AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782956235415
200 pages
Editions Permont (08/10/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
Plus que des mémoires, ce sont des impressions sur le temps qui passe et sur les enchevêtrements de la vie qui sont livrées ici dans ce premier volume de Mes années passées.
L'auteur raconte son adolescence dans les années soixante, qui pourrait être banale si ce n'est qu'elle se déroule dans l'est marocain, dans une région aux confins du Sahara, dans une ville frontalière qui a pour nom Oujda. Avec en toile de fond la guerre d'Algérie, les mines où son père... >Voir plus
Que lire après Une jeunesse marocaineVoir plus
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Pour nous rendre chez Hassane ce soir-là, il nous faut d'abord rouler une dizaine de kilomètres sur la route de Saïdia pour bifurquer, peu avant l'aéroport des Angads, en direction d'une piste poussiéreuse et enfin atteindre une bicoque isolée au bord d'un chemin, se profilant entre terre et ciel, en partie absorbée par la nuit qui vient. Les ombres qui nous accueillent sont multiples, une flopée de bambins de tous âges nous glissant entre les jambes, une femme tout en voiles et un Hassane volubile.
À l'intérieur, dans une petite pièce basse de plafond et aux murs enduits de crépi, nous sommes tous rassemblés en rond, assis sur des matelas faisant office de sièges, pour partager, comme il se doit, un couscous que vient nous servir une maîtresse de maison empressée et silencieuse. Comme il se doit aussi, mon père maugrée – ou du moins le fait-il in petto à l'expression renfrognée qui transparaît sur son visage – du fait de l'absence de vin, de fourchette et de chaise.
Ma mère engage la conversation avec la Berbère, égayée par les quelques mots en chleuh qui jaillissent de la bouche de cette Italienne native du Maârif à Casablanca. La belle Marocaine, les traits burinés par le soleil, le labeur et le temps, le front, les joues et les mains tatoués au henné, s'exprime d'une voix chantante qu'accompagnent d'amples mouvements des bras. Les deux femmes parlent de recette de thé à la menthe, des avions dans le ciel, des saisons qui passent, pour enfin jaillir sur un sujet universel à toutes les mères du monde, celui de leurs enfants. Dans leur coin, les hommes discutent âprement de marteaux-piqueurs et de compresseurs. J'inspecte les murs vides de toute décoration et ma sœur se gave de pâtisseries.
En partant, Hassane nous fait visiter le jardin potager reclus à l'arrière de la maison, minuscule aire bordée de grillages, enclave dans un vaste champ frémissant sous les blés. Sur le pas de la porte, Aïcha nous remet des tomates, des pommes de terre, une poignée de carottes encore entachées d'argile et quelques brins de nana – la menthe verte marocaine – qui embaume la voiture tout au long du trajet du retour.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : fascismeVoir plus


Lecteurs (1) Voir plus




{* *}