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EAN : 9782862743660
139 pages
Le Cherche midi (01/05/1995)
4.19/5   16 notes
Résumé :


Le six août 1945, à 8h15 du matin, l'apparition d'une gigantesque boule de feu à cinq cents mètres d'altitude au-dessus d'Hiroshima marque l'entrée de notre "civilisation" dans l'ère nucléaire.
Rien, jamais, ne sera plus comme avant. Les 200 000 morts d'Hiroshima, bientôt suivis des 140 000 morts de Nagasaki, le 9 août, symbolisent, bien malgré eux, cette barbarie rendue possible, hélas, par la science.

Soixante ans après la tra... >Voir plus
Que lire après J'avais six ans à Hiroshima, le 6 août 1945, 8h15 (précédé de) La peur et la honteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Keiji Nakazawa vivait avec sa famille à Hiroshima le jour où la bombe a explosé. Sur le chemin de l'école, comme des milliers d'autres enfants, il a laissé à quelques centaines de mètres derrière lui une maison détruite. Son père, un frère et une soeur, parmi ses cinq frères et soeurs, ont succombé instantanément ou presque, quand sa mère a miraculeusement survécu, donnant naissance au même moment à une petite Tomoko...qui ne survivra que quatre mois à cet enfer.

Raconté sous forme de très courts chapitres de deux, trois pages, l'auteur du célèbre Gen d'Hiroshima, nous livre dans ce témoignage quelques-unes des scènes qui n'ont jamais quitté sa mémoire, et comment pourrait-il en être autrement. Images sur le vif de corps à vif, chairs pantelantes de ces fantômes errants à la recherche de nourriture, pantins hagards qui ne tiennent debout que par miracle, déjà dévorés par les mouches et les vers, et dont on ne sait pas s'ils sont mués par un automatisme zombie ou par un dernier sursaut de volonté propre…Ils souffrent terriblement…D'autres ont eu davantage de « chance » … carbonisés, et figés sur place. Les odeurs de putréfaction sont pestilentielles et permanentes.

Un témoignage aux frontières de l'indicible et de l'horreur. Ces pauvres gens ne comprennent pas ce qui leur arrive, et on prendra bien soin de leur cacher la vérité autant qu'on pourra. On sent que Keiji en a particulièrement après l'ABCC (Atomic bomb casuality commission), un bureau vite installé par l'armée américaine, qui va ausculter la population rescapée sous toutes les coutures, non pas pour soigner l'un ou l'autre des nombreux problèmes de santé survenus, mais à des fins scientifiques, en étudiant là des cobayes. Il n'y a pas de compassion chez l'occupant, et les autorités japonaises qui reprendront peu à peu la main ne seront pas plus transparentes ni charitables. Un témoignage choc, et bouleversant par sa sobriété réaliste. le style est lapidaire et limpide, et surtout pas larmoyant, non « poético-romantique ».

Ce texte est précédé d'un vibrant plaidoyer de Bernard Clavel pour la Paix. Cet homme n'a cessé de revendiquer son pacifisme toute sa vie et au fil de son oeuvre immense. Et il n'a pas sa langue dans sa poche pour dénoncer les vas-t-en guerre, les pacifistes de salon vite gagnés par la mollesse des politiques qui n'agissent pas et envoient des jeunes se faire liquider. Au passage, il égratigne même les femmes, dont on ne cesse de dire que si elles étaient au pouvoir, il n'y aurait plus de guerres (tu parles, depuis, il aura suffit de voir la terreur qu'inspire déjà la soeur de Kim Jong Un, une femme glaciale et impitoyable à la main de fer, ou encore, dans le registre du non-respect des droits de l'Homme, une certaine prix Nobel de la Paix qui depuis qu'elle participe au pouvoir les laisse être bafoués sans sourciller). Pour Clavel, elles ont longtemps été et sont encore souvent trop sensibles au charme viril de ces maris et fils en uniforme. Bref, voici un pacifiste qui pour le coup ne se privait pas de canarder, dès lors qu'il s'agissait d'une juste cause. Mais cette pugnacité n'a jamais caché un terrible pessimisme : n'en déplaise aux beaux discours sur le nécessaire « équilibre de la terreur » qui justifie la course au nucléaire militaire, les armes inventées au fil des âges ont toujours fini par servir.

En fin d'ouvrage, un mot sur les hibakusha, ces japonais irradiés qui souffraient et souffrent encore dans leurs chairs des décennies après, mais aussi dans leur âme, victimes de discriminations voire de harcèlement, comme malheureusement il en existe sous bien des formes au Japon quand on n'est pas dans la norme collective.

Enfin, un rapide mais efficace topo sur les différents types de bombes nucléaires : atomique, à hydrogène, à neutrons, très didactique. En gros, les bombes A sont à uranium (Hiroshima) ou, plus puissantes, à plutonium (Nagasaki). Mais les bombes H, mises au point quelques années après sont mille fois plus puissantes…Une seule bombe H a une capacité de destruction six fois plus grande que toutes les bombes conventionnelles larguées durant la seconde guerre mondiale.

Au-delà d'un témoignage capital sur la première tragédie nucléaire de l'Histoire et ses conséquences, cet ouvrage qui se lit très rapidement constitue une synthèse utile et intelligemment agencée sur le sujet.
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L'histoire est précédée d'un texte de Bernard Clavel, La peur et la honte qui décrit terriblement bien ce monde dominé par la violence, où l'on est obligé de posséder une bombe pour garantir la paix, qui parle des pilotes des avions lachant les bombes sur les villes japonaises, qui peuvent éprouver honte ou même aucun remords.
En de courts chapitres, on découvre l'horreur de cette bombe racontée par Keiji Nakazawa qui avait 6 ans quand la bombe est tombée sur Hiroshima. J'ai eu les larmes aux yeux en lisant que sa mère a du laisser mourir son mari et ses enfants coincés sous une poutre de leur maison en train de bruler. La reconstruction de la ville et de leur vie ne fut pas facile, les personnes sont restées marquées moralement et physiquement. Keiji Nakazawa raconte aussi son histoire à travers un manga en dix tomes, très marquante aussi.
L'histoire de Keiji Nakazawa est suivi d'un dossier intéressant sur les bombes, les hibakushas. Saviez-vous que si 0.5% des bombes planétaires explosaient, cela pourrait avoir de graves conséquences pour toute la terre ? Quel monde pourri...
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Voilà Little Boy portée à maturité dans ce temoignage , et les mots me manquent pour exprimer l'horreur de tous ces corps pales peles- mêlés , étranglés par le souffle de la bombe atomique , mère de tous ces orphelins portant les bras de leurs pères dans des flaques de boue , poussiéreux , miséreux vivants l'enfer sur terre , dans ce paysage post-apocalyptique digne de la planète Namek post - Freezer...
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Ce texte est un très court récit, très marquant de part les événements dont il témoigne. On retrouve beaucoup de point similaire au livre de John Hersey, journaliste américain, peut-être son recueil de témoignages de survivants "Hiroshima, Lundi 6 Août 1945, 8h15" est-il un peu mieux écrit mais se sont des souvenirs d'adulte. le récit de cette petite fille est extrêmement poignant, moi aussi, j'ai eu les larmes aux yeux au même passage que toi Shan_Ze. J'ai particulièrement été touché par la naïveté et les mots de cette enfant.

Le texte de Bernard Clavel en préface est très réussi également...
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Voici un témoignage simple mais néanmoins très fort sur l'horreur de la bombe atomique. On suit le quotidien de l'auteur et on découvre au fur et à mesure les terribles conséquences de cet évènement mais aussi la manière dont il a été géré par les autorités japonaises et américaines.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Interdire aux armées l'emploi de telle arme, c'est leur reconnaître le droit d'en utiliser d'autres. C'est par là même, admettre le principe de la guerre. C'est donc ouvrir la porte à la guerre totale. Accepter ce qui va dans le sens de "l'humanisation de la guerre", c'est admettre qu'elle peut être humaine. Lui donner des lois, c'est croire que l'homme est capable de les respecter. Or, le seul fait qu'il se lance dans pareille aventure prouve sa folie. Nul n'a rien à attendre des fous.

Extrait de "La peur et la honte" - Bernard Clavel
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Pendant deux jours nous restons là, torturés par l'odeur et le soleil.

"Partons", dit soudain ma mère, son bébé dans les bras.

"Allons chercher de l'ombre dans les collines."

Tout le long du chemin, des morts par milliers, le soleil, la pestilence... En traversant une plaine proche d'une rivière, une fumée âcre, d'où se dégage une odeur de cheveux brûlés, nous fait hésiter. Des camions militaires apportent des cadavres que l'on incinère là, au milieu des champs. ...
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Videos de Keiji Nakazawa (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Keiji Nakazawa
"Nos Temps contraires", manga de science-fiction de Gin Toriko et Senta Nakazawa, vient de remporter le Prix Seiun 2021, catégorie manga. Ce prix est décerné annuellement par les membres de la Convention nationale japonaise de science-fiction. A cette occasion, nous vous dévoilons un trailer pour vous plonger dans l'univers de cette oeuvre d'actualité !
Découvrir le premier chapitre en lecture gratuite : http://www.akazoom.fr/nos-temps-contraires-t1
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#NosTempsContraires #InstantShôjo
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