À la sortie de cet album, il y a dix ans, j'étais la première à être enthousiasmée et à le recommander vivement. Ses qualités restent indéniables. Nonobstant, l'évolution de la société étant ce qu'elle est, chaque jour plus d'e-mails, plus d'e-trucs et d'e-machins pouvant se connecter avec les e-bidules 18G avec 357 méga-toc de mémoire virtuelle holographique, que peu à peu, il perd de son sens et de son essence auprès des enfants de l'âge considéré.
On peut trouver ça dommage, mais ça ne sert à rien, c'est comme ça, le cours des choses est inéluctable et l'on n'a pas prise sur lui. En effet, dans cet album, la place faite à la communication épistolaire " réelle " est grande, de même qu'à quelque chose qui a totalement disparu de l'univers culturel des enfants d'aujourd'hui, à savoir, les petites annonces dans le journal.
L'idée de départ est pourtant excellente. Grizzli, un chat de dentiste, vient de perdre une dent. D'abord catastrophé par sa mauvaise fortune, celui-ci retrouve le sourire lorsqu'il réalise qu'il est normalement en droit de réclamer que la petite souris vienne le visiter… ce qui lui assurerait un lot de consolation très acceptable, convenons-en.
Notre brave matou s'empare donc d'une mauvaise feuille de cahier Seyès et d'un vieux bic baveux pour écrire sa lettre à la petite souris. Laquelle petite souris, Léocadie Tagada, par retour de courrier exprimera, sur un véritable papier à lettre, avec un bon stylo-plume et dans un langage choisi, ses objections à un tel projet.
Il y a quelques années, les enfants avaient plaisir à comparer la qualité de l'écriture, le papier, les adresses des enveloppes, etc. qui distinguent Grizzli de Léocadie. Mais je ne vous cache pas que cela perd de plus en plus son sens à l'heure actuelle tellement cela devient loin, loin, loin de l'univers des enfants qui fréquentent l'école primaire...
Les scènes de l'échange de la dent contre les bonbons et les tentatives de capture de la petite souris demeurent vraiment très bien senties, très drôles et très bien illustrées. En revanche, le final de l'album, où l'on nous présente des coupures de journaux dans la section " petites annonces " n'évoquent absolument plus rien du tout aux enfants. Ils ne perçoivent plus le décalage et l'humour qui y étaient pourtant contenus.
Initialement, cet album était vraiment un must pour les élèves de 7-8 ans (CE1-CE2) afin de leur permettre d'envisager cet art si spécial de la correspondance. Désormais, j'ai le sentiment d'être un horrible brontosaure anachronique quand je propose cet album aux enfants et je ne sais plus trop quoi en penser, eux qui n'ont que les tablettes numériques en tête (je l'avais proposé il y a longtemps avec un certain bonheur et j'ai refait l'essai récemment, et ce fut un flop monumental, d'où ma critique dubitative). Mais, bien évidemment, ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Le chat du dentiste a perdu une dent et il compte bien en profiter pour pouvoir se mettre "La" petite souris sous ses autres dents. Mais les souris sont parfois très intelligentes. Lire la correspondance entre le chat et la petite souris est très sympa, si on y met toute l'intonation qu'il faut. La fin est visuelle donc les enfants doivent bien regarder les images pour comprendre pourquoi le chat attrape une tête toute rouge.
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Qui du chat ou de la petite souris aura le dernier mot?
Un album jeunesse joliment illustré, plein d'humour et d'originalité qui ravira les enfants et séduira les grands!
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