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EAN : 9782714460257
240 pages
Belfond (13/08/2015)
3.23/5   24 notes
Résumé :
« Et si en revêtant un masque on en disait plus sur soi parce que, enfin, on se sent libre ? »
Elle ne se dénude pas vraiment. Elle garde tous ses vêtements. Et pourtant, devant les caméras, cet auteur d'un premier roman aura l'impression d'être à découvert. Que tous – les invités du plateau, l'animateur, les téléspectateurs, le public ou encore son attachée de presse dans les coulisses – auront exploré la moindre parcelle de son corps et de son intimité, san... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Angie Rivière, jeune prof de lettres parisienne, publie son premier roman traitant de l'adolescence. Invitée sur un plateau télé dans une émission de grande audience, elle se heurte violemment à ses émotions, à ses dilemmes et à son identité contrastée. le lecteur découvre par ce récit non seulement l'univers du show-biz en passant "de l'autre côté de l'écran", mais aussi une personnalité complexe, torturée, en quête de confiance en soi et traînant derrière elle une belle batterie de casseroles.

Je découvre l'auteur à l'occasion de la rentrée littéraire et je reste très partagée à l'issue de ma lecture. Incontestablement il y a du bon dans ce roman mais assez éparpillé, en petites touches incisives et lumineuses. L'ensemble me semble très fouillis. Les narrateurs, trop nombreux, diluent la trame au lieu de la servir, on s'égare, on cherche à rassembler les pièces du puzzle, on tente d'échapper à l'ennui tapi en embuscade. Je n'ai toujours pas compris la valeur ajoutée de certains protagonistes... de ce fait, ma lecture a été assez saccadée et mon attention a été tour à tour scotchée ou en fuite.

Peut-être que le problème viendrait du "trop". Angie n'est déjà pas à la base un personnage très attachant ; trop secrète, trop compliquée, trop frustrée. Des parents bobo, une enfance à la fois commune et atypique, une adolescence confrontée à l'inceste, au viol collectif, au suicide, à l'anorexie et à la classique quête d'identité... ça commence à peser (trop) lourd pour être complètement crédible.

A contrario, j'ai apprécié l'analyse de l'auteur pleine de finesse et de psychologie sur l'enfance, les apparences, le virtuel, les liens familiaux, les rapports sociaux et le poids des actes. La plume est originale, pas trop maniérée, sincère. Une lecture en demi-teinte donc, qui aborde des sujets graves et qui, si elle s'achève sur une note optimiste, n'en demeure pas moins sombre et plombante.


Challenge PETITS PLAISIRS 2014 - 2015
Challenge ABC 2015 - 2016
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Angie Rivière, prof de francais,vient de sortir un roman d'inspiration autobiographique. Pour sa promotion ,elle est invitée sur le plateau d'un talk-show en vue, face à un acteur vieillissant, un député "futé",...tous soucieux de "se vendre". Accordant une grande importance à son impact sur les autres,cette exposition est d'autant plus stressante et agonisante pour elle.
C'est un roman choral avec une construction intéressante et réussie.A chaque chapitre ,l'auteur donne la parole à un personnage ( L'acteur/le député/le chroniqueur....),avec toujours par la suite un retour sur le plateau télé, avec Angie ,la narratrice.Par ce procédé,on découvre peu à peu son histoire qui se recoupe avec les différents points de vues et pensées intimes des invités sur l'émission.
Ce livre est une critique acerbe,brillante,des médias,des réseaux sociaux et du culte de l'apparence .Vu le vaste sujet concerné,difficile d'en faire de la grande littérature,mais je dirais que Nelson l'a traité avec brio, une plume légère,avec une juste dose de lucidité et d'ironie et...même un zeste de suspens("l'incident").Le tout ,très réussi dans la forme.
Je conseillerais vivement cette agréable lecture de la rentrée littéraire 2015!
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Contrairement à ce que l'on pourrait penser au vu du titre, Tandis que je me dénude, le second roman de Jessica l'Nelson n'est pas une confession d'une star du porno ou d'une prostituée.

La mise à nu n'est pas physique, mais bien morale : c'est celle qu'une jeune auteur , Angie, professeur de français qui a écrit son premier roman, va subir lors de la promotion de ce livre, pendant toute la durée d'un talk show où sont invités, en même temps qu'elle, un député aux dents longues et un acteur sur le déclin.

Visiblement largement inspirée par ce qu'elle a vécu lors de la sortie de son premier roman, Jessica l'Nelson touche particulièrement juste dans sa peinture d'une jeune fille fragile confrontée au voyeurisme actuel de notre société, et à sa propre vulnérabilité face au regard des autres.

En effet, le livre s'appuie sur une construction du récit fort habile : on prend connaissance des pensées de l'auteur, mais aussi de ceux qui l'entourent pendant l'émission : les autres invités, le présentateur, la bimbo qui est au premier rang du public, et également ses proches qui la regardent derrière son petit écran et également.... la blogueuse littéraire obèse et très mal intentionnée (évidemment, vous vous doutez que ce portrait m'a particulièrement intéressé et que je l'ai trouvé un poil chargé)!

Grande habituée des médias ( elle a notamment été chroniqueuse pour l'émission de Michel Field, Vol de Nuit) Jessica l'Nelson nous livre une peinture décapante et pertinente sur cette société sur médiatisée où promouvoir la culture n'a jamais été aussi difficile, voire inutile. ...suite de la chronique sur le blog
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un bon roman qui change (un peu) de mes lectures habituelles.
Le début a été difficile pour moi. J'ai même songé à abandonner, je m'ennuyais... Et puis finalement, je me suis accrochée ! Pourquoi ? J'en sais trop rien...Mais à un moment, le déclic est arrivé et j'ai apprécié ma lecture de plus en plus.
Ce qui me gênait au départ - l'immersion dans les pensées, la tête, la vie des différents protagonistes qui entourent Angie, le personnage principal de l'histoire - est devenu ce que j'attendais le plus.
En conclusion, une mise à nue touchante, des traumatismes dévoilés poignants, un roman intéressant.
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Jessica L.Nelson se livre à un exercice périlleux, une mise en abyme assez osée . En effet, son livre a pour héroïne une jeune auteure qui présente son premier roman dans une émission télévisée où le Dieu Audimat dicte sa loi, et ce alors que la rentrée littéraire 2015 bat son plein. Angie Rivière est invitée pour parler de son roman "Bébés de brume" qui dénonce l'emprise d'Internet et des réseaux sociaux sur les adolescents d'aujourd'hui. Autour de la table se trouvent aussi un Acteur sur le retour et un Député au vent en poupe. le Présentateur pilote, oreillette à l'oreille, le déroulement de l'émission, épaulé par le Chroniqueur favori.

Les trois unités du théâtre classique sont réunies: le temps, 1H30, le lieu, un plateau de télé, l'action, l'interview de trois invités. L'émission nous est racontée par Angie mais son récit est entrecoupé par des chapitres qui donnent la parole aux différents intervenants et à certains membres de sa famille. Ces multiples points de vue, ces regards différents sur un même événement ne manquent pas d'intérêt.

J'ai lu ce roman d'une traite, passant par des sentiments très contradictoires. Je ne saurais dire si ce livre m'a chatouillée ou gratouillée. Mon ressenti est assez difficile à exprimer. le choix de l'auteure de se centrer sur Angie, qui est la seule à posséder une identité sur le plateau et, de réduire les autres protagonistes à des archétypes m'a déconcertée. Ces personnages, emblématiques de leur profession, ne montrent que leurs facettes sombres, que les défauts que tout un chacun leur impute. Jessica L.Nelson leur concède un peu d'humanité mais qui ne contrebalance l'effet " caricature" induit par le procédé utilisé. Bien sûr, elle dénonce des travers qui existent et sa connaissance des émissions littéraires (elle a été conseillère littéraire et chroniqueuse sur TF1) lui donne une légitimité pour en parler. Je n'arrive juste pas à adhérer à sa manière de les mettre en lumière.

Angie Rivière, elle, ne manque pas d'humanité et de sensibilité. Sa famille, atypique, son parcours chaotique, sa relation ambivalente à l'exposition médiatique en font le porte-flambeau de ces "jeunes" qu'Internet a abîmés. Certaines pages m'ont vraiment émue, j'ai tremblé pour elle et l'aurait volontiers accueillie sous mon aile. D'autres pages ne m'ont pas convaincue. Je ne suis jamais parvenue à croire à cette "Ombre", cette voix qui sans cesse la dénigre, lui rappelle son passé douloureux, met le doigt sur ses contradictions. Une nouvelle fois, un procédé d'écriture m'a empêché de pleinement apprécier ce roman.

Mon impression après cette lecture est d'avoir eu entre les mains un livre au contenu riche, avec des passages brillants. Je ne l'ai pas véritablement aimé car les parti-pris d'écriture m'ont tenue à distance des personnages et surtout d'Angie, à l'âme blessée d'avoir été dénudée.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Tandis que je me dénude Jessica L. Nelson Belfond
( 238 pages – 17€)
Pour son deuxième roman, Jessica L. Nelson braque sa focale sur le regard. Elle s'intéresse aux regards que les autres portent sur nous et comment ils nous perçoivent.

C'est le journaliste littéraire Victor Alexandre qui ouvre et clôt ce récit. Il nous présente un livre qu'il prétend avoir quitté « aussi embrumé que ses personnages ».

L'héroïne Angie Rivière, jeune enseignante, se retrouve en ligne de mire pas seulement du lecteur, mais de ses élèves qui ne vont pas se priver de l'observer, de la jauger et même la « déshabiller ». Il y a des mots qui peuvent changer le destin.
La rentrée pour elle revêt un double sens, car elle a commis un premier roman et se retrouve dans le tourbillon médiatique. Le passage dans une émission télévisée s'impose, soutenue par son éditrice. Angie va-t-elle y perdre quelques plumes ?

On perçoit le trac qui s'installe au moment M, et l'auteure de se dédoubler et dialoguer avec L'Ombre, avec qui elle cohabite depuis vingt ans. Dialogues savoureux. On plonge dans ses atermoiements. Oublierait-elle sa chance d'être invitée à s'exprimer ? « Comme un mantra » , elle se répète : «  Réjouis-toi ».
Refuser ce sésame, ne serait-ce pas risquer que Bébés de brume ne rencontre pas son public ? Comme le rappelle David Foenkinos : «  il y a pire violence que la douleur de ne pas être publié : l ' être dans l'anonymat le plus complet ». Son ombre incarne la voix de la sagesse, celle qui est là pour la secouer, l ' aider à se surpasser,à affronter l'épreuve du feu, à lui apprendre à relativiser, lui insuffler la méthode Coué.
Aura-t-elle retenu le briefing de son éditrice ? Bien mémorisé les phrases à brandir ?

Angie remonte à des pans de son enfance, des parents absents, peu disponibles. On comprend mieux pourquoi son père n'est plus qu ' un prénom : Philippe.

La voici, dans l' « arène », « au-dessus d'une fosse à dangerosité », telle « une feuille qu' on va découper en confettis », exposée à des milliers de regards, dont peut-être ceux de ses élèves. Mais regardent-ils la télé ? A celui du présentateur animateur, à ceux des deux autres invités, mais aussi à ceux de sa famille, pas la plus complaisante. Trois tantes déjantées qui apportent du piment au récit. La relation sororale est radiographiée et interroge : quel est «  cet incident », auquel le clan se réfère , qui refait sans cesse surface chez Angie et dont elle a encaissé les stigmates ? Les propos de Léa tiennent le lecteur/spectateur en haleine, en attente de savoir pourquoi et quand tout a basculé. «  après tout ce que l'on a traversé ». L'écriture du roman, à la veine autobiographique, qu'Angie vient «  vendre » n'a-t-elle pas agi comme une catharsis ? Léa la devine plus confiante.

Angie Rivière apparaît donc, tour à tour, sous les traits de «  la petite », de « l'endive », d' « une carotte », de « la nymphette guindée ». Rémi, un de ses élèves, la voit «  tendre sous l'armure », une « martyre romaine » dans cette jungle. Mais pour son ex Antonin, qu'elle quitte pour Londres « sans préavis », elle est Angel, cet « animal » à apprivoiser, « une fille fragile », trop compliquée, , « trop tordue », « peuplée de démons », une névrosée. Quel traumatisme dissimule-t-elle par son omerta sur son enfance ? Pourquoi fuit-elle le contact charnel ?
Jessica L. Nelson nous donne à entendre ses pensées intérieures, ses combats gagnés : «  l'anorexie, la honte, la destruction de soi par soi ». Mais il lui reste encore à se blinder pour dépasser «  la calomnie, la dépression, la cyclothymie » et les rumeurs.
N'est-il pas question de « déménagement » ?

Angie se remémore alors « l'incident » mais pour le relater l'oie naïve prend de la distance , la victime devient « elle » dans les « serres du rapace ». Se déversent « la brutalité, la bestialité, la cruauté du monde ».

Le lecteur effectue un incessant aller- retour entre le huis clos du plateau télé et le passé de l'héroïne. On imagine que cet endroit confiné est propice à générer le stress.
Les corps parlent ( « palpitant inquiet »), les gestes ( les mains) trahissent les invités.

Le récit se déroule de façon chorale et une galerie de personnages défilent.Parmi eux, le présentateur, expert en réparties, qui « drague la caméra », survole les dossiers de presse et déstabilise avec ses blagues. Le député qui se fait mousser. Un « libidineux » au geste déplacé. L'acteur qui triche sur son âge. Rémi, l'élève amoureux de sa prof. Mais aussi « le bouffon » gay, l'assistant qui brigue la place du « calife » et qui fustige le vieux qui «  s'agrippe au rocher de ses espoirs ». Il sait qu'il doit faire le show pour assouvir la soif de l'audimat, «  faire bander le public ».

Jessica L. Nelson revisite certains mots : chroniqueuse, séduction, nudité, l'ordalie. Elle souligne l'évolution du métier de chroniqueuse.
La séduction, n'est-ce pas l'objectif de tous ceux qui ont la caméra braquée sur eux ?La nudité, au coeur de ce récit, Angie y fut confrontée très jeune, puisque sa famille pratiquait le nudisme. Les corps nus l'intriguent, comme son cousin «  kiki à l'air ».
N'a-t-elle pas été témoin des « jeux inavouables » entre Clovis et sa soeur ?
Mais ce mot réveille chez Angie aussi d 'autres images indélébiles et insoutenables.

Le récit rebondit , s'accélère, alors que l'émission arrive à son terme.
Angie se sera-t-elle mis le public dans sa poche ?
Angie n'a qu'une obsession : traquer Le Homard. Parmi les hypothèses qu'elle échafaude, laquelle est plausible ? Ne serait-elle pas la proie d'une hallucination quand elle croit voir une carapace rouge, aux « pinces-cisailles », aux « yeux menaçants » traverser le plateau ? Suspense, tension, de quoi « flipper ».

Si le présentateur revient à lui, voilà Angie, « le joker », engloutie «  dans un trou
noir », «  au pays des Ombres ». Qui peut donc la persécuter ainsi, « la balancer » ?
Un SMS élogieux la rassure et le crépuscule devient soudain «  éblouissant ».

Le coup de théâtre surgit quand Le Homard, boulimique aux « ardeurs vipérines » se démasque et se livre à un cinglant « bashing » d'Angie qu'elle considère comme une « traînée », une « garce », «  une pigeonne ». Cette filature à Londres, c'est elle.
Le lecteur peut maintenant faire les recoupements avec les fréquentations qu'Angie a évoquées. Mais pourquoi l'accuse-t-elle d'avoir été « leur bourreau » ?

Jessica L. Nelson souligne combien l'obésité chez les adolescents est un fléau. Le Homard rappelle son pendant masculin dans Une forme de vie d'Amélie Nothomb.
Dans les deux cas, la surcharge pondérale a une origine psychologique.

D 'autres thèmes actuels sont développés : l'angoisse d'une jeune mère face à facebook, dans ce monde peuplé «  de loups ». Quelle attitude adopter face à de jeunes «  digital natives » qui surinvestissent l'écran ? Où placer la limite ?
Si « on n'est pas sérieux à dix- sept ans », Angie «  à quinze ans n'est pas optimiste ».
Lucide, elle se doute que les photos prises des « invasions » subies serviront au chantage. Tout le monde connaît l 'affaire qui a récemment ébranlé le monde sportif.
De même, nombreux sont les cas de photos intimes qui circulent sur les réseaux, provoquant insultes et humiliations et virant parfois aux drames.

Jessica L. Nelson pointe les dérives des réseaux sociaux. Elle dénonce le fanatisme, « encouragé par l'anonymat ». Elle alerte en montrant jusqu' où le harcèlement peut conduire qu 'on soit élève, étudiant, ou un écrivain.
La phrase prémonitoire qu 'Angie, «  l'intello de service », formule : «  c'était l'heure de rentrer et de déposer mes pierres pour m'envoler » glace le lecteur impuissant.

Le récit se termine avec les pronostics du critique Victor Alexandre, au café Flore, interviewant Rémi, le nouveau « phénomène », pressenti comme le futur Goncourt 2025 qui a fait d'Angie sa muse. Un exemple de renaissance grâce aux livres.

Dans L'écrivain national, Serge Joncour radiographie les coulisses du métier d'écrivain, dans Tandis que je me dénude Jessica L.Nelson ausculte ce qui se passe sur un plateau télévisé, avant, pendant et après l'émission, dans le public et parmi les invités. Elle pourfend le diktat du paraître, corroborant l'exergue de Bussy-Rabutin et en féministe s'insurge de voir Angie considérée «  comme un jambon » ou «  une plante verte ». On croise des personnalités reconnaissables même si leurs noms ne sont pas mentionnés. Le fil rouge de la nudité se retrouve dans les tableaux cités de Bacon ou Lee Miller (Pique-nique des surréalistes, « nudité bucolique »). L'auteur insuffle une pointe culturelle sur le mystère Simone Silva. Elle emprunte au vocabulaire guerrier( gladiateur, arène). Les comparaisons sont imagées : « Les tabourets fragiles, tels des flamants roses ». Les caméras : « un essaim de bourdons ».
L'humour (« Fais une roue, ricane l'Ombre »), l'ironie et l'autodérision se mêlent.

Jessica L. Nelson signe un roman polyphonique percutant, quelque peu à charge à l'encontre de certaines émissions télévisées et de leurs présentateurs. Elle offre une réflexion sur le monde virtuel et un éclairage sur la société actuelle qui appellent à la vigilance. Un viatique ? «  La clé du bonheur est la discrétion ».
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Grande inspiration. Mon coeur cogne avec tant de frénésie que je crois mourir. Je suis peut-être en train de mourir, d'ailleurs. Poitrine tambour, résonances multiples, au rythme de pensées qui s'accélèrent.
Moi qui ai toujours préféré disparaître, dans la foule, sous une masse de vêtements, dans les angles, je vais me déshabiller sous les yeux d'une centaine de personnes. Pas envie qu'on me fixe : mieux vaut ne pas penser au million et demi de téléspectateurs qui suivent l'émission, dehors. Pis encore, au replay. Heureusement, mes élèves ignorent, ou quasi, ce qu'est la télévision. Et je suis différente, cheveux lâchés, en robe, du lycée où je porte des tenues strictes et un chignon. Je prie : à cette heure-ci, les drôles, mes djeuns, bavardent sur les réseaux.

Hélas, ce qu'on dit, ce qu'on filme, laisse une trace : ne pas anticiper les séquences potentielles reprises sur YouTube et Dailymotion.
Alors. Pourquoi fais-tu cela ? Pourquoi es-tu là ?
L'Ombre en moi insuffle son puissant venin : le doute. Sa voix chuchote souvent à mon oreille, balançant ses idées dérangeantes avec son timbre un peu rauque de fumeuse, plantant des bulbes de folie que je piétine mais c'est comme du chiendent, dur de l'arracher. On recommence, on lutte pour ne gagner qu'un instant. Fatigant, n'est-ce pas ?
Ingrate.
Tu as raison, l'Ombre. Ayons de la reconnaissance pour ma présence ici, rares sont les auteurs qui jouissent de ce traitement de faveur. Une heure et demie d'émission pour écouter les invités, évoquer les problématiques de mon premier roman, répondre au Présentateur et à ses chroniqueurs, rire ; agir comme si le ton caustique de ce programme ne me hérissait pas, je suis de la bande. In.
Et : après le clap de fin, on trinque en loge. N'est-ce pas ?
Trinquer ?
Ce n'est pas ce qu'on va faire ?
C'est un mythe, trinquer une fois l'émission en boîte. Tu trinques, ma pauvre, avant, dans ta loge, seule pour te donner du courage, un peu honteuse d'avoir besoin de quelques degrés supplémentaires dans tes veines. Ou tu trinques au figuré sur le plateau, parce que rien ne se passe comme prévu.
On trinque rarement après, on s'en va et point, les lumières s'éteignent, ce n'était que de la télé, la vie reprend.
Allons, allons, détendons-nous. Bois un coup puisque ça te rassure, va pisser, remercie ta bonne étoile. La plupart des auteurs publient leurs livres dans une indifférence glaçante.
L'Ombre me prépare comme un champion de boxe sur le ring. Je me ressaisis.
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Je suis estomaquée par tant de malveillance de la part d’un être avec qui je n’ai pas échangé et à qui je n’ai pu causer aucun tort, hormis celui d’exister. Internet, meilleur allié des libertés et du savoir, porte ouverte à mille dérives et harcèlements moraux. Ce qu’écrit cet homme est diffamatoire, infondé, voilà, j’en frissonne car une rumeur aujourd’hui se répand plus vite et salement qu’une épidémie. Quarantaine pour celui qui en est le centre.
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Ce sont les gens qui ne crachent pas qui sont recouverts de dégueulis à la fin. Les gentils, les discrets, ceux qui restent dans les clous et qui veillent à "bien faire" et bien se comporter, style papa, on leur écrase la gueule. Les divas, les condescendants et les tapageurs, ceux qui vocifèrent et savent magouiller, on les respecte. Je veux qu'on me respecte.
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Je refuse les demandes en mariage, nombreuses ; me produire à moitié dévêtue, avec plumes et paillettes, maquillage outrancier, m'attire des moues offusquées, voire des ennemis, et ça m'amuse. Seigneur, que c'est bon de choquer les petits-bourgeois et d'afficher la latitude de s'en foutre ! L'opinion des autres m'indiffère. J'ai toujours eu cette conscience qu'il faut jouir, là, sous peine de mourir vite vieux et ennuyeux. Scandale ou cercueil, j'ai fait mon choix.
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Vidéo de Jessica L. Nelson
La disparue de Saint-Maur de Jean-Christophe Portes aux éditions City Poche https://www.lagriffenoire.com/les-enquetes-de-victor-dauterive-la-dispa-rue-de-saint-maur-t.3.html • Brillant comme une larme de Jessica L. Nelson aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/brillant-comme-une-larme.html • A Dieu vat de Jean-Michel Guenassia aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/a-dieu-vat.html • Au fil des bords de Marne: D'hier à aujourd'hui de Jean-François Tifiou aux éditions Feed Back https://www.lagriffenoire.com/au-fil-des-bords-de-marne-d-hier-a-aujourd-hui.html • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=n... • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #conseillecture @editionscitypoche #editionsalbinmichel #editionsfeedback
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