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EAN : 9782213700540
308 pages
Fayard (13/09/2017)
3.94/5   8 notes
Résumé :
Comment un jeune soldat enthousiaste, et pour tout dire « sympathique », est-il devenu, vingt ans plus tard, une incarnation de ce que l’on considère comme le « mal » ultime ? C’est le questionnement que propose Nicolas Patin dans une biographie inédite et originale de Friedrich-Wilhelm Krüger, responsable de l’assassinat des juifs en Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale. Inédite et originale par sa forme, tout d’abord, car l’auteur construit son récit autour ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
FW Krüger était issu d'une famille de cadres militaires. Il a suivi la tradition familiale en entrant à l'école des cadets et en devenant officier. Très conscient de la catégorie sociale d'où il provenait, même si la Iere Guerre le fait douter franchement de la hiérarchie, le fait se qualifier de cochon des tranchées mais tout monde doit rester à sa place, il garde encore profondément ancrée l'idée de ses origines sociales. Sauf que ces dernières vont être passées sous les douches acides de la défaite, du Traité de Versailles, des crises économiques de 1923 et 1929 et de la rencontre avec le NSDAP. Ces acides vont produire une alchimie avec une psychologie et des positions politiques déjà bien orientées totalement mortifère. Mais attention Krüger ne devient pas hors sol. Non bien au contraire, le nazisme et les différents postes qu'il occupe à partir de son entrée au parti jusqu'à ses affectations sur les fronts de 1944 en passant par la conduite de la politique d'extermination des Juifs.ves de Pologne sont bien ancrés dans le sol, dans la terrible époque et dans le caractère, l'esprit et le dévouement de Krüger. Pas de remise en cause. Et le plus terrible : totalement fanatisé par l'idéologie mais pas de délire, une rationalité et un sens du réel de son époque. Abjecte.

En posant le contexte historique, en restituant les relations entre la hiérarchie nazie fréquentée par Krüger et en analysant finement les aspects militaires, politiques, socio-économiques, sociétaux et psychologiques de Krüger, Nicolas Patin nous livre un portait saisissant d'un homme qui ne fut pas un simple exécutant, un fonctionnaire assis dans son bureau. Il nous livre un portrait exhaustif d'un homme somme toute ordinaire (d'où le titre) qui est parfaitement conscient de son environnement et qui aime les décorations et autres honneurs le confortant dans ses choix. Un homme qui a fait une guerre qui a duré 30 ans ! Depuis 1914 à 1944-45.

Pour se faire, Nicolas Patin a été aidé par une documentation d'une préciosité pour un historien : une grande partie des volumes du journal intime de Krüger. Comme les historiens ont pu accéder au journal de Goebbels Nicolas Patin a décortiqué celui de Krüger. Avec un fait de taille pour l'historien dans ce décorticage : alors que Goebbels souhaite profondément être publié et faire oeuvre d'histoire et de sciences politiques abandonnant progressivement les éléments privés dans son journal, Krüger n'aspire pas à l'édition du sien. du coup, il est certainement plus vrai et plus franc moins retravaillé et pensé que celui de Goebbels. Et ce point est important dans la compréhension du mécanisme d'un bourreau ordinaire qu'était Krüger et bien d'autres.

J'ai souvent du mal avec les biographies. Là je dois dire que j'ai été captée par cette vie horrible dans les actes, les pensées et les mesquineries mais aussi dans ce cliché du nazi bien élevé, bon Papa, bon mari. Il y a juste un point où j'ai été un peu perdue : les analyses psychologiques du portrait. Parfois un peu abstraites pour moi.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
En réalité, il y a toujours eu une sorte de symbolique autour de Bismarck et des guerres d'unification des années 1860. Il y a une sorte de révérence au Keyzer. Mais ce qu'on peut dire, notamment pour la littérature enfantine et les programmes, c'est qu'il y a un héroïsme, il y a une construction de de l'aventurier et du soldat viril qui va aussi pouvoir s'incarner dans la colonisation. Parce qu'il ne faut pas oublier que l'Allemagne a aussi eu son "aventures coloniales", qui s'est traduit par un grand nombre de massacres. Mais en réalité, on sent que ces représentations, quand la guerre éclate, elles ont une guerre de retard.

Les gens n'ont pas pris en compte dans les représentations dominantes, les nouvelles armes. Ils ne comprennent pas bien ce que va être la guerre à venir, ce qui fait qu'un certain nombre d'adolescents ou de très jeunes hommes vont rentrer en 14 dans une guerre avec des représentations héroïques et vont vivre un choc extrêmement fort par rapport à la réalité de la guerre.
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Krüger, en effet, quitte Cracovie, où il a été nommé en octobre 1939, au moment où débutait la guerre. « L’honneur » qu’il a perdu est-il celui de la devise du « corps noir » de la SS, « mon honneur s’appelle fidélité » ? Car cette fidélité qui le lie, notamment, avec le chef de la SS Heinrich Himmler n’a pas été récompensée : nommé à la plus haute charge possible, celle de « chef suprême de la SS et de la police » (HSSPF), dans le territoire très sensible de la Pologne occupée, Krüger a été désavoué, puis remercié par le Reichsführer SS en personne, en novembre 1943. Alors que certains essayaient de fuir le front, devenu, pour l’armée allemande, ce cauchemar de défaites qui s’enchaînent, Krüger, cherche à le rejoindre. Dans une autre lettre, adressée directement à Himmler cette fois-ci, il demande de nouveau un poste au combat : « Je me suis battu politiquement pour vous pendant quatre ans, durant mon affectation comme HSSPF ; je vous demande maintenant, Reichsführer, de me laisser me battre militairement comme soldat, moi qui suis l’un de vos plus anciens soutiens. » Il ajoute : « [je] viens d’une famille de soldats ; je me suis toujours senti soldat, intérieurement».
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Mon enquête a débuté en 2008, à Coblence, petite ville allemande où siègent les Archives fédérales. J’y cherchais des fonds sur les soldats de la Première Guerre mondiale, pour un autre livre. En ouvrant un carton, je découvris un journal intime, rédigé d’une écriture que j’étais incapable de lire, le Sütterlinschrift, une graphie abandonnée en Allemagne depuis la Seconde Guerre mondiale. Après avoir appris à la déchiffrer, je parcourais donc le récit de guerre de Friedrich-Wilhelm Krüger, jeune soldat des tranchées de 1914-1918. Ce texte ne s’apparentait ni à un rapport militaire des avancées du régiment, ni à un journal intime. Il montrait un non-choix, celui d’un jeune homme qui ne s’était pas encore décidé pour l’héroïsme soldatesque pompier ou le for intérieur et l’autocritique. Cela aurait pu en rester là. Mais ce journal portait le numéro V : il me fallait retrouver les quatre premiers volumes. Je savais que ce jeune homme était devenu, par la suite, un des plus importants bourreaux nazis et qu’il n’existait absolument aucun livre sur son parcours. Un constat qui justifiait, à lui seul, une enquête.
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Lundi 10 août 1914, dans le village de Retinne, près de Liège, un jeune homme se recueille devant un monticule. Il porte un uniforme, des bottes, sa tête est découverte. Il a vingt ans. Sous l’amoncellement de terre est inhumé son père, Alfred Krüger. Depuis la déclaration de guerre, l’armée allemande a avancé d’une trentaine de kilomètres dans le territoire belge. Alfred Krüger était colonel d’un régiment d’infanterie dans la deuxième armée de Karl von Bülow ; il est tombé le 5 août. Son fils, Friedrich-Wilhelm, est officier dans le prestigieux régiment « von Lützow ».
Le jeune homme se tient immobile, les mains jointes, tenant vraisemblablement son casque. Derrière lui, des arbres fruitiers (voir cahier central, fig. 1).
Krüger avait eu l’occasion de revoir son père, une dernière fois, quelques jours auparavant. Dans son journal de guerre, il écrit : « Lundi, le 3 août, nous avons célébré la cérémonie des adieux, au mess, et cet après-midi, j’étais prêt pour le départ. J’ai reçu l’ordre de conduire les troupes désignées ce soir sur le lieu de leur stationnement. […] J’ai ainsi eu la chance de voir mon père chéri une fois encore avant la guerre ; je ne l’avais pas vu depuis mon entrée dans le régiment v. Lützow. Qui aurait pu se douter que cet adieu serait le dernier ? »
Une semaine plus tard, Krüger baisse la tête, devant la tombe improvisée de celui qu’il désigne comme « un bon père, mais également un père strict ».
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Vidéo de Nicolas Patin
Guillaume Blanc vous présente son ouvrage "La nature des hommes : une mission écologique pour sauver l'Afrique" aux éditions La Découverte. Entretien avec Nicolas Patin.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3066373/guillaume-blanc-la-nature-des-hommes-une-mission-ecologique-pour-sauver-l-afrique
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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