– Ion, c’est vrai que Nichita Stănescu est mort ?
– S’il avait moins bu, il ne serait pas mort ! décrète Mme Ion sur un ton ferme, apodictique, n’admettant nul droit d’appel pour les deux témoins de son affirmation. Puis, ayant jeté un regard extrêmement critique sur la pièce où le téléviseur, un vieux Sport, mouline des images phosphorescentes gris vert, elle ajoute, intraitable : Tu n’as toujours pas fini ? Je te prie de ranger tout de suite ton foutoir, moi je n’en peux plus ! Si au moins tu en vendais, puisque t’en as pondu un tas.
En guise de point final à sa dernière phrase, elle claque la porte de la cuisine. Pareil à un somnambule, Murivale passe du vestibule dans la pièce à tout faire en slalomant entre les multiples œuvres d’art de Ion.