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EAN : 9782343121789
216 pages
Editions L'Harmattan (15/09/2017)
4.67/5   3 notes
Résumé :
L'ouvrage de Nawal el Saadawi, célèbre médecin psychiatre, sociologue et romancière égyptienne, porte sur la défense des droits de la femme. Il expose le système patriarcal et ses retombées désastreuses sur la vie dramatique que mènent les femmes, victimes des sévices imposés par une société arabo-musulmane qui les réduit à un simple objet de jouissance et les confine dans leur rôle d'esclave. À travers ses expériences en tant que médecin dans les années 50 et 60, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le droit d'atteindre l'orgasme ne peut-être réservé aux seuls hommes

En absence d'indication de date, je suppose qu'il s'agit de la réédition du livre paru en 1969, révisé car il comporte des mentions sur les années 1970 et 1981.

Ce livre est partiellement daté, les recherches scientifiques plus récentes permettraient de modifier certaines formulations. Les analyses restent marquées par une certaine naturalisation (références nombreuses à la nature) et réductionnisme économiciste. L'homosexualité est abordée comme une « inversion des sexes », la masturbation comme une étape juvénile ou adolescente, les régimes bureaucratiques des ex-pays de l'Est de l'Europe sont présentés comme « socialistes »…

Mais là n'est pas l'essentiel. En effet, la mise à nu des mauvaises connaissances des organes sexuels féminins, (les individu·es effaré·es « par la connaissance comme la lumière qui éblouit les yeux habitués à l'obscurité »), l'engagement envers les femmes opprimées, les analyses de ce que nous nommons aujourd'hui rapports sociaux de sexe ou système de genre, l'exposition des fonctionnements du système patriarcal en Egypte, la force subversive des propos de cette autrice féministe restent d'une grande actualité.

Dans son court préambule, Abdelhamid Drissi Messouak écrit : « J'ai l'impression d'écouter la voix d'une femme se lamenter, gémir face à la toute-puissance, à l'omnipotence, à la prétendue omniscience d'un mâle en quête d'une proie facile, à la recherche d'un objet de jouissance soumis, d'une esclave subissant les ordres implacables et insatiables d'un homme qui ne pense qu'à éjaculer, sans prendre en compte la personnalité et la dignité de cette malheureuse, non seulement opprimée mais aussi réduite à l'état animal ». Il parle aussi du régime patriarcal dans lequel la femme mariée est « confinée dans un rôle subalterne et ne pouvant servir qu'à le satisfaire sur le double plan, érotique et des travaux ménagers », de Nawal El Saadawi qui a eu le courage « de dénoncer non seulement le système patriarcal mais aussi tout ce qui dans la religion rabaisse la femme et la prive de ses droits les plus élémentaires ».

D'abord, la mémoire d'une femme médecin et d'une jeune fille au « regard craintif et bizarre », accompagnée d'un homme, son mari, qui se plaint « j'ai découvert qu'elle n'était pas vierge »… Un hymen intact car élastique, une femme répudiée, un père et la responsabilité dite ouvertement « Vous, son mari et sa famille »… Ce n'est pas un sujet propre à la médecine, « il est aussi d'essence sociale, économique et morale ».

Nawal El Saadawi parle des conditions sociales qui contraignent les femmes à n'être que des corps, de l'ignorance de la constitution et du fonctionnement du corps, des organes « arrachés du corps de la femme, surtout les organes génitaux sensibles au plaisir sexuel », du clitoris « ignoré, méconnu et négligé », le clitoris qui n'est pas un appendice mais « un organe essentiel, au moyen duquel la femme connait le plaisir sexuel », de la jouissance et de l'orgasme, de la respectabilité et de la frigidité…

L'autrice discute du concept de virginité, des réalités de l'hymen (« ne joue aucun rôle physiologique ou biologique »), des différences corporelles, d'un « critère de l'honneur » construit sur une membrane fine, de la double morale appliquée aux femmes et aux hommes, « Les critères moraux définis par la société doivent s'appliquer à tous les individus, abstraction faite du sexe, de la couleur de la peau et de la classe sociale », des agressions et des accidents auxquels sont exposées les fillettes, du silence et du secret, de la grossesse et de l'accouchement comme contraintes…

Nawal El Saadawi analyse les constructions sociales (même si elle n'use pas de ce type de vocabulaire) des filles, les intimidations envers la découverte de leurs organes génitaux et de leur contact, le désir sexuel et son intensité, l'épanouissement possible, « la société reconnaît le droit à la jouissance pour le garçon, elle le nie chez la fille », la découverte des règles sans aucune information préalable, « sang impur ! », Elle critique avec vigueur les théorisations simpliste et sexistes de Sigmund Freud sur la sexualité des femmes.

Elle souligne les effets de l'éducation et de l'inhibition, les contraintes subies par les femmes, la crainte du sexe et l'imposition de la chasteté, « la défiguration du corps de la femmes et de son psychisme au nom de la chasteté », la « prison du concept étriqué de beauté », le centrage de la société sur la procréation et son contrôle, la dépersonnalisation des femmes… et leurs luttes « contre cette mort lente ».

« cette discrimination sexiste est artificielle, une invention de la société, et change en fonction de l'espace, du temps et du régime politique ». Nawal El Saadawi parle, entre autres, de biologie, d'anatomie, de physiologie, de corps en propre, « il est impossible pour une société juste de faire la distinction entre les personnes dans leurs droits et leurs devoirs en raison d'une quelconque différence physiologique ou biologique relative à l'un de leurs organes », du fantasme de la réduction des femmes à leurs utérus et des hommes à leurs testicules, de propagande de la supériorité des hommes sur les femmes inventée par les hommes eux-mêmes, des conditions sociales, des moyens contraceptifs, des enfants, « L'enfant ne choisit pas son père et sa mère qui lui sont imposés », du mariage comme commerce, de relation de maitre à esclave, de castration et d'amputation, de mutilations, de frustration, de famille et de civilisation, de religion, d'amour (« L'amour ne peut avoir pour base une relation où domine l'exploitation ou le besoin de protection, quelle qu'elle soit ») et de responsabilité de ses actes…

L'autrice développe des arguments forts autour de la capacité humaine à choisir librement, de l'autonomie des unes et des autres, de la liberté, des luttes « les sociétés capitalistes, à travers le monde, ne cèdent rien sans une lutte », du développement individuel, « l'essentiel est que chaque enfant, qu'il soit un garçon ou une fille, doit bénéficier de toutes les occasions qui feront émerger son talent ou sa force dans tous les domaines », de la mixité…

Le titre de cette note est inspiré d'une phrase de l'autrice

Un livre puissant sur la construction de la domination des femmes par les hommes, un hymne universaliste et féministe pour l'égalité et la liberté. La voix d'une féministe dans le « monde arabo-musulman »…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les critères moraux définis par la société doivent s’appliquer à tous les individus, abstraction faite du sexe, de la couleur de la peau et de la classe sociale
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L’amour ne peut avoir pour base une relation où domine l’exploitation ou le besoin de protection, quelle qu’elle soit
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l’essentiel est que chaque enfant, qu’il soit un garçon ou une fille, doit bénéficier de toutes les occasions qui feront émerger son talent ou sa force dans tous les domaines
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il est impossible pour une société juste de faire la distinction entre les personnes dans leurs droits et leurs devoirs en raison d’une quelconque différence physiologique ou biologique relative à l’un de leurs organes
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la société reconnaît le droit à la jouissance pour le garçon, elle le nie chez la fille
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Vidéo de Nawal El Saadawi
L’écrivaine féministe égyptienne Nawal al-Saadawi est morte à 89 ans. Elle était la figure de l’émancipation des femmes en Égypte. Médecin, elle avait écrit une cinquantaine de livres. Elle avait dû fuir l’Égypte en 1993 avant d’y revenir au début des années 2000.
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