Avis de décès, tome 1 : Les tribulations d'un croque-mort

Je l'ai déjà dit plusieurs fois ici, j'aime bien lire des témoignages de temps en temps. Je n'ai pas de sujet de prédilection, il faut juste que le résumé me tente et que le thème me parle quand même un petit peu. Il y a quelques temps, j'avais lu un court bouquin de Guillaume Bailly qui nous racontait ses anecdotes de conseiller funéraire. Je récidive aujourd'hui avec le livre de Daniel Naud.

Le domaine funéraire, souvent auréolé de mystère du point de vue du grand public, intrigue, attise la curiosité, inspire la peur ou la crainte et suscite, à la fois, les plus vives interrogations comme les spéculations les plus éclatées. Tant de rumeurs, de mythes, de ouï-dire et même de légendes s'y collent encore de nos jours, et pour cause. Car, bien qu'il n'y ait guère de secrets quant aux techniques d'embaumement et de préparation des corps, peu de gens accèdent à l'envers du décor, à la face cachée de la profession de thanatologue. Il devient donc évident que les présomptions les plus tordues puissent subsister. Avec la Mort, cette froide joueuse de tours au sens de l'humour souvent insondable, il n'est pas rare de se retrouver devant des situations déconcertantes, impensables et d'une singularité telle que l'on ne peut s'empêcher de se dire en son for intérieur : "Suis-je réellement en train d'assister à ça ?"

Cette fois, nous sommes plongés dans l'univers des thanatopracteurs et non plus dans le simple maître de cérémonie funéraire. Mais comme l'auteur est québecois, les anecdotes se déroulent donc là bas et j'ai été bien moins intéressée. Je ne sais pas pourquoi mais du coup, mon plaisir de lecture a été fortement impacté par le fait que rien ne prenne place en France. Peut-être parce que la vie en Amérique du nord est vraiment différente de chez nous ...

Ceci dit, ça reste bien entendu intéressant. L'auteur nous fait partager son quotidien, je pensais que les "embaumeurs" ne quittaient pas leur laboratoire et se contentait de faire les toilettes funéraires et autres soins appropriés. Mais en fait, non. Ils se déplacent aussi pour aller chercher les corps des défunts et il faut voir ce qu'ils trouvent parfois !

Très franchement, certains passages ont été assez difficiles à lire. L'auteur a tendance à insister sur les odeurs, les fluides corporels et autres joyeusetés. C'était sans doute un peu trop pour moi. J'aurai préféré qu'il fasse moins dans le "sensationnel" et plus dans l'humain parce que j'imagine que la relation avec les familles (ou même le défunt en fait) doit être assez particulière. Mais l'auteur a choisi de taire ces moments là.

A découvrir mais à lire avec le coeur bien accroché pour certains passages ..

Depuis quelques années, les témoignages mettant en lumière les pans cachés de certaines professions se multiplient : caissière, avocat, médecin, … Cette fois-ci, c'est au tour d'un croque-mort de s'y coller, profession redoutée s'il en est. Car si chaque individu est certain de recourir un jour à son service, personne n'est particulièrement pressé de faire sa connaissance.

L'auteur nous emmène donc avec lui dans son quotidien de récupération et préparation des cadavres. À côté des morts naturelles, qui peuvent déjà être éprouvantes à cause des réactions des familles, il faut aussi s'occuper des morts violentes : suicides, accidents de la route, … En première ligne, les croque-morts prennent tout le choc avant de présenter le défunt sous un air plus paisible (et présentable).

Pour une fois dans ce genre de témoignage, j'ai trouvé ce livre pas assez intimiste. L'auteur insiste un peu trop à mon goût sur des morts sensationnelles et un peu gores. Je peux comprendre qu'il ait envie d'en parler et qu'il ne doit pas souvent avoir une oreille attentive pour l'écouter parler de son boulot. Mais j'aurais apprécié qu'il nous parle de la façon dont il s'y prend pour reprendre une vie « normale » après les événements qu'il a vécus, comment il parvient à instaurer une barrière émotionnelle, comment il est perçu dans la vie de tous les jours (je sais que certains vivent une certaine forme d'ostracisme social), etc. D'autant plus que l'auteur est québécois, et connaître les différences culturelles avec l'Europe m'aurait beaucoup intéressé.

Un croque-mort se confie ...tout un programme qui n'est pas aussi triste que ça !!!
On rit dans ce bouquin, mais on est ému aussi, car l'auteur nous narre ses états d'âme losqu'il doit intervenir sur des cas de mort violente, y compris de jeunes....
C'est un livre écrit avec une grande sensibilité lorsqu'il le faut, et de l'humour, histoire de nous faire rire aussi....