Au-delà du religieux, au-delà des considérations sur l’histoire de la peinture qui nous sont offertes, cet ouvrage se conclut sur une brève anthropologie du regard, qu’il conviendrait sans doute de prolonger maintenant. Il tente de définir les conditions historiques de la visibilité et les enjeux qui ceinturent la désagrégation de l’ordre du visible dans une culture donnée, sous le coup des normes coloniales.
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Si le voile musulman heurte tant la sensibilité des Européens – ce que montre à l'envi le débat dont il fait l'objet, en tout cas en France, depuis plus de vingt ans – ce n'est donc pas tant en raison de l'outrage éventuel fait aux femmes (nous tolérons, hélas, toutes sortes d'outrages) que parce qu'il inquiète profondément l'ordre visuel sur lequel le monde occidental s'est, de longue date, fondé. Il inscrit en effet dans une économie du visible entièrement soumise au règne du regard le refus de se laisser voir. Au sein même de l'image, faite pour être vue, la vue est empêchée, interdite ; la forme noire montre qu'elle cache, exhibe la dissimulation.
Un homme n'a tout simplement pas à se trouver enfermé dans une chambre avec une femme. Son espace à lui est l'extérieur : c'est la rue, la mosquée, le marché ; aux femmes la maison, à plus forte raison la chambre. Et, dans cet ordre d'idée, dans sa chambre et en présence de son mari une femme n'a pas à se voiler. Si elle se voile, c'est qu'elle est étrangère à l'homme.
En application d'une prescription coranique (24, 30), la bienséance veut que l'homme baisse les yeux ou détourne manifestement son regard au passage d'une femme. Alors que la visite – le mot même dérive de la vue – est un rituel social au cours duquel chacun voit et offre à voir (son élégance vestimentaire, l'agencement du salon, etc.), les règles de l'hospitalité arabe veulent que l'hôte montre le moins possible et que l'invité manifeste son absence de curiosité. Et surtout, il n'y a pas d'image. La tradition musulmane les interdit, en cela héritière du deuxième commandement de la loi de Moïse.
Se voiler, c'est refuser de faire image et témoigner de son appartenance à un monde qui offre peu à voir et se méfie du regard. Autrement dit, c'est une seule et même logique qui voile les femmes, régule le regard des hommes et interdit les images.
On concédera à la rigueur que le jeu de regards, sur la photographie, subvertit ce qu'il doit à l'iconographie chrétienne. Là, confiants, les mariés regardent ensemble dans la même direction, non celle du spectateur ou du peintre, mais, symboliquement, celle de l'avenir et de la descendance qu'il promet ; ici, c'est un regard de défi que seul l'homme est en puissance de lancer, car, si la femme voit quelque chose derrière le voile opaque qui dissimule son visage, nul ne peut voir ses yeux.
Jets de purée, de jus de tomate et de gâteaux à la crème sur des oeuvres d'art font partie des actions menées ces derniers jours par des militants du mouvement "Just Stop Oil" pour dénoncer l'inaction face au changement climatique. Cette méthode est-elle adaptée ou bien contre-productive ?
Pour en parler Guillaume Erner reçoit Bruno Nassim Aboudrar, écrivain et historien de l'art, Sylvie Ollitrault, directrice de recherche au CNRS, et Elodie Nace, activiste et militante écologiste.
#ecologie #climat #militant
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