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Critique de Stockard


« Jeune Africains-Américains à Chicago, avril 1941 ", par Russell Lee. Voilà pour la photo de couverture, je le précise parce qu'avant même d'ouvrir le livre, c'est cette image qu'on a sous les yeux et disons-le, quelle classe ! S'il fallait une raison supplémentaire pour se plonger dans cet ouvrage historique, ce cliché devrait largement faire l'affaire.
Passons...

Pour nous parler de l'itinéraire mouvementé des Noirs Américains, Pap Ndiaye fait le choix intelligible de nous présenter leur histoire sous un angle chronologique en commençant son odyssée par « Les Enchaînés du roi coton » pour la finir avec « Black lives matter » et l'assassinat de George Floyd comme point d'orgue ; soit 400 ans d'histoire compressés dans un ouvrage de 250 pages. Et c'est là que le bât blesse, si tous les sujets abordés sont passionnants, leur survol tresse comme un noeud de frustration. Ressenti tout personnel et faussement accusateur car jamais ce livre ne se targue d'entrer dans les détails de l'Histoire Africaine-Américaine, au contraire, son but avoué est d'ébaucher les évènements, dates et grands combats (souvent malheureux, mais parfois, au prix de luttes acharnées, victorieux) dans un linéament instructif tout en laissant au lecteur la possibilité de revenir sur chacun des épisodes ayant émaillés ces quatre siècles d'histoire en puisant dans des études plus approfondies dont Pap Ndiaye dresse la liste dans une intéressante bibliographie en fin d'ouvrage.
En parlant de fin d'ouvrage, je regrette aussi un peu l'absence d'un cahier retranscrivant tous les des grands discours cités au fil du livre. Une valeur ajoutée qui aurait été la bienvenue.

Mais venons-en au coeur même de cette quarantaine de décennies que nous retrace Pap Ndiaye, spécialiste francophone de la question s'il en est, entre émeutes (Watts, Los Angeles...) et répressions sanglantes qui suivirent automatiquement, meurtres (Emmett Till, Rodney King, Michael Brown, Trayvon Martin...) création d'organisations visant à aider, soutenir et faire entendre la voix de tous les opprimés (UNIA, NAACP, BPP...) et promulgation de lois et d'amendements (civil rights act, 13e, 14e et 15e amendement...).
Quatre siècles d'Histoire tourmentée pour qu'aujourd'hui et malgré la réussite de certains, les africains-américains continuent d'occuper au mieux une place de citoyens de seconde zone dans une Amérique qui semble tenir autant à son KKK qu'à sa NRA.
La question de l'égalité pour les noirs américains reste toujours tristement brûlante d'actualité et bien loin d'être réglée puisque, à l'instar de l'excellent La couleur de la justice de Michelle Alexander, Pap Ndiaye démontre à son tour – si besoin en était – que le discriminant système de caste en place aux États-Unis depuis plus de 400 ans (esclavage, lois Jim Crow, ségrégation...) n'a pas vocation à se laisser déboulonner et malgré les forces jetées dans la bataille par les Harriet Tubman, Malcolm X*, MLK, Marcus Garvey, Stokely Carmichael et autres Black Panthers, le racisme systémique loin de s'éteindre malgré son grand âge parait avoir encore de beaux jours devant lui.
La lutte continue, donc. We shall overcome.


*Si d'aventure les éditions Tallandier – qu'au passage je remercie chaudement ainsi que Babelio – devaient passer par là : ce serait bien qu'à l'occasion d'une réédition, Malcolm X (et non Malcom) retrouve son nom justement orthographié.
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