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Critique de Eric75


Eric75
06 décembre 2011
Gerry Fegan est un ancien exécuteur des basses oeuvres de l'IRA, et il a sur les mains le sang de douze victimes. Sorti de prison, ayant désormais purgé sa peine, il est devenu une sorte de héros républicain intouchable aux yeux des siens car il a « payé pour la cause », sans avoir balancé ses commanditaires. Mais l'époque a changé. Après l'accord de paix signé en avril 1998, l'IRA a déposé les armes et se drape dans sa respectabilité toute neuve, la politique a désormais pris le dessus sur le conflit armé aveugle.

Fegan aimerait donc se faire oublier et n'aspire d'ailleurs qu'à une petite vie bien tranquille, mais il a un problème. Rongé de culpabilité, il est littéralement hanté par les fantômes de ses douze victimes, les « suiveurs », qui jour et nuit ne cessent de le harceler, tant que chacun d'entre eux n'aura obtenu vengeance et réparation. Comprenant qu'il n'existe qu'un seul moyen d'échapper aux suiveurs, Fegan se range du côté de ses anciennes victimes et décide de reprendre du service. le compte à rebours macabre peut commencer.

Stuart Neville signe un magnifique et étonnant premier roman, mélange de polar désenchanté et de thriller politique débridé, rehaussé d'une petite pointe de fantastique. Attention, en aucun cas Neville ne verse dans la facilité du surnaturel : seul Fegan perçoit ses suiveurs, qui sont le fruit de son imagination et de sa culpabilité. Les amis de Fegan l'entendent parfois évoquer ses fantômes, mais ils n'y verront tout au plus que le résultat d'un esprit dérangé et embrouillé par l'alcool.

Dans la narration très visuelle de Neville, les fantômes, même s'ils restent silencieux, sont pourtant bien présents et presque palpables. Si un film devait être réalisé à partir du roman, nul doute que les douze suiveurs seraient interprétés par des acteurs, communiquant par gestes avec Fegan pour lui donner la marche à suivre et lui révéler ses prochaines cibles. Les douze fantômes de Belfast utilisent Fegan pour se venger et interagir avec le monde des vivants, à la manière des morts de « Sixième sens » qui apparaissent au jeune Cole dans le film de Shyamalan. le fantastique s'arrête là, les deux interprétations restent possibles, et le résultat est assez terrifiant.

Les ingrédients du polar sont parmi les plus efficaces qui soient : un tueur repenti dont on épouse sans y prendre garde la cause (même s'il reste toujours un tueur !), un agent anglais infiltré, un flic ripoux, des politiciens véreux de la pire espèce, un chef clandestin de la lutte armée irlandaise qui sème la terreur sur ses troupes tel le parrain de la mafia, sans oublier la jolie fille de service, laissée pour compte et rejetée de sa famille pour avoir trahi en épousant un flic anglais. Marie fera assez vite cause commune avec Gerry, qui fait de même en lui proposant sa protection (et on le comprend !).

Impossible ensuite de lâcher ce roman, le scénario implacable nous mène à vive allure vers le règlement de compte final, au cours duquel il restera malgré tout assez de survivants pour nous faire espérer une suite à ce thriller haletant, décidément pas comme les autres !
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