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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Roman historique très intéressant. Sa construction est assez classique, un homme aujourd'hui enquête sur un meurtre du passé, sa propre histoire se percute à celle du disparu (amour, foi, sionisme, Allemagne, identité, Israel, etc.). le suspense n'est pas obsédant, mais la lecture est très agréable.
Pour ma part, j'ai préféré d'autres romans de Tobie Nathan (comme l'excellent "Dieu-Dope") mais dans celui-ci, il sait nous faire découvrir un personnage féminin (Magda Goebbels) avec beaucoup de talent.
Enfin les pages sur la théorie des cannibales sont passionnantes.
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Ainsi donc Victor Arlozoroff, l'un des principaux dirigeants du mouvement sioniste des années 20 était l'amant de la future Mme Goebbels, l'archétype de la femme aryenne telle que la fantasmait Hitler et les nazis.
Le fait semble clairement avéré et le roman, car il s'agit bien d'un roman, offre une réponse plausible, sinon certaine à la question que pose le titre : qui l'a assassiné ? Et pourquoi ?
Au-delà de la réponse apportée, c'est surtout la personnalité de Magda Friedländer, puis Quandt et enfin Goebbels, qui semble avoir passionné l'auteur dont il faut se souvenir qu'il est ethnopsychiatre.
Comment une très jeune fille amoureuse d'un jeune juif devient-elle successivement la séductrice d'un très riche homme mûr, nageant dans l'opulence et la luxure, adulée de nombreux admirateurs et amants pour finir par, adoubée par Hitler, épouser son grand maître de la propagande ?
Comment passe-t-on de l'amour au choix assumé de la haine, puis au refus de toute pitié et enfin à la cruauté la plus abominable ? Sans doute, pour cette veuve noire, par un narcissisme forcené.
La thèse de l'auteur assimilant le nazisme à du cannibalisme mérite d'être entendue de même que l'analyse psychologique des méthodes employées par les nazis avant leur prise de pouvoir. Cela fait toujours aussi froid dans le dos…
« L'injure est l'âme de la provocation, son noyau. Par l'injure, on renvoie à l'ennemi sa propre image rabaissée, lui signifiant qu'on dispose d'une avance sur lui. S'il est possible de le penser chien, porc, excrément ou maladie malfaisante, c'est que l'on a déjà procédé au travail mental permettant de le tuer…La force de l'injure ne réside en aucune manière dans son contenu mais dans le processus qu'elle suppose déjà réalisé dans l'esprit de l'énonciateur. Qui t'injurie est capable de te tuer…Nous allons vous tuer ! Nous y sommes préparés ! »
On peut également lire, en creux, la dangereuse fascination qu'exercent le pouvoir et les hommes qui s'en emparent. C'est, pour les électeurs de nos démocraties bien malades, une raison supplémentaire de ne pas renoncer au seul pouvoir qu'ils détiennent : celui de sortir les sortants.
C'est très bien écrit avec une intrigue qui s'apparente vraiment à un thriller. C'est tout le talent de cet excellent roman outre le fait d'avoir remis en lumière ce Victor ou Vitaly ou Haïm Arlozoroff dont je n'avais jamais entendu parler et dont le principal mérite aura été de négocier les accords ayant permis à près de cinquante mille juifs allemands de quitter leur pays avant qu'il ne soit trop tard.
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Dès les premières pages, le roman s'ouvre sur le meurtre de Haïm Arlozoroff, leader sioniste d'extrême gauche assassiné sur la plage de Tel Aviv le 16 juin 1933.Un grand reporter français, Ezra Morena est envoyé par son journal pour enquêter sur un deuxième meurtre, commis de nos jours à l'ambassade de France à Tel Aviv. Il s'agit d 'un ancien agent du Mossad, Mordekhaï Monco. Sa rencontre avec une universitaire spécialisée dans l'histoire du Mossad le conduira à relier cette dernière affaire avec le meurtre non élucidé d'Arlozroff. Voilà pour le cadre de ce roman.
Au-delà des querelles partisanes, et des interrogations qui subsistent encore aujourd'hui sur l'assassinat d'Arlozoroff, l'auteur dévoile un autre volet de la vie du jeune diplomate juif: sa rencontre, vingt ans plus tôt avec une camarade de classe de sa soeur et qui n'est autre que la jeune Magda Friedländer.
Fascinée par lui, elle épousera rapidement les rêves sionistes qu'il défend. La passion que l'auteur leur prête et qu'ils entretiendront malgré les voyages d'Arlozoroff en Palestine, le premier mariage de Magda et même après, lorsqu'elle deviendra l'épouse de Goebbels sont le fil conducteur de ce roman étonnant par le regard que l'auteur porte sur l'histoire.
Derrière l'ambition de cette femme, son ascension, la place qu'elle occupe auprès d'Hitler, la jalousie qu'elle éveille chez Goebbels, il y a l'ambivalence de ses sentiments vis à vis d'Arlozoroff .Entre haine et amour, il n'y a qu'un pas.
Le meurtre d'e Haïm Arlozoroff a t-il été commandité par l'extrême droite israélienne, par des partisans communistes avec lesquels il se trouvait en désaccord, ou par des nazis prompts à effacer la liaison que leur "déesse" entretenait avec un juif ?
Les nouvelles hypothèses que propose l'auteur, dépoussièrent L Histoire. On se prête volontiers à ses spéculations.
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Il y a d'une part, les recherches historiques sur les années 20 et 30 : le personnage de Victor (Haïm) Arlozoroff, les premiers foyers juifs en Palestine britannique, le rêve sioniste naissant, la première apparition d'une droite et d'une gauche au sein des implantations, la négociation diplomatique d'Arlozoroff avec les nazis pour faire émigrer en Palestine autant de (notables) Juifs allemands que possible... Et l'assassinat de cet homme au moment où il aurait pu changer le cours de l'Histoire.
Il y a d'autre part, et pour les exigences narratives d'un thriller qui relate l'enquête sur cet attentat, un étrange jeu de projections et/ou de répétitions dans le temps, où se croisent des personnages en couple (Magda et Victor, Barbara et Monco, Tania et le narrateur Ezra) des années 20 jusqu'à aujourd'hui.
Il y a en outre la griffe (ethno-?)psychanalytique de l'auteur (dont je ne savais pas qu'il était aussi romancier), dans le long parcours - fortement initiatique mais aussi psychotique - du personnage de Magda, née bâtarde presque juive, ardente maîtresse du Prince juif qui fut peut-être son seul amour, devenue enfin l'incarnation du nazisme outre que la femme de Goebbels et épouse mystique d'Hitler. Nathan évoque cette incarnation à travers une double interprétation : celle, individuelle, d'un tempérament sous emprise du délire de toute-puissance (voire du délire de divinisation de soi) ; celle, sociale, qui voit dans le nazisme une sorcellerie qui s'empare de l'âme d'un peuple entier par la peur transformée en désir, et qui possède un fonctionnement cannibale : il lui faut dévorer de la chair humaine, d'autrui ou à défaut, de soi-même. A l'instar donc de Magda, qui aura fait de l'immolation de son plus grand amour son acte initiatique (et la première victime de la Shoah) et de l'empoisonnement de ses six enfants son dernier acte cannibale (et les toutes dernières victimes du nazisme hormis elle-même).
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je l'ai lu il y a quelques années et j'ai beaucoup aimé, une plongée intéressante dans l'allemagne d'avant guerre pendant la montée du nazisme. Une excellente lecture, très instructive
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Un formidable policier qui en apprend beaucoup sur L Histoire.
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