Quelle jolie histoire ! Empreinte de douceur, de gentillesse, d'amitié sincère.
L'histoire est sérieuse, elle pose une question importante en amitié : en quoi est-ce important de s'oublier parfois pour faire plaisir à l'autre ? La réponse ici est simple : ce n'est pas facile, mais faire semblant de perdre peut apporter beaucoup de joie à un ami… et à soi-même !
Le texte est explicite sans être lourd. le renard est persuadé du manque d'habileté de son ami et son interrogation devant la grotte est claire : «Albert sera triste s'il perd une fois de plus. Et moi, même si J'ADORE gagner… j'adore encore PLUS mon meilleur ami ! » . Son désir de gagner est totalement exprimé, il accepte volontairement d'être frustré, par amitié. C'est une leçon de vie sans être une leçon de morale. Entre facilité de décodage des illustrations et simplicité du texte, les lecteurs pourront repérer des émotions, des intentions simples et toujours positives.
Les deux acolytes sont représentés par des formes simples qui mettent en valeur la bonhomie des personnages. On dirait deux peluches toutes douces à poser sur un lit ou à prendre dans les bras. Ils expriment par leurs postures, par leurs regards une multitude de sentiments. le renard est désabusé quand il trouve trop facilement son ami, il est ravi de trouver le fil rose qui lui permettra de suivre la trace, un peu déconcerté quand il réfléchit à la meilleure solution, trop content quand il voit son ami heureux… L'expression de l'ours est difficile à décoder sur la première de couverture et les premières pages, il semble heureux mais un peu rêveur, un peu ailleurs. Il est heureux de courir se cacher, étonné quand le nombre « 100 » résonne, heureux quand il gagne, coquin quand il tend le bras vers le fil du bonnet, taquin lorsqu'il fait un clin d'oeil au lecteur à la dernière page. Ce dernier clin d'oeil final renvoie aux premières pages. Albert n'est peut-être pas si nul que cela, pas aussi rêveur qu'il n'y paraît, Oscar peut toujours parler ! Les regards entre les personnages sont amusants et là encore très expressifs. Ils témoignent du lien amical fort qui les unit.
Les couleurs flaschies des accessoires vestimentaires nous font penser aux personnages roses fluo de Béatrice Allemagna. Elles focalisent le regard sur les objets pour ne pas perdre le fil du récit. Outre le jeu de cache-cache entre
Oscar et Albert,
Chris Naylor-Ballesteros joue avec son lecteur en lui faisant parcourir les pages le long du déroulement du fil de laine. C'est un plaisir de suivre les courbes, les contours, les montées, les descentes, toutes les sinuosités que laisse Albert en courant se cacher. Un plaisir rallongé par le temps de comptage car compter jusque 100 prend du temps, au moins trois pages ! Il y a aussi beaucoup d'esprit dans ce détricotage-retricotage qui ouvre sur une fin humoristique au détriment d'Oscar pour la plus grande joie d'Albert.
Oscar et Albert est une vraie histoire à compter et à raconter pour tous les enfants à partir de 4/5 ans.
Un album plaisir à parcourir sans modération !
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