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EAN : 9782330069063
350 pages
Actes Sud (05/10/2016)
3.29/5   12 notes
Résumé :
Quand Bibijan, bientôt octogénaire, se résout enfin, sous la pression de ses deux filles, à quitter Téhéran, elle a pour destination Los Angeles, siège d’une vaste communauté iranienne en exil, où son aînée, Goli, a fondé une effrayante famille qui se veut plus américaine que nature. Mais la vieille dame n’est pas davantage attirée par Paris, où vit sa cadette, Lili, artiste conceptuelle bohème, dont sa mère a découvert non sans répulsion l’appartement incommode sou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un livre de la rentrée littéraire automnale 2016.
De Bahiyyih Nakhjavani , écrivaine iranienne qui vit à Paris, je n'ai lu qu'un seul livre, "La sacoche". Un style assez labyrinthique, où l'on doit faire un effort pour ne pas se perdre dans les méandres de l'histoire, mais qui en vaut la peine. Eh bien, ici pareille. Dés le début, on est dérouté et faut s'y accrocher....jusqu'à ce qu'on comprenne la forme et qu'on s'y habitue.
Eux et Nous.....
Bibi, vieille femme tête de mule, veuve d'un général du régime du Shah, se rend avec sa domestique de Téhéran à Téhérangeles ( Los Angeles ainsi nommé par la forte communauté iranienne qui s'y est établie )pour célébrer le Norouz, le nouvel an chiite avec ses filles.......son gendre lui a procuré la carte verte pour qu'elle puisse y rester.....mais les choses ne sont pas ce qu'elle sont.....typiquement iranien......
L'auteur met face à face les iraniens qui vivent encore au pays, avec ceux de la diaspora disséminés à travers le monde, mais aussi ceux de la diaspora entre eux. Dépendant de qui raconte l'anecdote, celui-ci ou ceux-ci deviennent les "Nous", et l'autre partie ,les "Eux". L'histoire chronologique de Bibi et de sa famille alterne avec des anecdotes anonymes de "Nous" et "Eux" à travers le monde.

Une nostalgie profonde des gens de la diaspora pour le pays, se dégage de ces anecdotes ( comment ne pas regretter le thé sucré, brûlant servi au café sous les figuiers,quand on est confiné à boire au Starbucks,juchés sur des tabourets,un thé à la menthe, jamais assez chaud, jamais assez sucré, au goût de papier)......mais même définitivement écoeurés par la religion, ils peinent à s'assimiler aux sociétés occidentales .

L'humour de Nakhjavani est trés particulier. Humour noir....un clin d'oeil au détour d'une phrase, de surcroît hors-contexte, ou un crochet au comportement social de ses compatriotes, que la diaspora n'altère en rien ( comme cette famille en voyage, qui requiert faire une courte visite à des lointaines connaissances, et finissent par leur imposer, enfants et beau-parents, dîner et hospitalité pour la nuit, comportement trés oriental / la souffrance,attribut national chez les Iraniens...."dés qu'il s'agit de souffrir,elle fait ça exceptionnellement bien"/ la maladie de shopping des iraniennes/ les belle-filles / les mariages pompeux....). Elle n'y va pas par quatre chemins pour faire une satire féroce de ses compatriotes, de la diaspora ou du pays même , sans distinction, et du régime en place....terrible et truculent !

Un excellent livre où vous apprenez de première main beaucoup de choses intéressantes à tous les niveaux sur les Iraniens et l'Iran, avec en bonus une belle prose et de l'humour.
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Depuis de nombreuses années je suis, de près ou de loin, les littératures migrantes et la littérature de la migration. Pour la première fois, je crois, je découvre une oeuvre appartenant à la seconde qui utilise uniquement et absolument l'ironie pour parler d'une diaspora tout entière, non pour conter une histoire drôle de migration – ce qui est déjà rare. Il s'agit donc ici de la diaspora iranienne partout dans le monde, avec un regard particulier vers Paris et Los Angeles. le genre du texte s'apparente au roman, dans la mesure où il y a une intrigue principale : Bibi, dame âgée, en mauvaise santé, veuve d'un général de l'époque du shah, quitte sa maison de Téhéran et son domestique véreux pour s'installer alternativement chez sa fille aînée établie aux États-Unis et chez sa cadette vivant en France ; accompagnée d'une parente-gouvernante fausse idiote, elle part à contrecoeur car elle n'a pas perdu espoir de revoir son fils Ali, disparu depuis la guerre irakienne mais peut-être pas mort, et elle ne se plaît pas plus chez l'une que chez l'autre, d'autant que leur accueil n'est pas désintéressé. Cependant, autour de cette trame, narrée dans des chapitres relativement courts par de multiples narrateurs dont parfois un « nous » collectif qui semble incarner l'ensemble des Iraniens à l'étranger, se tissent de multiples autres récits ; on peut donc lire l'ensemble comme une succession de nouvelles, en relation étroite ou distendue avec l'histoire de cette famille, mettant toutes en évidence un trait caractéristique de l'identité perse dans le monde.
J'ai parlé d'ironie, mais on devrait la décliner dans tous les tons du sarcasme perfide, à la satire bienveillante, au rire jaune et triste, jusqu'à l'empathie nostalgique la plus émue – je pense surtout au dernier chapitre, « Eux », qui ne fait pas référence aux étrangers, aux non-Iraniens, mais aux morts en terre étrangère. Néanmoins, dans cette caractérisation toujours impressionnante de justesse et de précision, il n'est pas question d'ironiser seulement sur la communauté diasporique iranienne, toutes générations et conditions confondues, mais aussi de ridiculiser gentiment le matérialisme de l'Occident, en particulier le bling-bling californien et le « boboïsme » parisien (version Marais, relayé par les critiques d'art de la chaîne télévisée franco-allemande bien connue...), avec quelques détours en Australie, en Italie au Canada et ailleurs. La patrie quittée pour cause politique ou autre, avant ou depuis la Révolution, n'est pas épargnée de railleries, surtout sur sa tyrannie et sa corruption de tous âges et régimes.
Les membres de la famille en question, quant à eux, sont tous aussi antipathiques qu'émouvants, tour à tour : les mensonges, égoïsmes, tromperies, vacheries et faux-semblants perpétuels des uns et des autres dissimulent à peine les faiblesses de chacun.
Un très bon livre.
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J'aimerais discuter avec la traductrice pour comprendre toute la difficulté de sa traduction, elle arrive à nous faire saisir toutes les difficultés du passage  du persan au français en sachant que le roman est écrit en anglais. Ce roman met en scène la diaspora iranienne de la première génération d'exilés : celle qui vivait bien sous le régime du shah et qui est partie au moment où la révolution leur a fait peur (la prise d'otages à l'ambassade des États-Unis) .  le personnage central est Bibijan une femme de presque 80 ans, veuve d'un général corrompu, mais dont l'apparente richesse cachait des magouilles qui provoqueront la ruine de sa famille.  Elle est dévastée par la disparition de son fils Ali lors de la guerre Iran Irak.
Elle arrive chez sa fille à Los Angeles et se sent malheureuse même si cette fille semble vivre dans l'opulence. Elle n'est pas bien non plus chez son autre fille, la révoltée artiste qui vit dans un petit appartement parisien dans le marais.

Tous les rapports entre les différents personnages sont sous-tendus par l'argent, en Iran comme à Los Angeles la pauvre Bibijan est victime d'escrocs qui en veulent à ses revenus et son gendre celui qui lui "offrira" la carte ventre pour résider aux USA est une vraie crapule, car il utilisera l'argent qu'elle s'était toujours refusée à obtenir de la part du régime des Mollahs.

Ce roman est compliqué à lire car l'écrivaine change de narrateur suivant les portraits qu'elle nous décrit et ce n'est pas du tout évident de comprendre qui s'adresse à nous. C'est dommage car cela rend la lecture difficile alors qu'il y a de purs moments de bonheur. J'ai beaucoup ri au chapitre "mariage" je vous laisse deviner comment s'est terminé celui qui a voulu imiter blanche neige et le sort de la jeune mariée dans son cercueils de verre  attendant le baiser de son prince charmant !

Peu à peu, j'affine ma perception de l'exil. Ce roman apporte sa pierre à  un sort qui touche tant de gens : l'exil. On découvre que l'argent n'est pas un facteur de réussite, il semble que seul un travail dans le pays d'accueil permet aux femmes de sortir de leur nostalgie ; cela je le croirai volontiers.
Lien : http://luocine.fr/?p=16069
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J'ai découvert l'oeuvre de Bahiyyih Nakhjavani avec ce livre au style très particulier et il faut l'avouer assez déroutant.
L'auteur nous fait découvrir la culture iranienne avec ses traditions et ses contradictions au travers de l'histoire de Bibijan et de sa famille tout en ponctuant ce récit d'anecdotes permettant de mieux s'immerger dans cette culture.
Un livre passionnant qui suppose de s'accrocher au début pour l'apprécier pleinement.
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Ce roman était resté sur mon étagère, mais le confinement m'a permis de le découvrir. Et là! Cette ironie, ce cynisme! Prenez le temps de lire, laissez décanter et riez ! Tout le monde en prend pour son grade : Français, Américains, et évidemment les Iraniens (en Iran, en vacances, de passage, diasporas...).
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Rire est pour certains le meilleur moyen de s’en tirer. Si on vous pose une question embarrassante, vous êtes simplement supposé sourire et vous détourner et, si la personne remet ça, vous êtes censé glousser et hausser les épaules, et si elle est assez mal élevée pour répéter sa question une troisième fois, comme Mehdi, comme M. Bahman, vous pouvez éclater de rire comme si c’était cela, la plaisanterie,......
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Elle n’était qu’une jeune fille de dix-sept ans quand l’ancien régime avait aboli le voile, et avait bien passé les soixante quand le nouveau l’avait obligée à le porter de nouveau. Une loi qui vous fait cacher votre visage, et une autre qui vous le fait montrer, pensa-t-elle vaguement. Et, toujours, c’étaient des hommes qui décidaient, des hommes qui péroraient sans fin à propos de ce que les femmes devaient porter ou ne devaient pas faire. Bibi aurait aimé que les femmes imposent une loi forçant les hommes à porter des pantalons longs en présence de leurs belles-mères.
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Goli n’avait jamais bien appris la langue mais, au moins, elle lisait ce qu’en Californie on appelait de la littérature : des magazines chez le coiffeur, les brochures spécialisées des magasins d’alimentation diététique, le mode d’emploi de la nouvelle machine à café.
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Sans doute aimait-elle vivre à la dure, mais elle était assez pointilleuse en ce qui concernait sa lessive ; sans doute avait-elle voulu montrer qu’elle faisait partie du peuple, mais elle n’aimait pas en partager la saleté. La Révolution l’avait obligée à utiliser la laverie et à reconnaître les limites de ses théories politiques.
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Son accent était un millefeuille : américain de Californie sur anglais britannique sur persan indéracinable
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