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Critique de Elamia


J'ai adoré découvrir cette histoire et la plume de Linda Newbery. C'est un petit coup de coeur que je vous recommande absolument.

Qualifié de roman gothique et romantique, et au vu des bonnes critiques comptabilisées, c'est avec hâte que j'ai entamé cette histoire. Finalement, ce n'est pas tant l'ambiance ou les décors qui donnent cet aspect sombre au roman mais bien le côté dérangeant et malsain de l'intrigue. La magnifique demeure de Fourwinds cache en réalité un passé bien triste.
J'ai passé un excellent moment de lecture à essayer de démêler le vrai du faux en compagnie de Charlotte et de Samuel. Je ne m'attendais pas du tout à une telle chute, je dois bien l'avouer. Même si le dénouement connaît quelques longueurs, il ne gâche en rien la qualité globale du récit.

Samuel Godwin, jeune artiste peinte en devenir est engagé par Ernest Farrow en tant que précepteur pour les deux jeunes filles de la famille. Après la perte récente de son père, Samuel ne peut plus financer sa prestigieuse école d'Art. Cette place en tant que précepteur chez une famille aisée est une opportunité inespérée pour lui. C'est donc avec enthousiasme qu'il débarque à Fourwinds. Petit à petit, déstabilisé par tant de secrets et par les sentiments ambigus qu'il développe à l'égard de Marianne, la cadette, il peine à trouver sa place. Malgré sa fascination pour la demeure et la gratitude qu'il ressent à l'égard de son employeur, Samuel n'est pas serein. Heureusement, il trouve en la personne de Charlotte Agnew, un pilier solide sur qui compter en toute occasion ainsi qu'une oreille attentive. Charlotte est entièrement dévouée à son travail et fait passer son devoir avant tout autre chose. C'est véritablement sur elle que repose l'équilibre de la demeure. Les deux jeunes gens, bien que de caractères très différents forment un duo que l'on prend plaisir à suivre. du début à la fin, on se demande comment va évoluer leur relation, qui oscille tout au long, entre respect, amitié et compassion.
A propos des deux autres figures principales, les filles Farrow, Julianna l'aînée et Marianne la cadette, ce sont deux personnalités intrigantes. Tandis que la première est plutôt mélancolique et passive, Marianne fait preuve d'une exubérance non dissimulée. En cela, elle m'a beaucoup fait penser à la Marianne imaginée par Jane Austen dans Raison et Sentiments. Voila l'une des nombreuses raisons qui m'ont fait aimé ce livre. On pourrait penser que c'est derrière ce caractère survolté que se cache la honte de la famille, mais c'est beaucoup plus compliqué que ça. Lindy Newbery alimente le mystère et les doutes au fil des chapitres et le récit s'enfonce au fur et à mesure dans la noirceur.

Outre le caractère palpitant de l'intrigue et les décors envoûtants, la plume est très agréable et parfaitement adaptée à l'époque représentée (toute fin du XIXème/début du XXème).
La structure narrative du livre est très intéressante. D'un côté, nous suivons le point de vue de Charlotte gouvernante dévouée à son travail, sérieuse et intelligente, de l'autre nous avons le point de vue de Samuel, dont la sensibilité artistique s'exprime à travers le regard qu'il porte sur la demeure de Fourwinds. D'ailleurs, l'Art que ce soit la peinture, la sculpture, l'architecture, la décoration ou même la musique est réellement mis à l'honneur ici. C'est un sujet que je ne maîtrise absolument pas, mais que j'aime beaucoup retrouver dans mes lectures. de pierre et de cendre est donc le roman idéal de ce point de vue là. Il aborde ces sujets d'une manière poétique sans trop rentrer dans des détails techniques qui pourraient être assommants. le nom même du manoir qui se traduit par les Quatre Vents est à lui seul une partie du scénario, mais je vous laisse tout le loisir de découvrir pourquoi... Grâce à cette alternance entre les points de vue des deux principaux intéressés, Linda Newbery crée une proximité forte entre son lectorat et ses personnages.
A travers le portrait réaliste de la société bourgeoise du XIXème, Linda Newbery tisse les fils d'une intrigue surprenante. En effet, cette famille qui a connu un drame bouleversant semble avoir de nombreux secrets. En s'improvisant détective et en fouillant le passé douloureux des Farrow, Samuel va se heurter à des dangers insoupçonnés. Heureusement, malgré toutes les mésaventures engendrées par sa vie au manoir, il croisera la route de l'homme qui détient les réponses, et qui deviendra son père spirituel. Charlotte va également enquêter de son côté, et à partir du moment où les deux jeunes gens confrontent leurs découvertes, nous réalisons que l'équilibre de Fourwinds va en être bouleversé à jamais. Cette tension sous-jacente qui ne cesse de monter en crescendo nous offre une fin renversante.

De pierre et de cendre est vraiment un très beau roman. Tour à tour touchant, palpitant, sombre mais pourtant bien ancré dans la réalité (pas de fantastique ici). En imaginant ce manoir de Fourwinds niché au coeur de la région du Sussex, Linda Newbery nous offre une fresque emplie d'émotions et de mystères. C'est donc les yeux fermés que je me plongerais à l'occasion dans son second roman intitulé Graveney Hall.


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