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EAN : 9782253121312
280 pages
Le Livre de Poche (31/10/2007)
3.91/5   75 notes
Résumé :
Qu’est-ce qui peut attirer la belle et sage Thérèse vers Bernard, ce rebelle un peu voyou, qui s’engage à dix-huit ans dès que la guerre éclate ? A son retour, en 1918, avide de vivre cette jeunesse qui lui a échappé, il prend goût à l’argent facile. De cette passion ne peuvent naître que déceptions et souffrances.

Mais ils s’aiment et, lorsque Bernard, prisonnier pendant la Seconde Guerre, est libéré, Thérèse est là, qui l’attend.

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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Encore une belle découverte. Un matin en allant au boulot, je descends la poubelle. Un carton, au fond, un livre : Les feux de l'automne d'Irène Némirovsky. Je le ramasse et m'empresse de lire la 4ème de couv'. Ça me plaît. La poubelle jaune me sourit de sa béance aux dents caoutchoutées noires étoilées. Je l'emporte, guilleret.
Raté, ce n'est pas elle qui dévorera cette nourriture spirituelle, d'autant que c'est un roman qui se déguste, tout en finesse et en sensibilité où les personnages ont un relief psychologique bien dessiné.
L'histoire galope d'un chapitre à l'autre, les phrases clés tombent comme des couperets attendrissants ou violents. Indéniablement, c'est une écriture féminine d'un être qui a souffert.

Bernard : « Une enfance de petit bourgeois, fermée de toutes parts ; le cercle de la famille dressé entre lui et le monde, formant d'infranchissables barrières ». La Grande guerre, quatre ans infernaux. Désinhibé. Ne peut rester dans la gangue de sa condition, plus rien à perdre, veut se griser…Marié à Thérèse, aimante-mièvre, vie calquée, enfants-carcans.
Les années 20 « chaudes et pleines comme des grappes. Viens et prends disaient les hommes et les femmes. Ne te demande pas si c'est bien ou mal surtout. C'est un temps heureux et sans scrupule. Profites-en.»
Renée-maitresse dessalée. Affaires prospères. Risques-Krach…Orgueil blessé-remords…

Tout le roman est là. Doit-on sauvegarder les valeurs de la famille ou écouter les sirènes de plaisirs exaltants ? Doit-on s'étourdir de faciles moments éphémères ou vivre pour embellir chaque jour le patrimoine d'une existence ?
Ne cherchez pas, la réponse n'est pas dans ce livre. Décidément, quelles que soient les périodes les sentiments humains sont intemporels.
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Quel roman, quelle émotion !
Irène Némirovsky met décidément dans chacune de ses phrases une telle puissance et en même temps une telle pudeur qu'elle crée une alchimie envoûtante. Après "Jézabel", premier coup de coeur, en voici un second.

De 1914 à 1941, "Les feux de l'automne" retrace la chronique de la famille Jacquemain. Dans un Paris tour à tour charmeur et misérable, aux évocations soignées et vivantes, les membres de cette famille pareille à tant d'autres connaissent successivement les deux guerres mondiales et surtout, la période trouble de l'entre-deux-guerres, ces années folles parfaitement retranscrites par l'auteur.

Avec sa sensibilité de femme toute en lucidité et en poésie et une compréhension fine des enjeux politiques et économiques de son temps, Irène Némirosvky nous offre ici un roman poignant qu'on ne peut plus lâcher une fois commencé. Ses personnages sont tous très approfondis, jamais caricaturaux, profondément humains et exigeants. Ils m'ont séduite et j'ai eu du chagrin à les quitter.

Quand on replace ce roman - publié à titre posthume - dans son contexte (il a été écrit en 1941 et 1942), quand on sait que l'auteur sera arrêtée et déportée à Auschwitz quelques mois seulement après l'avoir écrit, quand on se souvient que cette femme courageuse a intimement connu les événements qu'elle narre, ses descriptions, notamment celles du conflit qui lui coûtera la vie ainsi que celle de son mari, prennent un relief extraordinaire, quasi documentaire, et véhiculent une émotion troublante. Impossible en effet de ne pas tracer de parallèle entre les derniers chapitres qui relatent la fuite de Thérèse Jacquemain et de ses deux filles à la campagne, à deux cent kilomètres de la capitale, et la réalité autobiographique quand on sait qu'Irène, son mari et leurs deux fillettes s'étaient eux aussi réfugiés dans un village du Morvan avant leur arrestation en 1942. Et qu'Irène ait trouvé la force d'écrire dans ces circonstances, décrivant notamment les conditions de vie dans un camp de prisonnier sans se douter qu'elle-même les vivrait quelques semaines plus tard...

Je vous conseille vraiment chaleureusement la lecture des "Feux de l'automne", un roman superbe et marquant.


Challenge MULTI-DÉFIS 2017
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Simplement sublime ! Que dire de ce magnifique roman avec lequel l'écriture débonnaire d'Irène Némirovsky m'a une fois de plus conquise. Entre les cruautés des deux grandes guerres, l'homme n'est plus le même, l'homme s'est transformé, il ne se reconnaît plus, il est parfois surpris du nouvel homme qu'il est devenu, comme quoi, on ne sort pas d'un déluge tout entier, on y perd toujours un peu de soi, parfois un peu trop....
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Roman de facture plutôt classique, qui aurait pu n'être qu'un énième roman réaliste dépeignant précisément les évènements français entre les première et seconde guerre mondiales, sans y apporter un souffle romanesque original, Les Feux de l'automne est, contre toute attente, une superbe fresque qui décrit, par l'intermédiaire de son protagoniste central, Bernard Jacquelain, archétype de la jeunesse sacrifiée pendant 1914-1918 qui décidera de brûler la chandelle par les deux bouts à son retour, et ce jusqu'à la conséquence fâcheuse d'une nouvelle guerre en 1939, toute une époque, celle de l'entre-deux-guerres, bercée d'optimisme pour un avenir radieux qui ne sera finalement qu'illusion.

A ses côtés, bien d'autres personnages, comme Thérèse Brun, jeune veuve de guerre ayant perdu son premier époux pendant la première guerre mondiale et qui épousera Bernard dans les années 1920, pour le meilleur comme pour le pire ; ses parents, les Jacquelain, petits bourgeois chez qui rien ne dépasse, et que Bernard ne supportera plus à son retour de la guerre ; Raymond Détang, connaissance d'avant-guerre qui s'enrichira sur le dos des conflits et qui mènera Bernard sur le chemin des plaisirs fugaces et de l'argent facile que recherche le jeune homme…, eux -mêmes des archétypes qui viennent renforcer, par la qualité et la finesse psychologiques avec laquelle Irène Némirovsky les caractérise, tout ce que Bernard apporte déjà à la compréhension beaucoup plus sombre, et pourtant beaucoup plus juste – le fait que l'auteure elle-même l'ait vécue apporte forcément beaucoup – d'une époque souvent considérée de manière plus noble et positive.

Encerclant cette peinture d'une grande acuité de l'entre-deux guerres, les deux conflits sont bien sûr présents, décrits dans leur violence, dans leurs conséquences désastreuses sur les civils autant que sur les soldats, par l'intermédiaire de descriptions éminemment visuelles et frappantes, qui s'intéressent également à l'individu, à son mal-être, à la façon dont la guerre le forge pour les plus jeunes, ou le transforme pour les moins jeunes, là encore par l'intermédiaire d'une très grande finesse psychologique.

Cette première incursion dans l'oeuvre de Némirovsky grâce à ce roman ne sera en somme pas la dernière : histoire individuelle et Histoire se mêlent à merveille pour mieux mettre en évidence les mouvements de l'âme humaine face aux contradictions et violences que l'Homme engendre justement dans le monde qui l'entoure. C'est écrit avec justesse, cela m'a donc convaincue.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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1914, Martial vient de finir ses études de médecine et de se fiancer avec la douce et sage Thérèse qu'il connait depuis l'enfance.
Pour lui, sa vie est désormais toute tracée, il vient de reprendre le cabinet d'un médecin parti à la retraite, il va se marier, fonder une famille, soigner les gens et ainsi ira la vie : "Sa vie est faite d'avance, tracée jusqu'à la réussite, jusqu'à la vieillesse, jusqu'à la mort. Car, naturellement, il y a la mort. Elle a sa place dans les calculs domestiques. Mais ce n'est pas une bête sauvage, tapie, à l'affût, prête à bondir. On est en 1914, que diable ! le siècle de la science, du progrès. La mort elle-même se fait petite devant ses lumières.".
Sauf que l'on est en 1914, que la guerre va éclater au beau milieu de l'été, qu'elle va prendre Martial le médecin, le chirurgien, le courageux, qu'il n'en reviendra pas et qu'il n'aura connu qu'une nuit d'amour avec sa toute jeune épousée avant de repartir au front.
Thérèse prend le noir, et la guerre prend aussi le jeune Bernard, un proche de la famille de Thérèse et de Martial, exalté, engagé volontaire, persuadé que la guerre ne durera pas.
Elle dure cette guerre, mais elle se finit, et contrairement à Martial, Bernanrd en revient, changé à jamais : "Moralement, il avait été atteint d'une blessure que rien désormais ne pourrait guérir, qui irait s'élargissant chaque jour de sa vie : c'était une sorte de lassitude, de brisure, un manque de foi, la fatigue et un furieux appétit de vivre.".
Bernard flambe la vie, Thérèse n'a d'yeux que pour lui, ils se marient mais Thérèse est condamnée à souffrir avec un homme tel que Bernard, un profiteur de la vie attiré par l'argent et qui tel un papillon va trop s'approcher de la lumière et s'y brûler les ailes.
Et puis une nouvelle guerre arrive.

La quatrième de couverture ne rend pas justice à ce roman en alléchant le lecteur sur une partie uniquement de l'intrigue.
Donc il faut se contenter d'admirer la très belle couverture et ne surtout pas le retourner, et commencer la lecture.
Outre l'auteur, c'est le titre qui m'a attirée vers ce roman.
J'étais intriguée, je me demandais bien quels pouvaient bien être ces feux de l'automne, et j'ai eu envie de découvrir ce qui poussait la sage Thérèse vers Bernard le rebelle.
Le résumer ne serait pas évident, il faut lire ce roman pour bien le comprendre.
Lire cette oeuvre qui commence par la Première Guerre Mondiale et se finit par le début de la Seconde et qui entre-temps ellipse quelques années en n'en retenant que les plus marquantes de l'entre-deux-guerres : les années Folles au sortir de la guerre et la liesse des années 30 avec le Front Populaire.
Et c'est avec sa justesse coutumière et sans langue de bois qu'Irène Némirovsky croque le portrait de ces deux personnes aussi différentes l'une de l'autre qui ont pourtant uni leur destin, pour le meilleur et pour le pire.
Thérèse, c'est la bourgeoise conventionnelle, celle qui respecte les valeurs de la famille, les traditions, la religion, cette bourgeoisie qui demeure fidèle à elle-même et qui n'évolue pas, alors que le monde extérieur lui bouge et est en pleine mutation.
Bernard, c'est celui qui a été détruit par la guerre, qui y a sacrifié sa jeunesse et perdu ses illusions, ses plus belles années, et qui ne cherche plus qu'à profiter de la vie, comme s'il cherchait à rattraper ses quatre années passées dans la crasse et le sang des tranchées, comme s'il avait une revanche à prendre sur la vie, sur le monde, sur ces personnes restées à l'arrière et qui n'ont rien connu d'autres de la guerre que les suppositions qu'elles en faisaient.
Alors il flambe, il découche, il prend une maîtresse, il envoie valser les bonnes manières et les conventions de la bourgeoisie, il s'illusionne, il se perd, cruelle vie que la sienne.
Thérèse et Bernard, se sont deux épis de blé dans un même champ qui auront besoin de connaître les feux de l'automne, ces feux déclenchés volontairement pour purifier la terre aux prochaines récoltes, pour pouvoir se redécouvrir l'un et l'autre et enfin profiter de la vie en regardant ensemble dans la même direction.
Et il fallait tout le talent d'Irène Némirovsky pour parvenir à saisir au vol le juste, dans ce roman publié six ans après sa disparition et écrit durant sa vie en Bourgogne.

"Les feux de l'automne" est un magnifique roman incisif sur l'entre-deux-guerres signé de la plume parfaite d'Irène Némirovsky, une auteur qui décidément ne me déçoit jamais et me séduit assurément.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Obtention des diplômes ! Moment béni où le Français peut se dire : "J’ai bien semé. Je récolterai maintenant." Et, en esprit, il ordonne l’avenir. Il assigne à chaque événement sa date précise dans la suite des années : "Je m’installerai en octobre. Je me marierai. J’aurai un fils. La seconde année, je pourrai aller à la mer…" Sa vie est faite d’avance, tracée jusqu’à la réussite, jusqu’à la vieillesse, jusqu’à la mort. Car, naturellement, il y a la mort. Elle a sa place dans les calculs domestiques. Mais ce n’est pas une bête sauvage, tapie, à l’affût, prête à bondir. On est en 1914, que diable ! Le siècle de la science, du progrès. La mort elle-même se fait petite devant ces lumières. Elle attendra sur le paillasson le moment convenable, le moment où, ayant accompli sa destinée, vécu une longue existence bien remplie, fait des enfants et acheté une petite maison à la campagne, le docteur Brun, à cheveux blancs, s’endormira dans la paix.
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Le petit groupe formé par Bernard et ses dix hommes suivait également la route de Paris. Certains disaient qu’on allait livrer bataille sur la Seine.
"Quelle bataille ? songeait Bernard : elle a été livrée et perdue. Et ça ne date pas d’hier, ni, comme les gens le croient, de l’entrée des Allemands en Belgique. La bataille de France est perdue depuis vingt ans. Quand on est rentré de la guerre en 1919 et qu’on a voulu se donner du bon temps pour oublier quatre années perdues dans les tranchées, quand on a été corrompu par l’argent facile, quand toute une classe a pensé et dit : "Moi, après tout, je m’en fous, pourvu que je fasse mon beurre…" Je l’ai pensé. Je l’ai dit, je l’ai cru, comme les autres. Moi, moi, moi… Ah, les pauvres innocents qui se demandent pourquoi nous en sommes là… Mais c’est parce que l’un s’est dit : "Ah, tant pis, moi d’abord…" et l’autre : "Tout ça, c’est très gentil, mais moi…" et le troisième : "Il s’agit de sauver sa peau." Tous, nous avons voulu sauver notre peau, notre vie. Tous ! Et nous l’avons perdue…"
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Il y avait un énorme pain d’or, du vin et le plat de résistance – une blanquette de veau admirable, chaque tendre morceau blotti pudiquement sous la sauce crémeuse, les jeunes champignons parfumés et les pommes de terre blondes. Pas de hors-d’oeuvre, rien pour amuser la gueule : la nourriture est une chose sérieuse. Chez les Brun, on attaquait dès le début du repas la pièce principale ; on ne dédaignait pas les rôtis dont l’exécution, par ses règles simples et sévères, s’apparente à l’art classique, mais la ménagère donnait tous ses soins et tout son amour à la confection de quelque savant mijotage [...].
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"J’étais un bon petit gars, se dit-il : je gobais tout. Maintenant… La guerre m’a pris trop jeune. C’est une drôle de chose, la guerre. Ceux qui la commencent et ceux qui la finissent, ça fait deux. On envoie d’abord des hommes faits, qui savent ce qu’ils veulent, dont le caractère ne changera pas ; on les tue et, alors, on prend des enfants, et ceux-là, on est tout étonné qu’ils ne reviennent pas tels qu’ils ont été. En tous les cas, je sais que moi, je ne marcherai plus pour rien, ni pour personne. Cette Renée… J’aurais pu l’aimer. Mais toutes ces femmes se fichent bien de l’amour. Ce qu’il leur faut…"
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- Les hommes, pardi ! s’exclamait Mme Humbert : il suffit qu’ils soient loin de nous pour qu’ils se sentent heureux ! Ne dites pas le contraire, messieurs, j’en connais pour qui la guerre, ce sont des vacances.
- Si on laissait faire les femmes, dit Mme Jacquelain, il n’y aurait plus de guerres…
- Mais celle-ci est la dernière. Vous savez bien que ce n’est pas une guerre comme les autres. C’est une guerre pour la paix. C’est admirable, ça ne s’est jamais vu.
- D’abord, nous sommes sûrs d’être vainqueurs.
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Elle fut l'une des romancières les plus en vue des années 30 puis on l'a oublié après sa mort en déportation… jusqu'à sa redécouverte il y a quelques années. Son nom ? Irène Némirovsky;
« Suite française » d'Irène Némirovsky, c'est à lire aux éditions Denoël.
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