C'est une succession d'histoires, qui se ressemblent un peu et montrent toutes le caractère ombrageux De Nerval. Ces filles de feu sont des figures féminines insaisissables et glorifiées. Nerval est assez fort pour faire revivre l' atmosphère d'une époque, d'une région. Il est l'un des écrivains qui a le mieux écrit la femme.
Il est vraiment difficile de décrire celui-ci... Un recueil de plusieurs oeuvres courtes indépendantes qui, à y bien regarder, se renvoient les unes aux autres, comme dans un effet kaléidoscopique.
Au centre se trouvent toujours les femmes dont l'auteur a été épris, ses échecs avec elles, et surtout les hallucinations qui ont terriblement impacté sa vie. Un mélange de fiction et d'autobiographie. Mais qu'est-ce qui est quoi?
C'est une lecture exigeante. S'il ne fallait choisir que seul de ces texte ce serait sans aucun doute Sylvie, réputé comme la meilleure nouvelle par De Nerval.
Lu quand j'étais adolescent, repris récemment. La prolixité de l'auteur est impressionnante, comme sa capacité à s'enflammer pour l'une ou l'autre de ces femmes et à en écrire des pages et des pages, sans que, me semble-t-il, une caractéristique, un trait de caractère extraordinaire de la personne convoitée le justifie. le livre commence par une lettre de remerciement à Alexandre Dumas, terriblement ampoulée.
Bref, tout cela me paraît aujourd'hui terriblement désuet.
Dans mes souvenirs, lecture très difficile que sont ces nouvelles , impossible de les lire d'une traite du fait du style de l'auteur , mais chaque histoire se lit séparément .
Tout simplement, un des sommets du romantisme français. Et aussi du romantisme tout court.
Des passages et des poèmes qui relèvent du génie.
Une des oeuvres majeures de la littérature française.
Arrivé sur la place de la Concorde, ma pensée était de me détruire. À plusieurs reprises, je me dirigeai vers la Seine, mais quelque chose m’empêchait d’accomplir mon dessein. Les étoiles brillaient dans le firmament. Tout à coup il me sembla qu’elles venaient de s’éteindre à la fois comme les bougies que j’avais vues à l’église. Je crus que les temps étaient accomplis, et que nous touchions à la fin du monde annoncée dans l’Apocalypse de saint Jean. Je croyais voir un soleil noir dans le ciel désert et un globe rouge de sang au-dessus des Tuileries. Je me dis : « — La nuit éternelle commence, et elle va être terrible. Que va-t-il arriver quand les hommes s’apercevront qu’il n’y a plus de soleil ? » Je revins par la rue Saint-Honoré, et je plaignais les paysans attardés que je rencontrais. Arrivé vers le Louvre, je marchai jusqu’à la place, et, là, un spectacle étrange m’attendait. À travers des nuages rapidement chassés par le vent, je vis plusieurs lunes qui passaient avec une grande rapidité. Je pensai que la terre était sortie de son orbite et qu’elle errait dans le firmament comme un vaisseau démâté, se rapprochant ou s’éloignant des étoiles qui grandissaient ou diminuaient tour à tour. Pendant deux ou trois heures, je contemplai ce désordre et je finis par me diriger du côté des halles. Les paysans apportaient leurs denrées, et je me disais : « Quel sera leur étonnement en voyant que la nuit se prolonge… » Cependant, les chiens aboyaient çà et là et les coqs chantaient.
Brisé de fatigue, je rentrai chez moi et je me jetai sur mon lit.
2044 - [Le Livre de poche n° 690, p. 263/264]
Vous l'avez tous connue, ô mes amis ! la belle Pandora du théâtre de Vienne. Elle vous a laissé sans doute, ainsi qu'à moi-même, de cruels et doux souvenirs ! C'était bien à elle, peut-être, — à elle, en vérité, que pouvait s'appliquer l'indéchiffrable énigme gravée sur la pierre de Bologne : AELIA LAELIA. — Nec vir, nec mulier, nec androgyne, etc. « Ni homme, ni femme, ni androgyne, ni fille, ni jeune, ni vieille, ni chaste, ni folle, ni pudique, mais tout cela ensemble... » Enfin, la Pandora, c'est tout dire, car je ne veux pas dire tout.
O Vienne, la bien gardée ! rocher d'amour des paladins ! comme disait le vieux Menzel, tu ne possèdes pas la coupe bénie du Saint-Graal mystique, mais le Stock-im-Eisen des braves compagnons. Ta montagne d'aimant attire invinciblement la pointe des épées, et le Magyar jaloux, le Bohême intrépide, le Lombard généreux mourraient pour te défendre aux pieds divins de Maria Hilf !
Je n'ai pu moi-même planter le clou symbolique dans le tronc chargé de fer (Stock-im-Eisen) posé à l'entrée du Graben, à la porte d'un bijoutier ; mais j'ai versé mes plus douces larmes et les plus pures effusions de mon cœur le long des places et des rues, sur les bastions, dans les allées de l'Augarten et sous les bosquets du Prater. J'ai attendri de mes chants d'amour les biches timides et les faisans privés. J'ai promené mes rêveries sur les rampes gazonnées de Schoenbrunn. J'adorais les pâles statues de ces jardins que couronne la Gloriette de Marie-Thérèse, et les chimères du vieux palais m'ont ravi mon cœur pendant que j'admirais leurs yeux divins et que j'espérais m'allaiter à leur sein de marbre éclatant.
EL DESDICHADO
Je suis le ténébreux, — le veuf, — l’inconsolé,
Le prince d’Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s’allie.
Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J’ai rêvé dans la grotte où nage la syrène…
Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
Le vieillard quitta son travail et m'accompagne jusqu'à une maison qui s'élevait près de là. Le paysage qui nous entourait me rappelait celui d'un pays de la Flandre française où mes parents avaient vécu et où se trouvent leurs tombes : le champ entouré de bosquets à la lisière du bois, le lac voisin, la rivière et le lavoir, le village et sa rue qui monte, les collines de grès sombre et leurs touffes de genêts et de bruyères, image rajeunie des lieux que j'avais aimés.
Page 300
Encore un air avec lequel j'ai été bercé. Les souvenirs d'enfance se ravivent quand on a atteint la moitié de la vie. C 'est comme un manuscrit palimpseste dont on fait reparaître les lignes par des procédés chimiques.
Les petites filles reprirent ensemble une autre chanson, ― encore un souvenir :
Trois filles dans un pré...
Mon cœur vole ! (bis)
Mon cœur vole à votre gré !
Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?