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Marianne Babut (Traducteur)Aymen Mbarek (Autre)
EAN : 9782957054510
224 pages
Alifbata (28/01/2022)
3.81/5   8 notes
Résumé :
Tunisie, 1984.
Le gouvernement annonce l'augmentation du prix des céréales, déclenchant une insurrection populaire qui enflamme le pays. Durant ces Émeutes du Pain, les Tunisiens découvrent une radio pirate animée par un mystérieux personnage qui sème la zizanie parmi les forces de l'ordre. Qui se cache derrière cette voix irrévérencieuse bientôt devenue une véritable légende urbaine ?

À travers Selim et son grand-père, les auteurs imaginent ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Faire revivre une légende, celle de Chbaya, c'est ce qu'ont admirablement réalisé Seif Eddine Nechi pour les dessins et Aymen Mbarek pour le scénario.
Une Révolte tunisienne, « les émeutes du pain » - ne pas confondre avec « la révolution de la dignité », comme l'appellent les Tunisiens, qui s'est déroulée du 17 décembre 2010 au 27 février 2011 – débute dans le sud de la Tunisie, le lundi 29 décembre 1983, à Douz, conséquence directe de la forte augmentation du prix du pain et de la semoule. La répression est sévère avec des snipers tirant à balles réelles sur les manifestants.
À partir de là, le mouvement gagne Kébili puis Souk Lahad, El Hamma, Kasserine puis Gafsa, toujours très sévèrement réprimé. Gabès, Sfax suivent et enfin, Tunis, la capitale où des dizaines de personnes sont tuées, les 2 et 3 janvier 1984.
L'état d'urgence est proclamé ainsi qu'un couvre-feu, de 17 h à 6 h du matin !
Finalement, le 6 janvier, le Président Habib Bourguiba annule les augmentations : la révolution a gagné au prix de nombreux sacrifices, à cause de la violente répression de la police et de l'armée.
Voilà ce que raconte ce roman graphique au travers d'une fiction qui prend parfois des allures vraiment mystérieuses avec ces pleines pages aux couleurs très sombres représentant particulièrement un serpent.
Après un début à Douz, la suite se déroule à Tunis où je suis le petit Salem Dridi gravement blessé à la main. Avenue Habib Bourguiba, il rêve devant l'affiche de « La fille de Trieste », avec Ornella Muti et Ben Gazzara.
Le fantôme d'un manifestant tué par la police apparaît. Il a été abattu à Douz et évoque la mort avec le garçon qui va vivre une émouvante complicité avec son grand-père, Ahmed. Son papi lui offre un talkie-walkie offert par un soldat américain après la bataille de Monte Cassino. C'est l'occasion de rappeler le sacrifice du 4e Régiment de tirailleurs tunisiens rattaché au corps expéditionnaire français pour prendre d'assaut cette place forte tenue par les nazis. L'assaut a débuté le 25 janvier 1944 et Ahmed y était et fut blessé.
Le père de Salem collabore avec le Parti socialiste destourien au pouvoir et les auteurs évoquent alors la révolte des étudiants du 5 février 1972. Cela permet de comprendre pourquoi le père de Salem se compromet avec les autorités.
Enfin, l'amitié d'Ahmed, le grand-père, avec son ami Farid qui parle italien rappelle qu'au début du XXe siècle, plus de 100 000 Italiens vivaient en Tunisie.
S'enchaînent alors les manifestations avec la répression aveugle de la police et de l'armée. C'est l'occasion pour Ahmed et le petit Salem d'utiliser le talkie-walkie en vampirisant la fréquence radio de la police. La légende de Chbaya, nom tunisien de Casper, le fantôme, commence.
Ainsi, le papi et son petit-fils baladent la police comme l'a fait, en réalité, ce fameux Chbaya dont l'identité n'a jamais pu être trouvée.
À la fin de ce bel ouvrage, les auteurs apportent les précisions historiques ainsi qu'un article éloquent du magazine « Jeune Afrique ».
Après le rappel de tous ces événements marquants de l'histoire tunisienne, j'en viens au dessin qui surprend, étonne et se révèle vraiment efficace.
Si je me suis un peu perdu dans la représentation des personnages, cela n'est pas grave car Seif Eddine Bachi produit une oeuvre artistique servant admirablement le scénario élaboré par Aymen Mbarek. Les dates, les lieux sont toujours précisés pour la lecture, même si souvent plusieurs pages se passent de texte grâce au dessin très réaliste.
Cette découverte m'a été permise grâce à Babelio et aux éditions Alifbata que je remercie, sans oublier le précieux travail de traduction réalisé par Marianne Babut.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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"On écrase la moindre résistance et on reprend la ville au plus vite; snipers, en place ! pas de pitié! Pas De clémence ! Compris?!"
À Douz, en décembre 1983 les forces de l'ordre, armée ou police font face a une population qui s'élève contre la suspension des subventions accordées aux produits céréaliers . Les forces de l'ordre tirent à balle réelle et tuent un gamin
Un autre gamin amputé de la main et en butte aux moqueries de ses camarades rencontre le fantôme de Belkacem qui a été tué..On apprendra plus tard pourquoi il fut amputé de la main
Le grand-père montre et offre à Salem un vieux talkie-walkie américain...Il date de la dernière guerre, de la bataille du Belvédère, au mont Cassino où le grand-père était soldat aux cotés de soldats américains. Il avait été, lors des ces combats, blessé au genou et un soldat américain lui a donné en cadeau ce talkie-walkie...devenu facétieux car leur permet d'entendre les conversation de la police et d'intervenir, dans les conversations entre groupes de policiers en demandant de déplacer des troupes pour faire face, ici ou là à des groupes de manifestants...groupes imaginaires qui mobilisent ainsi des hommes qui seraient bien plus précieux ailleurs...
Cet anonyme qui fait sourire la population deviendra "Chbayah ....une légende urbaine qui se prête à toutes sortes de spéculations". Chbayah signifie "Petit fantôme"
Jeune Afrique écrira en janvier 1984 : "Chbayah intervient de sa voix enrouée et un peu canaille , pour passer des messages politiques, invectiver, faire le pitre ou se laisser aller au sarcasme."
Le 6 janvier 1984, le Président Bourguiba dans un discours reviendra à la situation d'avant les hausses du prix du pain
Ce titre permet de mettre en lumière un épisode peu connu en France, de l'Histoire de la Tunisie, mais aussi des relations entre la Tunisie et l'Italie
Le style graphique évolue en fonction des périodes racontées : scènes muettes avec une mystérieuse vipère traitées en couleurs, scènes d'actions au trait caricatural et expressif, scènes du passé monochromes…le dessin est efficace et percutant...les visages en gros plan sont troublants
Merci à Babelio et à Masse critique pour cette découverte
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Voici un roman graphique intelligent, bien construit, qui mêle habilement un bref épisode historique tunisien méconnu (les émeutes du pain en janvier 1984) à un conte un peu fantastique.
Suite à l'augmentation du prix des céréales fin 1983, des émeutes populaires éclatent, sévèrement réprimées par la police. Un facétieux radio amateur branché sur le canal de la police sème la zizanie en leur donnant de faux ordres. Il est rapidement surnommé Chbayah, le fantôme.
Jouant sur le concept du fantôme, les auteurs donnent à Chbayah une double identité, l'une physique et l'autre dématérialisée via une victime des émeutes, tout autant imaginaire l'une que l'autre.
Via quelques flash-back dans l'histoire de chacun des personnages, c'est aussi plusieurs autres pans de l'Histoire tunisienne qui sont abordés, faisant de ce récit un témoignage plus large que l'unique épisode des émeutes de 1984.
Le dessin est dynamique, brossé à coups de traits rapides et encré simplement. Les parties historiques plus anciennes ont un autre rendu, aquarellé, on distingue bien les périodes et les histoires. Quelques dessins en pleine page dynamisent aussi le rythme. En parallèle, dans encore un autre registre graphique, est insérée une métaphore animalière de ces événements via un chasseur, un prédateur et une proie.
L'ensemble fait un roman graphique assez original, à la fois drôle, touchant, et instructif, qui se lit avec plaisir.

Un immense merci aux éditions Alifbata pour leur confiance dans le cadre d'une masse critique.
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critiques presse (2)
BDZoom
23 mars 2022
Ce récit original se dote d’une variété de styles graphiques en fonction des périodes racontées : scènes muettes avec une mystérieuse vipère traitées en couleurs, scènes d’action au trait caricatural et expressif, scènes du passé monochromes…
Lire la critique sur le site : BDZoom
BDGest
15 février 2022
Le dessinateur n’hésite pas jouer sur les cadrages pour faire percevoir l’intensité des affrontements ou l’aveuglement des forces armées, les visages rieurs et moqueurs cédant la place à des faces grimaçantes et vociférant.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- Mais de quelles émeutes parles-tu ?
- De la révolte qui a éclaté dans plusieurs villes du pays. Tunis suivra bientôt.
- Et contre quoi au juste ?
- La hausse des prix des céréales qui affame le peuple.
- Je peux faire quelque chose ?
- Certainement ! C'est la révolte des misérables contre le pouvoir. Celle d'une jeunesse désespérée contre la répression policière !
- Alors, je suis avec les insurgés !
(pages 74-75)
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- Mais papa, ce sont des casseurs ! T’as pas entendu la déclaration du ministre de l’Intérieur ?
- Je ne suis pas aussi sénile pour gober leur propagande. Votre Président par contre…
- Je n’ai jamais compris ta haine envers Bourguiba.
- Moi non plus.
- Arrêtez de parler politique devant le petit !
(pages 88-89)
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- Où étiez-vous passés ?!
- Tout va bien maman, on était chez tonton Farid.
- L’armée est déployée. Un couvre-feu est imposé de 17 h à 6 h du matin et Samir n’est toujours pas rentré !
- Ne t’inquiète pas, Samir s’en sort toujours. Comme les vipères !
(page 149)
Commenter  J’apprécie          410
- Papi, j’ai une idée !
- Une bonne, j’espère !
- Et si on les (la police) envoyait dans un lieu différent toutes les quinze minutes ?
- C’est un peu improvisé… Mais ça a l’air marrant !
- J’appelle la base ! Casseurs signalés rue d’Angleterre…
- Tirez pour les disperser en attendant les renforts !
(page 144)
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- La mort, ce n’est pas la fin du chemin. C’est la porte de la vie éternelle.
- La mort c’est la mort !
- Non, mon ami. La mort rend les braves éternels et condamne les lâches à l’oubli.
- Pas sûr d’avoir compris, mais c’est bien dit…
(page 71)
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Video de Aymen Mbarek (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aymen Mbarek
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