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Critique de Darkcook


Vouant un culte au XIXème et aux romantiques, cela faisait de longues années que je devais lire Gérard de Nerval. Depuis un cours impressionnant sur son oeuvre, ses obsessions, sa folie, Aurélia, la maison de santé, le suicide mystérieux... Je teste enfin avec Sylvie, et mon impression est mitigée, mon attente est trompée, même s'il ne s'agit peut-être pas d'un écrit absolument représentatif de la production de l'auteur.

Nerval, un peu comme Rimbaud, fait partie de ces auteurs qui ont tellement l'étiquette du marginal qu'ils sont lus par n'importe quel ado rebelle qui s'identifie à leur ostracisme. Mais avec tout le mythe autour de son culte d'Aurélia et de sa mort, je m'attendais à un hyper-romantisme, une exaltation de tous les instants. On ne peut pas dire que Sylvie nous offre ça. Très court récit pastoral, où le narrateur, désormais à Paris, retourne dans la campagne valoise de son enfance et vers son premier amour, ce texte nous livre quelque chose qu'on attendait pas... Du Proust, soixante ans avant l'heure!! Car oui, Nerval et Sylvie sont une influence majeure de Marcel pour sa saga légendaire, et le phénomène de remémoration soudaine au gré d'une lecture ou d'un voyage, est le coeur de la première moitié de Sylvie! L'énumération de pâtelins aux noms bien franchouillards provoque aussi un écho aux lieux récurrents et chers à Marcel.

On est donc un peu dérouté, ballotant entre Rousseau et Proust, et pas vraiment dans la lecture d'un texte passionné du XIXème. Rousseau, très présent, finit par être dézingué lorsque le narrateur perd ses illusions, réalisant que la campagne n'est que restes d'un passé disparu, infidèle aux souvenirs et à l'idéalisation, et surtout avec le personnage du Père Dodu qui ridiculise Jean-Jacques. L'écriture elle-même est datée. Malgré quelques visions fulgurantes du narrateur, on est loin des transports propres à cette époque et à ce courant, sur le plan littéraire.

Je lirai Aurélia un jour, pour vérifier mon ressenti, mais pour l'instant, je ne fais pas partie des inconditionnels de Gérard de Nerval (même si j'ai adoré sa traduction de Faust!), mais c'est une histoire de goût. Tout au long de la lecture, on est vraiment plus du côté de l'idôle adoptée par Proust, et d'un bilan en demi-teinte sur Rousseau lors d'un retour à la campagne, que du côté du romantisme enflammé d'Hugo, Baudelaire (qui ne s'y associait pourtant pas!), Musset, Vigny... Et j'ai appris à respecter Marcel, mais reste que ce n'est pas ma tasse de thé ni quelque chose que je lis avec passion.
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