Karim quitte Bordeaux pour Paris dans la précipitation. Un événement qu'il a subi le fait fuir sa famille. Il trouve refuge chez un homme vieillissant, une relation d'une relation au comportement assez étrange. Karim lui-même ne semble pas aller bien. Très vite, il agit bizarrement, se lie avec de parfaits inconnus et passe à des actes d'une violence inouïe.
Là, je reste volontairement sobre dans mon résumé de ce roman assez court (écrit gros et 180 pages très aérées), heureusement car il est tellement étouffant que plus dense il m'aurait sans doute été impossible d'aller au bout. Karim est en proie à des accès de violence qu'il ne semble pas maîtriser et ses relations aux autres n'ont jamais l'air vraies. Il cherche quelque chose, une lumière comme me l'indique dans sa dédicace
Hicham Nazzal. Je ne sais pas trop s'il la trouvera, mais sans doute sa conscience le travaillera longtemps.
Un roman choc est-il précisé en quatrième de couverture, je confirme. Dérangeant, étouffant ai-je écrit plus haut, difficile de tourner les pages par la crainte d'une violence plus forte mais difficile de ne pas les tourner pour savoir jusqu'où Karim peut aller et ce qu'il cherche et ce qu'il trouvera.
L'écriture est vive, acérée, elle colle parfaitement au propos, elle sait se faire également et étrangement sans que cela ne choque, poétique. Roman qui balance entre la classique recherche de soi et le thriller. Inclassable, original et fort, ce premier roman de
Hicham Nazzal, par ailleurs acteur et animateur télé ne peut laisser insensible. Il choquera sûrement, heurtera la bien-pensance -tant mieux-, fera réagir quiconque se plongera au-dedans, déboussolera les amateurs des mièvreries de l'année. La littérature sert aussi à cela, à faire bouger, à faire réagir et surtout à ne pas avoir la sensation de lire toujours le même roman.
J'en ressors, comment dire, tout chose, et pourtant j'avais craint une douceur gentillette lorsque j'ai vu les citations en exergue du roman, signées
Paulo Coelho et
Khalil Gibran ; je crains que Karim ne hante quelque temps mes pensées. Ci-après, les premières phrases pour vous mettre dans le bain :
"On ne peut reporter indéfiniment le besoin irrépressible de sang et de vengeance. Enfouis dans la forêt de l'inconscient, les cadavres trop bien cachés finissent tôt ou tard par remonter à la surface et réclamer leur dû. Surgissent alors les pulsions incontrôlables qui mènent au passage à l'acte, sans que rien ni personne puisse les anticiper et les arrêter, tant la macabre entreprise n'entre dans aucune grille de compréhension logique." (p.9)
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