Il s'agit ici d'une nouvelle historique très célèbre. Alexandru (IV) Lăpușneanu est un personnage historique qui a réellement existé. Fils illégitime de Bogdan III l'Aveugle, il régna sur la Moldavie de 1552 à 1561.
La nouvelle qui comporte le sous-titre 1564-1569 présente le retour au pouvoir d'Alexandru Lăpușneanu. À la frontière l'attendent les boyards traîtres de son premier règne, déterminés à l'en empêcher : le vornic Moţoc (titre porté par un grand boyard, sorte de ministre de l'intérieur), le postelnic (grand boyard, qui était une sorte de grand chambellan de la Cour princière) Veveriţă, le spătar (chef de l'armée) Spancioc et Stroici.
Alexandru Lăpușneanu se venge progressivement des boyards en leur faisant perdre leurs fortunes et en les tuant lors d'un repas de fête. Il formera avec leurs têtes une pyramide devant l'image de laquelle son épouse Ruxandra s'évanouira. Moţoc est livré à la colère de la foule pour qu'elle s'y déchaîne.
Durant quatre ans et selon une promesse faite à sa femme, il ne tuera plus personne. Toutefois, se sentant menacé par les deux traîtres qui lui avaient échappés, Spancioc et Stroici il déménage dans la cité de Hotin où il tombe malade est devient moine. Mais il devient aussi cruel et menace quiconque avec la mort.
Sur les conseils de Spancioc, Ruxandra empoisonne son mari qui meurt dans d'affreuses souffrances.
Negruzzi est un artiste classique, un moraliste chez qui le portrait et la scène de moeurs ne sont pas sans rappeler l'art d'un La Bruyère.
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– Vous faire confiance ? dit Lăpușneanu, qui pénétrait son dessein. Tu penses peut-être que je ne connais pas le vieux dicton moldave : « Le loup change de poil, mais non de caractère » ? Tu penses peut-être que je ne vous connais pas, et toi mieux que les autres ? Que je ne sais pas non plus que, chef de mes armées, tu m'as abandonné à l'heure de la défaite ? Veveriță, certes, a toujours été mon ennemi, mais ouvertement ; Spancioc est encore jeune, son cœur est plein d'amour pour son pays ; j'aime voir sa hardiesse, qu'il ne tente pas de cacher. Stroici est un enfant qui ne connaît pas encore les hommes, ni la flatterie, ni le mensonge ; il ne sait pas que tout ce qui reluit n'est pas or. Mais toi, Moțoc toi qui as vieilli dans l'adversité, habitué à flatter tous les princes, tu as trahi le Despote, tu m'as trahi moi-même, tu trahiras Tomșa. Dis-moi : ne serais-je pas le plus grand des sots de te faire encore confiance ? Je te pardonne pourtant d'avoir cru pouvoir me tromper et te promets de ne pas souiller mon épée de ton sang. Je t'épargnerai, car tu m'es nécessaire pour aider à porter le poids de la haine populaire. Il reste des bourdons : il faut nettoyer la ruche.
(Dans la traduction de Valentin Lipatti)
[— Să mă-ncred în voi? zise Lăpușneanul înțelegînd planul lui. Pesemne gîndești că eu știu zicătoarea moldovenească: „Lupul părul schimbă, iar năravul ba“? Pesemne nu vă cunosc eu și pre tine mai vîrtos? Nu știu, că fiind mai mare peste oștile mele, cum ai văzut că m-au biruit, m-ai lăsat? Veveriță îmi este vechi dușman, dar încăi niciodată nu s-au ascuns; Spancioc este încă tînăr, în inima lui este iubire de moșie; Îmi place a privi sumeția lui, pre care nu se silește a o tăinui. Stroici este un copil, care nu cunoaște încă pre oameni, nu știe ce este îmbunarea și minciuna; lui i se par că toate paserile ce zboară se mănîncă. Dar tu, Moțoace? învechit în zile rele, deprins a te ciocoi la toți domnii, ai vîndut pre Despot, m-ai vîndut și pre mine, vei vinde și pre Tomșa; spune-mi, n-aș fi nătărău de frunte, cănd m-aș încrede în tine? Eu te iert însă, c-ai îndrăznit a crede că iar mă vei putea înșela, și îți făgăduiesc că sabia mea nu se va mînji în sîngele tău; te voi cruța, căci îmi ești trebuitor, ca să mă ușurezi de blăstemurile norodului. Sînt alți trîntori de care trebuie curățit stupul. ]