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Critique de alouett


1942.

Sept femmes habitant dans un même immeuble. Sept voix.

Andrée est concierge, le genre de femme mal embouchée qui aime avoir le dernier mot et fourre son nez dans ce qui ne la regarde pas. Il y a Simone sa fille, un peu garçon manqué et artiste en herbe ; pour gagner un peu d'argent, elle est portraitiste à Montmartre. Dans les étages, il y a Henriette Flament, la vieille fille acariâtre de l'immeuble, très à cheval sur les bonnes manières mais elle a la main sur le coeur. Joséphine quant à elle est belle comme les blés, elle mord la vie à pleines dents mais quand elle est perdue dans ses pensées, on ne voit que sa tristesse. Judith est enceinte et c'est la seule à avoir son homme à la maison ; lui, c'est un gendarme, un « planqué » qui a peut-être du mal à assumer le confort de sa situation alors pour évacuer sa contrariété, il tape sa femme. Sarah quant à elle est juive ; elle n'a pas pu partir aux Etats-Unis avec son mari et ses filles parce que son fils est atteint de la polio, qu'un tel voyage avec l'enfant (trop malade, trop fragile) n'était pas envisageable alors elle est restée pour s'occuper de lui et elle se ronde les sangs à l'idée que la Gestapo vienne les chercher.

Et puis il y a Rose, infirmière et femme d'un soldat français qui est détenu en Allemagne. Depuis le début de la guerre, elle élève seule leur petit garçon. La vie est plutôt calme jusqu'au jour où Mark fait son apparition. Il doit contrôler l'appartement de Sarah, quelqu'un l'a dénoncée. Toc toc toc. C'est Rose qui ouvre la porte et la peur d'être démasquée est balayée par le coup de foudre qui la surprend… qui les surprend. Ils vont devoir se cacher, taire ce terrible secret pour pouvoir vivre leur passion.



Un récit qui place des femmes au coeur de son intrigue. Retour sur une période sombre de l'Histoire, la Seconde Guerre Mondiale. Les hommes ont quitté les villes pour aller défendre l'honneur de la partie sur le front. Les femmes s'organisent et à part quelques hommes (infirmes, enfants, vieillards et « planqués), le quotidien s'organise souvent douloureusement. Parmi ces femmes, certaines sont contraintes de travailler pour assurer les charges du foyer, l'éducation des enfants… La prostitution est une alternative trop courante pour arrondir les fins de mois voire pour « payer » la faveur d'un soldat allemand. Pourtant, pour certaines femmes, il y a des sentiments sincères qui naissent. Ennemi ou pas, le coeur parle plus fort que la raison.

Le scénario de Navie montre parfaitement cette tension qui s'impose aux femmes. Elle montre également la violence de cette société où le droit des femmes est bafoué ; privées du droit de vote, reléguées aux tâches domestiques… elles s'en accommodent mais une minorité ose élever la voix et croire en un possible changement des mentalités. Timide contestation, en temps de guerre, contre cette société patriarcale qui n'est pas tout prête à ce changement ; hérésie que d'envisager qu'une femme puisse voter et il n'est même pas concevable de penser qu'une femme puisse porter plainte contre un mari violent !

Sept femmes, sept personnalités très cohérentes, sept caractères qui cohabitent et sur lesquels s'appuie la scénariste. On est là dans un semi huis-clos où chacune est libre d'aller et venir mais c'est dans les murs de leur immeuble que tombent les masques et qu'elles tentent de s'épauler, d'oublier l'horreur de l'extérieur, de pallier au manque, de briser la solitude. Elles ont su recréer un peu d'humanité dans leur immeuble, un ilot de sérénité où l'on digère les humiliations quotidiennes. Un refuge dont les cloisons vont voler en éclats. Navie frappe un grand coup, son scénario nous rappelle immanquablement le contexte social en toile de fond. La guerre pousse chacun dans ses retranchements, pouvait-il y avoir une fin heureuse pour ces femmes ? Il fallait tenir compte que les Hommes sont inégaux face à la peur et tandis que certains ont cette force de garder leur dignité intacte, d'autres, égoïstement, couvent jalousement le peu qu'ils sont parvenus à conserver.
(...)
Lire la chronique complète : https://chezmo.wordpress.com/2017/02/10/collaboration-horizontale-navie-maurel/
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