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EAN : 9782842612474
297 pages
Le Serpent à plumes (14/02/2001)
4.17/5   12 notes
Résumé :

Avec " Temps de chien ", Patrice Nganang passe l'humanité miséreuse des bas-fonds de Yaoundé au filtre d'un regard de chien. Un pari audacieux que le jeune auteur remporte haut la main. Du grand style. Et pour nous, une belle rencontre.
Pour raconter la misère du sous-quartier de Yaoundé, le nouvel enfant terrible de la littérature camerounaise, Patrice Nganang, a choisi le regard de la plus humble et de la plus méprisée des créatures du règne animal... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Lu dans le cadre du club-lecture auquel j'appartiens et dont le prochain thème est "l'Afrique noire", je dois avouer que j'ai vraiment lutter pour arriver à bout de cet ouvrage.

L'histoire commence par cette phrase "Je suis un chien" et, en effet, tout au long du livre, le lecteur verra la description du Cameroun (pays dans lequel se déroule l'histoire) mais plus précisément celle de la ville de Yaoundé et, tout particulièrement celle du quartier de Madagascar. Ce chien donc, du nom de Mboudjak n'est pas, contrairement aux autres chiens du quartier, un chien errant puisqu'il a un propriétaire, Massa Yo, un fonctionnaire et vit avec lui et sa famille, à savoir sa femme Mama Mado et leur fils Soumi. Pour lui, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'à ce que son maître soit licencié car c'est à partir de là que la véritable histoire commence. Massa Yo n'est plus le même homme et encore moins un maître qui, auparavant, prenait le temps de se balader avec son chien.
Pour ne pas dépérir, Massa Yo décide donc un beau jour d'ouvrir un bar "Le Client est Roi" et sa femme d'y vendre des beignets. Mboudjak (notre chien protagoniste et narrateur, ne l'oublions pas), lui, devient alors celui qui observe les hommes, tentant de comprendre leur comportement et leur manière d'agir. Dans ce bar, se retrouvent des personnages clés autour desquels se bâtissent l'histoire comme par exemple Nzui Manto surnommé "la panthère" (un homme vieux et sage), le Docta (un ingénieur) et son fils Takou, le vendeur de cigarettes ou encore le commissaire Etienne et sa maîtresse et richissime Mimi Minor respectée par tous et enfin celui que l'on appelle "l'homme en noir-noir" et qui n'est rien d'autre qu'un écrivain tentant d'écrire sur la misère des gens ordinaires de Madagascar.

Il n'y a pas réellement de fil conducteur dans l'histoire en elle-même puisqu'il s'agit en réalité d'une suite d'aventures, évènements anodins, qui nous sont narrés ici, tout cela faisant refléter la pauvreté des gens de ce quartier, leur ignorance parfois mais surtout la détresse dans laquelle ils vivent.
Un récit que j'ai trouvé complètement décousu, avec des phrases issues du parler du pays mais qui rendent souvent la lecture pompeuse et ennuyante mais avec une bonne idée de départ : celle de l'histoire racontée par un chien) et surtout un récit engagé contre le gouvernement actuellement en place au Cameroun car le Président Paul Biya y est maintes fois critiqué !
A découvrir pour les curieux mais, attention, il faut s'accrocher !
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Dans le cadre de mon projet professionnel sur la communication littéraire, j'ai eu la chance de tomber sur ce beau livre que j'ai beaucoup apprécié. le livre commence par "je suis un chien", ce chien humaniste qui fait toute l'histoire et contemple les bas-fonds de Madagascar, quartier modeste et très agité de Yaoundé, capital du Cameroun. Ce chien qui peint une société émaillée par la pauvreté, une société rendue esclave par son propre gouvernement, une société dans laquelle la justice est faite en fonction du statut sociale, une société dans laquelle la liberté a été substituée par l'autorité d'un homme qui porte une tenue militaire ou policière, dans laquelle la raison perd son sens et laisse place à la force. Découvrez la mentalité et les modes de vie camerounaise grâce cette oeuvre de Patrice Nganang.
L'auteur de ce livre ne se limite pas à peintre une société décapitée par son système de gouvernance: le livre tout entier est une révolution. On note au cour du récit un peuple qui se rend compte progressivement de son état d'esclavage et de son manque d'indignation face aux injustices. A la fin du récit on note cette phrase révolutionnaire "PAUL BIYA MUST GO". Cette phrase qui constitue le dénouement du récit.
Le plus intéressant dans ce livre est l'utilisation des expressions locales, résultantes des dialectes du Cameroun. L'auteur a su se distinguer à travers ce style mélangé. Ceci peut bien être dommage pour un lecteur non-camerounais qui ne pourra pas se reconnaître dans ces expressions et perdre le contenu émotionnel de l'oeuvre. le choix de l'auteur à utiliser ses expressions peut également être guidé par ses propres objectifs. On est d'accord que si l'auteur a pour objectif de susciter une révolution au Cameroun, c'est bien au Camerounais qu'il s'adresse, d'ou peut-être son choix. Cette particularité, cette authenticité dans l'écriture m'a personnellement captivé. Enfin un auteur qui ne décrit ni Paris, ni New York dans son oeuvre. ça parle Cameroun du début à la fin.
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Le résumé de l'éditeur n'est pas faux mais il est bien réducteur.
Derrière l'histoire de ce chien qui découvre le vrai visage de l'homme depuis sa place stratégique sous une table du bar de son maître, nous suivons la prise de conscience de Mboudjak des rapports faux qui unissent les clients du bar, le couple de ses maîtres, les gens de la rue de ce quartier.
Après avoir plusieurs fois tenté l'aventure loin, auprès des chiens errants ou dans d'autres quartiers, Mboudjak revient toujours au bar de son maître, encore plus désabusé. Et il assiste aux différents épisodes (adultère, corruption, mensonges, méchanceté de gamins, arrestations...) qui émaillent la vie du quartier. Petit à petit, le ton change, la misère, le chômage poussent les gens à parler. Et le roman déroule la critique politique du gouvernement en place, les richesses qui s'évadent à l'étranger, l'exploitation des fonctionnaires non payés, la grève des taxis, les représailles contre qui ose protester... Et nous accompagnons alors Mboudjak le chien aux côtés de la rue qui gronde, et de l'homme qui enfin se réveille..

Un matin, un homme entre dans le bar et essaye de caresser le dos du chien, qui sursaute et rencontre le sourire de l'homme : un sourire qu'aucun homme ne lui avait jamais adressé. Cet homme vêtu de noir "devint un habitué du "Client-est-roi", mais ne parvient jamais à avoir la quotidienne routine jacassante, le regard identiquement insignifiant, ni encore moins l'écrasé par la vie de nombreux clients de mon maître."
Cet homme vêtu de noir et qui prend des notes, est un philosophe. Et un jour, lors d'un incident mêlant le commissaire et le vendeur de cigarettes, l'homme "noir-noir" ose prononcer les mots "mandat d'arrêt", "Etat de droit", "Justice", "Injustice", "Dictature", "Renouveau", et la phrase "Le Cameroun, c'est le Cameroun"...
Le chien ne comprend rien à ce jargon mais il sut "ce jour, qu'être taxé d'opposant était pire que crime". L'homme noir-noir et le vendeur de cigarettes sont embarqués sans qu'aucun client du bar ne dise un mot, seul le chien se jette sur le commissaire et lui mord la jambe, et reçoit une torgnole de son maître. "J'aboyai ma déception à tout le quartier (...) Je me rendis compte effrayé ce que vaut une amitié d'homme tissée dans la misère". (...) Et ce jour-là j'appris surtout que l'homme n'est pas le frère de l'homme".

Quelque temps après, Mboudjak se dit qu'il est resté trop longtemps parmi les hommes, et décide de repartir vagabonder. La fin de cette première partie du roman nous a fait quitter la bonhomie de la vie de la rue du sous-quartier de Madagascar... Fini le kiosque à beignets de la mère, fini le kiosque du vendeur de cigarettes, voici rumeurs, peurs, emprisonnements hâtifs, bagarres, désolation, misère...

Réfugié sous le kiosque à beignets abandonné, le chien ouvrait ses oreilles "aux rumeurs régicides de la rue." "Oui, je maintenais mon esprit ouvert sur la fièvre de changement qui soudain s'était emparée de Madagascar, qui avait emballé Yaoundé, qui avait entraîné tout le Cameroun dans son élan qui, paraît-il secouait toute l'Afrique."
Le chien alors assiste à la rue qui se met à bouger, à protester, à rugir :"haletant et écarquillant grand mes yeux, je voyais soudain dans la rue devant moi, renaître dans la rumeur famélique, dans la rumeur coléreuse de ce mortifié Madagascar : l'homme." "Voilà l'homme qui se remettait à marcher. Je m'arrachais à ma réclusion; je marchais avec lui : devant lui. Unis nous étions, l'homme et moi, dans la précipitation saccadée du langage nôtres : dans nos aboiements."
Lien : http://coquelicoquillages.bl..
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Ce livre de Patrice Nganang est très intructif et nous permet de nous balader dans la société camerounaise actuelle. Les évéments dans le quartier Madagascar sont bien réalistes. L'auteur, par le personnage du chien, critique exagérement le gouvernement actuel.

Je peux conseiller la lecture du texte, sauf qu'il faut être aussi prêt à supporter la tonalité du texte.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Les Camerounais ne connaissent pas la culture de l'assassinat politique". "ILS font tout ce qu'ILS veulent parce qu'ILS savent que le bon Camerounais, quand il ne reçoit pas son salaire à la fin du mois, au lieu de menacer son chef, il rentre chez lui taper sur sa femme et ses enfants !
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Oui, je maintenais mon esprit ouvert sur la fièvre de changement qui soudain s'était emparée de Madagascar, qui avait emballé Yaoundé, qui avait entraîné tout le Cameroun dans son élan qui, paraît-il secouait toute l'Afrique.
(...)
Haletant et écarquillant grand mes yeux, je voyais soudain dans la rue devant moi, renaître dans la rumeur famélique, dans la rumeur coléreuse de ce mortifié Madagascar : l'homme." "Voilà l'homme qui se remettait à marcher. Je m'arrachais à ma réclusion; je marchais avec lui : devant lui. Unis nous étions, l'homme et moi, dans la précipitation saccadée du langage nôtres : dans nos aboiements.
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"Ah ! me dis-je, que les hommes aiment cacher leur lâcheté derrière de brumeuses théories."
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"Un homme qui a faim, lui dit-elle, est un animal."
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"L'amitié n'a pas de frontières [...]."
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