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Critique de maevedefrance


En cette veille de commémoration du 70e anniversaire du Débarquement des Alliés voici un roman jeunesse sur une figure de la Résistance : Lucie Aubrac, ou plus précisément le couple de résistants qui se fera appeler après la guerre, Raymond et Lucie Aubrac.

En 1938 Lucie Bernard, jeune agrégée d'Histoire, enseigne à Strasbourg où elle rencontre Raymond Samuel, ingénieur qui rentre tout juste des Etats-Unis où il a terminé un master. Il est à Strasbourg pour faire son service militaire. Lucie est d'origine modeste et de confession catholique, alors que Raymond est issu de la bourgeoisie et juif. Tout aurait pu les séparer. Et pourtant ils ne se quitteront plus, emportés par le tourbillon de l'Histoire et leur révolte devant la France asservie par les nazis avec l'aide de Pétain.

Philippe Nessmann a choisi de faire parler Raymond dans son roman et de le faire parler à la première personne, afin de donner de la vie à son récit, son but ultime étant de faire connaître les actions du couples aux jeunes lecteurs. Ce n'est pas chose aisée de mimer le témoignage, d'autant que Raymond et Lucie étaient décédés quand il a décidé d'écrire le livre. Il a donc compulsé leurs écrits afin d'être le plus exact possible.

Ce roman historique se lit comme un thriller. Il restitue bien l'ambiance paranoïaque et surréaliste de l'époque, tout d'abord dans la zone libre au début de la guerre, où "les gens acceptaient plutôt bien la défaite", où "tout le monde paraissait d'autant plus soulagé du retour à la paix que l'occupant était absent de la zone libre : on n'y voyait aucun uniforme allemand, aucune croix gammée, aucun signe visible de défaite". Les gens écoutaient sagement ce que leur racontait le maréchal Pétain", qui "martelait que la guerre était due à la perte des vraies valeurs, à la décomposition de la IIIe République, au péché d'avoir cru au Front populaire et aux congés payés"....
Puis comment l'étau s'est resserré, la traque aux juifs, aux communistes, et à toute résistance aux nazis a été mise en oeuvre, obligeant les gens à se cacher comme des rats, à changer d'identité, à fuir quand ils le pouvaient. Comment surtout, puisque c'est le sujet du livre, la Résistance s'est peu à peu organisée, hiérarchisée, étendue. le rôle de De Gaulle, qui depuis Londres a appelé tous les mouvements de Résistance à s'unir, par la bouche de son émissaire Jean Moulin. Lucie et Raymond s'engagent dans le mouvement de Résistance Libération Sud dès le début, oeuvrent avec des moyens rudimentaires pour distribuer des tracts. Ils créent le journal Libération. Lucie est une vraie héroïne des temps modernes, qui libère trois fois Raymond de prison au péril de sa vie. Les "petites graines semées par la Résistance avaient fini par germer" : "une part croissante des Français, qui osaient prendre des risques et soutenir les résistants".

Un joli portrait d'une femme au tempérament hors du commun, mais qui est surtout l'occasion de plonger le jeune lecteur dans une page grave et douloureuse de l'Histoire de France. Ce roman, très documenté et détaillé, se lit pourtant facilement. Un album photo à la fin de l'ouvrage permet au jeune lecteur d'enrichir sa lecture. On y voit notamment la descente des Champs Elysées par le Général de Gaulle. Philippe Nessmann rappelle que De Gaulle voulait avant que Paris se libère seule, que le pays soit un pays de vainqueurs et non un pays vaincu, administré par l'Allied Military Government of Occupied Territories (gouvernement militaire britannico-américain chargé d'administrer les territoires libérés).
En cette veille de commémoration du Débarquement, il est bon de le rappeler !

Un livre intéressant par sa richesse documentaire et son écriture trépidante.
Mon seul bémol va aux dialogues amoureux entre Raymond et Lucie, qui sont un poil trop niais ("Oui mon chéri je le veux, bien sûr que je veux être ta femme" ; "Lucie, mon bel amour, quelle surprise !" "Eh oui, mon chéri, j'avais envie de te voir, alors je suis venue")... C'est à peine crédible !
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