AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eve-Yeshe


Nous sommes donc en 1952, et Zohar Zohar doit fuir l'Égypte, où les Juifs qui ont toujours vécu en bonne intelligence avec les Égyptiens musulmans, ne sont plus en sécurité, sur une terre où ils vivent depuis fort longtemps. Il faut dire que leur Roi Farouk, adoré par son peuple depuis son accession au trône s'est contenté d'un pouvoir au rabais, pratiquement sous tutelle des Anglais.

Quant à mon vrai père, celui qui m'a engendré, celui dont je porte le nom, il s'appelait Zohar Zohar. En hébreu, je le sais, le mot zohar signifie « la splendeur ». Il paraît que quelquefois, il se faisait appeler « Splendeur des splendeurs », un peu comme on appelait le Négus le « Roi des rois ».

Le peuple a soutenu les Nazis, accueilli Rommel en libérateur, pour se débarrasser à tout prix du protectorat anglais, écoutant les prêches des Frères Musulmans incitant à tuer des Juifs pour faire plaisir à Dieu.

Mais, l'Allemagne nazie a perdu la guerre, mais pas ses meilleurs militaires, notamment Dieter Boehm, prompts à reprendre du service en Égypte pour continuer à massacrer… Et prêter mainforte aux militaires voulant renverser Farouk trop occupé à manger, acheter des voitures de luxe, et multipliant les maîtresses pour se préoccuper du peuple.

On assiste ainsi à la montée de l'islamisme, aux complots, ou alliances temporaires pour amener Gamal Abd el-Nasser au pouvoir en compagnie d'Anouar El-Sadate

En suivant l'odyssée de Zohar, on traverse toute l'histoire de l'Égypte après la deuxième guerre mondiale, son statut de directeur d'un établissement un peu « olé-olé », la torture par Dieter pour mette la main sur son argent et comme il est Juif, terminer ce qu'Hitler avait commencé !!!

Via Naples, Zohar va arriver à Paris et faire la connaissance de jeunes Juifs, rescapés de l'Holocauste, alors que toute leur famille a été exterminée : Aaron qui a vu les nazis tuer toute sa famille, d'une balle dans la tête, les enfants compris, et les jeter dans des fosses qu'on leur a fait creuser eux-mêmes, Paulette, qui a réussi à s'évader d'un train lors d'un transfert de Ravensbrück ou encore Lucien : ils ont vu et subi tant de choses que seul le désir de vengeance les fait survivre… les femmes ont la part belle dans ce récit, la mère de Zohar, Livia qui prend soin de lui quand il arrive à Naples sans un sou en poche, la belle Thalia qui espionne pour le compte des Juifs…

On rencontre des personnes ayant existé, pour étayer le raisonnement, tels les nazis Walter Rauff, proche de Heydrich, officier de la SS qui est allé prêter main-forte à Pinochet, ou encore Aloïs Hudal, évêque catholique autrichien, ami personnel de Pie XII, qui rêvait de réaliser une synthèse entre catholicisme et national-socialisme et qui a facilité la fuite des criminels nazis vers l'Amérique du Sud. L'auteur fait de Dieter Boehm un de leurs proches, très actif et complètement cinglé.

Tobie Nathan nous promène ainsi dans l'Histoire, avec des allers et retours entre présent et passé, entre le Caire et Paris, entre autres, et donne à chaque chapitre, pour le plus grand plaisir du lecteur une petite phrase, devenue plus ou moins proverbiale :

« Savez-vous que le bien qu'on accomplit est un trésor caché pour l'avenir ? »

« Pour oublier tes ennuis, porte des chaussures que te serrent les pieds. »

J'apprécie énormément les talents de conteur de Tobie Nathan, entre les légendes, les youyous, on a l'impression d'être dans les mille et une nuits », ce qui rend ce roman passionnant et très agréable à lire, alors que le sujet est dur, les exactions nazies font toujours frémir.

C'est le deuxième roman de l'auteur que je lis, « L'évangile selon Youri » m'a beaucoup plu, il y a un an ou deux. Je me suis beaucoup intéressée aux travaux de Tobie Nathan, notamment dans le cadre de l'ethnopsychiatrie, ce qui lui permet de si bien connaître les différentes cultures et de les utiliser comme trame dans ses romans. J'ai encore « Ce pays qui te ressemble » dans ma PAL… C'est aussi un plaisir de l'écouter quand il est invité sur les plateaux. Je rappelle au passage, qu'il est né au Caire et que sa famille a dû fuir l'Égypte en 1957…

J'ai pensé aussi à « Léon l'Africain » ou au « Périple de Baldassare » de Amin Maalouf que j'adore, car on retrouve ce même talent de conteur chez lui également.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock qui m'ont permis de découvrir ce roman en avant-première et de retrouver un auteur que j'apprécie beaucoup.

#Lasociétédesbellespersonnes #NetGalleyFrance

Sortie prévue le 19/08/2020

Vous l'aurez compris, j'adore ce genre de récit, l'Orient me fait toujours briller les yeux et ce roman est un coup de coeur
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          744



Ont apprécié cette critique (60)voir plus




{* *}