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Séduisante immersion au coeur de l'élite artistique des années 20 et des différents courants émergents (dadaïstes, samedistes, groupe des six ), ayant pour figure centrale Raymond Radiguet, diable au corps, esprit aux aguets, âme tourmentée, qui a su très tôt se faire remarquer.
A quatorze ans, il fait ses premières armes (de séduction fatale) auprès d'une jeune femme mariée à un poilu mobilisé , histoire qui sera à la base de son premier roman et qui lui vaudra scandale et renommée.
Max Jacob se prendra d"amitié ( particulière) pour ce jeune provincial doué. Cocteau prendra la relève et introduira son jeune protégé dans la sphère des gens haut placés ( dont Grasset).
Raymond se noie dans l'alcool, s"époumone dans l'opium, s'enivre de senteurs féminines....vie d'excès qui finira sérieusement par l'éreinter, puis une fièvre typhoïde, trop tard diagnostiquée, qui l'emportera.
Un livre frémissant sur un auteur fauché en pleine jeunesse et en pleine gloire, (comme Alain-Fournier), mais qui a su accomplir son rêve entêtant de reconnaissance et de postérité.
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Jessica L. Nelson a l'art de nous intriguer par les titres de ses livres.
Le précédent : « Debout sur mes paupières » est une citation d'Eluard.
Cette fois « Brillant comme une larme » est une phrase empruntée à Cocteau.
« Le titre d'un roman est fondamental. Il est le pont établi avec le lecteur » !(1)

L'écrivaine ressuscite l'écrivain Radiguet ( 1903-1923), qui a eu un parcours de comète dans le milieu littéraire. La photo de la couverture le montre rayonnant entouré des habitués du Magic City.

Le prologue daté d'avril 1923 commence par une séance de spiritisme en compagnie de Jean et Valentine Hugo, de Georges Auric, du dandy de la capitale Jean Cocteau et de Raymond Radiguet, soucieux de savoir s'il va décrocher un prix pour « Le Diable ».

Jesssica L. Nelson concentre son récit sur Radiguet qui, lui, aimerait revenir à avril 1917, date de sa rencontre avec Alice, alors qu'il n'a que 14 ans.
Elle relate l'éducation sentimentale, le parcours initiatique fougueux du jeune Ray qui brûle de désir pour sa voisine institutrice qui l'a hypnotisé.
Pour la séduire, il s'est fait passer pour un jeune homme de 17 ans.
Idylle compliquée, chaotique, puisqu'Alice est fiancée à un poilu.
Après la rupture, « le casanova en culottes courtes » cumule les conquêtes et les nuits blanches. Se succèdent Irène, Béatrice, Mary, et Bronia , sa dernière fiancée qui ne supporte plus de le voir accaparé par la correction des épreuves du prochain roman.



En parallèle, l'auteure dresse le portrait du jeune prodige, « ce banlieusard » de Saint- Maur, désireux de ne pas rester « un grouillot de presse », et multipliant les contacts avec des gens influents afin de se faire publier ( Auric, Doucet).
Il étudie à la Colarossi, montre une érudition qui donne le tournis et lui permet de s'introduire dans le milieu parisien. Il est doté d'une intelligence hors du commun, a pour maître Apollinaire.
On assiste à la naissance de l'écrivain: parmi ses projets : «La règle du jeu », Denise, l'Âge ingrat ». Ce dernier inspiré par « le fantôme de sa vie d'avant ».
Il soumet des bribes de ses ébauches à Cocteau qui lui prodigue conseils et encouragements. Sa consécration sera d'être publié chez Grasset.
L'écrivaine développe une réflexion sur la création : « Le roman est un mensonge qui dit toujours la vérité », et « un écrivain ne se repose jamais ».


Quant à Picasso, il a du fil à retordre, face à ce « modèle agité, déroutant ». Il est fasciné par son « visage à la beauté égyptienne, aux lèvres charnues ». Il trouve « le roi de l'esquive » «  gonflé » de « se jouer des ardeurs des homosexuels  dont il s'est entouré ».


La biographe nous plonge dans l'atmosphère de l'époque, dépeint une fresque d'un « Paris assoiffé de divertissements », où l'on boit, danse, se déguise, s'amuse. On fréquente « Le boeuf sur le toit », les ateliers d'artistes.
Période où les intellectuels fréquentent les cafés littéraires, comme « la Closerie des Lilas », que l'écrivaine connaît bien pour faire partie du jury du Prix décerné par cette institution. Cocteau, lui, lance la mode «  des dîners du samedi » où se retrouvent artistes et écrivains. Paris n'est-il pas une fête ?

Radigo , «  Monsieur Bébé », a pris goût aux « pérégrinations des Samedistes », tantôt au cirque Medrano pour applaudir les clowns Fratellini, tantôt à la foire de Montmartre. le talent est à toutes les portes.C'est dans une foule exubérante qu'il se glisse et slalome lors d'un bal organisé dans un château à Robinson, terreau pour son roman « Le bal du comte d'Orgel ».

La romancière évoque aussi la banlieue de l'ado de Saint- Maur qui a subi
la grande crue de 1910, traumatisant les habitants dont la mère de Radiguet. Paris avait les pieds dans l'eau, la Marne était sortie de son lit.

Si Paris est « une fête », Paris est aussi « un tombeau ». Moment plus tragique, le 27 janvier 1920, Modigliani est conduit à sa dernière demeure au Père -Lachaise, alors que sa compagne Jeanne Hébuterne attend un enfant.


Jessica L. Nelson décrypte la relation que « Radigo » entretient avec ses parents, des parents choqués par les rumeurs de sa liaison avec l'institutrice Alice. Que penser d'une jeune femme fiancée se permettant des écarts ?
Ils s'inquiètent de le voir s'émanciper à 16 ans, en s'installant dans un hôtel du centre de la capitale.
Puis, ils désapprouvent sa fréquentation de Cocteau, le mettent en garde contre le risque d'être entraîné dans la prostitution, subodorant qu'il est sa muse.
Pourtant Raymond va être entretenu par son mentor, acceptant des séjours sur la côte Méditerranéenne et dans le bassin d'Arcachon, lieux d'inspiration. Ils écriront même à quatre mains !

La romancière scrute l'attirance de l'un et la résistance de l'autre lorsque le maître et son protégé se retrouvent en tête à tête. Mais Cocteau « se montre d'une tendresse respectueuse et constante, toujours attentionné. Il en aimerait davantage mais ne demande rien ». Une complicité unique les lie. Il n'en sera que plus dévasté et taraudé de culpabilité lorsque Raymond est emporté par la typhoïde. Mais aurait-il pu éviter à Raymond de se détruire par tous les breuvages, cocktails , opium, consommés et de s'épuiser dans toutes ces soirées ?
En nous faisant entendre la voix d'outre- tombe de Raymond, que seul Cocteau perçoit, la biographe suscite une vive émotion.


Jessica L. Nelson restitue /retrace, avec beaucoup de passion, à la fois la vie sentimentale et intellectuelle de l'auteur du « Diable au corps », dans une écriture parfois fiévreuse, lascive et même érotique.
« Écrire n'est-il pas un acte d'amour » ?
Elle met en lumière avec intensité sa « vie de météorite » qui rêvait de postérité.
Une citation de Cocteau clôt cette biographie romancée, «pure merveille »(2) : « Le vrai tombeau des morts, c'est le coeur des vivants ».



NB :

Pour ceux qui ne connaissent pas l'écrivaine Jessica L. Nelson, elle est la cofondatrice des éditions des Saints Pères qui publie les fac-similés, copies parfaites des manuscrits des plus grands chefs -d'oeuvre. Ayez la curiosité de consulter leur site. Parmi les plus récentes publications, on trouve l'histoire originale de Peter Pan, des dessins de Cocteau.

Quant au libraire Gérard Collard qui a fait de ce magnifique roman son coup de coeur, il a un lien géographique avec Radiguet puisque « La Griffe noire » , implantée à Saint-Maur, est certainement hantée par le fantôme de l'étoile filante.

(1) : Citation de Jessica L. Nelson

(2) « Une pure merveille », expression de Gérard Collard dans une vidéo pour marquer son admiration pour ce roman.





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Elle avait dix ans de plus que lui, il était encore un adolescent et ils avaient le diable au corps… Vous l'avez relu dix fois et vous en voulez encore ? Lisez ce prodigieux roman de Jessica Nelson et découvrez la véritable histoire de Raymond Radiguet.

À quatorze ans, il découvrait Alice, future Marthe Lacour, sur le quai d'une gare. À vingt ans, il mourait, adulé par la presse et reconnu par ses pairs. Entre temps : six années, une vie, une oeuvre. Pressentait-il la brièveté de son existence pour répondre aussi bien à l'urgence ?

Avant l'ambition, l'amour. Radiguet convoite une femme mariée dont le mari est au front. On est en 1917, la guerre n'est pas gagnée, l'argent manque, pourtant Raymond et Alice se retrouvent tous les soirs et s'aiment éperdument. le jeune homme le sait : les plus belles histoires sont celles qui n'ont aucun avenir. 

Les habitants de Saint-Maur murmurent le scandale et au bout de quelques mois, intenable, assoiffé, le jeune Raymond quitte Alice et rejoint Paris pour proposer ses dessins, puis ses articles et des poésies.

Il sonne aux bonnes portes, côtoie les artistes les plus influents de l'après première guerre. 

Pourquoi s'économiser quand on a 17 ans et du génie ? Séducteur malgré sa myopie, amoureux des lettres, du whisky et des femmes, il ne vise qu'une chose : « la postérité », rien que ça. En Cocteau, il trouve un mentor. Jean aime éperdument le jeune homme qui en retour donne le minimum pour rester dans son giron protecteur. Cocteau le présente et le propulse. Raymond rencontre Picasso, Modigliani, Brancusi, et tellement d'autres. Aragon le jalouse, Breton le critique. de toutes ces soirées naîtra « Le bal du comte d'Orgel ». Cependant Raymond a une santé trop fragile et a besoin de calme pour écrire, alors Cocteau l'emmène dans le Sud et aide le jeune poète à se réaliser, loin du tumulte parisien et de ses démons…

Plongez dans l'effervescence créatrice de l'époque et découvrez un Raymond Radiguet bien plus sombre et féroce que le protagoniste romantique du « diable au corps » ne le laissait supposer. Totalement embarquée dans le destin fascinant du jeune prodige, j'en ai oublié l'écriture et le temps qui passait. Je vous recommande vivement ce roman parfaitement abouti, passionnant et inspirant. Merci Jessica Nelson pour ce livre qui manquait à la culture française !
Lien : https://agathethebook.com/20..
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Échanges futiles entre les personnages je n'ai pas trouvé le fil qui habituellement me tire jusqu'à la fin d'un ouvrage. Désolée car il a fait presque l'unanimité mais bon il y a tellement d'ouvrages passionnants que je préfère vite passer à autre chose
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Raymond Radiguet remplit tous les stéréotypes artistiques du siècle dernier : alcoolique et drogué, coureur de jupons et séducteur invétéré, génie littéraire et victime précoce d'une maladie fatale. Que demander de mieux pour un personnage de roman ? Jessica L. Nelson l'a bien compris, ce type de personnages, aussi réels qu'ils paraissent impossibles, fascinent, et Raymond Radiguet est sans conteste de ceux-là. Sa vie commence vraiment lors de sa rencontre avec Alice, jeune femme séduisante promise à un soldat parti au front. Nous sommes en 1917, Raymond a 14 ans, et il s'en fout pas mal de la guerre – un sentiment qu'il ne se privera pas de retraduire dans le Diable au corps, son scandaleux roman resté dans les annales.

Jessica L. Nelson nous relate les six années de vie qui ont fait de Raymond Radiguet une figure de la littérature française – alors même qu'il est mort à seulement 20 ans de la fièvre typhoïde. En six ans, Radiguet découvre l'amour, l'adultère, les obligations familiales, le succès, l'amitié, la paternité, la débauche – il faut dire que l'après-guerre a poussé plus d'un homme hors de son berceau. L'auteure parvient, avec un style littéraire mais jamais trop ampoulé, à décrire magnifiquement les personnages complexes qui peuplent ces années folles, ces artistes engagés dans une quête sans fin de plaisirs faciles et de postérité. On y croise Cocteau, Brancusi, Auric, Modigliani, Aragon, Breton mais aussi Bernard Grasset, fondateur des éditions du même nom ! C'est un délice de découvrir Raymond Radiguet, ce personnage tout en controverses, solitaire à la recherche de l'enivrement des sens, jeune déjà vieux qui collectionne les maîtresses et le coeur des hommes.

Brillant comme une larme est une plongée délicieuse dans le Paris littéraire de l'entre-deux-guerres, vu par les yeux d'un génie hors du commun.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Je vous conseille cette biographie romancée de Raymond Radiguet. Cet écrivain talentueux fut une météorite dans le paysage littéraire français de l'après-guerre.
L'auteur nous plonge dans ce bouillonnant milieu intellectuel et artistique post première guerre mondiale.
Raymond Radiguet, mort à 20 ans, fut un écrivain plein de vie et bourré de talent. Acharné à réussir il sut séduire ses protecteurs tels que Max Jacob et Jean Cocteau.
Un ouvrage très agréable à lire où vous ferez de nombreuses rencontres.
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Ce livre est une belle surprise. Une biographie romancée de l'ecrivain Raymond Radiguet. C'est un écrivain que je n'ai jamais lu et que je ne connais pas bien. C'est donc avec grand plaisir que j'ai découvert la vie de ce jeune génie.

La vie de cet écrivain se prête parfaitement à un roman et il faut avouer que ce livre est maîtrisé de bout en bout par Jessica Nelson. le style est agréable à suivre, c'est bien rythmé, parfaitement documenté et c'est une bonne première approche / découverte de cet écrivain qui est proposé là. On y croise bien sur aussi les personnages célèbres qui ont accompagné l'ecrivain pendant sa courte vie (Jean Cocteau, Picasso, Modigliani, Jean Hugo...).

Au-delà de la vie de l'ecrivain, ce livre est aussi une plongée dans la société française pendant les années qui verront la fin du premier conflit mondial et la période d'après-guerre.

Un roman très intéressant donc, bien écrit. On en apprend pas mal sur ce jeune prodige de la littérature et sur les différentes phases de sa vie. Cela donne envie de se (re)plonger dans l'oeuvre de Raymond Radiguet avec ces éclairages en tête. Une surprise que je recommande sans hesiter.
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Jessica Louise Nelson est une romancière et éditrice française. Elle a été conseillère littéraire pour différentes émissions télévisuelles. Elle est également cofondatrice du Prix de la Closerie des Lilas et des éditions des Saints Pères. Brillant comme une larme est son quatrième roman, publié chez Albin Michel.

Paris, 1917. Un tout jeune garçon se presse pour rejoindre sa maîtresse, de dix ans son aînée. Il veut aller vite, trop vite. Il ne sait pas encore qu'il porte en lui le génie de la littérature et que son parcours de comète se mêlera aux destinées de Coco Chanel, Max Jacob, Picasso, Breton et Aragon, et surtout à celle de Jean Cocteau… Mais il est persuadé qu'il a de grandes choses à accomplir et peu de temps pour y parvenir. Raymond Radiguet, futur auteur du Diable au corps, va tutoyer les étoiles et s'y brûler.

Avec Brillant comme une larme Jessica Louise Nelson fait revivre une époque culturelle et intellectuelle, celle de l'immédiat après-guerre de 1914-1918. Elle dresse le portrait tout en finesse de Raymond Radiguet, ce jeune auteur originaire de Saint-Maur qui a le diable au corps.

Précoce, Radiguet sort tout juste de l'enfance lorsqu'il séduit Alice son institutrice de dix ans son aînée et mariée. Sentant le vent du scandale souffler, ce séducteur prépubère fuira sa banlieue pour errer dans la capitale à la recherche du journal qui publiera ses dessins ou articles. Assoiffé de reconnaissance, ce jeune prodige n'a plus qu'une obsession, marquer à jamais son époque, être connu. Audacieux, éminemment intelligent, il est prêt à tout pour parvenir à ses fins. Dès lors, il va muer en oiseau de nuit, fréquenter tous les lieux à la mode, côtoyer les artistes les plus influents tels que Coco Chanel, Modigliani, Max Jacob, Picasso, Breton, Aragon et surtout Jean Cocteau. Impressionné par le jeune impétueux et épris de lui, ce dernier le prendra sous son aile. Il permettra à Raymond Radiguet à la santé délicate et de plus en plus dégradée du fait de ses excès à répétition d'achever l'écriture de son roman qui lui ouvrira les portes de la postérité. le nom de Raymond Radiguet est à jamais associé à ceux des grands auteurs français, grâce à son célèbre roman le diable au corps. Il a été emporté par une fièvre typhoïde alors qu'il n'avait pas vingt ans.

Brillant comme une larme restitue l'ambiance de ces années folles et Jessica Louise Nelson rend hommage à la détermination d'un auteur qui voulait tutoyer les étoiles.
Lien : https://the-fab-blog.blogspo..
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Je termine avec délectation cette biographie romancée à la plume élégante et évocatrice après avoir relu le Diable au corps, que j'ai trouvé d'une puissance troublante, alors même que le narrateur m'était antipathique et le style dépouillé. Qu'il s'exprime avec autant de recul à même pas 20 ans est impressionnant : "Ces escarmouches peinaient Marthe ; assez intelligente et assez amoureuse pour se rendre compte que le bonheur ne réside pas dans la considération des voisins, elle était comme ses poètes qui savent que la vraie poésie est chose "maudite", mais qui, malgré leur certitude, souffrent parfois de ne pas obtenir les suffrages qu'ils méprisent."
Pendant la 1re partie de Brillant comme une larme, j'avais l'impression de relire une 2e fois le chef-d'oeuvre de Radiguet, puisqu'il s'est inspiré de sa liaison aussi brève qu'intense avec Alice pour dépeindre celle que le narrateur du roman entretient avec une certaine Marthe, institutrice et peintre amateur. Beau parleur et manipulateur, "Ray" n'aime rien tant que ce qui lui résiste ; sûr de son talent et très audacieux pour son jeune âge, il ne craint pas de se réclamer d'Apollinaire, quitte à passer pour pédant...Il sait s'entourer de personnes influentes et frapper aux bonnes portes, jouer de son orientation sexuelle. S'il agace les surréalistes Breton et Aragon, il subjugue Picasso et Cocteau, secrètement amoureux, qui le prendra sous son aile, l'emmenant dans le Sud pour l'éloigner des plaisirs nocifs de la capitale et le forcer à travailler.
A travers la restitution de ce Paris des Années folles où les artistes décadents se tirent la bourre entre Montparnasse et Montmartre, l'on assiste à la trajectoire d'un génie fauché en pleine gloire, qui court de jupon en pige, de bal parisien en guinguette sur la Marne, faisant tourner les coeurs et les têtes à un rythme dont il sera le premier à souffrir, puisqu'il se tuera à la correction de son 2e roman, le Bal du conte d'Orgel, alors que sa santé décline déjà.
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Ce roman, dont le titre est emprunté à Jean Cocteau, a fait couler beaucoup d'encre. Il a figuré parmi les sélections du prix des lecteurs Orange 2020 et a été encensé par nombre de critiques littéraires. Il faut rappeler quand même que son auteure, Jessica L. Nelson, est une romancière française également critique littéraire, assez réputée et appréciée dans le petit monde de l'édition.

D'environ 300 pages, l'ouvrage nous retrace l'adolescence et la mort de Raymond Radiguet, jeune prodige littéraire et auteur du Diable au corps, dans le Paris des années folles. Côté ambiance, tout y est : la légèreté, l'alcool, l'opium et la volupté de ces années, marquées par Aragon, Coco Chanel, Picasso, André Breton et bien sûr, Jean Cocteau. Pour les amateurs de personnalités littéraires, il y a du beau monde ! La vie de Radiguet n'est pas inintéressante et sa passion amoureuse, à seulement 14 ans, pour Alice Saunier, nous permet de mieux comprendre les conditions dans lesquelles il a écrit le diable au corps.

Pour autant, je trouve que les bénéfices du livre s'arrêtent là. Je m'en veux d'être un peu dure mais j'ai trouvé que l'ouvrage était écrit avec les pieds, sans aucune fluidité dans le style et sans beauté dans l'écriture, ce qui est dommage lorsque l'on raconte la vie d'un génie de la littérature. Beaucoup d'aspects poussifs, de propos pour ne rien dire ou répéter, d'incohérences dans la structure… Pourtant lorsque je me balade sur la toile, je ne lis que des commentaires élogieux. Suis-je passée à côté d'un vrai bon roman ?

Enfin, et c'est quand même regrettable puisqu'il s'agit du héros, ce livre ne m'a pas rendu Radiguet sympathique ou intelligent. J'ignore si c'était le but mais je ne l'ai pas refermé en disant « quand même, quelle vie ! Quel auteur ! ». Non, je l'ai refermé en pensant « ouais, tout ça pour ça, il était temps d'en finir ».

Mille excuses donc pour les aficionados du jeune Raymond, mais sa biographie est selon moi pauvre en intérêt.


Jo la frite

Lien : http://coincescheznous.unblo..
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