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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le moins qu'on puisse dire avec ce roman, qui met en scène un enfant immigré tsigane, est qu'il est déroutant. Car le propos se décentre souvent, laissant de côté les péripéties de l'enfant qui affole les médias et retient toute l'attention des autorités le plus suprêmes, pour faire la part belle à des passages clairement autobiographiques. Ainsi, auto fiction , fantastique, réflexions éthiques se mêlent dans un joyeux tintamarre. Les personnages secondaires peuvent prendre le devant de la scène , sans que le rôle apparaissent fondamental dans l'histoire, leur présence ne se justifiant que par leur originalité . Quant à la destinée du jeune Youri, la surprise est de taille quand on apprend pourquoi il est là.

L'idée est plutôt originale , mais il est dommage d'être perturbé par les digressions permanentes, qui éloignent du sujet et constituent autant de décrochages dans la lecture, et donnent l'impression d'un remplissage pour étoffer une intrigue qui a du mal à se développer.

On y retrouve les thèmes chers à l'auteur, la critique de la psychanalyse, l'importance des racines, l'intégration et ses écueils, ici intégré dans une fable contemporaine un peu déjantée.

Un plus pour les personnages, l'originalité du sujet, et la couverture.
Un moins pour le caractère brouillon de la rédaction, qui disperse l'attention.
#L'evangileSelonYouri #NetGalleyFrance


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L'évangile selon Youri, de Tobie Nathan, relève-t-il de la vulgarisation ou de l'escroquerie? Allez savoir!
Car le sujet du livre relève de l'ethnopsychiatrie. L'auteur sait de quoi il parle, cette discipline est sa spécialité. Mais de quoi s'agit-il? Selon l'auteur lui-même, non dans ce roman mais dans une très sérieuse définition de son domaine, l'ethnopsychiatrie est une discipline clinique qui se donne pourtant pour objet l'analyse de tous les systèmes thérapeutiques, [...] sans exclusive ni hiérarchie, qu'ils se revendiquent "savants" ou qu'ils se présentent comme spécifiques à un collectif, à une communauté - ethnique, religieuse ou sociale. [...] Une discipline qui se propose d'éprouver les concepts de la psychiatrie, de la psychanalyse et de la psychologie aux risques des théories des groupes dont elle étudie les dispositifs thérapeutiques. [source: http://www.ethnopsychiatrie.net/qsqlethnopsy.htm ]

Alors, si le livre est un travail de vulgarisation, il est une réussite. le lecteur qui ne connaissait pas l'existence même de ce concept a eu la possibilité d'en savoir nettement plus, une fois la dernière page tournée.

Mais si l'auteur revendique aussi le titre de romancier... Là, le lecteur que je suis ne peut plus se sentir en accord avec lui. Trop de digressions qui n'apportent rien, ou si peu, au récit. Trop de découpages dans le récit qui embrouillent le lecteur et l'éloigne de l'essentiel. Et, sur cette écriture fastidieuse à suivre, l'auteur se permet un travail de collage de personnages ultra caricaturés et improbables. de plus, il se fend de quelques contre-vérités telles celle de la nouveauté dans l'histoire des religions que la venue d'un Enfant-Dieu... C'est mal connaître l'histoire des religions!

Bref, féru que je suis de quête de sens dans mes découvertes livresques, intéressé par le questionnement sur les manières de fonctionner des différents groupes qui composent une seule et même humanité, j'ai été content et agréablement surpris par la découverte de cet ouvrage.
Par ailleurs, en tant que lecteur de roman, posture qui était la mienne en ouvrant ce livre, j'ai été déçu.

Le lecteur se fera lui-même une idée plus précise. Il reste que l'évangile de Youri aura été pour moi une source de réflexion, m'invitant à m'arrêter sur telle ou telle phrase, tel mot, telle idée. Je sors donc plus riche de cette lecture! J'en souhaite autant à chaque découvreur de ce bouquin!
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Quel livre étrange. L'audace. J'ai adoré les toutes premières pages, me disant : ça y est ! Puis, je n'ai plus rien compris aux objectifs de Tobie Nathan. Puis en fait, si. Mais la sauce n'a pas pris pour moi.
Le mélange entre une sorte de quasi auto-fiction proche de ce que peut faire Emmanuel Carrère, et le fantastique des scènes, le mystique, l'incompréhensible, que Nathan a croisé et pu capter à travers sa carrière d'ethnopsychiatre n'a pas marché. Pourtant ça aurait pu, je ne sais pas trop à quoi tient une recette osée qui fait jouir le palais.
Parce que Nathan, rationaliste, s'est rendu à l'évidence que beaucoup de choses, êtres, énergies invisibles ou peu visibles existent et impactent la vie des humains, il a tenté de le faire saisir à ses lecteurs par ce biais. Mais ce qui aurait pu passer dans un livre plus conventionnel ne passe pas ici. Justement parce qu'on se dit fiction, fiction... Et même si justement la fiction est agissante et produit sens et effets (c'est tout le propos) étrangement ça ne passe pas.
Ô... pourtant...
C'est dommage.
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Elie est un psy revenu de tout, à la vie monotone. Il se partage entre sa petite tribu d‘originaux (Samuel le fripier qui voit au premier coup d'oeil ce qui vous faut, le Poète, Le Professeur…) et son centre d'ethnopsychatrie. Jusqu'au jour où sa route croise celle d'un petit garçon aux pouvoirs mystérieux. Il s'appelle Youri , diminutif de « Ouri », la lumière. Et cet enfant (mais est-il vraiment un simple enfant ?) va éclairer la vie non seulement d'Elie, mais de bien d'autres personnes…

le roman accroche dès les premières pages : qui est cet enfant ? Quel est son but ? Mais très vite, l'intrigue part dans tous les sens : violence dans les quartiers, prise d'otage du président (E. Macron, jamais nommé, mais facile à identifier), radicalisation et attentat kamikaze… Les scènes se répètent (la mère de Youri qui demande à Elie de protéger son fils) sans grand intérêt, des personnages apparaissent puis disparaissent sans réelle explication (Sabrina, Luisa, Avril …). Les amis d'Elie m'ont d'abord fait penser aux personnages de « Mangeclous » d'A. Cohen. Mais ils n'ont pas la truculence de leurs aînés … La fin elle-même est décevante. Bref, je n'ai pas accroché.
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Je connaissais déjà Tobie Nathan grâce à Dieu Dope, un de ses précédents romans que j'ai lu à sa sortie (1995) et que j'avais beaucoup aimé. Si mes souvenirs sont exacts, la drogue en était le thème principal, mais il me semble que le traversaient déjà certains des motifs que l'on retrouve dans L'Évangile selon Youri : l'immigration, le choc des cultures, la difficulté de comprendre et surtout d'admettre les différences. Dans ce dernier roman, un autre système de pensée, de valeurs et de croyances se retrouve confronté au nôtre qui le considère soit comme délirant, soit comme dangereux, voire les deux…

Tobie Nathan est ethnopsychiatre, comme Élie, le narrateur de ce roman et, sans trop s'avancer, on peut affirmer qu'ils ont de nombreux points communs… Élie, qui exerce encore de temps en temps dans un centre d'ethnopsychiatrie, se sent parfois poussé vers la sortie par ses jeunes collègues. Il a d'ailleurs un peu perdu le feu sacré. Mais il est présent le jour où Youri se présente au centre : d'origine roumaine, l'enfant ne parle apparemment pas le français, ou ne parle pas du tout, on ne sait trop, au début. Quand il est présent, les gens se comportent bizarrement, mais les objets aussi : il se passe des choses vraiment inhabituelles, étranges et effrayantes…

J'ai bien accroché au début, disons le premier tiers du roman. Après, on s'y perd tellement que, pour moi, le pacte avec le lecteur s'en est trouvé rompu. Je n'ai pas suivi l'auteur dans les représentations des personnalités attribuées aux différents personnages féminins, ni dans celles de l'attentat ou de la prise d'otage, ni dans celles de la plus part des interventions surnaturelles de cet enfant-dieu. Bref, je suis restée là, en marge, à lire la suite en diagonale… Dommage, j'avais un faible pour Samuel, le fripier !
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L'essentiel du récit se déroule dans le Paris d'aujourd'hui, du côté de la Place Monge, non loin du Jardin des plantes. Elie, ethnopsychiatre, est divorcé, désenchanté, et superstitieux. Notre homme est très coquet, et a ses habitudes dans une friperie du Boulevard Arago, chez Samuel's. Un jour, les éducateurs de l'aide sociale à l'enfance amènent à ce psy des émigrés une jeune Roumaine, Moïra, accompagnée de son fils, un garçon tout à fait étrange d'une dizaine d'années. Il va s'avérer que Youri, c'est son prénom, est doté de pouvoirs surnaturels. Il opère des guérisons, fait éclater un collier en mille morceaux, et je vous laisse le plaisir de la découverte pour le reste. Youri se révèle très puissant, capable du pire comme du meilleur. Rapidement Elie se prend d'affection pour cet enfant, émigré comme lui. Il se demande peu à peu si Youri ne serait pas un nouveau Dieu. Mais alors pourquoi apparaître en France, l'un des pays les moins religieux au monde ?
Une galerie de personnages sympathiques sert ce roman philosophique, les habitués de chez Samuel's sont de vieux originaux un peu fêlés, entourant un Elie fantasmant sur à peu près toutes les femmes qu'il est amené à croiser. J'ai bien aimé le fait que les personnages secondaires ont de l'épaisseur, comme Moïra, Samuel, et Avril. Ils ont leur propre histoire, et l'auteur leur fait une belle place au sein du récit. J'avais entendu parler du livre et je m'attendais à ce que Youri en soit l'élément central, or il ne l'est pas, on le perd de vue régulièrement, c'est déconcertant.

L'évangile selon Youri est un livre original, un Conte spirituel où se côtoient esprits, sorcières, sourciers, croyances slaves, trafiquants de voitures de luxe, poètes, et psy. Après un démarrage qui m'avait moyennement enthousiasmée, la seconde partie du roman m'a bien accrochée et j'ai finalement pris un réel plaisir et cette lecture m'a séduite au final. Un bon candidat aux Goncourt des Lycéens.
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Décidément, les romans qui abordent de diverses façons des questions de spiritualité me tomberont toujours des mains. Il y a quelque temps, j'ai fini par lire le fameux L'Alchimiste de Paolo Coelho, j'avais trouvé le texte pontifiant et naïf, une succession sans saveur de petites phrases qui se donnaient des airs philosophiques mais qui ne sont, au final, qu'un mélange indigeste et bateau de ces petites phrases dites « inspirantes » de développement personnel. Néanmoins, j'ai fini par craquer sur L'Évangile selon Youri, celui-ci ayant atterri dans la liste du prix Goncourt et se démarquant nettement des autres titres proposés. J'ai été curieuse.

Le héros du roman, Élie (notez que c'est l'un des plus célèbres prophètes bibliques, dont le nom veut littéralement dire « Mon Dieu est YHWH »), est un vieil ethnopsychiatre désabusé, divorcé et, au fond, seul. Il continue de se rendre au centre d'ethnopsychiatrie où, s'il ne travaille plus, on lui a confié la charge honorifique de conseiller. Personne ne l'écoute véritablement, la vieillesse n'est plus, à notre époque, signe de sagesse, mais d'inutilité. Mais on reste poli, il est tout de même le fondateur du centre. Ses quelques amis sont frappés du sceau de la marginalité, nous avons pêle-mêle Samuel, le fripier vintage qui parviendrait à vendre du sable à un bédouin, un vieil accro du sexe, surnommé Old-new-sex, un poète qui s'ignore et qui connaît toutes les poésies du monde ou encore Le Professeur, un vieil homme cardiaque. Apparemment, le dernier plaisir qu'il leur reste, c'est de se rendre chez le fripier et de discourir. La vieillesse est un naufrage qui se partage, tout comme l'ennui…

Puis survient un jour un cas particulier. Un jeune enfant, roumain d'origine, confié à l'assistance publique, a terrifié autant ses camarades que le personnel encadrant. Il aurait poussé un enfant dans les escaliers par la force de son esprit, et il aurait même, avec un simple regard, explosé les fausses perles du collier de la directrice du centre. On l'amène alors au centre d'ethnopsychiatrie, et le cas est confié à Élie qui rencontre alors Moïra, la jeune mère, et son fils, Youri. En gros, Élie rencontre son destin et fait entrer la lumière dans sa vie – ha ! les prénoms signifiants, ça fonctionne toujours (Moïra vient du grec ancien et veut dire « Destin », Youri est un cas un peu plus complexe, normalement, il est l'équivalent de notre prénom Georges, ici, plutôt une déclinaison de Ouri, soit Uriel, qui signifie « Lumière de Dieu »).

L'histoire se teinte alors de réalisme magique. Moïra raconte la naissance de Youri, possiblement fils d'un être surnaturel qui a disparu juste après avoir fait l'amour à la jeune adolescente. Youri aurait dès lors commencé à parler dans le ventre de sa mère. Petit-fils chéri d'un grand-père un brin mafieux, il apporte, comme par miracle, la fortune à sa famille. Il fait des envieux, son grand-père le surveille comme le lait sur le feu. On croise aussi, dans ce récit, une sorcière qui le démembre avant de le reconstituer. Encore une fois, il faut y voir une figure du folklore roumain, ce qui n'est pas inintéressant, loin de là. Moïra confie alors son enfant à Élie, pour qu'il le protège des convoitises des autres. À moins que ce ne soit Youri qui veille sur le vieil Élie en faisant entrer un peu de magie dans son morne quotidien.

À partir de là, l'histoire part dans tous les sens. On y croise des figures féminines fugaces, qui finiront toutes dans les bras de notre psychiatre volage. On y croise un Président de la République dans la tourmente médiatique, un ministre de l'intérieur débordé, de jeunes terroristes, la mère et la grand-mère kabyle du jeune terroriste qui voit dans son parcours la marque du mauvais oeil. Et au milieu de ces multiples événements, la présence discrète du jeune tsigane qui remet de l'ordre dans le désordre, qui réapprend la foi aux mécréants, qui distribue la compassion comme des bonbons, qui guérit les âmes comme les corps avec ses mots. On aura aussi une longue procession de gens en attente ou en demande devant la boutique du fripier, la transformant en un lieu de culte éphémère, pour confier leurs maux au jeune enfant thaumaturge. En gros, de nombreuses digressions nourrissent ce texte et perdent un peu le lecteur. Que pensait de l'étrange histoire – un peu malsaine malgré tout – d'Avril, cette femme qui se précipite chez notre psychiatre parce qu'elle a entendu Youri dans ses rêves. Quel rapport son histoire personnelle a-t-elle avec l'histoire principale ? Je cherche encore…

On l'aura compris, Tobie Nathan propose un regard croisé sur notre société en perte de repères, sur le retour du religieux, sur la place des croyances dans un pays laïque. Qui est Youri ? Un prophète ? Un nouveau messie ? Ou mieux encore, un nouveau Dieu, qui remplacerait le Dieu des trois autres religions monothéistes, qui ont prouvé leur inefficacité à installer la paix parmi les hommes. Je n'en sais toujours rien, et pire, je m'en fiche pas mal.

L'écriture de Tobie Nathan est agréable, on sent l'aisance avec les mots, et une envie de jouer avec – un peu académique tout de même, un peu facile par instant, mais jamais horripilant. Ce qui explique pourquoi je suis allée au bout de ce roman. Mais, une fois encore, toute la démarche spirituelle de cette fable m'échappe totalement, à croire que je suis totalement hermétique à tout discours frappé du sceau de la spiritualité. Je n'ai trouvé ni réelle sagesse ni profondeur dans les propos. L'ethnopsychiatrie, matière dont j'ignorais l'existence, aurait pu être intéressante, mais à la fin du roman, je ne suis pas plus avancée sur cette discipline qu'au début du récit. Quant aux personnages secondaires, leur marginalité est un brin caricaturale et on n'y croit pas vraiment.
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Tobie Nathan dit que c'est un roman. A le lire, on songerait plutôt à un conte, ou à une légende. Il est de ces récits racontés par une Tzigane de Transylvanie dont le prénom renvoie à la voyance, relatés dans sa langue, et donc traduits, mais sont-ils traduisibles?- qui ramènent à des temps de superstition, ou à un monde surnaturel, et qui couplés à d'autres récits où l'amour ne connaît pas d'entrave, finissent par tisser la possibilité d'un univers hospitalier, utopique, à tous les laissés pour compte. de ces récits, un vieux psy désabusé, Elie, qui exerce encore dans un centre d'ethnopsychiatrie, cette psychiatrie avenante et humaine, et qui reste à jamais un petit immigré dont la règle de survie est de sourire à chacun, est le dépositaire. Son métier l'a habitué à entendre toutes sortes d'histoires, et loin de les mépriser, il se sait enrichi par elles. C'est un homme qui prête de l'attention à chacun, croit à la puissance des objets, dit non à la folie mais oui aux esprits. Les récits qu'il a écoutés parlent d'un enfant peu ordinaire, âgé de dix ans,Youri, capable de prodiges effrayants et de miracles qui sauvent toute une vie. Elie éprouve une affection viscérale pour Youri en qui il se reconnaît petit. Ce petit garçon est toujours solitaire, de cette solitude, la vraie, qui est comme un appel à Dieu. Youri est attiré par Elie. Qui va être le gardien de l'autre ?
le lieu de l'action est Paris, et plus précisément le boulevard Arago, où se trouvent une friperie qui répond à l'enseigne de Samuel's pour donner dans le chic anglais. Cette friperie est un monde à elle seule, dont les habitués, tous pittoresques, sont pétris d'humanité, et le patron, Samuel, la voix de votre désir ; et le deux-pièces d'Elie, là où sous les pavés coule la Bièvre et s'est dressée l'église Saint Hippolyte.
le temps de l'action, c'est le nôtre : sévissent le marasme, les attaques terroristes, un Président qui ignore les petites gens, et qui devra, ordre divin, les laisser passer devant lui.
Les dieux naissent et meurent, dit l'écrivain. Ils apparaissent à chaque bouleversement de la connaissance. Internet n'a-t-il pas révolutionné la façon de saisir la connaissance ? Youri n'est-il pas un nouveau dieu, ou tout au moins un de ses apôtres ?
Dès l'ouverture du livre, on est séduit par un ton. Il est vif, léger, sans rien qui pèse, inspiré et primesautier à la fois. le rythme est fringant, comme si l'on se promenait un jour de beau temps, et qu'on s'arrêtait partout où ça en vaut la peine. de la chanson est dans l'air, mais avec des rimes faciles à presque chaque coin de phrase et qui lassent à la longue, comme le bateleur ou comme dans En attendant Bojangles. L'atmosphère est de désir, liberté, humanité. L'allure laisse deviner l'homme Nathan : deux exemples, cette comparaison « fauteuil profond comme ma tristesse le jour du décès de ma mère ; cette phrase  « parmi les étrangers des êtres d'exception ». Ce sera ma conclusion : ce livre avant tout fantaisiste, fait pour le plaisir, est un hymne à tous ceux qui sont rejetés, et un appel détourné à la bienveillance et à la générosité.
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Tobie Nathan, ethnopsychiatre d'origine égyptienne, signe avec l'Evangile selon Youri son treizième roman, un chiffre qui, à supposer que l'homme soit aussi superstitieux que son personnage, a dû lui causer nombre d'angoisses. En effet, le héros et narrateur de cette histoire présente de nombreuses similitudes avec cet auteur et psychanalyste renommé, à commencer par sa profession.
de manière globale, je dirais que ce roman n'est pas mauvais. le vocabulaire est abordable, sans pour autant que le style soit négligé. L'écriture est en effet recherchée, et empreinte d'une poésie toute particulière, qui donne de l'authenticité, et je dirais même du coffre à ce roman. Malheureusement le style est bien trop soigné dans les dialogues et sonnent faux. J'ai également relevé une phrase qui me chiffonne : « C'était la charcutière de la rue Mouffetard qui n'en pouvait mais des boules qui apparaissent sur son corps ». Une faute de frappe certainement, mais pour un livre des éditions Stock, je ne comprends pas que la correction ne soit pas plus rigoureuse.
En ce qui concerne l'histoire en elle-même, je dois admettre que je ne me suis pas ennuyée. Les événements s'enchaînent bien, et les thèmes abordés sont passionnants. Ainsi, il est question de notre monde, impie, peuplé d'hommes et de femmes perdus dans la masse, sans aucun repères. Dans ce monde, personne ne croit, personne ne parle, et tout doit nécessairement être expliqué rationnellement. Les autorités ne laissent de ce fait plus la place aux miracles, à la magie, ou encore à la foi. C'est alors qu'intervient Youri, dieu moderne capable des cataclysmes les plus désastreux comme des guérisons les plus soudaines.
Outre la religion, l'auteur s'intéresse à l'immigration, à la politique, au terrorisme, aux cultures étrangères. C'est donc un roman qui nous fait réfléchir à toutes sortes de sujets, écrit avec beaucoup d'intelligence.
Toutefois, un élément m'a empêchée de pleinement profiter de ma lecture : le personnage principal. Imbu de sa personne, il est le stéréotype même du vieux beau, profitant honteusement du complexe d'Oedipe non résolu de jeunes femmes incestueuses. La première, dévastée, vient de perdre son père, la seconde a vécu en couple avec son paternel pendant vingt ans, et est par ailleurs sa patiente. J'ai aussi trouvé que pour un ethnopsychologue, il ne semblait pas très qualifié. Ainsi, lorsqu'il s'entretient avec la grand-mère de Redha ou Mirrha, il met souvent les pieds dans le plat et doit se faire expliquer toutes les coutumes tziganes par la traductrice. Malgré son ignorance, il rappelle fréquemment qu'il est une pointure dans son domaine, bien supérieur à ces pauvres manants qui se font payer leurs services. A cela s'ajoute un comportement assez irresponsable vis-à-vis de Youri, libre de se promener seul dans Paris à l'âge avancé de huit ans, mais nous mettrons cela sur le compte de la maturité de l'enfant.
En somme, ce personnage m'a semblé si condescendant que je ne suis pas parvenue à m'y attacher. Je n'ai donc pas été touchée par cette histoire, ni par aucun des personnages mis en scène d'ailleurs, mais j'ai aimé réfléchir à ces différents sujets. Une lecture en demi-teinte, donc.

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J'ai été très surprise par cette lecture. En lisant le résumé, je m'attendais à assister à la rencontre d'un petit immigré roumain et d'un psychiatre français, un récit plutôt réaliste mais que nenni !

Le fantastique est très présent dans ce roman où nous découvrons très vite que Youri, petit Tsigane immigré en France avec sa mère, a des pouvoirs surnaturels. Ceux-ci inquiètent tout le personnel souhaitant le prendre en charge et le garçon finit donc par jeter son dévolu sur Elie, psychiatre et créateur d'un centre d'ethnopsychiatrie à Paris, homme solitaire bientôt retraité. Ce dernier l'accueille chez lui et tente de percer son mystère.
La relation de ces deux personnages est attendrissante, Elie, bien qu'intellectuel émérite, reste très ouvert d'esprit face aux manifestations surnaturelles auxquelles il est confronté.
L'auteur offre alors une interprétation très atypique de la folie et de ses manifestations.
Malgré l'originalité de l'intrigue et les thématiques d'actualité abordées comme le terrorisme, les cultes, la situation politique, le traitement des immigrés, je n'ai pas vraiment accroché au style de l'auteur.
Les personnages sont très nombreux et j'ai trouvé quelques longueurs. La fin est émouvante.

Une lecture très spirituelle, surprenante.
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