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Critique de Heval


Une bien vilaine curiosité est à l'origine de cet emprunt à la médiathèque. Caroline Fourest, journaliste et essayiste française à l'honnêteté intellectuelle un peu douteuse, et Taslima Nasreen, écrivain originaire du Bangladesh dont j'ai apprécié quelques livres, portent ici sur l'espace public leur conversation qui aurait bien fait, peut être, de rester privée. Leurs échanges ne manquent pourtant pas d'intérêt mais disons-le clairement on patauge, à longueur de pages, dans la confusion, la généralité et le simplisme. Ces trois ingrédients associés et bien secoués donnent un mélange au goût bizarre qui suscite crainte et méfiance. Ce livre nous avertit de la présence des fondamentalistes, obscurantistes, prédicateurs, terroristes et autres extrémismes en tout genre qui, dans le monde, travaillent à l'anéantissement de l'idéal démocratique et laïque. Qui sont-ils on ne le sait guère et sans doute ne faut-il pas compter sur ce livre pour les connaitre car les deux jeunes femmes ne nous disent rien de leur identité. Tout juste apprend-on que nos droits sont pris pour cibles par des extrémistes religieux aux attentions malveillantes; des extrémistes aux revendications fumeuses et aux discours et aux méthodes d'un autre âge qui menacent l'épanouissement individuel et collectif.

Le combat de ces femmes est louable. Promouvoir la démocratie, la laïcité, les droits de l'Homme, l'émancipation des femmes, l'égalité entre tous sont des combats plus qu'honorables; ils sont indispensables. A ce sujet, on ne peut être que d'accord avec elles. On loue leur lutte contre l'obscurantisme et les extrémismes en tout genre. On se désole de tout ceux qu'elles ont à subir pour leurs prises de position. Mais, parce qu'il y a un "mais", faut-il qu'elles fassent dans l'auto-consécration et le manichéisme? Je ne saurais dire comment mais il ressort de leurs échanges une forme de suffisance qui devient quelque peu lassant. Elles laïques, féministes, humanistes, douées de raison, résistantes contre eux obscurantistes, extrémistes, anti-démocrates et j'en passe. Leurs conversations, quelques fois intéressantes, deviennent vite barbantes car plus qu'évidentes. Il y a du bon à répéter les évidences, certes, mais y'en a-t-il à les ressasser pendant plus de 305 pages? le discours répétitif ennuie et lasse. Et que penser de ces généralités qui nous plongent dans une insuffisance intellectuelle? Il ne suffit pas de dénoncer et de présenter ses combats, combats auxquels on ne peut être que d'accord. Faut-il encore pouvoir sortir des généralités pour entrer dans la complexité et ainsi nourrir la matière intellectuelle.

Face à une Taslima Nasreen qui attaque avec grande virulence l'Islam qu'elle voudrait éradiquée, Caroline Fourest tempère et modère mais finit, toujours, par donner son accord. L'Islam, pour Taslima Nasreen, n'est que violence et barbarie et ne saurait être réformée car c'est le texte coranique, lui même, qui pose problème. N'ayant aucune connaissance en la matière, je m'abstiendrais de tout commentaire. Les Religions n'attirent ni ma curiosité, ni mon intérêt. Mais cette absence d'intérêt n'a pas empêché la lecture de ce livre qui m'a beaucoup appris sur la position des deux auteures. Pour se forger une opinion personnelle, rien de mieux que prendre de son temps pour aller à la rencontre de leurs idées.

Nonobstant, le titre de "serial-menteuse" attribuée à Caroline Fourest par Pascal Boniface semble, de nouveau, prendre tout son sens car la jeune essayiste et journaliste française réitère dans le mensonge. Lorsqu'elle s'en prend à Tariq Ramadan (je n'ai lu aucun ouvrage et ne m'en fait aucune idée) Caroline Fourest trompe. Encore. Page 226, sur un ton pédant et pontifiant, elle qui se vante de connaitre Tariq Ramadan- sujet dangereux qu'elle a étudié pendant plus de cinq ans - raconte à Taslima Nasreen comment, lors d'une émission télévisée animée par Frédéric Taddeï, elle a destabilisé le personnage. Se ventant de lui avoir fait "assez mal à l'estomac en passant à l'antenne l'extrait de l'une de ses conférences où il invite ces fidèles à militer pour des piscines non mixtes en Europe", elle raconte que "Pendant qu'on diffusait l'extrait, il a changé de couleur, il bougeait tout le temps. A la télévision, il est toujours doux, intelligent, etc. Là, les gens l'ont entendu prêcher pour la première fois. Et quand il prêche, même le ton de sa voix change. Ô catastrophe, "il était agressif?" demande Taslima Nasreen. "Il perdait ses nerfs. A l'antenne ce n'est jamais bon. (...)" répond C. Fourest. Ni une, ni deux, je m'en vais sur You Tube pour voir l'émission et constater par moi-même. Qu'y vois-je sinon que Caroline Fourest est complètement à côté de la plaque et qu'elle se fait "battre"à plate couture par un Tariq Ramadan tout à fait serein et convaincant. Et quoi de mieux que de finir ce papier en regardant ce qu'il en est: http://www.youtube.com/watch?v=6md9¤££¤42Tariq Ramadan 49¤££¤&feature=player_embedded
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