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France Camus-Pichon (Traducteur)
EAN : 9782226195784
353 pages
Albin Michel (06/01/2010)
3.39/5   37 notes
Résumé :
Avec ce livre, Nam Le a fait une entrée remarquée sur la scène littéraire internationale en 2008. Traduit en quinze langues, couronné par plusieurs prix dont le Dylan Thomas Prize, il s'affirme d'emblée avec ce premier recueil de nouvelles comme un écrivain d'une maturité exceptionnelle. Des taudis de Colombie aux rues de Téhéran, de New York à Hiroshima, d'un petit village de pêche australien aux mers du sud de la Chine, Nam Le porte son regard aux quatre coins du ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Édité en janvier 2010 chez Albin Michel, « The boat » est, disons-le tout net, une pépite. Devant cet ouvrage de 351 pages écrit par Nam LE, brillantissime écrivain d'origine Vietnamienne, les critiques ne tarissent plus d'éloges : « Nam LE vous brisera le coeur et vous ne l'oublierez pas de sitôt » (Junot Diaz) ; « Un formidable éventail de mondes imaginés » (Washington Post) ; un livre « à couper le souffle, émouvant, bouleversant » (William Boyd).

De quoi s'agit-il ? La couverture laisse à penser que les boat people constituent le coeur de l'ouvrage. En fait, il n'en est rien car « The boat » est un recueil de 7 nouvelles dont, seule, la 7ème a trait aux boat people. Les autres nouvelles emmènent le lecteur aux quatre coins de la planète. Jugez plutôt. La 1ère nouvelle, « Iowa City » est centrée sur un personnage principal, qui curieusement porte le même nom que l'auteur, Nam LE : est-ce une autobiographie ou une fiction romancée ? L'auteur oblige le lecteur à se poser des questions sur la relation entre autobiographie et fiction : « I wanted to show up the inherent impurity of story, to dissociate authority from presumed authenticity ». La 2ème nouvelle, « Meeting Elise » met en scène Élise, une très jeune violoncelliste, un prodige qui est la fille du narrateur, lequel lui voue un amour impossible depuis la séparation assez peu amiable d'avec sa femme : fascination pour l'enfant et désarroi devant les vicissitudes de la vie, avec un rôle prépondérant donné à l'image d'autrui. Dans « Cartagena », la 3ème nouvelle, le rôle de la voix est essentiel. Avec « Hiroshima » (cf. ma citation), tout est en négatif, pour reprendre un terme usité en photographie car l'auteur veut montrer ce qu'il y a derrière cette tragédie historique dont nous connaissons tous l'origine et l'ampleur. Dans « Tehran Calling », Nam LE nous propose un personnage central, son amie, une mission bien particulière, une culture et une géographie singulières, bref un mélange quasiment impossible. Avec la 6ème nouvelle, « Halflead Bay », c'est l'adolescence qui est à l'honneur, avec son énergie débordante et sa complexité, avec en toile de fond une famille, des amitiés éprouvées ou naissantes et le côté sauvage de la vie urbaine. Enfin, dans la 7ème et dernière nouvelle, « The boat », l'auteur nous compte un peu de son histoire personnelle, lui qui est un déraciné et pour qui « home is where the heart is ».

Nam LE s'est beaucoup documenté ; pendant un an, il a voyagé de par le monde. Il s'est énormément investi dans ces 7 nouvelles, sa démarche consistant à concevoir chaque nouvelle comme un tout, complet et suffisant en soi : quatre ans de travail. Quand il voyageait, il voulait voir les choses, les lieux, les gens et les situations en se mettant à la place des personnages qu'il mettait en scène, ce qui donne un ton et une vérité incroyables à l'ensemble. Nam LE ayant toujours eu envie d'écrire de la poésie, c'est avec raffinement et subtilité qu'il décrit les choses et les gens. Quand on lui demandait pourquoi il avait précisément choisi ces lieux (l'Iowa, Carthagène, Hiroshima, Téhéran …), Nam LE répondait invariablement qu'il n'existe pas d'endroit au monde qui nous soit étranger, que la fiction peut nous faire paraître des choses familières comme très étranges, et réciproquement, et qu'au final c'est cette particularité qui est séduisante. Nam LE entre dans l'intimité des êtres et des choses, avec force détails et une empathie sans bornes : « voice, idiom, diction, all are functions of authenticity » ; « it's this idea of empathy that draws these stories to fix on different places, and situations, as well as characters –as sites of exploration for the question of what it means to be human ».

De la littérature ethnique ? Certains auraient peut-être souhaité que l' auteur se limite à aborder l'installation des Vietnamiens aux États-Unis, à décrire par le menu détail les coutumes, l'héritage familial, la gastronomie ou les expériences accumulées par les « boat people » et leurs descendants ! Cantonner Nam LE dans ce type de narration, sur fond de mode de vie ou de règles méconnus, mettant en scène des personnages inconsistants ou stéréotypés, idéalisant son passé (pour se justifier ?), voilà qui eût été incompréhensible ! « My relationship with Vietnam is complex. I'm a boatperson. I escaped from Vietnam with my family in 1979, when I was only 3 months old. I feel a responsibility to the subject matter. Having personal history with the a subject only complicates this –but not always, nor necessarily, in bad news.” Écrivant en termes bouddhistes de souffrance et d'acceptation, émaillant son texte de phrases en Vietnamien, Nam LE nous livre une pépite qui mérite amplement 5 étoiles. A lire, absolument.
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Écrire un recueil de nouvelles est un art délicat. Elles doivent faire un tout; on doit trouver en filigrane l'unité qui a conduit l'auteur à les présenter ensemble mais on serait sans doute lassé de retrouver les même thème de l'une à l'autre. de ce pont de vue, « le bateau » est réussi.
De toutes les nouvelles, celle que j'ai trouvée la plus puissante est la dernière, celle qui a donné son nom au recueil. Toutes ont cependant pour elles l'écriture prégnante qui évoque fort bien les non-dits, les angoisses, les espoirs dont sont pétris les relations humaines.; et j'ai avancé dans la lecture de chacune avec l'urgence d'en apprendre plus, tant les personnages étaient attachants. Je sortais immanquablement — sauf du « bateau » —avec le sentiment de frustration, l'Impression d'avoir lu trop vite, d'avoir manqué quelque chose, que ça ne pouvait pas se terminer comme ça en une sorte de queue de poisson… C'est très probablement intentionnel de la part de l'auteur, comme pour nous dire qu'on ne peut jamais tout savoir, que l'autre restera à tout jamais une énigme et qu'on doit faire en quelque sorte le deuil de cette connaissance.
Bref, j'ai aimé et j'attends avec hâte d'autres productions de cette auteur.
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Sept nouvelles, comme autant de petits romans, pour composer ce recueil. Je dois avouer que je n'ai pas accroché et que je n'ai fait que survoler la seconde partie du livre. D'abord le style inutilement grossier des premières nouvelles m'a rebuté, seul le regard de l'auteur sur les jeux de lumière autour des personnages m'a intéressé (« Paul avait retroussé ses manches pour casser une pince [de crabe], ses ongles carrés étincelant dans la vapeur. », p. 255, “Ici Téhéran”). Ensuite et surtout, j'ai commencé à ressentir un certain malaise face à ces nouvelles qui semblent toujours laisser les personnes au milieu du gué, dans un entre-deux, donnant l'impression d'écrits inachevés. Je n'ai pas ressentir aucun lien avec les personnages, ni même commencé à les comprendre. Une lecture ratée, tout simplement.
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Voilà un livre que je lis au mauvais moment de ma vie. C'est un recueil de nouvelles qui sont toutes très déprimantes. Ce côté déprimant m'a empêché d'avoir du plaisir dans ma lecture. Ces temps-ci, j'ai besoin de me changer les idées et m'amuser, pas me rendre suicidaire. Peut-être si je l'avais lu six mois plus tôt j'en aurais une meilleure opinion.
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Très déçu par cet ouvrage qui a en général de bonnes critiques. Je n'ai pas aimé le style d'écriture (pas de finesse, pas de couleur, pas de profondeur, pas d'émotion, passage vulgaire non nécessaire...). L'auteur abordant des cultures différentes on ressent pour certaines nouvelles un manque de documentation (pourtant il semble s'être documenté pendant 4 ans) ou de connaissance, ce qui rend le récit plat et faux.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
page 227 Hiroshima [...] Où est Grande Sœur ? ai-je demandé à Mère. Sumi n'a pas obtenu de permis de voyager, alors qu'elle avait la possibilité d'être évacuée, m'a-t-elle répondu. Elle te recommande de travailler dur à la ferme pour éviter la pénurie. Bien sûr que je vais travailler dur. Sumi est une citoyenne dévouée, a insisté Mère. Le jour elle est mobilisée, la nuit elle travaille dans une usine de munitions. Je la revois sous la pluie, le visage luisant. Père ne la regardait pas. Elle te recommande de ne pas oublier la voie du Bushido. Mère s'est endormie, la tête sur les vêtements d'été qu'elle m'a apportés. Maintenant ils sont mouillés et froids contre ma peau. Le vent souffle toujours aussi fort. Cette nuit la pièce est pleine de ténèbres et de murmures. Les cheveux de Mère sentent les chrysanthèmes et l'huile de pin, et je tente de m'endormir avec le souvenir de ce parfum dans mes narines. L'Empereur est assis sur les Trône Chrysanthème et il est notre Père. Des fleurs tombent du ciel. J'ai les paupières lourdes et Mère est debout près du camion. Les autres mères sont déjà à l'intérieur, en pleurs. Je voudrais te confier ceci. Fixez l'objectif, dit l'homme aux dents de lapin. Le ciel est du même vert que les feuilles du prunier à la tombée de la nuit. Je suis au milieu, entre Mère assise à ma gauche dans son plus beau kimono et Père assis à ma droite dans son joe blanc et sa coiffe. Derrière moi, Grande Sœur avec son badge, son brassard et son bandeau de secouriste. Nous regardons l'objectif. Mère tient la photo de Grand Frère devant elle. Père a une main posée sur une statue en bronze de Kannon, déesse de la Pitié. Ne clignez plus des yeux. Mais tout devient blanc - la boite noire disparait - et je cligne des yeux. J'ai désobéi. Ce n'est qu'un éclair de magnésium, dit Père. Il se moque de moi. N'aie pas peur, dit-il. On dirait qu'il va pleuvoir. Les nuages sont verdâtres. La poste militaire l'a renvoyée avec la dernière lettre, explique Mère. Je voudrais te la confier. Je contemple la photo. Grand Frère n'est donc pas dans un lieu tenu secret ? Lorsque je relève la tête, Mère a un étrange sourire et je m'aperçois qu'elle pleure. Ton frère est désormais en sécurité, dit-elle. [...]
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Durant quelques instants, je suis devenu mon père contemplant son fils endormi, assailli par le souvenir de ce que – dans l’intérêt de ce fils – il avait tenté, sans relâche, d’oublier. Un passé trop vaste pour la plainte, trop périlleux pour la mémoire. (p. 42, “L’amour, l’honneur, la pitié, l’orgueil, la compassion, le sacrifice”).
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Mais je ne savais rien et, tandis que j'attendais et que le vent tournait, j'ai simplement vu un homme s'avancer vers moi, ridicule dans un anorak trop grand pour lui, frottant l'une contre l'autre ses mains noires de suie, traversant la fumée avec ses particules et ses tourbillons teintés par les flammes, un homme qui s'était détruit, une fois encore, en mon nom. Il tournait le dos à la rivière. Le vent était plein d'acidité. Dans ce lent flot de lumière j'ai regardé en contrebas. La rivière sur le point de geler miroitait ça et là, formant de grosses bulles luminescentes. L'eau, là où elle coulait encore était noire et torsadée. J'ai pris conscience que la surface d'une rivière mettait des heures, voire des jours à geler - à retenir dans sa peau un monde d'une perfection cristalline -, et qu'il suffisait pour faire voler ce monde en éclats d'une pierre lâchée comme une simple syllabe.
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J'ai pris conscience que la surface d'une rivière mettait des heures, voire des jours à geler - à retenir dans sa peau un monde d'une perfection cristalline -, et qu'il suffisait pour faire voler ce monde en éclats d'une pierre lâchée comme une simple syllabe.
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J'ai rassemblé au plus vite les paquets de cigarettes, les cachets pour dormir, les porte-encens, et j'ai fourré le tout sur l'étagère du haut, derrière mon édition complète de Kafka.
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