Visite de deuil
Ceux qui croient en l’existence des phi (revenants), placent près du cercueil un plateau de mets destinés au défunt. Ils placent en outre à son chevet un sabre marqué d’une croix avec de la chaux et pourvu d’une formule superstitieuse, afin d’empêcher les phi de ravir le cercueil au défunt. On doit veiller jour et nuit. Les veilleurs causent, jouent à certains jeux ou se livrent à tout autre divertissement.
Au cours de cette veillée, on empêche également les chats de venir rôder autour du cercueil. Un chat qui sauterait par dessus provoquerait le redressement du mort, selon les dires de certaines gens.
La maison mortuaire est appelée heuan di (maison heureuse) ; là on travaille, on chante, on boit, on danse, on joue. On y entend le bruit des orchestres et des cris de joie. De tels spectacles ont quelque chose de déconcertant pour les étrangers. Il ne faut pas cependant considérer ce comportement comme une marque d’irrévérence à l’égard du mort. La famille du défunt malgré son air de sourire souffre profondément. Elle s’abstient de se répandre en pleurs et en lamentations publiques car elle considère comme plus digne la douleur discrète, et plus noble le sentiment qu’on a ainsi de la mort.