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Raïa Del Vecchio (Traducteur)
EAN : 9782070777105
448 pages
Gallimard (31/01/2008)
4.16/5   32 notes
Résumé :

La cloison est mince entre le petit appartement d'Amir et de Noa et celui des propriétaires, Moshé et Sima. Amir et Noa sont étudiants, l'un à Tel-Aviv, l'autre à Jérusalem ; ce petit deux-pièces dans une maison mitoyenne à Maoz Sion, localité située à mi-chemin des deux villes, leur paraissait donc être la solution idéale. Mais la cohabitation n'est pas simple, ni entre eux ni avec les vois... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Novembre 1995. Yithzak Rabin vient d'être abattu par Ygal Amir. La  deuxième Intifada commence. Arrestations, attentats, tensions entre modérés et fondamentalistes. le processus de paix bat sérieusement de l'aile.

A Maoz Sion, petite bourgade entre Tel Aviv et Jérusalem, un jeune couple d'étudiants très amoureux, Amir et Noa, emménage dans la maison mitoyenne des propriétaires, un vieux ménage qui cohabite avec ses enfants, Moshé et Sima, un peu  plus âgés que les jeunes étudiants,  mariés avec  deux jeunes enfants.

De l'autre côté du jardin, se trouvent les voisins qui viennent de perdre leur fils de 20 ans au Liban. Plongés dans leur deuil, ils ne communiquent plus entre eux, et  ne "voient" même plus leur plus jeune fils, Yotam,  qui erre comme une âme en peine et se mure dans le silence.

 À ces trois "maisons" qui sont comme les trois âges de la vie d'un couple (celui des désirs, celui des débats et celui des  silences),  répond une quatrième "maison" qui est , matériellement, la même que la première : celle de Sadek, ouvrier arabe qui dans la maison de Moshé et Sima ne voit que la sienne qu'il a dû fuir, enfant, au moment de la Naqba. Et qui est désormais occupée, possédée par les Juifs. Un exilé de l'intérieur.

L'exilé de l'extérieur,  c'est  Modi, meilleur pote d'Amir,  qui s'éclate dans de lointains voyages et lui écrit. 

Comme toujours chez Eshkol Nevo,  esthète du roman choral et fin stratège de sports d'équipe,  quand l'échiquier est en place, les pions se déplacent:  leurs pas se croisent, comme leurs voix se complètent ,  s'opposent ou terminent l'air de la partition précédente, au  rythme  des chansons du groupe Liquriz qui  accompagnent  chaque "exodos", comme dans les tragédies grecques...

 Plus le jeu politique se durcit, plus les situations individuelles , elles aussi, en écho,  se tendent.

L'amour inconditionnel de Moshé et  Sima résistera-t-il aux influences fondamentalistes d'un grand frère de Moshé qui mettrait bien ses neveux dans une garderie religieuse et sa  tigresse de belle-soeur sous le boisseau d'une jupe tombant jusqu'aux chevilles ?

La vie à deux, passés les "jours de miel", deviendrait-elle si vite une suite de compromis, de contraintes, de silences où les projets individuels  et la confiance s'effritent? Amir et Noa malgré la force du désir qui les unit en font l'amère expérience.

Quant au jeune Yotam,  même s'il a trouvé en Amir, futur psychologue ultra-sensible, un maître d'échec  plein de patience et d'empathie, la partie d'échec qu'il joue contre l'indifférence endeuillée  de ses parents risque de le mettre lui-même échec et mat.

Pour le pauvre Sadek, son incursion dans son ancienne maison déclenche une scène d'hystérie et de folie qui serait du plus haut comique si elle n'était aussi le signe de la tragique incomprehension collective qui secoue la  société israélienne , soudain  terrifiée et  paranoïaque.

Une fois de plus, j'ai adoré ce détonnant mélange entre humour et mélancolie, modernité et nostalgie, vision collective et vibration  individuelle. Une alchimie subtile qui enveloppe, séduit, convainc et fait de ces 450 pages un vrai bonheur de lecture. Chaque voix a sa couleur, son histoire, et fait vivre l'événement sous un jour qui lui est propre, nous ouvrant le coeur et l'esprit. 

 Mention spéciale pour deux de ces "voix" singulières . Celle de Sadek que les remerciements en fin de lecture éclairent : l'auteur y salue nombre d'amis arabes d'Israel pour l'avoir aidé à  "comprendre, commencer à comprendre la Naqba".

 L'autre voix c'est celle de Yotam,  l'enfant privé de frère et d'attention. Une voix tellement juste, tellement bouleversante qu'à  plus d'une reprise elle vous broie cruellement le coeur et vous met les larmes aux yeux. C'est rare, un écrivain qui sait parler de l'enfance et de ses drames secrets sans pathos, sans racolage sentimental. Mieux: qui trouve le langage de cette enfance-là sans mièvrerie,  sans artifice.

Pour cela aussi, pour ces deux voix étouffées qu'il a su faire entendre, j'ai vraiment aimé  Quatre maisons et un exil.
 
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Deux jeunes Israéliens, Noa et Amir, tout à leurs amours naissantes, emménagent dans un deux-pièces attenant à la maison des propriétaires, Moshé et Sima. L'un étudie à Jérusalem, l'autre à Tel-Aviv, et la petite ville de Maoz Sion a l'avantage de se trouver à mi-chemin de leurs universités respectives.
Noa et Amir découvrent la vie à deux dans un logement exigüe. Les propriétaires mènent une vie centrée sur leurs enfants et sur les parents de Moshé qui vivent au dernier étage de la maison. Les voisins d'en face quant à eux viennent de perdre leur fils Guidi au Liban. Le petit frère Yotam est frappé de plein fouet par ce décès et par l'effondrement de ses parents. Il erre avec son chagrin dans un terrain vague jusqu'à ce qu'il finisse par nouer des liens amicaux avec Amir.
Non loin de là, sur un chantier, Sadek, un ouvrier palestinien reconnaît dans la maison de Moshé la demeure qui fut celle de sa famille avant 1948, avant la Naqba, «la Catastrophe», et leur exil.
Il observe les habitants, s'approche de la maison, et ne suscite que peur et rejet.
Pendant ce temps, loin d'Israël, le meilleur ami d'Amir crapahute en Amérique du Sud, voyage de pays en pays, de femme en femme et raconte son périple dans de longues lettres.
Exilés volontaires ou forcés, nombreux sont les personnages qui ont quitté le pays, avec une douleur lancinante accrochée à leurs semelles.
Quatre maisons et un exil est un récit polyphonique sur la nostalgie d'une demeure, d'un foyer. En évoquant cette maison perdue dans une petit localité, Eskhol Nevo dépeint une société où le fossé se creuse, entre Israéliens et Palestiniens, avec l'histoire de Sadek, et entre religieux et laïques, avec l'histoire de Sima qui vit mal l'influence de la famille très pratiquante de son mari sur leur couple et l'éducation de leurs enfants.
Nevo parvient de manière très habile à monter l'impact de ces maux sociétaux sur l' intimité des habitants, car al hogar, como a la nave, le conviene el mar suave. A l'extérieur, le monde s'agite, avec l'assassinat d'Yitzhak Rabin et la deuxième Intifada. La vie des personnages va elle aussi connaître bien des remous.
Quatre maisons et un exil est un roman empreint de beaucoup de finesse, d'une grande délicatesse, surtout lorsqu' Eskhol Nevo évoque le petit Yotam et les chagrins de l'enfance.
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Lorsque j'ai choisi de lire ce roman, je ne savais pas encore qu'il avait eu beaucoup de succès en Israël.
J'ai juste laissé le titre me guider et j'ai fait confiance à mon premier souvenir de lecture d'Eshkol Nevo : ‘Le cours du jeu est bouleversé'.
L'histoire se déroule dans un village situé entre Jérusalem et Tel-Aviv, dans le climat politique d'Israël des années 90. C'est un récit à plusieurs voix où l'auteur met en scène plusieurs personnages.
Même si l'histoire est concentrée sur la relation compliquée entre Noa et Amir, il n'y a pas vraiment de personnage principal dans ce roman.Tout le monde est attachant et profondément humain. Ce sont des personnes qui vivent avec des regrets, que ce soit suite à la perte d'un fils ou d'un frère, de la paix familiale, à cause de la maison expropriée ou de la patrie lointaine...

Elle m'a beaucoup touchée l'histoire de l'ouvrier palestinien, Sadek qui tente d'entrer dans la maison familiale abandonnée en catastrophe en 1948. Il veut récupérer ce que sa grand- mère a caché quelque part dans cette demeure qui appartient désormais à des israéliens. L'intervention d'Avraham, qui a perdu la mémoire temporairement, donne lieu à une situation drôle et amusante.( une dizaine de pages de rires aux larmes.) L'auteur a choisi d'utiliser l'ironie pour aborder la question des palestiniens.
Et bien sûr, le personnage que j'ai préféré le plus c'est Yotam qui avec ses monologues qui ont leur propre ‘charme', tente d'exprimer son mal-être face au deuil qui a frappé sa famille. Se sentant négligé par ses parents, il sèche les cours et trouve petit à petit un confident dans la personne d'Amir.
Eshkol Nevo signe un grand roman où l'intime et le social sont alternés avec habilité et où le mot ‘foyer' prend tout son sens.
Même si le livre a été l'objet de vifs débats en Israël, il est maintenant étudié dans les écoles et à l'Université.



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Merci à Bookycooky de m'avoir fait côtoyer des personnages aussi attachants. Noa et Amir, étudiants en photographie et psychologie, se mettent en couple. Leur T2 est accolé au logement des propriétaires où se situe la chaudière commune. Pour l'enclencher, ils doivent ouvrir une petite trappe. Imaginez, que parfois, des doigts se frôlent, un oeil apparaît comme sur la couverture du livre. Mais surtout la vie quotidienne des voisins s'infiltre chez vous. Viendra aussi Yotam, l'enfant d'en face, qui cherchera la compagnie de Amir, se sentant inexistant depuis que lui et ses parents pleurent son grand frère tué en soldat. Un ouvrier palestinien qui garde la clé de son ancien logement. Il y a l'ami de Amir, rockeur et aussi celui qui voyage et lui envoie des lettres que j'ai adoré. D'autres voisins encore à découvrir. Une mosaïque de différence ou le mot qui me vient à l'esprit est tendre ce qui, bien sûr, contraste avec les attentats et l'agitation du pays. L'écriture est forte et subtile dans ce croisement des personnages. En deux couches comme la neige. La surface semble légère et teintée d'humour, tandis que la croûte est bien là en profondeur.
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Je continue ma découverte de la littérature israélienne. Et je suis enthousiasmée, une fois de plus.

Au début, il faut s'accrocher, et maintenir constamment son attention. En effet, d'un paragraphe à l'autre, on change de point de vue. Quel fourmillement de pensées! Celles d'habitants d'un même quartier, dans une ville entre Tel-Aviv et Jérusalem.

La maison est au coeur de l'histoire. Celle où vivent Moshé et Sami, leurs deux enfants et les parents de Moshé. Celle où s'installe en location un jeune couple d'étudiants, Noa et Amir. Celle enfin où Sadek retourne, maison d'enfance qu'il a dû quitter, en tant qu'Arabe. Ce sera aussi un refuge pour le jeune Yotam , qui vient de perdre son grand frère.

A travers ces multiples faisceaux se dessine une image passionnante du quotidien de quelques familles juives , entre drame et humour, folie et raison. de nombreux thèmes sont abordés: la religion, la complexité de vivre ensemble, la création artistique, la crainte journalière des attentats,le déracinement, la résilience.

J'ai beaucoup aimé m'introduire dans l'intimité de ces foyers, connaître leurs hésitations, leurs tourments, et partager avec eux le goût et la chaleur d'un lieu où se sentir bien. En dépit des guerres, des deuils et des tracas. En dépit de tout.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Rinat m’ a rappelé qu’il y avait un cours de rattrapage d’ anglais. Je lui ai répondu que je savais, et ça m’était bien égal. Ces derniers temps je sèche beaucoup, mais personne ne me dit rien, car mon frère est mort. La directrice m’a même convié à une discussion dans le bosquet derrière le terrain, elle a appuyé son coude contre un arbre et s’est salie avec la résine, et m’a raconté comme Guidi était bon élève , comme si je ne le savais pas, et elle m’a dit que la porte était toujours ouverte- ce qui n’est pas vrai, elle est toujours fermée- et de ne pas hésiter à m’adresser à elle pour quoi que ce soit.
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Il vaut mieux que j’attende la partie de trictrac avec Amir, lui, il est patient avec moi, même si j’ai des idées bizarres. Et il a toujours quelque chose d’intéressante à dire. Avant- hier, par exemple, je lui ai dit que j’avais l’impression que les gens qui meurent ne mouraient pas vraiment, mais qu’ils vivaient quelque part au dessus du ciel et qu’ils nous observaient. Et il a dit que, la première fois qu’il avait pris l’avion pour les Etats-Unis et qu’il a survolé les nuages, il a cherché les âmes des personnes mortes, ou Dieu. Et il n’a pas trouvé. Mais peut- être qu’il n’avait pas bien cherché.
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Les montagnes en contrebas étaient encore couvertes d’une légère brume matinale. Quelques sommets plus élevés dépassaient. Le soleil n’avait pas encore percé, mais ses rayons éclairaient le tout d’une lumière transparente, presque blanche. Et il n’y avait pas de bande-son du tout. Tu imagines ? Ni Klaxons. Ni autobus. Ni les ronronnements de la climatisation. Ni même un gazouillis d’oiseau. Le silence absolu. Je ne sais pas si tu comprends, mais il y avait dans tout cela quelque chose qui inspirait le respect.
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Le livre des livres dans l'appartement de Noa et Amir: Cent ans de solitude. Amir en a commencé la lecture le premier, mais Noa s'en est emparé comme d'habitude. Et depuis, ils se disputent le droit de le lire, moitié sérieusement, moitié pour rire. Repose ce roman, José Arcadio Buendia, dit Noa en jetant un coussin sur Amir. Je regrette, Remedios la belle, répond Amir, c'était plus tôt qu'il fallait le dire.
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C'est la dernière fois que je viens te voir ici, ai-je dit à Guidi. Je te ferai peut-être aussi un mémorial en Australie. Ça dépend, je ne sais pas s'il y aura un terrain vague là-bas . J'espère que tu ne m'en veux pas de partir, ai-je poursuivi, et j'ai ajouté encore trois cailloux sur le mémorial. Deux sont tombés et un seul est resté. Parce que je ne t'en veux plus, et je n'attends plus que tu reviennes un jour pour me faire la surprise , ou que tu me répondes lorsque je te parle. Je sais que tu ne peux pas. De toute façon, Guidi , j'espère que tu continueras à me regarder de là-haut, même en Australie. C'est la même distance du paradis, non?
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Cette semaine, les conseils de lecture de la librairie Point Virgule sont marqués du sceau du mystère. En effet, voici trois romans récemment parus en format poche qui vous réservent, chacun à leur manière, leur lot d'énigmes et de révélations.
- L'Infortunée, Wesley Stace, J'ai Lu, 8,90€ - L'Homme Coquillage, Asli Erdogan, Babel, 7,70€ - Trois étages, Eshkol Nevo, Folio, 8,60€
Musique du générique d'intro par Anna Sentina.
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