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EAN : 9782351761571
464 pages
Editions Galaade (30/11/-1)
3.57/5   7 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Galaade - 07/2014)


Shlomo le Kurde était écrit en lettres d'or au dessus de la porte de son échoppe, au marché de Bagdad. Il s'appelle Shlomo Kattani le Kurde, on le nomme aussi Abou Salman. Il parle araméen, kurde, persan, russe, il se débrouille en Arabe, en hindi et même en anglais, et il lit l'hébreu biblique. Car Shlomo est juif, kurde et commerçant. De 1914 à 1985, ballotté par l'histoire entre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Comment ai-je trouvé ce livre? D'après les algorithmes d'Amazon ou les propositions de Babélio? le titre m'a interpellé : Shlomo , prénom juif, suivi de kurde. Les Kurdes (à part mes petites élèves) je ne les connais que d'après la télévision (guerres en Irak ou en Syrie et politique turque). de leur culture, juste un film : My sweet Pepperland. J'étais donc très curieuse du Kurdistan. L'auteur m'était inconnu, Samir Naqqash, né à Bagdad en 1938 – mort en 2004 en Israël, écrivain juif de langue arabe, considéré par Naguib Mahfouz comme « l'un des plus grands auteurs à écrire en arabe aujourd'hui« .

Enchevêtrement des identités:











Au début du livre en 1924, en partance de Bagdad vers Bombay, Shlomo se présente :

« Un nasillard bredouillant, un métis, un Kurde juif perse, azéri et bagdadien, un voyageur en route vers l'Inde. Moi! j'étais tout cela à la fois »

il affirme:

« Je suis Shlomo le Kurde! Un Kurde borné, aussi fort que les montagnes du Kurdistan, aussi résistant que les arbres d'Azerbaïdjan! …un homme pieux, pratiquant, plein de bons sentiments…. »

et à nouveau:

« Je suis un Kurde, borné, mon corps élancé et souple est un cyprès dressé sur la terre du Kurdistan, un chêne que ne peut déraciner même la pire des tempêtes, mon coeur est fait de ces pierres où j'ai grandi, il n'est pas lâche, il ne bat pas à cause de la peur… »

Ce chêne indéracinable a pourtant pris le chemin de l'exil à la fin de la Première Guerre Mondiale une première fois et en 1941, chassé de Bagdad par un pogrom pendant la Seconde Guerre Mondiale

C'est avant tout un commerçant habile voyageant de Sablakh dans le Kurdistan iranien, jusqu'à Istanbul, Moscou, Téhéran puis de Bagdad vers l'Inde. C'est un homme honorable à qui on avait délégué la garde de la synagogue de Sablakh. Polyglotte qui servit d'intermédiaire entre la communauté juive et les ruses quand ils occupèrent la ville.

Multiplicité des langues

Comme juif « le djebali, c'est le nom de l'araméen des montagnes?- C'est la langue des Juifs depuis l'époque où les Assyriens nous ont capturés? […] – Et l'hébreu? – C'est la langue de notre Torah et aussi celle du Midrash »

Il parlait en persan, en kurde et en azéri qui étaient les langues de sa ville. En russe et en turc pour faire du commerce. Installé à Bagdad , il appris l'arabe de Bagdad puis l'anglais, le hindi….Sur sa boutique l'enseigne était « Shlomo le kurde » le premier à avoir importé des vêtements de seconde main, marchandise qu'il avait découverte à Bombay.

Shlomo le Kurde est un personnage! Presque centenaire, il raconte ses souvenirs, ses amours, Esmer et Esther, à Sablakh, il était bigame et cela ne semblait scandaliser personne.

Au delà du personnage de Shlomo c'est l'histoire des persécutions des Juifs, liquidation de la communauté de Sablakh puis du pogrom de Bagdad le Farhoud qui eut lieu le 1 et 2 juin 1941 alors que les Britanniques qui occupaient l'Irak se replièrent et que la population pro-nazi se déchaîna.



C'est aussi l'histoire de Sablakh (Mehabad)pendant la Première Guerre Mondiale . Petite ville perse aux confins du royaume du Shah-an-shah qadjar, dans les montagnes du Kurdistan, à l'ouest de l'Azerbaïjan iranien, elle était peuplée de musulmans et juifs et chrétiens. le Shah avait déclaré la Perse état neutre dans la guerre, ce qui n'empêcha pas les armées du Tsar de venir l'envahir, suivis des alliés ottomans et allemands. La ville fut successivement occupées par les belligérants qui terrorisaient la population locale. Les musulmans soutenaient leur coreligionnaires ottomans tandis que les russes les massacraient. Des luttes fratricides entre les seigneurs locaux envenimaient la situation. Des factions pro-bolcheviks compliquaient encore les alliances. Aux combats sanglants qui se déroulaient, les hivers rigoureux, la neige, le froid, rendaient la vie encore plus pénible. Vint la famine que l'auteur décrit très vivement, ironie et tendresse, le récit est poignant. Contre tous ces malheurs, les voisins s'organisent, la solidarité est grande. Après 4 années d'enfer, Shlomo devra prendre le chemin de l'exil.

Est-ce parce qu'il a été écrit en arabe par un israélien que ce livre majeur est pratiquement oublié?






Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Il est Kurde de confession juive. Il habite Sablakh, aujourd'hui Mahabad. Il est solide, robuste, fidèle, généreux et responsable. Il est un homme riche, intègre doué de qualités. Il est presque parfait; presque parce qu'il commet, lui aussi, des erreurs mais ses manquements, dans ce roman, ne sont "rien" comparé à ses bienfaits car Shlomo Kattani, dit Shlomo le Kurde, est capable du meilleur dans le pire. C'est lui qui a en partie réussi, en tant de guerre, a conservé un peu de cette harmonie, de cette vie paisible qui existait parmi les différentes communautés - ethniques ou religieuses. Kurdes, arabes, azéris, juifs, sunnites, chrétiens, chiites vivaient effectivement ensemble à Sablakh; un ensemble qui devait être sauvé dans ce chaos invité en même temps que les puissances étrangères venues s'affronter. C'est la première guerre mondiale: ce sont les Ottomans, les Allemands et les Russes qui sont venus poursuivre à Sablakh le combat mené ailleurs jusque-là.

Sablakh est ainsi touchée. Elle n'est pas épargnée. Elle est occupée par ces étrangers qui n'ont ni foi, ni loi. Ils détruisent la ville, la pillent, l'affament. Ils la salissent par la haine qu'ils se plaisent à recracher. Ils la salissent par le sang qu'ils font couler; le leur et celui des différentes communautés. Par représailles, en effet, qui se plait à massacrer les Juifs, qui s'amuse à tuer les Musulmans. La ville, bien que démunie, faible, va tout de même essayer de résister. C'est Shlomo le Kurde qui pense la solidarité. C'est lui qui aide bien des familles laissées à l'abandon, c'est lui qui incite les Juifs à abriter les Musulmans; des Juifs qui seront à leur tour sauvés par les Musulmans. Mais la guerre est ce qu'elle est ... il ne pourra y résister, il sera contraint au départ. Il sera contraint à l'errance, celle du kurde juif iranien; celle de l'immigré qui devra, toujours, relever la manche pour survivre loin de sa terre, loin de son pays.

C'est la guerre que raconte ce roman; la guerre qui vient remettre en cause le peu d'harmonie qu'il y avait dans la région; la guerre qui vient implanter sa rage et sa haine, qui vient diffuser, on le sait, ses idées nauséabondes. C'est la vie qui bascule, la paix qui disparaît, la beauté qu'on ne voit plus. C'est la mort qui rôde, les corps qui tombent, les larmes qui se versent, les cœurs qui se déchirent. C'est l'absurde qui domine, l'incompréhension qui s'affirme. C'est une vie qui a perdu de son sens, une vie qu'on ne maîtrise plus; une vie qui demande pourtant des efforts en faisant naître un peu d'espoir; suffisamment pour ne pas se flinguer et travailler à la survie; la survie de tout ce qui fait le meilleur de l'humanité.

Ce roman aborde ainsi des thèmes intéressants mais cela ne suffit pas à bien le noter. C'est qu'il a ses lacunes. Il est, parfois, ennuyant, lassant. Il est, parfois, répétitif et donc épuisant. Il n'est pas le coup de cœur que je pouvais espérer, malheureusement. Il n'est donc à conseiller qu'à celles et ceux qui y trouvent un intérêt.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La nuit dans notre chambre, tu livrais les souvenirs vivaces, la Shéherazade de Sablakh étati de retour, nous contant ses histoires, les événements tirés de leur caveau tournaient autour du réchaud Aladin, les tirs des canons et des fusils d'antan tonnaient, un vacarme s'élevait en s'entremêlant avec ton jargon fait d'arabe, de kurde, d'araméen, de persan, de turc, d'allemand et d'anglais même, l'amour se mêlait à la haine, à la folie collective des humains, à la dignité de l'individu, la barbarie humaine, mais l'odeur de la poudre et du sag recouvrait tout cela au point de me boucher les narines
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Je suis un Kurde, borné, mon corps élancé et souple est un cyprès dressé sur la terre du Kurdistan, un chêne que ne peut déraciner même la pire des tempêtes, mon coeur est fait de ces pierres où j'ai grandi, il n'est pas lâche il ne bat pas à cause de la peur...
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Video de Samir Naqqash (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Samir Naqqash
Xavier Luffin, professeur de littérature arabe à l'Université libre de Bruxelles (ULB) évoque l'exemple inédit de Samir Naqqash, le seul écrivain juif israélien ayant rédigé son œuvre littéraire en arabe.
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