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EAN : 9782228896436
311 pages
Payot et Rivages (01/10/2003)
3.75/5   8 notes
Résumé :

Parmi ceux que nous aimons, quels sont les rares êtres que nous tenons pour irremplaçables et dont la perte subite provoque la douleur ? Qui est cet autre élu qui fait que je suis ce que je suis, et sans lequel je ne serais plus le même ? De quel fil est tissé le lien amoureux pour que sa rupture soit éprouvée comme une perte ? Qu’est-ce donc que perdre l’aimé et souffrir la douleur d’aimer ?
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce qu'il y a là-dedans est un peu surprenant. C'est comme si on prenait l'événement le plus évident possible, le plus physiologiquement explicable (un moustique m'a piqué, j'ai un bouton qui me gratte) et qu'on essayait de l'expliquer du point de vue de la psychanalyse. Alors… what the fuck ? Pourquoi Juan s'est-il un jour demandé pourquoi la douleur, ça fait mal ? On dirait une chanson d'un vieux groupe de boys band de ma jeunesse. Ils disaient le feu ça brûle, et tout et tout. Dans le fond, c'est vrai ça : pourquoi ça fait mal alors que ça aurait très bien pu ne rien faire à la place ?


Le développement est un peu foutraque. Premier problème : Juan essaie de construire un système, avec toutes les incohérences que ça implique. Faut s'y faire. Certains aiment ça, les petits cadres bien établis, avec les bords tracés droits à la règle. La démonstration se fait par étapes successives, si bien qu'on incorpore une idée pour se la voir modifiée voire bringuebalée le page d'après, et c'est pas du plus reposant. Voici la progression :
- La douleur est un affect. Elle reflète les variations extrêmes de la tension inconsciente. C'est au-delà du principe du plaisir (et du déplaisir).
- La douleur détient trois composantes : douleur de la lésion (perception imaginaire de la blessure et représentation mentale) ; douleur de la commotion (mémoire inconsciente de la douleur considérée comme un processus structuré comme un langage) ; douleur de réagir (représentation de la partie lésée du corps).
- Spécificités de la douleur psychique (douleur d'aimer). L'autre aimé structure le rythme de mon désir, et sa perte engendre une variation extrême qui fait surgir la douleur. le moi doit se désinvestir progressivement de la représentation de l'autre élu.
- Liens entre douleur psychique et douleur corporelle.
- La douleur et ses satisfactions sadomasochistes.
- La douleur dans la réaction thérapeutique négative.
- La douleur et le cri.
- La douleur du deuil.
- Extraits des oeuvres de Freud et Lacan sur la douleur, avec les commentaires de Juan.


Je n'ai pas toujours été très convaincue par la présentation systématique des théories sur la douleur. Pas de quoi se réveiller la nuit en gueulant Eurêka, sauf si ça bégaie et qu'on a la gastro. La partie la plus intéressante concerne les spécificités de la douleur d'aimer. L'amour, ça semble con et inexplicable mais dans ce bouquin, Juan propose une illustration dynamique et poétique du phénomène :


« L'être de notre amour […] joue le rôle d'objet insatisfaisant de mon désir et, par là même, de pôle organisateur de ce désir. Comme si le trou de l'insatisfaction au-dedans était occupé par l'autre élu au-dehors ; comme si le manque était finalement une place vacante successivement occupée par les rares êtres ou choses extérieurs que nous tenons pour irremplaçables et dont nous aurions à faire le deuil s'ils étaient amenés à disparaître. […]
Notre partenaire, l'être de notre amour, nous insatisfait parce que, tout en excitant notre désir, il ne peut pas et –à la limite, en aurait-il les moyens ?- il ne veut pas nous satisfaire pleinement. Etant humain il ne peut pas, et étant névrosé il ne veut pas. C'est-à-dire qu'il est à la fois l'excitant de mon désir et l'objet qui ne le satisfait que partiellement. […] Ainsi garantit-il cette insatisfaction qui m'est nécessaire pour vivre et recentre-t-il mon désir. »


« La présence symbolique de l'autre dans notre inconscient est un rythme, un accord harmonieux entre son pouvoir excitant et ma réponse, entre son rôle d'objet et l'insatisfaction que je ressens. Si je tiens l'élu pour irremplaçable, c'est parce que mon désir s'est progressivement modelé aux sinuosités du flux vibrant de son propre désir. […] Ainsi la cadence de son désir s'harmonise-t-elle avec ma propre cadence, et chacune des variations de sa tension répond-elle en écho à chacune des miennes. […] Cependant, s'il est vrai que les échanges érogènes peuvent être harmonieux, les satisfactions qui en résultent restent pour chacun des partenaires des satisfactions toujours singulières, partielles et discordantes. Nos échanges s'accordent, mais nos satisfactions discordent. Elles discordent parce qu'elles sont obtenues lors de moments différents et à des intensités inégales. Il y a un accord dans l'excitation et des dysharmonies dans la satisfaction. »


Voilà, démerdez-vous avec ça, on peut pas tout lire à votre place (c'est mon côté névrosée obsessionnelle).
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un livre trés bien fait sur les mécanisme physiologique de la douleur d'aimer
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Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Ainsi, à la question : Qu'est-ce que nous perdons quand nous perdons la personne de l'être que nous aimons ? nous répondons En perdant le corps vivant de l'autre, nous perdons l'une des sources qui nourrit la force du désir sans pour autant perdre cette force qui, elle, perdure, indestructible et inépuisable, tant que la vie est en nous. Nous perdons aussi la silhouette animée qui, comme un étai, soutenait le miroir intérieur qui réfléchissait nos images. Mais en perdant la personne de l'aimé, nous perdons encore le rythme sous lequel vibre la force réelle du désir. Perdre le rythme, c'est perdre "l'autre symbolique", la limite qui rend consistant l'inconscient. Bref, en perdant celui que nous aimons, nous perdons une source nourricière, l'objet de nos projections imaginaires et le rythme de notre désir commun. C'est à dire que nous perdons la cohésion et la texture d'un fantasme indispensable à notre structure.
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il faut savoir que lorsque nous aimons, nous aimons toujours un être hybride, constitué à la fois par la personne extérieure que nous côtoyons au dehors, et par sa présence fantasmée et inconsciente en nous. Et réciproquement, nous sommes pour lui le même être mixte fait de chair et d'inconscient. Voilà pourquoi je vous parle du fantasme. C'est pour mieux comprendre que je ne souffrirai la douleur que de la disparition de celui qui a été pour moi ce que j'ai été pour lui : l'élu fantasmé.
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L’être de notre amour […] joue le rôle d’objet insatisfaisant de mon désir et, par là même, de pôle organisateur de ce désir. Comme si le trou de l’insatisfaction au-dedans était occupé par l’autre élu au-dehors ; comme si le manque était finalement une place vacante successivement occupée par les rares êtres ou choses extérieurs que nous tenons pour irremplaçables et dont nous aurions à faire le deuil s’ils étaient amenés à disparaître. […]
Notre partenaire, l’être de notre amour, nous insatisfait parce que, tout en excitant notre désir, il ne peut pas et –à la limite, en aurait-il les moyens ?- il ne veut pas nous satisfaire pleinement. Etant humain il ne peut pas, et étant névrosé il ne veut pas. C’est-à-dire qu’il est à la fois l’excitant de mon désir et l’objet qui ne le satisfait que partiellement. […] Ainsi garantit-il cette insatisfaction qui m’est nécessaire pour vivre et recentre-t-il mon désir.
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Si la représentation psychique était tenue à l’écart tout en restant au sein du système, la douleur corporelle s’expliquerait par un mécanisme de conversion apparenté à celui de l’hystérie. La douleur serait alors la doublure somatique d’un élément symbolique ou […] l’expression somatique de la représentation du corps lésé. […]
Si, au contraire, nous suivons l’autre orientation qui tient l’exclusion de la représentation du corps lésé pour une expulsion radicale du moi, nous assimilerions le mécanisme de la douleur corporelle à celui de la forclusion […]. Dans ce cas, nous devrions tirer une autre conclusion : toute douleur physique obéit aux mêmes lois de production qu’une hallucination psychotique.
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Le miroir psychique qu'est l'image de l'élu dans mon inconscient ne doit pas être pensé comme la surface lisse d'une glace, mais comme un miroir morcelé en petits fragments mobiles de verre sur lesquels se reflètent, confondues, des images de l'autre et des images de moi.
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