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Critique de clemia


L'absence, c'est être loin d'un lieu ou d'une personne. Un mélange de distance et de manque. Cette distance et ce manque pour Léo, notre narrateur se fait organique à tel point qu'il doit les raconter, les expulser de son coeur sous la forme de mots. Une sorte de longue lettre. Ecrite à Matthieu, le lieu et la personne au coeur de son absence.

Léo s'est inscrit avec sa bande, la Coterie, a un stage déterminant dans l'obtention du BAFA. Et Léo, il en a besoin de ce diplôme, pour financer son futur logement d'étudiant. Légèrement tendu, il est soulagé d'être avec la Coterie, qui lui donne l'impression d'une meute, pour qui rien n'est impossible.

Matthieu, lui, il est seul, loup solitaire, nouveau dans ce stage de BAFA. Calme, intelligent, curieux, il détonne, en attire certains, fait peur à d'autres. Léo voit Matthieu et avec lui, il découvre l'absence qu'il ne connaissait pas et le vide présent dans son coeur devient soudain visible. Léo veut connaître Matthieu, il veut s'en approcher, il veut être vu à son tour, il veut combler le vide de l'absence.
Seulement voilà, le leader de la Coterie ne ressent pour sa part que de la peur, de la frustration et de la jalousie nées d'un instinct de chef de meute fragile, qui ne supporte pas ne plus être au centre de l'attention...Comment faire alors, pour Léo, qui se trouve face à un choix ? Confortablement installé dans son groupe construit de personnes qu'il croit connaître, avec qui il a le sentiment d'avoir tout vécu, tels des soldats partis en guerre et avec qui il se persuade de vouloir appartenir, il a du mal à faire preuve du courage nécessaire. Jusqu'où est-il prêt à aller pour faire entendre qui il est vraiment, qu'est-ce qu'il veut réellement, quel genre de personne il veut devenir ?

Au-delà d'être un très beau texte sur la découverte de l'amour, sans s'embarrasser des peurs liées à un amour homosexuel, c'est surtout un roman très juste sur l'adolescence et l'inquiétude perpétuelle d'être mis hors du groupe et d'en devenir l'ennemi. Léo a du mal à se dépêtrer de cela mais son attirance pour Matthieu le poussera dans ses retranchements. Quand on a soi-même évolué dans une bande d'amis sans en être le leader, mais dans une position de suiveur, on peut comprendre le détournement de courage qui devient détournement de soi-même.

Guillaume Nail a visé juste dans les mots et dans le choix de cette lettre écrite en s'adressant à Matthieu, cet être mature, rempli d'une poésie étrange, attrayante et mélancolique.
La lecture est rapide mais parfois difficile. Envers Léo, on passe rapidement de la compassion à l'énervement et à l'agacement. On voudrait qu'il fasse différemment...mais aurions-nous nous-même fait autrement ?
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