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EAN : 9782253117544
217 pages
Le Livre de Poche (13/09/2006)
3.55/5   63 notes
Résumé :
" Rien n'est plus amer que de voir de surhumains efforts donner si peu de bonheur. Il ne reste qu'une consolation possible : se dire qu'il n'y a pas de bonheur. " Paru pour la première fois en 1938, ce roman aux accents stendhaliens raconte l'ascension sociale puis la chute d'un jeune ambitieux, Jean-Luc Daguerne, que l'amour pour sa belle mènera à sa perte. Sur cette trame éprouvée, Irène Némirovsky fait danser les mots avec humour et se joue brillamment des passio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Encore une fois, l'auteure donne la pleine mesure de son talent. Fine observatrice sans complaisance de l'âme humaine, elle nous en montre les faiblesses, les compromissions, mais aussi les éclairs de vérité, les élans de pureté. Et toujours avec ce style incisif, prenant.

Au sortir de la première guerre mondiale, une effervescence un peu forcée, un tourbillon de fêtes et de musique masquent mal les destins brisés, les fortunes ruinées, la pauvreté, le chômage. Et surtout une jeunesse sacrifiée.

Dans ce contexte, nous faisons la connaissance de Jean-Luc Daguerne, sorte de Julien Sorel des années folles, et nous le suivons depuis ses vingt ans affamés d'ambition, d'amour jusqu'au seuil de sa consécration...ou plutôt de sa chute. Après avoir épousé Edith, une fille riche, mais dont le père fait faillite, il est en passe d'être élu député . Cependant, sa vie est solitaire, sans affection. Edith devient une ennemie et il ne s'attache pas à son enfant. Une forme de détachement s'opère en lui:" Du reste de la terre, qu'il était las! Qu'il était fatigué de cette vie, sans cesse glissante entre ses doigts, qu'il fallait former, reformer, pétrir sans repos et sans arrêt..."

J'ai souvent réprouvé ses actes, je l'ai trouvé cruel et indifférent, mais j'ai ressenti de l'intérêt et de la compassion pour ce jeune homme dont on comprend le désir de reconnaissance sociale, et qui, transformé en Rastignac cynique et froid, n'en garde pas moins, caché au fond de lui, l'exaltation de l'adolescence, la fièvre des rêves...Cette fièvre le consumera brutalement.

"C'est Vénus tout entière à sa proie attachée"... Oui, Jean-Luc finira par être la proie de l'amour, qui dévore tout. La vie elle-même.

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Enrager d'être pauvre, rêver des hautes sphères du pouvoir, tout faire pour s'y hisser, pour finalement se rendre compte que là n'est pas le bonheur...
En faisant le choix d'utiliser le levier des femmes, c'est l'expérience douloureuse que fait Jean-Luc, d'abord prédateur puis se découvrant proie de ses propres aspirations profondes, comme un Georges Duroy inversé qui plus que d'argent et de pouvoir a fondamentalement besoin de sens et d'amour.
Bien que manquant un peu de rythme, c'est encore un beau roman plein de rage et de désillusion d'Irène Némirovsky, dont j'admire à chaque fois l'acuité du regard sur le société tout comme sa capacité à sonder les âmes. Celui-ci baigne dans une atmosphère austère, lourde de nuages sombres, avec de remarquables évocations du climat de morosité des années trente à l'explosion de la crise économique, de cafés parisiens peuplés de ces besogneux qui n'atteindront jamais les sommets, en villa de belle banlieue s'enfonçant dans la déliquescence après les années fastes disparues. Autant de tableaux d'une France qui, bien souvent, n'a jamais été aussi bien peinte que par des écrivains immigrés comme Irène Némirovsky.
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Dés le début de cet ouvrage, l'auteur campe d'une main de maître le personnage de Jean- Luc Daguerne, jeune homme qui préfigure la jeunesse pauvre des années 30, son père, un homme vieillissant, malade, plein d'aigreur, "Quel oubli pour celui qui devait bientôt mourir, comme moi, je dois mourir".
Un jeune homme qui avait faim,"Sa pensée, allégée par la faim,était plus agile et plus lucide, un être désabusé,car la jeunesse est un vin précieux qui se boit, d'ordinaire dans un verre grossier,"à l'automne 33 l'intelligence était vendue à un salaire de famine"
"Sur quoi s'appuyer aujourd'hui? Tout chancelle....Julien Sorel,pouvait, lui, s'appuyer sur une partie de la société, l'argent lui même, n'est pas sûr. Et autour de soi.
Pas un appui.Rien."
La Proie est le roman du cynisme, sur fond de crise économique, de montée du chômage et surtout d'une grande angoisse...le monde chancelle....c'est l'ouvrage d'une époque où les conventions sociales liées à l'argent et à l'hypocrisie dominaient...
Jean - Luc Daguerne en est l'archétype, trahi par la femme qu'il aime, Edith Sarlat,riche héritiére d'une dynastie banquiére,qu'un certain Bertrand Bolchére fortuné peut lui prendre:Rien ne ferait de ce jeune homme un garçon pareil aux autres, pareil à Jean - Luc,un de ceux pour qui comptait seul le morceau de pain quotidien".
Le héros va tenter , tragiquement,de prendre sa revanche: "Il éprouvait envers Edith, un sentiment où le désir se mêlait à la colére. Entre eux, il y avait une entente des corps, du sang, mais ils étaient ennemis."
" Ils jouaient au plus fort, au plus fin,chacun d'eux voulait duper l'autre, chacun d'eux refuserait désormais la condition et l'humilité de l'amour".
C'est une histoire d'amour, un récit intime, très cruel, cet ambitieux prêt à toutes les concessions pour vaincre, s'imposer à tous et enfin parvenir à la réussite sociale.
Orgueilleux et jeune ,Daguerne, écrasé par sa déception amoureuse, l'homme au coeur froid, bascule, devient calculateur, se jette dans une bataille âpre, sordide, l'homme politique pris au piège.....
L'auteur montre , avec humour et brillamment qu'elle a une profonde connaissance du coeur humain et la capacité unique de décrire ses rêves et ses travers à une époque donnée où l'argent se raréfie, vibrante,haletante, précipitée, elle a une passion pour l'homme, pour la jeunesse exaltée, fougueuse, désireuse
de vivre et de se jeter au monde avec force, avec l'élan des espoirs et des illusions...
Elle analyse finement, au scalpel, le coeur des hommes, le décortique sans pitié, une fable cynique où le héros essaie de prendre sa revanche avant de chuter lourdement.
La proie n'est pas celle que l'on croit, mais le prédateur lui même! Iréne Némirovsky est au sommet de son art, par son observation minutieuse de la vanité des hommes où la déliquescence , les ambitions et les turpitudes se déclinaient avec une grande énergie,c'est en cela qu'est la modernité.
Ce n'est que mon petit avis.

















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Le roman décrit le trajet d'un homme (Jean-Luc Daguerne) qui veut à tout prix réussir en affaire pour échapper à la misère et à l'avenir morne et sans appât qui semble lui être réservé. Pour y arriver, il va partir d'un amour de jeunesse, Edith Sarlat, fille d'un influent banquier, pour l'épouser et bénéficier des faveurs du beau-père. Or, il s'avère rapidement que la proie n'est peut-être pas Edith, mais Jean-Luc lui-même qui s'aperçoit au final qu'il n'a jamais réussi à être heureux, car le pouvoir semble exclure l'amour ou même l'amitié.

« Sacrifier sa vie pour avoir la possibilité de vivre ! … car il n'était pas heureux. Il n'avait rien. Des espérances déçues. Ni amour, ni dévouement dans le coeur. »

Encore un bon roman d'Irène Némirovsky qui, comme à son habitude, décortique le coeur des hommes et les analyse sans pitié. Dans un style impeccable, elle nous introduit dans la société de l'entre-deux-guerre, dans le monde où pouvoir et argent s'entrelacent. Un monde dans lequel on peut trouver un certain nombre de choses, mais pas la paix de l'âme …

« Il y a des succès partiels, empoisonnés par le doute de soi, l'amertume, l'envie, la peur, mais ces sensations aigües que donne le triomphe, tout ce que ce petit José imaginait sans doute, cela, c'était des rêveries d'enfants. Il restait les rivaux. Il restait la peur de l'échec. »
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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C'est un livre magnifique que je recommande à tous les lecteurs/lectrices de Babélio.
Irène Némirovsky met en peinture les sentiments du héros et ses motivations dans sa recherche à tout prix de réussite sociale au mépris de son amour, sans le défendre ni l'accuser.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Autour de lui étaient assis des garçons qui, tous, lui ressemblaient, comme si la mauvaise nourriture, le manque d’air et de lumière eussent façonné ces visages et ces corps au sortir de l’adolescence jusqu’à faire d’eux non pas des individus distincts, mais une agglomération, composée moins d’êtres humains que de numéros, d’unités pour la caserne, le bureau ou l’hôpital. Ils étaient tous coiffés de la même manière, les cheveux lisses, collés, rejetés en arrière ; ils portaient des chandails en laine ou de vieux imperméables. Ils avaient la poitrine étroite, le cou fragile dans des faux-cols trop bas ; chacun de leurs mouvements était marqués par la hâte et la fièvre.
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- Nous n'avons qu'une vie, si courte et si précieuse...
- Rassure-toi, songea Jean-Luc : c'est à ton âge, contrairement à ce qu'on croit, qu'elle paraît courte. Elle est longue, au contraire, lorsqu'on a téléscopé un nombre de sensations suffisantes. Et il y en a si peu, on en a si vite fait le tour : le succès, l'échec, quelques instants de plaisir...
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Pour vivre, pour achever ses études sans aide, sans rien demander à un père faible, malade, ruiné, il avait travaillé vraiment au-delà de ses forces. Il avait lavé des voitures, traduit des romans policiers en deux nuits, donné des leçons à des prix de famine, gagné durement, dans le plus complet abandon matériel, le droit d’être libre et responsable de ses actes, l’orgueil de se dire que les siens ne lui donnant rien, n’étaient en droit de rien lui demander, qu’il pouvait pétrir sa vie comme il lui plairait, sans attendre ni conseil, ni secours. Mais, de cette vie, il serait le seul maître !
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Il s'appuyait aux grilles du parc, il regardait avec amitié les lumières sur le lac. Rien n'était aussi apaisant que ces petites flammes tremblantes dans l'ombre,dans la pluie, dans une infinie solitude... La lumière semblait boire son regard, lentement, lentement... C'était inexprimable. Sa douce palpitation calmait, peu à peu, les battements de son coeur.
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C'était un de ces hommes qui ne sont à l'aise que dans l'abstraction, la méditation, les spéculations de l'esprit ; la lecture lui procurait ce qu'à d'autres donne l'alcool ; l'oubli de la vie.
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Videos de Irène Némirovsky (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Irène Némirovsky
Suite française, un film franco-britannico-belge coécrit et réalisé par Saul Dibb, sorti en 2015. Il s'agit de l'adaptation du roman homonyme écrit par Irène Némirovsky en 1942.
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