Stéphane

La nuit était sombre, c’était la nouvelle lune et Jenny n’était pas trop rassurée ; cela n’avait peut-être pas été une bonne idée cette halte musicale. Elle pressa le pas en traversant le boulevard et longea le square par l’Avenue Alphonse Muscat, sans oser y entrer. Il n’y avait pourtant aucun signe de présence humaine, mais justement c’était cela qui lui faisait peur. Au moment où elle atteignait l’entrée à hauteur du kiosque et qu’elle pensait traverser pour continuer sur l’autre trottoir, là où il y a des immeubles, elle entendit un bruit de pas mais n’eut pas le temps de se retourner, une masse se plaqua contre son dos, une main ferme la bâillonnant, une autre l’enserrant à la taille.

Mais ce matin, au moment d’ouvrir le volet métallique, Marcel Guillemot s’aperçut qu’il avait été forcé, et qu’il n’était plus verrouillé. Il appela Robert pour le lui faire constater, et quand cela fut fait il souleva le rideau. Il n’avait ouvert que d’un mètre cinquante lorsqu’il poussa un cri, qui résonna dans le bâtiment encore vide ; on se serait cru dans un mauvais film d’horreur. Il se tourna vers Robert en tremblant et bredouilla d’une voix qu’il ne reconnut pas lui-même :
« Merde ! C’est pas possible !...
– Putain ! elle… elle est morte… bégaya l’employé communal
– Evidemment qu’elle est morte, mais c’est qui qui l’a amené ici, dans mon box ?... s’indigna le commerçant ».