, mais il y a suffisamment de points positifs pour que l'on referme le tome plus confiant pour la suite que lors des premiers chapitres.
… Car oui, le dernier bémol, c'est que ce tome ne se suffit absolument pas à lui-même, la fin étant carrément béante.

A ce stade, deux possibilités : être sacrément refroidi•e par ce qu'on vient de lire et décider d'arrêter là les frais (d'autant que les tomes ne sont pas donnés), ou prendre le risque de continuer, tant il est clair que ce premier tome ne reflète en rien le potentiel de la série.
Pour ma part, ayant choisi d'acquérir les trois premiers volumes ensemble, je laisse au deuxième arc narratif le soin de parvenir à me convaincre...
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