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EAN : 9782738119056
246 pages
Odile Jacob (13/01/2011)
3.29/5   38 notes
Résumé :
"Chacun d'entre nous rêve, et probablement de quatre à cinq fois par nuit. Mais un rêve qui s'évanouit est comme un fruit qu'on n'a pas cueilli. Un rêve qui n'est pas interprété est comme une lettre qui n'a pas été lue.Toi qui rêves, mon frère, ne raconte pas ton rêve à un inconnu; ne laisse pas quelqu'un dont tu ignores les intentions énoncer des vérités sur toi à partir de ton rêve. Car le rêve se réalisera à partir de la parole de l'interprète.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Je ne regrette absolument pas la lecture limpide et instructive de cet ouvrage. Même si l'on est nourri, à ce sujet, de connaissances classiques (l'ouvrage de Freud bien sûr, ou l'excellent collectif dirigé par R. Caillois), le livre s'avère beaucoup plus instructif par les "contradictions" qu'il contient selon moi.

Tout d'abord, Tobie Nathan se réfère à M. Jouvet qui considère que le rêve a une fonction : maintenir l'identité du sujet pour le préparer à affronter l'avenir. Re-programmation et maintien des cellules nerveuses qui, autrement, se détruisent et se délitent ; et pourtant, le même auteur soutient que certains patients victimes de lésions au tronc cérébral, et qui ne peuvent donc plus rêver, ne souffrent d'aucun trouble et du sommeil et de la mémoire. On aurait envie de dire aussi : aucun trouble de l'identité, et aucune angoisse face à l'avenir. Donc, pourquoi croire que le rêve maintienne une identité et qu'il me prépare à affronter le futur ? (le terme d'identité est d'ailleurs très problématique, et on cherche en vain une définition de ce mot dans l'ouvrage de Tobie Nathan) ? D'autant plus que Tobie Nathan affirme aussi que le rêve a ceci de fascinant, c'est qu'on ne sait qui est l'expéditeur, qui le destinataire !Alors pourquoi penser que le rêve maintienne l'identité du sujet ? Il aurait fallu qu'il se sente destinataire !

Ensuite, Michel Jouvet, de manière fort subtile, affirme qu'il faut penser le rapport du rêve au futur, à l'avenir, et arrêter de le considérer comme exprimant un passé. Cette belle thèse me laisse sceptique : ne rate-t-on pas en effet ce qui fait le propre du rêve : le présent ? Car celui qui rêve, ne peut (dans le rêve) ni se projeter dans le futur, ni penser au passé. Pourquoi oublie-t-on que le rêve est une expérience du présent "seul" ? Une expérience de ce que serait être enfermé dans un présent sans les horizons du futur et de l'avenir ? On rate le rêve à la fois en le référant au passé, mais aussi à l'avenir ! On oublie l'expérience du présent comme présent perpétuel dans le rêve.

Ensuite encore, Tobie Nathan confond trop l'approche ontologique et pragmatique. Il dit que ce qui importe c'est de savoir ce que les cultures "font" du rêve. Et ces beaux exemples sont sublimes (des Grecs, des musulmans). Donc, on ne s'intéresse pas à ce qu'est le rêve mais à ce qu'il fait faire. Mais aussitôt défendue cette idée, voilà qu'on nous explique ce qu'est le rêve, sa vraie fonction, son vrai sens. Il y a une tension non avouée à ce sujet (je crois)

Puis, Tobie Nathan affirme que le rêve est la destruction du quiconque. Il cherche à maintenir la singularité, notre singularité. Mais si c'était vrai, il aurait fallu au préalable une théorie de l'inter-subjectivité qui montre comment un sujet "apprend" à construire sa singularité, à comprendre même qu'il est singulier. Cela n'est pas donné de manière innée. Un enfant (qui pour Tobie Nathan rêve beaucoup car il est encore dépendant de l'entourage) ne sait pas qu'il est singulier. Il faudrait connaître autrui, connaître des stéréotypes, voir ce qui se répète chez les autres pour savoir s'il y a du quelconque chez nous ou de l'originalité afin "ensuite" (et pas "d'abord") de voir en quoi on se distingue. D'où alors une autre hypothèse plus intéressante je crois : et si en apprenant socialement à comprendre en quoi nous sommes singuliers (ou pas, ou peu), nous aurions involontairement transformé la fonction du rêve pour en faire une source de singularité ? Cette fonction aurait donc une histoire bio-psycho-sociale, et ne serait donc pas une fonction "seulement" biologique.

Enfin, je ne suis pas certain qu'un enfant (un bébé) rêve. Pour rêver, pour savoir qu'on rêve il faut aussi connaître la réalité. Un enfant qui dort, qui s'éveille, et qu'on nourrit au sein, qui entend des voix de personnes qu'il ne peut réellement voir dans un monde alentour, peut-il savoir qu'il rêve ? Ne sont-ce pas plutôt des hallucinations permanentes, intermittentes ? Si c'était vrai, cela voudrait dire alors que ces contenus illusoires, ces mirages que l'on connaît enfant "deviendraient" du rêve quand on apprend à devenir progressivement conscient pour voir le réel. Ainsi, le rêve n'existerait pas naturellement, il émergerait lorsque la réalité devient une perception et une idée. Si la conscience se construit selon des étapes et n'est pas magiquement donnée toute faite d'un coup (ce qu'on appelle théorie de l'esprit) il me semble évident que le rêve aussi se re-construit au fur et à mesure de la construction de notre esprit (dans sa forme, dans ses contenus et sa logique). On part de la conscience adulte (qui se construit et est construite) pour ensuite se référer au rêve de la conscience adulte, mais en considérant ce rêve comme étant identique aux étapes antérieures de la vie. Ce qui est contradictoire.

Nous sommes donc encore loin d'avoir pensé efficacement le rêve aujourd'hui.
Merci à ceux qui m'ont lu jusqu'au bout :-)
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Avant tout, j'aime beaucoup Tobie Nathan, ouvert, intelligent, sérieux, drôle, et souvent passionnant. Et ce livre est fort bon.
Mais...

C'est quoi pour un livre, ça encore ? « La Nouvelle interprétation des rêves »... C'est quoi ce titre ? Déjà dès qu'on emploie le mot « nouveau, nouvelle », c'est forcément le réduire à l'obsolescence, il ne sera évidemment plus « nouveau » dans peu de temps. Espérons-le. Dépassé par les nouvelles connaissances d'un secteur où l'on sait fort peu encore et qui foisonne de recherches en tous sens.
L'allusion à l'Interprétation des rêves de Freud est évidemment voulue. Mais est plus marketing que réelle. Car Nathan s'il s'appuie sur Freud le fait pour mieux s'en départir.
« « Une » interprétation des rêves », aurait peut-être été un meilleur titre. Bref, j'en sais rien. Je ne suis pas Odile Jacob, ni l'auteur lui-même.


Il y en a tellement des bouquins sur les rêves et sur ce qu'ils sont censés être et dire... du moins bon au pire du pire. Ou le hyper classique de Freud...
Ce livre est, en fait, un : « Qu'en est-il de tout cela ? » Quid de l'histoire, des spécificités culturelles, anciennes, moins anciennes, quid de la neurophysiologie et des connaissances scientifiques actuelles...
Tobie Nathan prend un maximum de toutes les infos et essaie de les assembler pour décrire et établir une sorte de méthode.

« ... ce livre se veut avant tout une méthode. Mais si, en suivant les indications que je propose, le lecteur pourra pénétrer assez loin dans l'exploration de son rêve,; annonçons-lui d'emblée qu'il ne pourra jamais remplacer l'interprète. 
Car, en derniers ressort, aucun rêve ne peut être interprété par le rêveur lui-même. »

Comme vous le lisez, Nathan ne prétend pas donner des clés claires et définitives. Pour lui, l'interprétation est essentielle et ne peut se faire que par un autre. Et cet autre, aura un rôle considérable, puisque l'interprétation est une prédiction (ou quasi).

La pragmatique du rêve : « Quant à moi, je me soucierai avant tout de l'usager, n'entrant pas plus que nécessaire dans le détail des doctrines, m'intéressant plutôt à la pragmatique du rêve. J'examinerai les propositions concrètes, tentant d'en tirer une pensée cohérente. »

Le cauchemar, une quintessence du rêve : «  Dans le chapitre 3, j'ai davantage parlé du cauchemar que du rêve ; c'est qu'il s'agissait de parcourir des considérations générales, et le cauchemar s'y prête mieux que le rêve. le cauchemar possède en effet de manière saillante deux caractéristiques qui définissent au mieux le rêve en général : la paralysie du corps et la turgescence des organes sexuels. En cela il est une quintessence du rêve. »

Freud et ses manques de connaissances... : « Il était indubitable que Freud ignorait l'existence du sommeil paradoxal. de ce fait, sa théorie du rêve admettait la prémisse, partagée par tous les chercheurs de son temps et même jusqu'à la moitié du XXe siècle, que le rêve survenait durant un sommeil "léger", plus proche du réveil que le sommeil profond. Ir la découverte du sommeil paradoxal est venu bouleverser ces conceptions qui semblaient raisonnables. le rêve est un éveil total du "cérébral" en état de sommeil profond. »

Le rêve est instinctif !
« Nous avons appris que, à condition d'admettre que rêve et sommeil paradoxal étaient superposables, le rêve était l'une des rares activités humaines presque exclusivement instinctives (avec quelques autres fonctions primaires telles que le sommeil ou la respiration). »

Freud se trompe ou est trompé encore, le rêve est lui-même pulsion :: « S'l est vrai, comme l'a établi la neurophysiologie, que le rêve est un fatalité physiologique, il ne peut en aucune manière être la réalisation (hallucinatoire) du désir (refoulé) d'un individu singulier. A la lumière des découvertes des neurophysiologistes, il faudrait inverser la proposition freudienne : le rêve ne peut pas être le feu d'expression des pulsions refoulées, puisque le rêve est lui-même pulsion. »

Concernant la forme, le style. Forme assez simple, chapitres, paragraphes, classique, style très clair, ne cherche pas d'effets, mais c'est bien écrit quand même et non dépourvu d'émotion. Pas sec.
Il y a peu d'illustrations des théories mais elles sont vivantes, et mise dans une suite assez dynamique. On ne s'ennuie pas, enfin je ne me suis pas ennuyé à lire ce qui est pourtant assez sérieux.

Nathan est rigoureux, c'est un scientifique. J'aime particulièrement la bibliographie, les sources commentées, pas une simple liste, rien que ça c'est intéressant. Ca en dit plus ou long.

Bref, un fort bon livre d'un type de grande-s qualité-s, comme je l'écrivais, avant tout.
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Dans cet essai très fondamental dans le cadre de la pensée de Tobie Nathan, l'auteur s'attelle à deux tâches : 1) explorer le rêve à le croisée de trois chemins – neuroscientifique (très influencé par le travail de Michel Jouvet), anthropologique-mythologique (concernant la part des pratiques de guérison des sociétés traditionnelles ainsi que les mythes afférents utilisés par l'ethnopsychiatrie), enfin psychanalytique (en se démarquant très considérablement de la conception freudienne du rêve, qui constitue sans doute la base de la psychanalyse) ; 2) à partir de son propre système de croyances en la communication entre les humains et les êtres invisibles, bien que celui-ci soit fait passer pour la propre culture de chacun, croyant ou mécréant en cette communication, proposer une fonction spécifique et très inhabituelle à l'interprétation des rêves, comme moyen d'acter le message des êtres, de le faire advenir sous forme de prédiction dans la propre destinée du rêveur, donc in fine de modifier cette destinée. Non pas donc une fonction de prise de conscience, de connaissance de soi, d'explication, comme en psychanalyse, mais absolument et littéralement de réalisation d'une volonté des « véritables propriétaires » de la personne.
Dans cette deuxième tâche, l'auteur, que je suis pourtant sur tant de chemins, ne parvient toujours pas à me convaincre : trop ténu est le fil qui s'adresse à mon propre système culturel, trop peu approfondi l'appel à l'incrédule que je suis, plutôt fidèle à la psychanalyse et admiratif de la laïcisation-sécularisation du rêve promue par la modernité, plutôt dubitatif au sujet d'une tendance de l'époque vers le « culte du quiconque » : « Dans les sociétés postmodernes, obtenir ce que l'on désire passe nécessairement par une abrasion de toute revendication de singularité. » (p. 70) : c'est plutôt le contraire qui me paraît vrai ; enfin absolument rétif à un quelconque déterminisme prophétique du rêve et encore plus de son interprétation (par qui que ce soit), se mêlant à la sphère de la vie éveillée du rêveur, sauf modification durable de son inconscient. Très sensible aux références multiples à la conception grecque, talmudique et musulmane de l'interprétation des rêves, ainsi qu'aux plus modestes références au chamanisme et à la divination de tradition africaine, j'aurais aimé trouver davantage de place à de possibles interprétations « laïques » des rêves, dérangé par l'idée que la psychanalyse ait été un peu trop rapidement liquidée, accusée injustement de « standardiser » ses interprétations des rêves hors de la subjectivité, faisant fi de l'étude de cas qui pourtant la caractérise.
Je suis donc sceptique devant ce paragraphe, qui, me semble-t-il, résume le glissement de Nathan de l'étude à la croyance :
« Pourtant le rêve est une place publique, l'espace où tu peux rencontrer des êtres à l'étrangeté radicale avec lesquels échanger. Toi qui crois à dieu ou à diable, tu peux les croiser là, et toi qui n'y crois pas, tu peux dialoguer avec ton noyau biologique, autrement dit : ton créateur. le rêve est un rendez-vous quotidien avec tes véritables propriétaires. Tu y retrouveras aussi tes morts. » (p. 224).


Table :

Chap. 1 - « Le rêve et son interprétation » : Deux exemples très opposés. Les rêves ne sont pas seulement messages, ils sont aussi actions. de l'actualité des vieilles pensées.

Chap. 2 - « Étrange intimité » : le rêve et l'altérité. Cauchemar. Les corps du rêve.

Chap. 3 - « Le cauchemar » : Les cauchemars post-traumatiques. Cauchemar politique. Positions du dormeur durant son sommeil et substances corporelles. Actualité de l'interprétation des cauchemars. La jeune fille et les paramilitaires. Les traitements.

Chap. 4 - « Qu'est-ce qu'un rêve ? » : Quelques données neurophysiologiques. le culte du quiconque. le sommeil paradoxal et le rêve. La question de l'interprétation du rêve. Théorie psychanalytique du rêve. Les éléments d'une conception du rêve indispensable à une pratique de l'interprétation.

Chap. 5 - « Les corpus de référence » : Divination. Chamanisme. Une Indienne de Colombie immigrée à Paris.

Chap. 6 - « Les principes de l'interprétation » : La règle d'éclaircissement rétroactif. le choix des éléments significatifs. Un djinn à la peau noire. L'accent du rêve. Pourquoi interpréter un rêve ?

Chap. 7 - « Les dynamiques de l'interprétation » : Prédictions. Rêves pathogènes. Réparer un rêve. le rêve et son interprétation. Raisonner et interpréter. Lorsque l'interprétation précède le rêve.

Chap. 8 - « Classifications » : Les rêves qu'on n'interprète pas. Les rêves qui révèlent des secrets sur la personne. Les rêves de mise en garde. Les rêves sexuels impliquant des personnes de l'entourage proche. Les rêves sexuels impliquant des personnages inconnus. Les rêves qui ne concernent pas le rêveur. Les rêves carrefours des morts. le rêve nu. le rêve est mouvement. de quelques questions qui peuvent aider à pénétrer un rêve.

Chap. 9 - « Vade-mecum ».
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L'interprétation d'un rêve est elle une prédiction?
Oui, répond Tobie Nathan, professeur de psychologie à l'université Paris VII et auteur (entre autres) de "Psychothérapies" et de "psychanalyse païenne". Voilà déjà un grand pas accompli. Il rajoute même "le fait de s'entendre prédire un évènement permet de s'approprier son rêve devenu compresseur de son devenir".
A mon avis, c'est un peu le principe de la préparation sophronique pour athlètes de haut niveau . Il faut toujours se visualiser gagnant avant l'épreuve. Après... il faut que le rêve devienne réalité.
Quelles nouveautés contient ce livre?
Des références: Fa au sud Bénin, la psychnalyse de Freud,Oedipe en mythologie,le chamanisme,la clef des songes d'Artedimore. Interessant mais bon tout ça le français moyen qui se réveille...
Des conseils du genre ce n'est pas parce qu'on rêve de relations sexuelles avec un inconnu ou un membre de la famille que notre rêve va se réaliser. Ca on s'en doutait.
Des vérités assénées: "le cauchemar permet de percevoir les yeux fermés un aspect du monde à l'expérience vitale pour le sujet" . Ne serait ce pas se brancher sur notre inconscient?
Des affirmations:"aucun rêve ne peut être interprèté par le r^veur lui même". Là je doute, d'abord à cause des projections du thérapeute lui même, ensuite, s'il nous fallait aller chez un psychologue pour interpréter chaque jour nos rêves...
Bon, tout ça pour dire que (toujours à mon avis) "La nouvelle interprétation des rêves" est un bon ouvrage de référence mais n'a rien de nouveau, je n'ai pas été vraiment convaincue et n'ai pas émergé de ce livre en me disant "Ca y est, je sais tout !"
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Du rêve chez l'animal, aux différents stades de sommeils, aux conceptions cliniques en passant par l'utilité des cauchemars, tout est illustré depuis la nuit des temps à aujourd'hui. Avec des sources et étymologies vertigineuses.

La théorie de l'auteur n'est pas que les rêves « lavent la journée/les informations » mais qu'ils projettent le rêveur dans l'avenir. Pour qu'il soit prêt/se prépare à ce qui vient. Les cauchemars et les terreurs nocturnes seraient donc autant des préventions que des traumatismes (mais les deux choses sont liées : on se réveille en sursaut au cas où on serait à nouveau perturbé pendant notre sommeil). Ainsi Tobie Nathan explique ainsi la capacité à projeter dans la réalité des choses vues en rêve.
Bien mieux qu'un dictionnaire des songes, il explique justement d'où viennent les conseils de ce type de dictionnaire, leur manière de penser, leurs analyses, ainsi que dans quelles erreurs il se leurrent. Il met en exergue la diversité que représente chaque rêveur à lui seul, chaque symbolisme, loin de la pensée abrupte d'un dictionnaire

En fait, c'est peut-être le meilleur dictionnaire des rêves, puisqu'il nous apprend à les décoder, non seulement par rapport à notre vécu, mais en étant très conscient de nos coutumes, nous nos propres rythmes, du tronc culturel qui nous a formé et auquel nous nous référons chaque jour plus ou moins consciemment.
Il y a du moins bon, certes, l'auteur étant lui-même induit par ses croyances. Mais tout de même, il insiste sur le fait de bien intégrer le domaine de référence de la personne dont on veut confronter le subconscient, de bien penser à se projeter dans l'avenir au moment de décoder un rêve, etc. Il donne ainsi des clés de décryptages. Ainsi, ce livre renferme plus une technique d'analyse qu'un dictionnaire de lieu commun. C'est intéressant, surtout pour les nombreuses étymologies et mythologies, mais pas impérissable.
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Citations et extraits (124) Voir plus Ajouter une citation
Les esprits sont idées, éclats de lumière, à la fois insaisissables et infiniment reproduits.
J'étais parti sur le chemin que m'avaient tracé les maîtres, cueillant où je les trouvais ces fragments de lumière, imaginant éviter par le silence les pièges qui le parsemaient. Les embûches étaient à chaque embranchement, aux carrefours, là où les hommes parlent entre eux contre l'un d'entre eux. Les idées sont souvent maudites par les nuées.
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Les esprits existent. Ils sont bruissements, ils sont parfums, ils sont étincelles. Ils constituent la seule force qui s'oppose à la nuit.
Les pensées obligées sont nuit ; les pensées automatiques qui ne tirent leur validité que de la crainte du ridicule sont nuit ; les pensées fabriquées pour n'importe qui, prêtes à l'emploi, sont nuit. Elles justifient la violence, elles sèment des disparitions.
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3. « Le rêve possède un certain nombre de caractères premiers dont toute interprétation devra tenir compte : singularité, prédictivité, interactivité, référentialité.
1) Singularité : il est toujours l'expression de l'irréductible singularité de la personne. Aucune interprétation d'un rêve n'est crédible si elle ne parvient à restituer cette singularité.
2) Prédictivité : il partage avec la rêverie éveillée, le "fantasme", la capacité de se projeter dans le temps, de dresser un brouillon de la destinée. Ainsi, toute interprétation devra rechercher la façon dont le rêve se poursuit en traces réelles – voire concrètes – dans la vie éveillée.
3) Interactivité : mécanique interactive, le rêve connecte la personne avec ses constituants – et en premier lieu avec ses constituants culturels. Il n'est pas étonnant que les dieux grecs apparaissent dans les rêves des Grecs, que le dieu juif soit le principal interlocuteur des rêves juifs et que le dieu musulman soit si présent dans les rêves musulmans. Déjà Artémidore attirait l'attention sur l'importance de connaître la langue, la culture et les coutumes du rêveur avant d'interpréter son rêve.
4) Référentialité : à l'image du déchiffrage d'un message codé, l'interprétation d'un rêve nécessite de disposer d'un corpus de référence. Toutes les méthodes d'interprétation du rêve disposent d'un tel corpus, mythologique, religieux ou "scientifique". » (p. 84)
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5. « Si le rêve n'a pas suffisamment mûri aux coctions de la nuit, l'interprétation se révélera filandreuse, s'accrochera à des souvenirs, s'échappera vers des constats et certainement des banalités. La plupart des interprétations que l'on peut lire dans des dictionnaires de supermarchés sont de cette facture et en tout cas toutes les interprétations dites "symboliques". Elles laissent l'esprit insatisfait, qui se demande pourquoi de telles platitudes auraient besoin pour s'exprimer de machines aussi sophistiquées que le rêve. Ces interprétations, issues la plus souvent de quelque ouvrage savant de l'Antiquité, colportées au gré des temps, ne sont ni vraies ni fausses ; elles sont inactives. […]
Rêveur, ton rêve n'a pas totalement accompli son travail. Ne le brutalise pas, ne l'étouffe pas, laisse-le poursuivre ! » (pp. 191-192)
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Chacun d'entre nous rêve, et probablement de quatre à cinq fois par nuit. Mais un rêve qui s'évanouit est comme un fruit qu'on n'a pas cueilli. Un rêve qui n'est pas interprété est comme une lettre qui n'a pas été lue.
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Videos de Tobie Nathan (60) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tobie Nathan
Tobie Nathan vous présente son ouvrage "Et si c'était une nuit" aux éditions Stock. Rentrée littéraire 2023.
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Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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